Notre article de la semaine doit attirer l’attention de tous ceux qui s’interessent à la théorie de la croissance. Il s’agit d’une revue de la littérature sur l’économétrie de la croissance. Je n’ai pas eu le temps de le lire en entier, l’ayant découvert hier. Son introduction, son plan et le fait qu’il est corédigé par Steven Durlauf laissent en tout cas penser que sa lecture sera profitable. D’abord, des chiffres. L’article ne fait pas moins de 184 pages. La bibliographie représente à elle seule 30 pages. Sept sections dans l’article. Des données travaillées, comme il se doit dans un article d’économétrie et un tableau synoptique pour faire le point sur qui a étudié quoi. Tout cela a fort belle allure. Même pour ceux qui ne connaissent rien à l’économétrie, l’introduction et la deuxième section (qui répertorie les faits stylisés de la croissance dans leur version actuelle, pas mal remaniée depuis Kaldor) seront intéressantes (pages 1 à 29). La suite est beaucoup plus technique. Mais comme il s’agit d’une revue de la littérature, les équations sont présentées rapidement, le but étant d’évaluer la pertinence des modèles présentés.
L’intérêt d’écrire cet article se pose pour les auteurs dans la mesure où les travaux économétriques sur la croissance, dont l’intérêt n’est plus à prouver; souffrent de certaines contraintes spécifiques :
– le manque de données, en dépit paradoxalement d’une masse considérable de statistiques disponibles. La cause principale de cette rareté relative est d’abord à mettre sur le compte… du manque de pays dans le monde. Et pour cause, on n’atteint pas les 200 (et pour certains, les données sont indisponibles ou non fiables). Ce n’est pas une mince affaire. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle n’est pas prête d’être réglée.
– la nécessité d’évaluer la qualité des différentes pistes suivies, pistes assez nombreuses, même si, et c’est un des points que les auteurs souhaitent montrer, on y voit plus clair dans l’étude empirique de la croissance aujourd’hui qu’hier. Or, cette évaluation (distinguer “the good, the bad and the ugly” comme l’écrivent les auteurs) est complexe. Et devant le nombre de facteurs décisifs diversement avancés pour expliquer la croissance (environ un par pays existant, ce qui illustre le problème précédent), la tâche est rude.
– les méthodes d’évaluation du processus de croissance se partagent entre une vision linéaire ou non. Et concernant la vision non linéaire (issue des théories de la croissance endogène), la spécification des non linéarités adéquates fait débat.
Mais le message des auteurs est optimiste, puisqu’ils écrivent que “We argue that a sufficiently rich set of statistical tools for the study of growth have been developed and applied that they collectively define an area of growth econometrics.”
Bonne lecture. Je vais m’y mettre au milieu du reste et vous en reparlerez dans quelques temps. Normalement, ça, ça veut dire que vous n’en entendrez plus jamais parler. Mais je vais essayer de déroger à certaines mauvaises habitudes… Enfin, n’empêche que pour commencer, impression de 184 pages…
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