Si l’on voulait parler de pays à l’économie florissante et prometteuse, peu de gens penseraient aujourd’hui à évoquer la France et l’Allemagne. Un taux de chômage élevé depuis longtemps, un endettement public croissant, des dirigeants en bout de course, une population vieillissante… Et pourtant.
A la fin du mois d’aout, le magazine The Economist titrait sur la surprenante économie allemande dans laquelle les accords entre entreprises et syndicats ont permis une restructuration profonde du système productif, des gains de compétitivité importants, et de bons résultats des entreprises. Plus surprenant encore, Daniel Gross dans Slate constate la performance remarquable de l’indice cac 40 , et l’explique en partie de la même façon que The Economist évaluait le rebond allemand : par les restructurations importantes effectuées par les entreprises françaises, et le fait que les grandes entreprises – celles qui se trouvent au CAC 40 – sont mondialisées, et peuvent donc bénéficier de leur accès à un marché mondial florissant.
Dans le cas français, on peut ajouter un bémol auquel Daniel Gross ne pense pas : le CAC 40 n’est guère significatif. Le fait que Total entre à hauteur de 15% dans l’indice, joint à la hausse du prix du pétrole, explique en bonne part la croissance de celui-ci. Le CAC 40 est conçu de façon à amplifier les hausses et à minimiser les baisses; lorsqu’une entreprise se porte mal, elle sort de l’indice; alors que lorsqu’une entreprise qui se porte bien entre dans l’indice, la gestion indiciaire pousse de nombreux gérants de fonds à acheter de cette entreprise, augmentant mécaniquement encore plus son cours. Ce manque de significativité de l’indice CAC 40, d’ailleurs, devrait faire l’objet de plus de réflexion qu’il n’en fait aujourd’hui.
Cependant, un fait demeure : les entreprises françaises et allemandes se portent bien, malgré les rigidités structurelles de ces deux économies. Si l’on ajoute à cela des taux d’intérêts faibles en Europe, le fait que des gains de productivité restent encore à faire, il y a quelques raisons de penser que les économies d’Europe continentales constituent un bon pari pour l’avenir.
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La plupart des indices actions mondiaux (en gros hors DJIA) fonctionnent comme le CAC40 (poids par capitalisation, N plus grosses capitalisations), donc pas de spécificité gauloise ici :).
Quand au pétrole, Royal Dutch est 15% de l’AEX, La plus grosse capi du S&P 500 est Exxon (meme si au final le poids total doit etre aux alentours de 5%).
Laurent
"Daniel Gross dans Slate constate la performance remarquable de l’indice cac 40 , et l’explique en partie de la même façon que The Economist évaluait le rebond allemand : par les restructurations importantes effectuées par les entreprises françaises…."
alors pourquoi la prime de risque du cac40 est a >7% contre 4,5% aux usa ?
Allemagne: le retour?
En économie, il y a des cycles, mais il y a aussi des modes, il me semble. Je ne sais vraiment que penser de cet article du rédacteur économique du Daily Telegraph qui aligne les statistiques flatteuses à l’appui de sa démonstration que…
Alexandre : "l y a quelques raisons de penser que les économies d’Europe continentales constituent un bon pari pour l’avenir."
Eh eh eh… j’ai enfin trouvé un convaincu des 100 jours :o)
@SM : justement, ce qui est notable c’est que ces changements se sont faits et se font très largement loin des médiocres politiques publiques nationales.
@jck : c’est un pari pour l’avenir, justement :-).
@guerby : entièrement d’accord; il ne s’agissait pas tant de noter une spécificité gauloise que le fait que le cac 40 n’est pas représentatif des performances de toutes les entreprises cotées, ni a fortiori de toutes les entreprises.
@econoclaste-alexandre: même si le pétrole est gros en capitalisation, j’ai entendu recemment que 40% des profits du S&P500 ont été faits par des firmes financiaires (banques & cie) contre 10% pour les manufacturiers et 50% pour le reste (je n’ai plus la référence en tête malheureusement).