Le contrôle continu dévaloriserait il le baccalauréat ?

La réforme avortée du bac envisagée par François Fillon a mis encore une fois en évidence l’importance de ce diplôme dans le système éducatif français.
Le refus d’une évaluation en partie (pour moitié grosso modo) en contrôle continu, de la part des lycéens ayant pris massivement part à la contestation, a été justifié essentiellement par les raisons suivantes :
– une dévalorisation du diplôme dans l’absolu, dans la mesure où un contrôle continu effectué par les enseignants en charge des classes en cours d’année, donc sans anonymat, serait entaché d’un biais, globalement préjudiciable à la  » sévérité  » de l’évaluation et, par conséquent, à la valeur réelle perçue du diplôme ;
– la crainte que l’adaptation de l’évaluation aux conditions locales (i.e. les niveaux différents par établissement) ne crée une forme de discrimination, ôtant au bac son caractère national. En deux mots, on pourrait être bachelier de tel ou tel lycée, plutôt que bachelier de l’Education nationale. Quel que soit le niveau réel de l’élève, il serait étiqueté  » bac d’ici  » ou  » bac de là « . Comment aborder le problème d’un point de vue économique ? On peut reformuler le problème à partir d’une question : qu’apporte le bac aux bacheliers ?
D’un point de vue économique, la théorie économique traite la question sous plusieurs angles. On peut en retenir trois :
– la théorie du capital humain
– la théorie du signal
– la théorie des conventions

Dans l’optique de la théorie du capital humain (Gary Becker), la valeur du diplôme se conçoit par le salaire qu’il permet d’atteindre. Le temps passé à étudier est un investissement, qui a pour coût les salaires non perçus pendant la scolarité par rapport à celui qui n’étudie pas mais travaille. En toute logique, il faut ajouter les coûts de formation. Le rendement de l’investissement se mesurera par les salaires futurs (actualisés) du diplômé. A cette aune, le bac est-il important ?

En première approche, il est commun de considérer que le bac n’a pas une valeur élevée sur le marché du travail.

Un premier point semble confirmer cette hypothèse : le taux de poursuite d’études après le bac. Les bacheliers généraux poursuivent quasiment tous leurs études après le bac, soit 98% d’après des chiffres de 2002. Les bacheliers technologiques font de même à 90%. Seuls les bacheliers professionnels ne le font qu’à 44%. Or, ces derniers n’ont guère d’importance ici, car on les a peu vus dans le mouvement de février. Et pour cause : ils pratiquent déjà le contrôle continu’

Reste donc que la très grande majorité des bacheliers poursuivent leurs études après le bac. Ce qui laisse supposer, à moins de les croire totalement idiots, que le rendement monétaire du bac est insuffisant. Mais ce n’est pas assez pour conclure.
A partir d’une enquête du CEREQ,  » Génération 98 « , qui offre un certain nombre de données concernant un échantillon de jeunes sortis du système scolaire en 1998, j’ai effectué quelques calculs rapides pour mesurer l’impact du bac sur le salaire et le chômage des bacheliers.
Exercice pour lequel je manque de temps pour donner quelque chose de vraiment sérieux, mais allons-y tout de même’

J’ai d’abord sélectionné les données concernant le premier emploi (salaire à l’embauche). Des statistiques au bout de trois ans sont également disponibles et sont intéressantes. Le risque classique est alors de confondre les caractéristiques objectives (le niveau d’études) avec des traits subjectifs (les capacités indépendantes du diplôme et qui risquent d’autant plus d’apparaître au bout de 3 ans). Notez que même pour le premier emploi, elles ne sont pas exclues, mais on peut raisonnablement penser qu’elles sont moins saillantes.

Premier souci : les données concernant les salaires des bacheliers généraux ne sont pas communiquées. Probablement en raison du taux de poursuite d’études, quasiment de 100%.
Les données disponibles sont donc celles des bacheliers professionnels ou technologiques, du domaine tertiaire ou industriel.

Pour évaluer l’effet du bac sur les salaires, on peut comparer le rapport salaires bac / salaires avant bac ou le rapport salaires après bac / salaires bac.

Deuxième souci : quand on calcule salaires bac / salaires avant bac, on doit en toute logique obtenir une mesure du rendement marginal des études menant des niveaux inférieurs (en l’occurrence, CAP et BEP ou ‘ et c’est important ‘ niveau bac avec échec au bac) jusqu’au bac. En revanche, le rapport salaires post bac / salaires bac mesure plutôt le rendement marginal des études postbac. Néanmoins, il me semble que ce second rapport est utile pour situer le bac.

Troisième souci : les données post bac concernent tous les bacheliers. Elles ne distinguent pas selon l’origine des bacheliers. L’un dans l’autre, mes calculs ne ressemblent presque plus à rien’ Pas grave, je m’amuse.

Pour comparer les bacheliers et les élèves ayant atteint le niveau bac mais n’ayant pas obtenu le bac, j’ai calculé une moyenne pondérée du salaire des différents types de bacheliers. Ce n’est encore pas satisfaisant, puisque les recalés du bac pris en compte incluent ceux qui ont suivi un cursus général. C’est pas mon jour’

Au total, mes calculs, décidément discutables, donnent les résultats suivants :
Quelle que soit la filière, un bachelier professionnel ou technologique gagne environ 8% de plus qu’un titulaire de CAP ou BEP de la même filière. Ce qui est significatif (notamment car ce rapport est, lui, homogène), puisque cela représente un rendement de l’année supplémentaire d’études d’environ 2,5%. C’est un rendement brut, puisque ne sont pas inclus les coûts de formation.
Significatif, donc, mais pas extraordinaire, on en conviendra. D’autant que lorsqu’on s’intéresse à ce que gagnent les titulaires d’un BTS ou DUT, on constate qu’en moyenne, deux années d’études apportent en moyenne un supplément de 13% de salaire (9% pour un DEUG). On notera un point particulier : alors que dans le domaine tertiaire, ce rapport est de 18%, il n’est que de 7% pour l’industriel.
Quand on compare les salaires moyens des bacheliers et des niveaux bacs, on trouve un rapport quasiment unitaire, puisque le salaire moyen est de 901′ pour les bacheliers tertiaires et industriels alors que les jeunes sortis avec un niveau bac gagnent 900′.

Et du côté du chômage ? Les données confirment ce qui se dit usuellement : le diplôme protège largement du chômage. Et les bacheliers se portent relativement bien de ce point de vue (par rapport aux autres). Sur trois ans, le taux de chômage des bacheliers tombe sous 10% (7% en tertiaire, 4% en industriel). Les jeunes ayant atteint un niveau de terminale connaissent en revanche un taux de chômage de 11%, ce qui reste faible en comparaison des CAP/BEP tertiaires par exemple (17%). Les bacheliers ne connaissent pas un taux de chômage nettement plus élevé que les BTS/DUT, à ceci près que ces derniers sont en moyenne sous la barre des 5%, ce qui est un chiffre particulièrement bon. Après réflexion, j’ai exclu les DEUG des calculs, en raison du caractère non professionnalisant de la formation.

Résumons :
– le premier emploi d’un bachelier est rémunéré 8% de plus que celui d’un CAP/BEP. Celui d’un titulaire de BTS/DUT est payé 13% de plus que celui d’un bachelier. Le bac apporte un gain significatif, mais nettement plus faible que celui apporté par une poursuite d’études à niveau bac + 2.
– le fait d’obtenir ou non le bac quand on est en terminale est absolument neutre si on occupe un emploi juste après l’année de terminale.
– les bacheliers ont un accès à l’emploi intéressant, quand on les compare aux autres catégories juste inférieures ou supérieures.

Conclusion de cette analyse hasardeuse : le bac, c’est pas mal, mais pas de quoi fouetter un chat. Puisqu’on y est, il est beaucoup plus pertinent de continuer. Cela ne surprendra pas. A tel point que je me demande pourquoi j’ai fait tout ça’
Corollaire : si le bac devait être dévalorisé par une réforme, ça n’aurait pas une importance phénoménale en regard de la théorie du capital humain, dans la mesure où la plupart des bacheliers continuent leurs études et où son rendement marginal n’est pas spécialement élevé (notamment par rapport à un simple niveau de terminale).

La deuxième théorie qui peut être appelée à la rescousse pour évaluer le bac est  » la théorie du signal  » (Michael Spence). Elle part du principe que dans une situation d’information asymétrique caractérisée par une anti-sélection sur le marché du travail, le diplôme n’est pas, au contraire de ce que raconte la théorie du capital humain, une mesure de la qualification du travailleur, mais un moyen d’envoyer un signal de productivité aux employeurs potentiels. En d’autres termes, le fait d’avoir suivi une scolarité en école d’ingénieurs aéronautique ne signifie pas que l’on est fin prêt à concevoir la nouvelle fusée Ariane, mais seulement que l’on a les compétences intellectuelles pour y travailler, une fois intégré au processus de production de l’entreprise.

Adapté à notre problème, la question devient alors : quel signal le bac envoie-t-il aux employeurs d’une part ; et aux recruteurs du supérieur d’autre part ?

Côté employeur, il semble raisonnable de considérer que le bac suppose des compétences élémentaires normalement solides : lire, écrire, compter, être capable de penser en termes de méthodes de travail plus ou moins structurées. Je ne crois pas trop m’avancer en estimant que les compétences professionnelles, quelle que soit la section, sont insuffisamment développées pour rendre opérationnel immédiatement un bachelier général ou technologique, dans des domaines pointus. Ceci étant dit sans contester que même un bachelier a des compétences de spécialité, en fonction du cursus qu’il a suivi (c’est encore plus vrai pour les bacheliers professionnels). Mais c’est finalement presque anecdotique. Un élément qui va dans ce sens est le fait que les élèves ayant un niveau bac (mais pas le bac), toutes sections confondues, y compris générales donc, sont aussi bien payés sur leur premier emploi que les bacheliers technologiques ou professionnels. La thèse orientée capital humain voudrait que les élèves des terminales générales, non bacheliers et non spécialisés, plombent largement la moyenne, surtout quand on sait qu’à l’opposé, on trouve des bacheliers professionnels.
De ce point de vue, il existe bien a priori un signal. Mais il semble plutôt faiblement influencé par l’obtention du diplôme lui-même et donc les conditions d’examen.
Un passage au contrôle continu n’a donc pas de raison de réduire le signal du bac comparé aux niveaux inférieurs, vu que ce signal est déjà comparativement peu significatif.

Côté recrutement dans les filières supérieures, les choses sont plus claires à mon sens. Les conditions d’évaluation du diplôme sont sans importance. Pourquoi ? Du point de vue des filières non sélectives, il suffit de se présenter en temps et en heure avec son certificat et l’accès à la formation est assuré. Du point de vue des filières sélectives, la réalité est brutale : il existe déjà des éléments de discrimination en fonction de la provenance des candidats. Prenons le cas des BTS (c’est assez le même principe en classe prépas). Comment s’effectue le recrutement ? Sur la base d’un dossier, comprenant les bulletins des deux premiers trimestres de terminale, et ceux de première. Des lettres de motivation sont parfois demandées, mais force est de constater qu’elles jouent un rôle secondaire dans la plupart des cas. Quand les décisions de recrutement ont-elles lieu ? Grosso modo, fin mai début juin. Eh oui’ avant les résultats du bac ! On est donc dans une situation d’asymétrie d’information. Comment les équipes enseignantes chargées du recrutement font-elles pour savoir si le candidat est un futur bachelier émérite de la République sans contrôle continu ou un candidat faible au dossier artificiellement flatteur ? Eh bien, si en premier lieu les dossiers servent de base objective d’évaluation, l’origine du candidat joue un rôle non négligeable. La faible mobilité des bacheliers poursuivant en BTS fait qu’ils viennent généralement d’établissements connus des enseignants recruteurs. Dès lors, il n’est pas compliqué de savoir que dans tel lycée, un 15/20 équivaut à un 10/20 ailleurs. Celui qui a 12/20 dans le second sera préféré à celui qui a 15/20 dans le premier. La répétition des sessions permet tout simplement de créer des réputations : si durant 3 années un lycée A accueille en BTS des élèves en provenance d’un autre lycée B et que ces élèves donnent en majorité satisfaction, alors un bon dossier de candidature venant de B passe sur le dessus de la pile par rapport à un lycée C où une telle réputation n’existe pas. Signalons au passage que, sans surprise, les recrutements en interne sont de ce fait plus sûrs (de même que les rejets de candidature). Parfois, ce sont même les enseignants qui portent la réputation.

Certains seront peut-être scandalisés de lire ceci. Il n’y a pas de raison. Un bon élève sera toujours recruté (et pour tout dire, un mauvais aussi’ mais pas forcément là où il le souhaitait, ni dans la filière désirée). En adoptant ces procédures, les enseignants ne font que combler un déficit d’informations. Leur objectif ne fait que rencontrer ceux du système et des élèves : que les meilleurs soient désignés comme tels. Or, si les meilleurs ne viennent pas de banlieue, il n’y a aucune raison de les recruter, sous prétexte que leurs enseignants auraient gonflé leurs bulletins pour x ou y raisons. C’est là que les choses deviennent franchement intéressantes. Tous les enseignants connaissent parfaitement ces règles implicites. Et s’il reste assez incontournable de noter les élèves de manière relative (donc en fonction du niveau général des classes ou de l’établissement), il ne faut pas croire pour autant que dans un lycée faible le meilleur a 20/20, puis les autres de moins en moins selon leur niveau relatif. Les professeurs savent très bien qu’une surnotation est préjudiciable à leurs élèves, ainsi qu’à leur réputation (éventuellement, via celle du lycée dans lequel ils enseignent). Cette possibilité de collecter de l’information à l’échelle du département règle en partie le problème d’antisélection. Les différents établissements sont en quelque sorte contraints de révéler le vrai niveau de leurs élèves. De manière assez ironique, ce sont parfois les lycées qui sous-notent leurs élèves, au nom de certains principes d’excellence, qui pénalisent le plus certains de leurs protégés. Il arrive en effet un moment où il est difficile de considérer qu’un candidat à 6 de moyenne peut être meilleur qu’un autre à 12. Et ce, même si c’est le cas ! Car, jusqu’où descendre ? Celui qui a 2 peut-il être meilleur que celui qui a 9 ou 10 ailleurs ?

Conclusion : il existe déjà un  » bac banlieue  » et un  » bac centre-ville « . La valeur du signal du bac national, sans contrôle continu, est nulle ou presque. Rappelons que finalement, le point décisif est que le bac ne sert pas et ne servira pas à ouvrir les portes des filières supérieures recrutant sur dossier, puisque les recrutements se font avant. Et, comme on vient de le voir longuement, contrôle continu ou pas, cette procédure induit déjà des discriminations selon l’origine du candidat. Quant aux bacheliers qui entrent dans la vie active, difficile de penser que le signal envoyé par leur diplôme puisse être dévalorisé significativement par une modification des modalités d’examen.

La dernière théorie qui peut être convoquée pour expliquer la valeur du bac est la théorie des institutions. Je le ferai brièvement, dans la mesure où je suis incapable d’apporter une analyse documentée sur la question du baccalauréat. J’émets donc quelques pistes qui me semblent acceptables, bien qu’incomplètes. Une institution en économie est une règle ou un ensemble de règles qui définit le cadre dans lequel les agents économiques prennent leurs décisions. On peut ici aussi parler de convention, en voyant la convention comme une institution non formalisée, mais qui a un rôle avéré dans la dynamique économique ou sociale. Le bac me paraît être, sur cette base, une convention. Il sanctionne la réussite scolaire à un niveau qui a historiquement une signification importante. Je ne citerai que l’émoi des grands parents lors de la réussite des petits-enfants, l’évocation tremblante de la session de mai 68 ou’ de 2003. Incontestablement, l’obtention du bac a une dimension institutionnelle forte. Et de ce point de vue, la réforme envisagée pose problème. Si au travers du bac, c’est une conception de l’égalité et du mérite qui prévaut, alors il n’est pas faux d’affirmer que le passage au contrôle continu met à mal la convention. Est-ce grave ? Oui et non. Oui, parce que c’est la hiérarchie a priori entre bacheliers qui est en jeu et donc l’intégration dans une nouvelle communauté (celle du monde du travail ou de l’enseignement supérieur) qui peut se jouer. Non, parce que cette hiérarchie existe déjà depuis longtemps. En d’autres termes, la ghettoà¯sation à venir est dans les têtes et c’est déjà une grosse difficulté. En même temps, on peut aussi voir cela comme une triple validation :
1 ‘ l’ère fordiste est finie. Si la grande firme ne voit plus que des individus et pas des groupes, alors elle ne va pas s’enquiquiner avec des bacheliers nostalgiques. A ce propos, il n’est pas vain de rappeler que l’évolution des inégalités de salaires est désormais plus expliquée par des inégalités croissantes entre individus appartenant à la même classe statistique (les bac+n, les sortant d’écoles de commerce etc.), inégalités intragroupes, que par des changements dans les inégalités entre individus de groupes différents, inégalités intergroupes.
2 ‘ quand 80% d’une classe d’âge obtient le bac par le biais de la volonté politique tout autant que par la hausse des compétences moyennes d’un adolescent, c’est que d’autres conventions doivent être trouvées pour redonner du sens à la notion de scolarité réussie. Une remarque à ce sujet : les lycéens ne sont pas dupes en tant normal. Ils aspirent à devenir étudiants (certains anticipant même en se qualifiant déjà d’  » étudiants  » dès le lycée) et ce qui pour un élève issu d’une famille modeste est généralement aujourd’hui le symbole d’une scolarité réussie, ce n’est pas le bac, mais le BTS.
Si cette interprétation vaguement institutionnaliste a un quelconque sens (j’ai déjà émis les plus grandes réserves à son sujet et je les renouvelle), je serai néanmoins bien incapable d’aller plus avant.
3 ‘ le système français très axé sur les diplômes obtenus, qui vous suivent toute votre vie et déterminent pour une bonne part les carrières crée une crispation autour des diplômes qui n’est pas saine.

En conclusion : si la fronde lycéenne du mois de février était justifiée, ce n’est probablement pas sur la base d’une analyse économique directe.
Celle-ci conclurait plutôt à un gain d’efficacité dans l’organisation du bac, dans la mesure où les économies faites sur cette organisation dépasseraient sans doute largement les pertes encourues par les lycéens futurs bacheliers, d’où qu’ils soient.
Concernant l’aspect institutionnel, le seul pour lequel je perçois un risque potentiel, il m’est difficile d’estimer les conséquences. Je le répète, mes connaissances sur la question sont trop insuffisantes et je supposerais spontanément qu’elles passent par des canaux indirects assez épars.

Pour finir, à méditer, cet extrait du Monde daté du 29 mars 2005 :  » Une note rédigée par les économistes Eric Maurin et Sandra McNally sur « les bénéfices de long terme de 1968 » démontre que la simplification et la désorganisation des examens après la crise ont permis à un nombre important de jeunes d’intégrer l’Université, alors qu’ils n’y seraient jamais parvenus dans des conditions normales. Ces miraculés de Mai ont eu une carrière professionnelle et des revenus largement supérieurs à ce qu’ils pouvaient attendre. Et, près de quarante ans plus tard, il apparaît que leurs enfants ont moins redoublé à l’école « .