Depuis une quinzaine d’années, interventions militaires étrangères et questions humanitaires et de développement ont eu tendance à converger. Dans des conflits comme l’Irak et l’Afghanistan, les problématiques du développement – remettre un pays en marche, mettre en place des institutions, lutter contre la pauvreté vue comme cause de terrorisme – sont considérées comme essentielles pour le succès des interventions. Par ailleurs, de nombreuses interventions militaires ont été menées, ou prônées, pour des motifs humanitaires, pour permettre aux pays considérés de sortir des cycles de pauvreté et de violence endémique, avec des succès divers, comme au Sierra Leone, en Somalie; aujourd’hui, c’est dans la région des grands lacs que l’on préconise ce genre d’intervention militaro-humanitaire.
Cette convergence entre l’humanitaire, le développement, est-elle une bonne chose? Easterly, à l’occasion d’une critique de “the Bottom Billion” de P. Collier, l’analyse, et en doute fortement. A lire impérativement.
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"Les interventions militaires peuvent-elles être humanitaires?"
C’est curieux que le titre soit si différent du contenu du post.
Ce titre est en effet un très mauvaise lecture du problème en Irak et en Afghanistan(puisque ce sont les exemples que vous citez).Le problème fondamental de ces conflits est la légitimité:qui est plus légitime entre le gouvernement soutenu par des troupes étrangères et la l’insurrection armée?
Cette question ne peut être résolu que d’une seul manière, il faut démontrer à la population que c’est dans son intérêt de soutenir le gouvernement.Cela se fait en utilisant une large palette de moyens qui vont des actions de sécurisation au développement(installations de centrales électriques, formations de fonctionnaires…) en passant par l’intimidation et l’action humanitaire d’urgence.Ces différents axes d’interventions sont bien entendu en interaction constante avec des effets très divers voir contradictoires sur le court et le long terme.
Le point est que contrairement à ce que le titre suggère, ces opérations ne sont pas humanitaires par nature.L’humanitaire n’est qu’un aspect, purement instrumental, de l’opération.
Je terminerais en rappelant qu’il ne faut surtout pas confondre des opérations du type Afghanistan/Irak avec des interventions de l’ONU comme le Sierra Leone ou la Bosnie.Ce sont interventions de nature très différentes.Si leur méthodes sont sous certains aspects similaires, le contexte local et international est tel qu’il est impossible de les assimiler à la même catégorie.
Réponse de Alexandre Delaigue
Ces types d’opérations sont différentes, mais reviennent au même problème : une convergence entre intervention armée et des problématiques de type “développement”. Dans les cas Afghans et Irakiens, l’intervention armée vient d’abord, mais ensuite, sa poursuite et son succès passe par des actions, souvent extrêmement ambitieuses, de “nation building” et de développement (lutte contre la pauvreté, infrastructures, etc). Dans les cas d’interventions “humanitaires” le but humanitaire est premier, mais finalement, on en revient à la même situation sur le terrain : joindre militaires, humanitaire et développement; et au minimum, utiliser la force armée pour prévenir les violences internes. Si chaque situation spécifique est différente, cette convergence militaire-développement est nouvelle; et avant de recommander les interventions “humanitaires” à tout bout de champ (Darfour, grands lacs…) on pourrait s’interroger sur ce que cela implique.
Tuer des enfants avec des bombes, et sauver les survivants avec des largages de colis humanitaires. Voilà un concept qui ne me parle pas. En même temps je ne suis pas un expert en géopolitique…
Tout aussi instructif dans la critique de certains arguments (e.g. l’humanitaire, l’aide au développement,etc) pour justifier une guerre: le livre de Jean Bacon, les saigneurs de la guerre