L’un des multiples intérêts du livre de Thesmar et Landier, le grand méchant marché, est de montrer le caractère mythique du soi-disant “court-termisme” de la finance. Illustration avec le rachat de TXU par les fonds d’investissement KKR et Texas Pacific dans un LBO à 45 milliards de dollars; L’une des conditions du rachat est l’abandon d’un plan de construction de 11 centrales électriques au charbon (pour n’en construire que 3) et la fixation d’un objectif : ramener les émissions de CO2 de l’entreprise à leur niveau de 1990 d’ici 2020. La si méchante “logique financière” se retrouve plus écologique que la si appréciée “logique industrielle”; Mais ou va-t-on?
Gageons que cela ne changera strictement rien aux discours des candidats français, tous ensemble tous ensemble, ouais, ouais, contre les “profits fainéants et rapaces“, le “capitalisme financier de spéculation et de rente” ou autres “capitalisme prédateur“.
Sur Thesmar et Landier, voir aussi cet article de Daniel Cohen dans le Monde d’aujourd’hui.
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KKR est réputée pour accompagner longtemps les firmes qu’elle achète, je crois (je ne sais plus d’où), qu’elle y reste en moyenne 5-6 ans. Mais cela ne s’oppose pas au fait que le marché soit court-termiste, au contraire, KKR exerce un monitoring très rapproché qui est assez éloigné d’un actionnariat complètement disséminé en bourse.
Pour avoir eu la chance d’entendre les conclusions du livre lors d’une présentation de Landier, j’ai été assez convaincu par le résumé des différentes études concernant le rôle des fonds dans le dynamisme des entreprises.
En revanche, j’ai été très vite refroidi par le maître de cérémonie qui, après Landier, a qualifié sa présentation de "provoquante" alors que dans le public (pas spécialement à gauche, très peu même) nombreux étaient ceux qui haussaient les sourcils pensant manifestement qu’il n’était pas possible de dire des choses comme ça.
Bizarre quand même…
biais cognitif. L’idée qu’un ensemble de décisions décentralisées et mal informées puisse être plus efficace qu’un dirigeant “industriel” qui porte un beau costume et passe à la télé est difficile à saisir. Ajoutons que peu de gens (économistes y compris) savent exactement ce que font les gestionnaires de fonds, ce qui amplifie le doute.