Silence est parfois raison

Notre silence au sujet du vote du 29 mai étonne peut-àªtre certains lecteurs. Beaucoup s’attendaient peut-être à  ce que nous nous exprimions à  ce sujet.
Nous avons réfléchi à  la question.

Nous étions mal à  l’aise à  l’idée de tenir des billets sur ce thème.
Comme je l’ai précisé par ailleurs, notre site est en quelque sorte une forme de réductionnisme de nos propres personnes. Nous y publions des textes qui sont axés sur les sujets économiques, tels que la science économique les traitent. Le blog nous conduit régulièrement au-delà , c’est vrai. Mais nous restons autant que possible dans une optique limitée à  un discours de type académique. Que je sache, personne ne nous a jamais lu nous exprimer longuement sur les questions de société autrement que par le biais d’une référence à  l’analyse économique. Certes, certains « dérapages contrôlés» ont pu se faire ici (je vous informe que je n’ai toujours pas pris de PV automatisé, Alexandre mène donc encore d’un point – en moins). Mais c’est anecdotique.

Or, concernant le TCE, nous n’avons pas réussi à  trouver une approche qui nous satisfasse pleinement. Une telle approche aurait du nous permettre de ne pas répéter mot à  mot ce qui se dit ailleurs et de ne pas mélanger TCE et politique économique en général dans l’UE. Cette approche, nous ne l’avons donc pas trouvée facilement et avons renoncé à  continuer. Je dis “facilement”, parce qu’il ne faut pas négliger l’aspect motivation. C’est sûr que des petits textes dans ce genre, c’est sympa. Mais encore faut-il y penser, pouvoir les écrire et prendre le temps de le faire.

En réalité, au risque de surprendre, nous considérons à  titre personnel que l’aspect purement économique est presque négligeable, compte tenu des autres enjeux purement politiques, juridiques, culturels, disons civilisationnels pour résumer. N’avons nous pas d’opinion sur ces thèmes ? Oui. Mais pourquoi viendriez vous lire des textes hasardeux interprétant des textes constitutionnels, alors que tout ce que nous avons à  revendiquer en la matière sont au plus des bribes de connaissances, qui ne sauraient former un ensemble de référence.
Je ne veux pas, sur ce sujet spécifique, parler abusivement au nom d’Alexandre. J’imagine qu’il le fera en temps utiles. Quand je dis « nous » dans ce texte, c’est pour exprimer un ensemble de points de vue commun sur la question, que nos discussions ont semblé dégager (en fait, je n’aurai pas l’occasion de lui soumettre ce texte avant publication, donc je prends des pincettes par principe).

Pour ma part, mes connaissances en droit constitutionnel se limitent à  une bonne cinquantaine d’heures de cours durant ma scolarité (et encore, parlons de cours sur les institutions politiques et administratives, plutôt que de droit constit ! En plus, c’est déjà  loin), à  la lecture de quelques ouvrages plus ou moins grand public, mis en relation avec des ouvrages de philosophie ou d’économie politique et à  celle des journaux.

Concernant le TCE, je me suis procuré très rapidement le petit livre bleu, je l’ai lu, ni rapidement ni en me livrant à  une analyse extrêmement précise du texte. Bref, j’ai rempli mon devoir minimal de citoyen « capable » (au sens que donne Sen à  ce terme ) dans une démocratie moderne, représentative et complexe. Et de ce fait, je vois mal en quoi je pourrais me targuer de publier des textes aussi intéressants que ceux que j’essaie d’écrire ici en temps normal (je raisonne en termes relatifs, sans présumer de la valeur intrinsèque de ce que je publie).

Nous aurions pu chercher alors les aspects économiquement saillants et nous concentrer dessus. Possible. Mais outre qu’ils étaient très enchâssés dans le reste, qu’une constitution, en termes de mécanismes économiques, ce n’est pas forcément une source d’inspiration directe permanente, que nous avions déjà  cité un article d’Alberto Alesina qui pointait assez bien les enjeux d’économie politique, la tournure qu’a rapidement prise la campagne nous a conduits à  y renoncer. Nous nous sommes donc mis en retrait.
C’est vraisemblablement la posture que nous garderons jusqu’au bout.

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