Les lecteurs de ce blog savent qu’il n’y est pas habituel de trouver des perspectives pessimistes. Mais bon, là, soyons clairs : ça commence à sentir vraiment, vraiment, mauvais. Hier, c’était un fonds créé par Carlyle qui se déclarait en faillite; aujourd’hui, c’est la banque d’affaires Bear Stearns qui, face à des problèmes de liquidité, reçoit un financement d’urgence de J.P. Morgan, laquelle sert de faux nez à la réserve fédérale américaine. Résultat : Bear Stearns plonge de plus de 50% dans la journée.
Pendant ce temps, les nouvelles macroéconomiques tendent largement vers une récession; et les banques centrales, que l’on croit à tort capables de faire des miracles et des tours de magie, sont assez largement impuissantes. A plus long terme, on peut envisager une hausse simultanée de l’inflation, du chômage, et des taux d’intérêt.
Il y a trois ans et demi, l’un des premiers posts de ce blog s’inquiétait d’un éventuel “retour des années 70“. Ca n’est pas (encore?) tout à fait ça, mais là, les nouvelles ne sont pas bonnes.
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Avec Bear Stearns la Fed fait de la cavalerie – échanger du papier pourri contre du bon papier, ou reculer d’un mois pour mieux sauter. Un renflouement à court terme pour une banque qui ne connait pas un problème de liquidité, mais une grave crise de solvabilité.
Réponse de Alexandre Delaigue
C’est la meilleure chose à faire. Clairement, l’opération a été menée pour faire en sorte que les transactions effectuées par Bear aillent au bout; on sauve les clients, pas les actionnaires.
retour des années 70
où il y a eu découverte de la stagflation après une très longue période keynesienne
analyse théorique et expérience ne servent pas à grand chose
créer de la monnaie est tellement tentant
Chaque génération refait son expérience
Evidemment, à force d’évoquer Claude François, de s’habiller en vêtements acrylique et pattes d’ef., de s’asseoir sur des sièges en plastique orange, on a fini par s’attirer la poisse. l’Elysée, il n’y a plus qu’à rappeler VGE. Et à la mairie de Paris, Chirac !
Comment on dit "bank run" en francais? Je crois que c’est la premiere "electronic bank run" et ca fait peur.
Dans la panique j’ai fait un test avec un de mes e-brokers pour voir combien de temps il faut pour transferer tous mon cash et mes positions. Chrono en main: 17 secondes [j’ai pas appuye sur le bouton "confirm"]
Les récessions sont les périodes durant lesquelles le travail est le mieux rémunéré. Vous ne trouverez pas beaucoup de commentateurs pour s’en plaindre.
Difficile d’espérer relancer l’économie sans rémunérer l’intelligence, l’initiative et le labeur.
geographedumonde fait une référence à VGE. J’aurais voulu connaître l’avis d’économistes sur la politique économique que VGE et Raymond BARRE ont mené à cette époque. Etait-elle si mauvaise que cela ? Y avait-il mieux à faire ?
PS : je trouve votre blog très enrichissant. Je ne peux que vous encourager à continuer.
Réponse de Alexandre Delaigue
Je ne mettrai pas forcément la politique économique dans les plus grandes réussites de la période. La relance Chirac de 1975 a été nuisible et inefficace. Quant à Barre, même si son bilan est lié aux circonstances, ça a été quand même “résoudre le chômage par les préretraites” et “résoudre l’inflation par le contrôle des prix”. On ne peut pas dire que cela ait été extrêmement judicieux. Mais c’est toujours pareil : un bilan et des mesures ne peuvent se juger que par rapport à des alternatives. Pour l’époque, ce n’était pas ce qu’on pouvait avoir de pire.
Si Bear Sterns est insolvable, il doit être mis en faillite, ou alors ce n’est plus le Capitalisme, c’est le tac-o-tac.
Ce genre d’action s’appelle la privatisation des profits et la socialisation des pertes. Après il ne faut pas s’étonner si les banquiers continuent a jouer au pile je gagne, face tu perds avec d’autres joujoux.
Réponse de Alexandre Delaigue
Non. Si Bear a des problèmes de liquidité, alors, c’est la chose à faire pour éviter que tout le système bancaire explose. Si Bear a des problèmes de solvabilité, c’est aussi la chose à faire, pour que les transactions déjà commencées aillent à leur terme, et pour éviter que le système bancaire explose. Dans tous les cas, cette opération sauve les clients de Bear, pas ses actionnaires, ni ses dirigeants. Parce que la banque en elle-même, de toute façon, soit elle sera rachetée par un autre, soit elle fera faillite.
Ah non! j’espère que vous vous trompez cher Alexandre! …je l’espère pour mon malheureux portefeuille boursier de petit épargnant… plus sérieusement, je ne partage pas votre pessimisme sur les nouvelles macro, en tous cas comme facteur de récession :
– la demande des émergents est là (et ferme), elle semble être inscrite dans une tendance de long terme,
– l’envolée des matières premières ou des métaux précieux ne fait que rattrapper un retard en "francs consants" (cf. l’or). Pour l’or noir c’est plus complexe, mais la demande est là et à long terme il n’y aura plus de pétrole (dc pas illogique que les prix s’envolent…et ce d’autant que le dollar s’effondre)
– l’euro semble protéger la zone euro (jusqu’à présent) des soubresauts us, même si nos entreprises en souffrent (mais il serait intéressant de comprendre les raisons qui font que leurs consoeurs teutonnes souffrent moins et affichent des excédents commerciaux insolents!)
– les crises des fonds Carlyle ou des banques d’investissement montrent surtout l’irrationalité de leurs dirigeants dont on peut serieusement se demander s’ils sont à la hauteur de leur poste (la réponse est non…par charité patriotique je n’évoquerai pas la SG…bien que mes doigts sentent des démangeaisons) et montrent les limites d’une croissance avec levier
– les carnets de commande des entreprises sont pleins, les bilans assainis et de nouvelles zones géographiques en plein essor, offrant ainsi des relais de croissance dynamiques et durables
Bref j’ai raison hein ?…dites moi que oui ou je vends toutes mes actions et me retire à la campagne où je cultiverai du blé…qui vaut de l’or!
Amicalement
Réponse de Alexandre Delaigue
La seule stratégie de long terme validée au cours du temps est celle qui consiste à mettre, à intervalles de temps réguliers, la même somme sur le marché, et à constituer progressivement le portefeuille le plus diversifié possible. C’est la stratégie qui permet précisément d’éviter d’avoir à se poser ce genre de questions.
Et puis je trouve que les récessions sont d’excellent moment pour que les prudents fassent leurs courses. D’ailleurs Warren est d’accord avec moi.
Réponse de Alexandre Delaigue
Oui. On en a parlé ici d’ailleurs. mais là, les circonstances sont assez violentes.
Dean Baker avait donc raison?
http://www.liberation.fr/actuali...
Réponse de Alexandre Delaigue
Lorsqu’un économiste utilise le temps “futur” dans une phrase, il ne sait pas ce qu’il dit. On verra. Le présent, en tout cas, sent mauvais.
Greenspan chimes in:
http://www.ft.com/cms/s/0/edbdbc...
Lui aussi ne voit pas précisément l’avenir en rose…
Réponse de Alexandre Delaigue
Comme dirait Krugman à propos de Greenspan : He’s like a man who suggests leaving the barn door ajar, and then – after the horse is gone – delivers a lecture on the importance of keeping your animals properly locked up.
A propos de l’article de Phelps dans le WSJ :
Il écrit : the "natural" interest rate — the rate needed if inflation is neither to rise nor fall"
Drôle de définition du taux d’intérêt naturel, non? Sans doute une déformation de la part du coinventeur du NAIRU…
Le message principal de Phelps est que la Fed ne peut pas connaître le taux naturel. Par conséquent, elle se trompe régulièrement dans le choix de son taux directeur. Il attribue ce phénomène à l’incertitude (innovation, "animal spirits" de Keynes, Hayek etc).
Mais a-t-il raison d’attribuer les erreurs de la Fed à l’incertitude économique?
Le taux naturel est une construction qui agrège les préférences de millions de gens. Il ne peut être découvert qu’à tâtons par un processus de marché. Or les interventions de la Fed empêchent ce processus de converger.
On ne peut donc jamais savoir si le taux nominal fixé par la Fed est plus haut ou plus bas que le taux naturel. Mais ce n’est pas dû à "l’incertitude" en économie. C’est d’abord et avant tout parce que la Fed elle-même fausse le mécanisme qui permettrait de le découvrir.
Je me trompe?
Réponse de Alexandre Delaigue
Vous avez trop abusé de Murray Rothbard et des Autrichienneries. Attention, à haute dose, c’est un peu hallucinogène 😉
Quelle est la raison profonde pour laquelle il faudrait sauver le système financier ?
(Ben non, honnêtement, je ne vois pas : chuis ptet con.. chais pas : mais je vois bien une chose : si on dit qu’on fera toujours tout pour le sauver, il y a du profit à faire à menacer de le détruire : et il "ne faut pas céder au chantage")
Réponse de Alexandre Delaigue
Quand le système bancaire explose, tout va très, très mal. Donc il est difficile de faire autrement que d’éviter que cela n’arrive, tout en essayant de réglementer l’activité bancaire afin d’éviter que cela n’entraîne trop de comportement opportuniste, et tout en évitant de trop le réglementer ce qui nuit à l’innovation. Bienvenue dans le monde merdique des politiques publiques.
Merci pour votre réponse :
Le monde du dollar n’est-il pas fatalement déconnecté du monde euro ? Pourquoi ne pas laisser les investisseurs en dollars se débrouiller avec les problèmes que leur cupidité de clients du système bancaire a largement contribué à créer ?
Réponse de Alexandre Delaigue
Le “monde euro” n’est pas déconnecté d’une économie qui représente près d’un quart du PIB mondial, soit plus que tout le continent asiatique,de la Chine à la Turquie. Et le monde financier ne l’est en aucun cas. C’est comme le nuage de Tchernobyl, hein…
Vous tenez donc Greenspan pour responsable de la crise actuelle?
Réponse de Alexandre Delaigue
Il a sa part. Et son insistance à ne pas le reconnaître et à jouer les grands penseurs est particulièrement irritante dans ces circonstances.
@ AD
Ben je voudrais bien lire Hyman Minsky aussi, mais son livre ‘Stabilizing an unstable economy’ est introuvable, et les occasion atteignent des prix astronomiques. On frise les $1000! Effet de mode? Heureusement une réédition est prévue en avril.
Quant aux autrichienneries et autres robinsonnades (j’ai eu droit à ce commentaire de Gizmo, merci…) elles sont non seulement instructives, mais de plus gratuites!
😉
Voir ici, par exemple, pour une discussion du triangle hayékien comparé à la macro keynésienne et monétariste : http://www.auburn.edu/~garriro/t...
Réponse de Alexandre Delaigue
franchement, cette partie-là est l’une des moins intéressantes de la perspective autrichienne.
En tout cas il y en a que la perspective d’une récession ne semble pas déranger, bien au contraire:
http://www.monbiot.com/archives/...
A revoir cette vidéo ARTE de Janvier 2008 (on y entend Rogoff, Krugman, Roubini)
http://www.dailymotion.com/video...
Pas intéressante ? Jugez vous-même :
1) La théorie autrichienne du cycle (alias ‘ABCT’) n’a rien à voir avec l’Autriche, et tout à voir avec la formation des bulles et des dépressions. Les US sont dans la panade, mais pourquoi ? L’ABCT examine une certaine forme de booms/busts, qui ressemble étonnamment à la situation actuelle. C’est ‘franchement’ très intéressant !
2) Les US n’ont pas assez épargné, et pourtant ils ont trop investi dans l’immobilier (ou les high tech en 2000). Normalement on ne peut pas avoir trop d’investissement ET trop de consommation. Comment concilier les deux ? L’ABCT résoud ce paradoxe en identifiant les mauvais investissements réalisés pendant la bulle, et qui seront perdus.
3) Quoi qu’on en dise, aucune banque n’a intérêt à prêter à perte, et aucun fonds n’a intérêt à racheter des subprimes pourris. Le marché dispose de mécanismes simples pour éviter ces erreurs. Pourquoi n’ont-ils pas fonctionné ? L’ABCT montre comment la mauvaise évaluation de certains actifs (immobilier, startups) conduit à des ‘clusters’ d’erreurs.
4) Quoique de moindre ampleur, la crise actuelle succède à celles de 1929, des années 1970, ou de 2000. L’ABCT souligne les points communs entre ces diverses crises.
Pour ceux qui veulent se faire leur propre opinion, mon conseil est le suivant : plutôt que se plonger dans Hayek, on peut prendre 1 heure et lire les slides ppt de Garrison intitulés ‘The austrian theory of the trade cycle’ tout en écoutant le commentaire audio correspondant.
Amicalement,
GSF
http://www.auburn.edu/~garriro/l...
http://www.mises.org/media.aspx?...
Roubini: "This is the worst US financial crisis since the Great Depression"
http://www.rgemonitor.com/blog/r...
C’est vraiment à ce point là?
Bonjour,
Le grand chantage a commencé. Banquier central paye mes erreurs sinon je fais tout sauter.
Le refus des banques de se prêter entre elles est un stratégie globale d’un club de kidnappeurs (de rien, je me marre, désolé)
Y a t il déjà des travaux, des publications (en Français de préférence) analysant la crise bancaire Argentine; Comment on y entre, que se passe t il, comment on s’en sort? et surtout quels
sont les stratégies optimales pour le citoyen lamba pour passer l’épreuve.
Un manuel de survie… un guide du déroutard bancaire
L’intervention de la FED commence à faire des dégâts : comment réévaluer l’offre de JP Morgan ? ou comment se mettre à dos absolument tout le monde…
http://www.nytimes.com/2008/03/2...
En plus, on y apprend que, dans la panique, les juristes ont écrit n’importe quoi et les patrons ont signé. 😀