Deux articles d’aujourd’hui vont dans ce sens.
Wolfgang Munchau explique pourquoi une politique d’euro “compétitif” – bruyamment souhaitée par notre président préféré – est impraticable. Trois raisons :
– la zone euro est relativement fermée; contrairement à ce que pensent beaucoup de politiciens européens, qui restent dans le modèle des petites économies ouvertes tendance pré-euro, la zone euro est peu ouverte, ce qui limite considérablement l’ampleur d’une politique visant, par exemple, à maintenir une parité par rapport au dollar.
– Le dollar est encore moins pertinent si l’on tient compte du fait que les principaux partenaires économiques de la zone euro ne sont pas les USA, mais la Grande-Bretagne et les pays de l’Union Européenne hors zone euro. Une politique de taux de change “compétitif” devrait se faire surtout vis à vis de ces pays, ce qui aurait pour effet principal de faire exploser le marché commun. N’oublions pas par ailleurs que les pays candidats à l’accession à l’euro doivent parmi les conditions à remplir suivre l’évolution de l’euro, ce qui poserait vite une forte contradiction. Par ailleurs, si le taux de change du dollar est faible, le taux de change réel est moins bas que dans un passé récent; ce qui signifie qu’il n’est pas judicieux de mener une politique de change compétitif maintenant.
– Enfin, les circonstances macroéconomiques sont différentes. Les pressions inflationnistes subsistent en Europe, et il n’y a que peu de signes convaincants de récession prochaine, contrairement aux USA. Dans ces conditions, la Banque centrale américaine sera amenée à baisser ses taux bien plus vite que la BCE.
De son côté, J. Surowiecki indique que pour l’instant, les conséquences sur les ménages américains de la baisse du dollar sont peu perceptibles; ce qui fait que les déséquilibres qui causent la faiblesse du dollar – tout particulièrement le faible taux d’épargne américain – restent présents et ne donnent que peu de signes de se corriger. Il va falloir s’habituer au dollar faible.
PS : bientôt, les articles du Financial Times, comme celui de Munchau indiqué plus haut, seront accessibles gratuitement, à hauteur de 30 articles par mois et par lecteur. En tant qu’abonné payant, cela me chagrine un peu. Je continuerai de payer mon abonnement, car je lis bien plus de trente articles de ce journal par mois. Mais la valeur de mon abonnement a diminué par cette opération. En vigoureux défenseur de la discrimination tarifaire, je ne peux que difficilement me plaindre, mais je n’aime pas ces moments ou mon agent économique rationnel entre en conflit avec le behavioral economist.
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"la zone euro est peu ouverte,"
Mais alors, le péril chinois n’existe pas ?
Est-ce à dire que ce qui est délocalisé sont en fait des productions à destination des pays extra-européens ?
Les délocalisations pèsent globalement peu, mais localement
beaucoup (© Olivier Bouba-Olga). D’où l’utilité douteuse
d’un traitement monétaire à large spectre face à elle (de
toute façon, sur des produits où la Chine est 10 fois moins
chère, c’est pas une dévaluation de 30% de la monnaie qui
va changer grand chose). Mais plus de traitements ciblés à
base par exemple d’aménagement du territoire et de
politique de formation. Un point d’entrée sur le sujet :
obouba.over-blog.com/arti…
"la zone euro est relativement fermée; contrairement à ce que pensent beaucoup de politiciens européens, qui restent dans le modèle des petites économies ouvertes tendance pré-euro"
L’avènement de l’euro n’a absoluement rien changé. Le volume de commerce extérieur effectué en zone dollar n’a pas été affecté par l’introduction de l’euro. Pour cela il faudrait qu’un pays de la zone dollar rejoigne la zone euro.
En fait, depuis 1999, l’Europe est devenue plus vulnérable au taux de change €/$ pour 2 raisons.
_ La demande intérieure européenne est anémique. Le commerce intra-européen progresse donc moins vite que le commerce extra-européen.
_ Les termes de l’échange ont évolué défavorablement (pétrole).
Sur le troisième point de Muncho, si ce n’est la TVA Allemande et une bouffée spéculative sur le pétrole, je vois vraiment pas ou il voit des pressions inflationistes. Quand à la croissance, elle est repassée au premier semestre sous celle des USA, pire la courbe des taux s’est inversée en Europe, ce qui n’est pas bon signe.