Note de lecture


The Economics of the Welfare State
Nicholas Barr (1998)

Un livre essentiel. “The Economics of the Welfare State” est un manuel de théorie économique de la protection sociale. Une certaine confusion règne souvent concernant le lien entre la théorie économique et les fondements de l’Etat-Providence. L’objectif de l’ouvrage est précisément de dissiper ce trouble.
Nicholas Barr s’applique à décomposer les différents aspects de la question. Il n’est pas dans ses intentions de faire de la protection sociale une pure question de théorie économique. Il souhaite simplement montrer ce qui en relève, le distinguer de ce qui touche aux théories de la justice sociale, analyser techniquement le fonctionnement des différents instruments d’intervention, selon la référence philosophique que l’on se donne. Il suit en cela une méthodologie qui est assez classique en économie, visant à distinguer les objectifs d’une société et les instruments qu’elle met en place pour les atteindre.
La grande force de l’ouvrage réside dans une démarche caractérisée par trois objectifs : définir, distinguer et synthétiser. Définir, comme le fait le premier chapitre, qui cherche à délimiter la notion d’Etat-providence (notamment au travers de la notion de “bien-être”), à fixer ses objectifs et à replacer la réflexion dans le contexte actuel (démographie, emploi, structures familiales et mondialisation). Distinguer, pour montrer que la notion d’intervention est multiformes. Elle l’est philosophiquement (il distingue trois grandes catégories de philsopophies politique : libertarienne, libérale et collectiviste) et techniquement (les outils disponibles sont variés : régulation, fiscalité, production). Synthétiser, pour poser les bonnes questions, puiser dans la théorie économique les résultats essentiels sans se perdre dans des développements trop techniques.
Outre la définition du sujet et la distinction globale des différentes théories de la justice sociale, la première partie est dédiée à la présentation de différents concepts économiques utiles pour la suite : la formalisation d’une intervention de l’Etat dans l’économie, les principes de base de l’assurance et la mesure du bien-être, des inégalités et de la pauvreté. Construit sur de telles bases, le livre peut décliner ensuite les différents aspects de la politique sociale en s’appuyant sur la distinction entre prestations pécuniaires (2ème partie du livre) et prestations en nature (3ème partie du livre). L’auteur distingue également les prestations contributives, des prestations non contributives. Au final, ce sont les politiques sociales de la maladie, du chômage, de l’invalidité, de la retraite, de l’éducation et du logement qui sont soumises à un test quasi systématique articulé autour de quatre questions : comment le système est-il organisé ? l’Etat doit-il intervenir dans une optique d’efficience économique ? quelles sont les conséquences en matière d’équité ? quel bilan dresser des politiques appliquées (concerne la Grande Bretagne) ? S’ajoute à cela des considérations en matière de réforme des systèmes de protection sociale. La question du financement est évidemment omniprésente. L’analyse des processus politiques de décision et de mise en place des interventions n’est pas éludée, mais ne constitue pas le coeur de l’ouvrage.
Il s’agit d’un outil d’analyse solide et accessible au plus grand nombre que l’on ne peut que recommander à tous ceux qui lisent l’anglais.
A noter : nouvelle édition en juillet 2004.
Stéphane Ménia
04/05/2002

Nicholas Barr, The Economics of the Welfare State. , Stanford, 1998 (45,29 €)

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