Note de lecture


Économie des politiques publiques
Sous la direction de Antoine Bozio et Julien Grenet (2010)

ecopub Après les époux Mafeco, c’est la bande des écopublix qui y est allée de son “repère”. Le choix du thème n’a pas été difficile, on peut l’imaginer ! Le sujet est vaste et l’ouvrage donne un guide de lecture de grande qualité, dans lequel on retrouvera ce qu’on aime dans les textes des anciens jeunes blogueurs devenus grands : clarté, rigueur et esprit de synthèse au dessus de la moyenne.
L’économie des politiques publiques porte sur un objet large mais précis en économie. Il s’agit des interventions de la puissance publique dans deux des trois fonctions de l’Etat définies par Richard Musgrave : la fonction d’allocation et de redistribution. Pour faire simple, on dira qu’il s’agit des politiques structurelles. Ce qui met hors du champ de l’ouvrage les politiques conjoncturelles (budgétaire et monétaire), qui relèvent de la fonction de stabilisation. Mais laisse encore un très grand nombre de questions en suspens : “la fiscalité, la régulation, les services publics, les assurances sociales et la redistribution”.
Le premier chapitre plante le décor des motifs de l’intervention publique, en distinguant trois catégories de justifications : les défaillances de marché (externalités, biens publics, asymétries d’information), les imperfections de la concurrence (qu’on peut résumer en disant que certaines structures de marchés donnent un pouvoir de marché aux firmes ; ce pouvoir de marché débouchant sur une allocation non optimale des ressources), les limites de la rationalité des agents (qui peuvent les conduire à prendre de mauvaises décisions) et la correction des inégalités. Le chapitre aborde également les contraintes pesant sur l’intervention publique, en rappelant utilement que la décision publique n’est pas en soi un substitut parfait aux mécanismes de marché. Les domaines d’intervention sont balayés dans la suite de l’ouvrage au travers de quatre chapitres qui portent sur la fiscalité, la réglementation des marchés, les dépenses publiques et la redistribution. Choix judicieux qui permet de montrer les problématiques communes sur des sujets qui peuvent sembler relativement disparates au départ, tels que la santé, le marché du travail ou l’environnement. L’ouvrage éclaire de façon assez systématique sur les justifications de l’intervention de l’Etat, sur les moyens d’intervenir, les effets de l’intervention publique et le choix des meilleurs outils à utiliser pour atteindre des objectifs donnés. Un chapitre final se penche quant à lui sur les enjeux et méthodes de l’évaluation des politiques publiques.
Ce texte est une mine pour les étudiants ou les curieux. Les prérequis théoriques (en microéconomie) sont le plus souvent rappelés avec fficacité, ce qui rend la lecture très abordable pour le plus grand nombre. La qualité de vulgarisation est incontestable : compréhensible, sans sacrifier le niveau d’exigence et l’apport culturel de la discipline. Si vous craignez les équations, rassurez-vous : il n’y en a pas.
Le résultat est un livre qu’il fallait écrire et qui a, de plus, le mérite de s’intégrer parfaitement à la collection de La découverte, en servant de point de départ pour une exploration des politiques publiques, souvent traitées une à une par d’autres repères. La conclusion suggère d’ailleurs diverses pistes d’approfondissement. Pour faire bonne mesure et trouver une critique à formuler, on pourra regretter que le ton de l’ouvrage soit un peu plus sérieux que les billets du blog écopublix (sans être désagréable à lire, néanmoins). Mais écrire un repère force naturellement l’austérité…
L’introduction de l’ouvrage est disponible ici.

Stéphane Ménia
04/04/2011

Sous la direction de Antoine Bozio et Julien Grenet, Économie des politiques publiques. , La découverte, 2010 (9,02 €)

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