Le ministre de la relance a des ambitions élevées. Jugez plutôt : Le plan de relance de 26 milliards d’euros doit permettre de créer 150 000 emplois en 2009 et avoir 100 milliards d’impact économique en deux ans. Quand l’État engage un euro, il veut entraîner trois euros, si l’on croit les propos du ministre. On passera charitablement sur le fait que 26 est désormais un tiers de 100 (les fractions, c’est compliqué) pour se demander quelle arithmétique permettrait de satisfaire des ambitions pareilles.
On peut supposer que le ministre fait référence à l’effet multiplicateur keynésien. Dans cette perspective, en situation de sous-emploi, un euro de dépense publique supplémentaire, produit des effets en cascade donnant lieu à un effet sur la demande globale supérieur à la somme initialement engagée. La formule permettant de le calculer est la suivante :
1/(1-c(1-t)+m)
Dans laquelle c est la propension marginale à consommer (la part de revenu supplémentaire que les ménages consacrent à la consommation), t le taux marginal d’imposition, et m la propension marginale à importer (la fraction d’un revenu supplémentaire consacrée à acheter des produits importés, qui réduisent l’effet de la hausse de la demande sur la demande interne). Si l’on veut que cet effet multiplicateur soit égal à trois, il faut donc que :
1-c(1-t)+m=1/3, ce qui peut être ramené à :
c(1-t)-m = 2/3
Or en France, les importations représentent 1/3 du PIB. cela conduirait, en supposant que la propension marginale à importer est égale à la propension moyenne, à m=1/3. L’équation précédente devient donc :
c(1-t)=1
Le taux de prélèvements obligatoires est en France légèrement inférieur à 50%. En posant t=0.5, nous obtenons alors :
c=2
Rappelons que c représente la fraction de tout revenu supplémentaire consacré à la consommation. Il faut donc, pour atteindre l’objectif du ministre, qu’à chaque fois qu’ils reçoivent un euro de revenu, les français dépensent deux euros. Il va donc falloir sacrément cibler le plan de relance : vous êtes un panier percé, à découvert chronique, interdit bancaire? Le ministère de la relance va sans doute bientôt avoir un chèque à vous faire…
Il faut être logique : si le gouvernement, par la grâce du talent de son ministre de la relance, disposait de la capacité de générer 3 euros pour chaque euro de dépense publique supplémentaire, on se demande pourquoi il se limiterait à 26 malheureux milliards d’euros. Pourquoi ne pas dépenser, tant qu’on y est, 50, ou 100 milliards d’euros? Pourquoi ne pas l’avoir fait avant, d’ailleurs, au lieu de faire une loi TEPA qui ne sert à rien? Décidément, on nous cache tout.
Aux Etats-Unis, un Bernie Madoff dirigeait un fonds d’investissement bidon; en France, il serait ministre depuis bien longtemps.
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"à chaque fois qu’ils reçoivent un euro de revenu, les français dépensent deux euros" :
fastoche, on va désépargner à mort !
"Ah tiens, je gagne 10€ de plus, du coup j’ai plus que 734€ à débourser pour acheter mon LCD 82cms! C’est le moment où jamais, il ne me manquait justement que 10€ pour boucler mon budget et me décider à vider mon PEL".
Et là paf, 73, le multiplicateur !
Moi sans rien faire j’arrive à créer 150 000 emplois en 15 jours. Vous vous demandez tous comment. Il me suffit de rester assis dans mon canapé et de laisser faire le marché qui crée 10 000 emplois par jours (cf Le chômage nécessité ou fatalité). Pas si optimiste que ça finalement l’objectif du gouvernement!
Tout ça pour dire que l’objectif sera atteint même si la méthode de calcul sera douteuse.
Thomas : j’ai pensé la même chose, mais à mon avis il est sous-entendu qu’il s’agit de créations "nettes". Après peut-être qu’ils laissent planer le doute pour pouvoir dire dans un an, quand le chômage aura augmenté, "ah nan mais on a créé 3 millions d’emplois cette année, c’est ces salauds de patrons délocalisateurs qui en ont détruit plus, spa not’faute… pour nous contrat rempli".
@ Alexandre :
Si j’investis 26 et qu’au final j’ai 100, j’ai bien entraîné 3 euros par euro investi (puisqu’au total 100 n’est pas loin de 4×26..) : où est le problème de tables ?
Ensuite, effectivement, reste que c’est une utopie.
Réponse de Alexandre Delaigue
Certes. Mais cela suppose que vos 26 viennent s’ajouter au total. Ce qui fait donc plutôt une multiplication par 4. Cela dit, il est possible effectivement que ce soit le sens de la phrase ministérielle.
Encore un "ministre"… (gouvernement resserré, pas plus de 15, toussa… vite oublié) qui va finir par avaler jusqu’à son slip à force de circonvolutions pour essayer de sortir une phrase un tant soit peu cohérente sur le plan éco.
"Première hypothèse, nous avons un ouvre-boîtes…"
"Seconde hypothèse, nous savons nous en servir (de l’ouvre-boîtes)…"
excellent!!
et encore, n’oublions pas que Lagarde pense que l’INSEE n’a pas tenu compte de ce formidable plan de relance dans son estimation du PIB!!
on va être à au moins 4% de croissance!! 🙂
Alexandre, quel mauvais esprit ! 😉
On va faire nos sub-primes à la consommation à nous et comme ça on aura un joli c=3 !! Pessimiste que vous êtes …
Plus sérieusement, dans un système sans endettement c ne peut être supérieur à 1 et il ne me semble pas que le crédit se desserre si bien ni qu’il serait souhaitable de sortir d’une bulle par une bulle.
NB. par c=1, toutes vos hypothèses gardées, le multiplicateur prend valeur 1,2 à peine … on est mal barrés avec ces ministres (des cultes ?)
"26 milliards d’euros doivent permettre de créer 150 000 emplois en 2009 et avoir 100 milliards d’impact économique en deux ans"
26 000 000 000 sur 150 000 en 2009 pour quelqu’un qui ne croit pas aux fables, ça fait 166 666 € par "emploi" quasi public pendant 1 an, et un accroissement d’impôt du à la dette qui détruira des emplois et du bien-être.
Autant passer directement en dictature et mettre tous les chômeurs à casser des cailloux (et les payer avec des pierres) comme ça on aura le "plein" emploi.
Keynes et une vieille relique barbare.
Réponse de Alexandre Delaigue
Les effets a attendre d’une relance ne se limitent pas aux “emplois créés”.
@Alexandre:Les effets a attendre d’une relance ne se limitent pas aux "emplois créés".
C’est indéniable, outre les emplois "créés" à 166666 € l’année…(des traders de chez Morgan ?)
Une inflation affectant le montant d’épargne désiré par les personnes au profit de ceux qui sont endettés, c’est à dire, largement l’État.
Une misalocation du capital destinée à produire des produits moins désirés, sauf par divers lobbys et loufoques politiques prêts à dépenser en propagande, des sommes à la hauteur de la subvention espérée.
Et bien sûr toutes sortes d’effets possibles, conséquences des précédents, que l’on pourrait appeler, multiplicateurs de calamités.
Réponse de Alexandre Delaigue
d’où sortez-vous votre contrefactuel?
Je ne vois vraiment pas où est le problème : la capacité de la dépense publique à mobiliser l’économie est la principale justification de la dépense publique tout court aux yeux de la plupart des commentateurs dits "sérieux".
Tous les investissements publics, d’ITER à l’enseignement de la sociologie obligatoire en seconde se justifient par un retour sur investissement postulé plus élevé que de simplement laisser faire les entrepreneurs : magie des techniques sorcières uniquement accessibles aux initiés de l’ENA, sans doute.
Si ça a marché jusqu’à présent, pourquoi ça échouerait aujourd’hui ?
"On peut supposer que le ministre fait référence à l’effet multiplicateur keynésien".
Là est l’erreur de votre raisonnement. Il s’agit évidemment de l’effet surmultiplicateur sarkozien.
(Relisez ce que vous écriviez dans votre post récent "Petit test" : "il convient de prendre en compte dans le calcul le contexte : c’est un magicien qui" [préside la France] (dans "Petit test" vous écriviez aussi "nous ne connaissons pas exactement le talent du magicien, et il peut se tromper" mais c’est évidemment différent ici : Nicolas Sarkozy est infaillible)).
Réponse de Alexandre Delaigue
j’aurai du y penser… Mais pourquoi avoir attendu 2009 pour mettre ce génie en action?
@ thierry: bien vu!! 🙂
de quel contre faits parlez vous ?
les 166 666 ?
C’est le résultat de la division faite juste au dessus.
Je n’ai pas cité d’autres faits.
Réponse de Alexandre Delaigue
Non; que se serait-il passe sans ce plan? Le gouvernement aurait sûrement trouve un autre usage de l’argent des autres. On peut soutenir aussi que ce plan se fait a la place de depenses plus nuisibles.
il justifie son ministère!
Je n’ai pas eu besoin de votre post pour une fois 🙂
"si ca marchait, on l’aurait fait bien, bien avant !"
Juste une question naïve : qu’est-ce qui vous fait croire qu’à défaut d’être éventuellement compétent en économie (ce que ne dit pas le CV de M. Devedjian), celui-ci n’est pas entouré d’une administration disposant d’experts formés dans les mêmes crémeries que vous ?
Se pourrait-il que vous imaginiez que l’effet d’entraînement cité par le ministre n’a pas été inventé par lui entre la poire et le fromage, mais lui a été soufflé par son cabinet, dûment renseigné par des experts de l’université ou de Bercy ?
Votre ton flirte en permanence avec le populisme. Qu’est-ce qu’ils sont cons, au gouvernement, et surtout… qu’est-ce que vous êtes intelligent !
Réponse de Alexandre Delaigue
Il n’y a pas besoin d’être très intelligent pour appliquer un calcul qu’on apprend en première année de fac… IL ne faut pas non plus être très intelligent pour se demander, s’il existe un moyen de produire ce genre d’effet, ils ne sont pas utilises tout le temps. Cela laisse donc offertes deux possibilités: soit le ministre est entoure de gens qui lui racontent n’importe quoi; soit il ne les écoute pas et invente n’importe quoi (les deux n’étant pas incompatible). Mais il manque quelqu’un dans l’équation : l’électeur qui vote pour des gens qui racontent n’importe quoi. Heureusement pour le ministre qu’il y a des gens comme vous.
J’ajoute que votre raisonnement par l’absurde ne me semble pas probant.
Pour ma part, si le gouvernement m’en paye un quart, je suis prêt à acheter une maison.
Ca donnerait raison à M. Devedjian, non ?
Réponse de Alexandre Delaigue
Non.dans ce cas ce n’est qu’un transfert d’un type de dépenses a un autre.
@AD : "un calcul qu’on apprend en première année de fac".
Voire même au lycée.
@Gaétan B : une compilation de vos commentaires montrerait où est le populiste. Par ailleurs, j’ai l’honneur de vous annoncer que vous êtes en tête de la course pour le "prix du lecteur du site qui sert à rien de l’année", première édition.
Si j’achète une maison, il s’agit de mobilisation de mon épargne, non ? Voire même d’un prêt immobilier. En quoi serait-ce un transfert d’un type de dépense à un autre ? Je ne vais pas m’arrêter de manger !
@Stéphane : merci pour mon prix, c’est un honneur.
Réponse de Alexandre Delaigue
Cf commentaire de vilcoyote ci dessus. Si quand vous recevez un euro vous en depensez 4, vous êtes un bon client pour un chèque du ministère de la relance. Mais je vais vous faire une révélation : non seulement ce comportement n’est pas très soutenable a long terme, mais surtout, il n’est pas en moyenne très répandu dans la population française, qui en moyenne a un taux d’épargne positif, et non égal a – 400% comme visiblement le votre. Et quand on s’intéresse a l’effet sur l’économie française, c’est le comportement moyen des français qui compte, pas le votre.
@GB : N’anticipons pas. Vous êtes en tête, mais rien n’est fait. Votre position ressemble à celle d’un candidat à l’élection à la tête du PS. Hum, ça doit moins faire plaisir ça, non ?
Franchement, vous êtes de mauvaise foi. Le plan de relance consiste à recourir à l’endettement public pour stimuler la croissance. Premièrement il va de soi que c’est une mesure temporaire liée à la conjoncture ; ne dites donc pas que c’est insoutenable à long terme, le ministre le sait déjà.
Et deuxièmement il n’est pas absurde de rechercher le même effet de croissance en mobilisant l’épargne privée. De nombreux Français (et pas seulement moi) consomment pourvu qu’il y ait une prime incitative. Il suffit parfois d’une prime à la casse de 1000 € pour vendre des voitures, avec un effet de levier très supérieur au coef 3 qui vous semble inaccessible.
Et encore une fois, il s’agit aux 3/4 d’achats à crédit, donc pas de substitution de consommation mais de la stimulation de la demande et de la croissance par désépargne ou endettement.
Maintenant, si vous êtes devenu le chantre de l’orthodoxie et de l’austérité, vous avez le droit de critiquer ces mesures dilapidatrices et court-termistes.
Mais c’est tout de même malheureux de constater qu’en France, il suffit que le gouvernement de droite entreprenne des mesures de gauche (relance "keynésienne") pour qu’aussitôt celle-ci les désavoue.
Réponse de Alexandre Delaigue
Mais au secours, quoi… Faut que le dise en quelle langue? L’effet d’une relance sur une économie dépend des caractéristiques de cette économie en moyenne. Sinon, je ne suis pas contre la relance, je rappelle simplement quel est son effet. Et je ne suis pas “la gauche”. Mais a quoi bon me fatiguer; comme toujours, vous commentez sans avoir lu. Et vous êtes prêt a avaler n’importe quelle salade, pourvu qu’elle soit labellisee ump. Tenez, ce matin, j’ai reçu un mail du nigeria : un type me propose 30 millions de dollars. Il m’a certifie qu’il aimait beaucoup nicolas sarkozy (et jesus christ aussi). Je lui transmets votre adresse? Vous avez l’air d’un bon client.
« il aimait beaucoup nicolas sarkozy (et jesus christ aussi) ».
Ce sont deux personnes différentes ?
« prix du lecteur du site qui sert à rien de l’année »
Formulation ambiguë, on lit presque que c’est le site qui ne sert à rien (ce avec quoi je disconviens).
Malheureusement, ma phobie des formules mathématiques ne me permet pas de saisir complètement les phases intermédiaires de la démonstration d’Alexandre. Mais la conclusion ne provoque pas de discussions. J’éprouve en revanche la plus grande difficulté à entendre certains justifier encore la construction de pavillons périphériques, déjà en grande partie financés sur fonds publics (raccordements en tous genres, voierie, services sociaux & scolaires, etc.) : suis-je donc le seul à ne plus supporter le saccage subventionné des paysages ?!!!! A ce compte, je propose la plantation d’éoliennes, la création de ZI/ZAC/ZIRST/ZUP/Zones Franches/Technopoles/Technocentres/etc., l’ouverture d’un Futuroscope, d’un troisième aéroport parisien, d’un musée du ressort, la construction d’autoroutes pour relier deux nulle part ou de lignes grande vitesse dans des régions où les TER circulent à vide.
Comment, c’est déjà fait ?!
😉
@Sans pseudo : Oui, j’étais bien conscient de l’ambiguïté de la formulation. 😉
J’avais commencé à calculer que les constructeurs d’automobile français remplissent 50% de la demande interne et que renault n’avait que 40% de fabrication en France et j’ai pas trouvé les chiffres pour peugeot.
Mais déja vu la part de renault, j’ai cru comprendre que la majorité des primes allait partir pour des emplois à l’étranger, est ce que quelqu’un aurait des précisions sur ce type de compte et sur l’intérêt de favoriser les achats de produits majoritairement étrangers ?
Le commentaire de Passant(11) m’a conduit à chercher pour quelles valeurs de c le multiplicateur keynésien est inférieur à 1. Je suis arrivé à 2/3.
Si, quand on donne un euro à un Français, il en dépense moins de 2/3, alors le multiplicateur est inférieur à 1 et la meilleure démarche consiste à réduire immédiatement et drastiquement les dépenses publiques.
Par ailleurs, dans un contexte où la dette bancaire est aux abonnés absents et où la mode est au catastrophisme, il est difficile d’espérer un c>1. En tout état de cause, le multiplicateur sera donc inférieur à 1,16.
En fait, le commentaire d’Alexandre Delaigue me fait penser à ceci : Devedjan, c’est un peu le Nigérian… vous lui lâchez dix millions quand il vous en promet trente…
Mauvais goût à part, pour répondre à ceci : "Mais c’est tout de même malheureux de constater qu’en France, il suffit que le gouvernement de droite entreprenne des mesures de gauche (relance "keynésienne") pour qu’aussitôt celle-ci les désavoue."
Tiens j’ai déjà entendu ça quelque part, cette même rhétorique…
Ouais… au secours… c’est exactement ça…
Les declarations publiques en disent finalement assez peu sur l’intelligence de ceux qui les font, beaucoup plus sur leur perception de l’intelligence de ceux qui les recoivent.
Alexandre,
Merci de nous rappeler que tous les hommes politiques ont une facheuse tendance a exagerer, et qu’en moyenne, ils disent des aneries. Ceci dit, vous pourriez aussi vous positionner sur la question suivante: selon vous, ce plan de relance va-t-il dans le bon sens? Comment sur le fond faire en sorte qu’il aille dans une meilleure direction?
Qui sait, ca pourrait etre utile… Enfin vous etes maitre chez vous.
PS: sur la comparaison France Etats-Unis, je tiens a vous rassurer (ou decevoir vos esperances): les uns ne valent pas mieux que les autres, et je suis TRES bien place pour le savoir
Réponse de Alexandre Delaigue
Ça ne me rassure ni ne m’inquiète: les positions élevées de la hierarchie sociale sont différentes selon les pays, mais elles ont en commun d’être mal occupées. Pour revenir au sujet, voir post précédent; la relance est essentiellement un pari sur une crise de courte durée qui se résoudra toute seule courant année prochaine. En attendant, on se livre a une dose de clientélisme, une dose de corporatisme et de fantaisie de politique industrielle sovietoide, et une dose de populisme. Tout cela ne sera vraiment embetant que si la crise dure.
Mon cher Alexandre, je ne vous comprends pas…
Dans votre excellente démonstration, vous pointez le problème (un C un peu faible pour tenir les engagements du ministre) et vous oubliez la solution pourtant si évidente. Votre C est multiplié par 2 avec une imposition moyenne à 50 %, faites passez celle-ci à 90 % et votre C passe a 10 ! Et en plus, le problème du déficit et de la dette est quasi-réglé.
Attendons simplement les prochaines mesures fiscales 🙂
Mode troll off, je trouve assez curieux l’utilisation de la fiscalité pour le calcul de C, il me semble que l’on doit raisonner sans en tenir en compte. En effet, soit on l’intègre comme vous le faite, mais dans ce cas, les dépenses engagées sont elles aussi soumises à fiscalité et donc grosso-modo diminué de 50 % une fois les impôts payés. Soit on l’ignore, et on reste tranquillement avec un C à 1.
"Votre C est multiplié par 2 avec une imposition moyenne à 50 %, faites passez celle-ci à 90 % et votre C passe a 10 ! "
Je ne suis pas certain d’avoir bien compris, mais l’effet est inverse, plus la fiscalité est élevée, moins l’effet de relance est important car celui-ci passe par la consommation. Par rapport au ratio, une hausse de t augmente bien la valeur du dénominateur, et diminue donc le multiplicateur (pour vérifier, prenez t=1, ce qui donne 1/(1+m), forcément plus petit que 1, et prenez t=0, ce qui donne 1/(1-c+m), ce qui peut etre plus grand que 1 si c>m).
Pour en revenir au commentaire, je suis tout à fait d’accord sur le fond. J’ai toutefois une remarque, qui est que le gouvernement vend un peu son plan comme keynésien, mais celui-ci consiste surtout en un soutien à l’investissement, donc plus quelque chose du coté offre que du coté demande.
Donc en termes de multiplicateur, ca ne change rien au fond (d’autant plus que la propension à importer des firmes est plus élevée encore), mais peut-être que dans cette optique, l’effet à l’oeuvre n’est pas un effet de type multiplicateur keynésien. Alors, bien entendu, il reste la question de savoir quel effet est à l’oeuvre, et de ce coté, rien de très clair n’est dit, surtout qu’une politique d’offre semble un peu plus longue a avoir des effets.
Il faudrait en fait voir comment a été construit ce chiffre (qui a dit au pif ? 🙂
krugman.blogs.nytimes.com…
Et il dit c’est "wonkish", le prix de la banque de Suède en l’honneur d’Alfred…
Je trouvais ça assez simple à comprendre avant de lire votre post et les commentaires.
Les gens veulent vraiment du prêt à penser…
@Alexandre ("la relance est essentiellement un pari sur une crise de courte durée qui se résoudra toute seule courant année prochaine")
Merci Alexandre pour ce debut de reponse… enfin ca c’est de la traduction intelligente, moi ce que je vous demande est different: comment sur le fond faire en sorte que ce plan aille dans une meilleure direction?
Je comprends que votre reponse est:
– si la crise est de courte duree, ce plan ne sert pas a grand chose mais ce n’est pas grave => pas la peine de se fatiguer a aller dans une meilleure direction
– sinon, ce plan ne sert pas a grand chose et c’est grave => c’est la peine de se fatiguer…
Il ne vous reste plus qu’a nous indiquer ce que vous en pensez quand vous en aurez le temps et l’envie: quelle proba selon vous qu’on soit dans de la crise de courte duree? Que faire dans le cas contraire?
Ma reponse est ci dessous, au cas ou elle vous inspire. Si ca vous endort, desole, je n’ai pas vraiment fait d’etudes, j’essai juste d’avoir un peu de bon sens, alors forcement c’est un peu plat.
Courte ou longue la crise? une crise qui dure notamment pour les entreprises francaises du fait de leur forte exposition a la conjoncture internationale et d’une base de cout qui augmente en relatif au reste du monde. Une crise de moindre ampleur qu’ailleurs (US, UK, Espagne, Japon notamment). La France devient vraiment chere comme terre d’implantation des entreprises etrangeres. Le chomage reste aux alentours de 9-10% pour les 5 prochaines annees. Les jeunes actifs souffrent (difficulte a trouver un job, moins de debouches a l’etranger…)
Comment le gouvernement devrait reagir: l’opportunite en or, c’est que tout le monde sent que c’est grave (dans le monde de la gestion du changement, on appelle ca la "burning platform") donc c’est maintenant qu’il faut se lacher sur les reformes de fond… et sans parti pris ideologique:
1- Le travail et les prelevements: simplifions les regimes de retraites, la loi du travail, le systeme de prelevements obligatoires. Objectif: ameliorer l’efficacite, la lisibilite, reduire les injustices, tout cela en conservant grosso modo les principes (qui sont plutot bons, si si)
2- L’education:
-optimisons l’allocation des ressources (la encore, on est pas dans de l’ideologie, on est "juste" dans de l’optimisation qui necessite de se battre contre les ardents defenseurs des "acquis" utiles a certains, stupides pour la societe
– un peu d’ideologie (et vous allez voir, ca reste tres consensuel): si on commencait par s’assurer que 95% des jeunes savent vraiment lire, ecrire, compter, et se comporter efficacement en societe a l’age de 16 ans? Des choses simples et utiles quoi. Et pourtant il y en a du travail a faire
3- Les "grands travaux": nos infrastructures ne sont pas si mal… sauf dans certaines "cites" => peu etre un plan habitat collectif / urbanisme. Le vrai sujet, c’est de creer un service civil obligatoire pour forcer a la mixite dans une societe qui est par nature tres statique. Je vais forcer un peu le trait, mais aujourd’hui, les seuls jeunes de "milieux favorises" qui frequentent les banlieues "chaudes", ce sont certains titulaires du capes dans leurs premieres annees, et sans encadrement adequat.
Petite note de bas de page: pour la demande domestique, la crise est de courte duree en France, il s’agit d’un gros destockage et un coup d’arret temporaire a la consommation (biens discretionnaires) parce qu’on a eu la frousse quand on a vu que les bourses s’effondraient, etc.
Au final, on est sur des retraites par repartition, on n’a pas d’actions (sauf les 10% les plus fortunes), les evolutions "court terme" des prix de l’immobilier ne vont pas nous secouer autant qu’ailleurs (notamment US: on demenage moins qu’eux, notre endettement est moins explosif (plus d’apport, plus de taux fixe, des ratios endettement sur revenus de meilleure qualite, des dossiers plus propres, pas d’"home equity loan")). On n’est pas vraiment endette (l’education est "gratos", le taux de proprietaire n’est pas si eleve qu’aux US, le credit a la conso s’est bien developpe recemment mais on est encore des nains par rapport a nos voisins d’outre manche/atlantique).
Réponse de Alexandre Delaigue
On peut discuter du mérite de tout cela. En tous les cas, le faire maintenant n’est qu’une question d’opportunité politique. Je ne crois pas qu’on fasse aisément ce genre de choix en récession.
L’un des commentateurs ci dessus (Olivier) n’a t-il pas raison de souligner que le plan de relance concerne plus l’offre que la demande ? Et qu’il est donc illusoire de recherche un effet démultiplicateur keynésien :
Lire sur le sujet l’édito "Le pari fou de Sarkozy" de Vittori dans les Echos, qui conclut :
"Si Nicolas Sarkozy réussit sa politique de l’offre en pleine déprime de la demande, la France aura profité de la crise et il deviendra une icône nationale, comme de Gaulle. S’il échoue, il restera dans l’histoire comme le président qui a enfoncé le pays. Sacré pari."
http://www.lesechos.fr/info/anal...
Mis à part le côté hagiographique de l’édito , Vittori n’a t-il pas raison en rangeant ce plan de relance dans la catégorie des politiques de l’offre ?
Réponse de Alexandre Delaigue
Je crains qu’on ne soit typiquement dans le travers français: on est tellement gaves a la subvention et au clientélisme qu’on en vient a croire que c’est le destinataire des prébendes qui détermine une politique de l’offre ou de la demande. En gros : verser une obole aux miséreux ou aux fonctionnaires, politique de la demande; subventionner les entreprises, politique de l’offre. Mais une subvention, c’est toujours de la demande. Subventionner l’automobile en demandant de ne pas delocaliser, c’est l’exact oppose d’une politique de l’offre qui consisterait au contraire a amplifier la pression concurrentielle sur celles-ci et a laisser crever les canards boiteux, le tout en baissant les taxes du montant ainsi économise. Et la question reste la même : si l’on disposait ainsi d’un moyen de générer trois pour un depense, pourquoi le faire maintenant?
Le plan Sarkozy affiche 26 milliards ; mais en réalité il s’agit en fait de 4-5 milliards de dépenses nouvelles. Oui et alors ?
N’est ce pas préférable à 26 milliards sous la forme d’une ligne de crédit venant alourdir encore un peu plus la l’endettement publique ?
Si la relance keynésienne était la solution pourquoi alors s’arrêter à 26 milliards ? pourquoi pas emprunter 100 milliards ou plus ? Après tout , en bon keynésien le fait de multiplier les centaines de milliards à emprunter pour la relance, n’est ce pas le plus sûr moyen de générer effet multiplicateur importante ?
Quel serait l’effet d’un plan de 1000 milliards sur l’économie du pays ?
@Antoine
"s’assurer que 95% des jeunes savent vraiment lire, ecrire, compter, et se comporter efficacement en societe a l’age de 16 ans?"
A l’âge de 8 ou 9 ans serait plus utile. Parce que si on ne sait pas lire et écrire à l’entrée au collège, les années supplémentaires ne servent à rien.
"c’est de creer un service civil obligatoire" Ceci s’appelle de l’esclavage. Pour améliorer la situation dans les "cités", il faudrait arrêter de laisser des urbanistes faire leurs conneries et laisser les gens contruire où ils veulent, abaissant les prix des maisons individuelles.
@Gaetan B.
Je crois qu’il y a un malentendu. Vos exemples de primes a la casse pour les voitures, ou pour acheter une maison, montrent que vous n’avez pas compris la definition du facteur de propension a consommer c :
Aux questions : je vous donne 1 euro (non imposable), en plus de ce que vous avez deja, ils sont a vous, vous en faites ce que vous voulez; sue ces un euro, combien en depensez vous ? Combien en epargnez vous ? Les reponses sont c et 1-c, dans cet ordre.
Comvenez que la reponse "3 euros" a la premiere question
serait plutot saugrenue, et entrainerait en retour "euh, m’avez-vous bien enetndu? Je ne vous donne qu’un euro".
Pour rendre plus plausibles cette reponse, vous donner des exempels de prime a la casse, ou de prime a l’achat d’une maison. Mais ces exemples relevent d’une autre question.
Si vous avez une prime a la casse de 5000 euros pour l’achat d’une nouvelle voiture, vous ne touchez ces 5000 euros
que si vous achetez la nouvelle voiture. Effectivement, dans
ce cas, il y a une forte incitation a acheter une nouvelle voiture.
Mais si l’on vous donne les 5000 euros de toutes facons, la question est toute differente. .
Donc le principe est de faire en sorte que les Français désépargne? Et après on se plaint que les banques ne prètent plus…
@Arkh
Merci pour vos remarques constructives. J’y souscris plutot, a l’exception de l’association que vous faites entre service civil obligatoire et esclavage, qui me donne a penser que vous n’avez vecu ni l’un ni l’autre. Je vous souhaite de vivre le service civil obligatoire. Pour l’esclavage, je vous incite a vous documenter. L’article Wikipedia devrait faire l’affaire: fr.wikipedia.org/wiki/Esc…
16 ans vs. 8-9 ans. Les 2 me vont. Je pointais sur 16 ans car c’est la fin de la scolarite obligatoire, et je mets sans doute un peu plus que vous sous les termes "lire, ecrire, compter, et se comporter efficacement en societe"
Urbanisme
– je suis aussi un fervent adversaire des gens qui font des "conneries". En pratique, vous proposez quoi?
– Maisons individuelles: il y a au moins une agglomeration urbaine qui s’est developpee comme vous le suggerez: Los Angeles. Le resultat fait l’unanimite contre lui (et en matiere d’urbanisme, pour faire l’unanimite contre, il faut etre sacrement nul)
Bien a vous,
@Alexandre
Merci pour votre reponse.
"Opportunite politique" et "pas aisement en periode de recession". Les specialistes du changement pretendent au contraire que les crises sont plus propices que les periodes fastes.
Et puis tant qu’a faire avancer le schmilblick, il me semble que le plus tot est le mieux donc pourquoi pas maintenant.
D’ici la joyeux noel, et en cadeau, le sketch original de Pierre Dac pierredac.free.fr/schmil….
Bonjour,
J’ai une question quant à votre analyse. Ne faut-il pas voir les répercussions sur plusieurs période de la variation d’investissement public G?
Je me rappelle (vaguement) d’un tableau illustrant ceci dans mes cours…
Mon analyse est différente, en fait je vois ça d’un point de vu plus "financier". Je pense que ce qui n’est pas dit c’est qu’il faudra rembourser ces 26Mds.
Voici mes hypothèses:
– L’Etat ne rembourse que les intérêts, pas le principal. Je tire ça de votre article sur les mythes du déficit public.
– L’Etat cherche une valeur actuelle nette (VAN) nulle pour ces investissements.
– Les 100Mds sont bruts d’intérêt (ce sont des retours sur investissement auquel on n’a pas retranché les intérêts payés).
– J’ai pris arbitrairement un taux d’actualisation de 4%. Cela ne change rien au principe…
– Les 100Mds étant sur 2ans, j’ai fait comme si ça rapportait 50Mds en fin de chaque année.
26 = 50*(1/1.04 + 1/1.04^2) + I* sum(1/1.04^i, i, 1, infini)
On trouve I = -2,7 Mds (environ).
La phrase entière du ministre aurait due être:
Les 26Mds doivent permettre de créer 150000 emplois, avoir 100 milliards d’impact économique en deux ans, et coûteront 2,7Mds par an pendant perpèt’…
Voilà, qu’en pensez-vous?
OK, 26 000 divisé par 60 égalent 433 euros par français.
Comme l’ Etat, endetté et en déficit continu depuis 35 ans, va forcément emprunter pour trouver cet argent, cela signifie que je devrai forcément rembourser plus tard ces 433 euros (parce qu’en France, les déficits financent des dépenses courantes – les salaires des fonctionnaires – et non des investissements productifs de richesses futures, donc il ne me restera même pas les "vêtements"…), via de futures augmentations d’impots.
Ah, oui, il faut aussi rajouter les intérêts, puisque je les paierai plus tard…Bon, disons 500 euros.
Donc il faut que j’économise 500 euros pour les fêtes. (car je suis certain que je ne les aurai pas plus tard…pas d’augmentations en vue…)
Donc moins de cadeaux, pas de réveillon, pas de ski…je peux même réduire mes dépenses lors des soldes, si il faut…
(Bon d’accord, je ne sais pas trop l’effet que mon économie aura sur le "multiplicateur keynesien", mais je suis sur que les économistes qui parlent à la tévé – et qui ont l’air trés savants – sauront me dire…)
Réponse de Alexandre Delaigue
vous incarnez l’equivalence ricardienne. Avec des gens comme vous, le multiplicateur est encore plus bas.
il peut être utile de relire Alfred Sauvy, l’emploi n’est pas résolvable par une formule mathématique, qu’elle soit keynésienne ou non, mais plutôt par l’éqilibrage des professions de la production demandée pour satisfaire la consommation. On continue à rester dans le flou et le global alors que la complexité demande de l’analyse fine ainsi qu’une action du même type.
A la décharge du gouvernement, on peut dire que ce plan fabuleux a été presque coordonné à l’échelle européenne (à un pays de 80 millions d’habitants près sans doute). Donc, on peut peut-être prendre la propension marginale à importer de l’UE plutôt que celle de la France.
@ermak: Il ne faut pas confondre la situation des années 70-80 marquée par la stagflation (donc de l’inflation) et la situation actuelle qui risque de se traduire par de la déflation. Or c’est justement pour des situations de déflation que l’analyse keynésienne a été pensée.
@alexandre : "Non; que se serait-il passe sans ce plan? Le gouvernement aurait sûrement trouve un autre usage de l’argent des autres. On peut soutenir aussi que ce plan se fait a la place de dépenses plus nuisibles."
1ERE mesure.
Ce que je ferais (il y a un peu de cela dans le plan prévu), ce serait un remboursement (et non une subvention) IMMEDIAT d’impôts qui concernent TOUTES les entreprises.
La taxe professionnelle semble la plus appropriée mais on peut imaginer une combinaison avec d’autre taxe.
.doc.impots.gouv.fr/aida20…
Ca permettrait de fournir du cache pour passer le cap aux entreprises solides ayant des problèmes de trésorerie et éviter un effet domino de faillites à cause d’un client qui disparaissent sans payer leurs factures.
Pratiquement, dans la mesure ce sont plutôt des taxes locales une taxe locale, je proposerais que le gouvernement prenne en charge la moitié de tout remboursement de taxe fait par les collectivités locales.
2EME mesure.
En cas de faillite, l’Etat et l’URSSAF seraient mis en dernier créancier, APRES les salarié et les fournisseurs, toujours éviter un effet domino de faillites.
3EME mesure.
Des réductions de personnels nécessaire dans les emplois publics a fin de ne pas accroitre la dette ou les impôts, la crise tout le monde doit en prendre sa part, pas de privilèges.
Ah ben voila un tout bon site pour tout économiste ou étudiant dans cette branche 🙂 J’avoue que les calculs que j’ai vite lu sont plutot simples mais ca explique d’un point de vue généralisé l’ensemble des mécanismes érronés de la part de votre gouvernement pour un plan de relance en France, bon je vais pas en faire un fromage car en Belgique ils sont tout aussi fort que chez vous 😉 Je tenais simplement à remercier les Webmaster de ce site car actuellement nous, jeunes économistes, sommes en blocus et nous avons bien ris S ou T a la fin je sais plus*, sur les différentes blagues ^^ Allez Tchao 😀
je ccrois que vous n’avez pas compris le calcul:
26 millards + 3×26 millards = 104 millards car les 26 millards investis ne disparaissent pas.
ça n’empêche que le raisonnement est totalement surréaliste!!
Dans ma grande ignorance, je ne comprends pas la formule : 1/(1-c(1-t)+m)du multiplicateur keynésien.
Je comprends qu’il existe des freins à ce multiplicateur : propension à épargner, prélèvements fiscaux (et encore, les impôts ne sont pas thésaurisés, mais seront dépensés à leur tour), propension à importer.
Mais je ne vois pas dans cette formule l’effet de multiplication sous la forme d’ondes successives dont il est question dans la Théorie générale de Keynes.
Merci de me dire ce que j’ai raté.
La formule est, si ma mémoire ne me fait défaut, la somme d’un nombre infini de ces vagues que vous rappelez
@Jacquesm:
Y = C+I+G+X-M
C= c(Y-T) +Co
M= mY
T= tY
Donc:
Y = c(Y-tY)+Co+I+G+X-mY
(1-c(1-t)+m)Y=Co+I+G+X
dY/dI=1/(1-c(1-t)+m)
=> Une variation de 1 pour I entraine une variation de Y égale au multiplicateur.
Je suis d’accord avec vous pour les ondes successives 🙂
Peut-être est-il intéressant de discuter du contenu du plan de relance et de ne pas se contenter de la formule, peut-être "pédagogique" des trois euros gagnés pour un euro dépensé.
Vous savez bien que tout gouvernement dans la situation actuelle aurait le désir de restaurer la confiance, puisque la perte d’icelle est une composante majeure de la crise (pour le consommateur, c’est différer un achat d’équipement en attendant d’être rassuré sur l’avenir). Restaurer la confiance des français, c’est aussi restaurer la confiance dans les mesures qui sont prises par le gouvernement et on pourrait à la rigueur regretter que les "communiquants" du gouvernement, qui ne sont pas des experts en économie y soient allés de leur petite formule un peu approximative.
Il me semble aussi que les économistes ne sont pas à la fête à l’heure actuelle, et il semble bien que leurs modèles, y compris habillés de mathématiques aient été pris en défaut.
Je ne suis pas sur en particulier que votre modèle de l’effet multiplicateur keynésien soit le bon modèle pour juger du tout dernier plan de relance, lequel a été concocté par de brillants économistes (oui, il y en a parmi les conseillers du gouvernement), et confié sous forme d’un paquet tout ficelé à Devedjian avec son nouveau maroquin. Inutile de dire que Devedjian n’a pas la cervelle économique en lui attribuant la paternité du plan et de le traiter d’imbécile, retournez-vous vers vos maîtres, professeurs d’économie le jour, et visiteurs du soir dans les couloirs du pouvoir, comme on les appelait à une autre époque.
Dans le modèle de relance keynésienne, pour ne l’évoquer qu’en termes qualitatifs, le bénéfice des mesures de relance ne proviendrait que de revenus supplémentaires affectés aux consommateurs, qu’ils emploieraient pour la consommation.
Ce n’est pas ce modèle qui a inspiré les toutes dernières mesures prises par le gouvernement, et il est encore pertinent, ne vous en déplaise, qu’on fasse une distinction entre relance par la consommation (par la demande), mesures auxquelles on peut rattacher le paquet fiscal du début du quinquennat, la récente prime à la casse et d’autre part relance par l’investissement, « par l’offre », auquel semble se rattacher le tout dernier plan de relance chiffré à 26 milliards d’euros.
L’origine de la crise, on l’a assez dit, est l’assèchement du crédit et les mesures de sauvegarde des entreprises proposées ici comportent d’une part le volet du remboursement des crédits de TVA et des crédits impôts-recherche, et d’autre part la régulation des délais de paiement, ce qui équivaut à un transfert de quelques 11 milliards d’euros dans la trésorerie des PME.
Le calcul marginal qu’il conviendrait de faire serait de comparer les défaillances qui auraient eu lieu sans ces mesures et les défaillances évitées par celles-ci, les emplois sauvegardés et l’impact sur l’économie et la consommation.
Ces données ne sont pas capturées par votre modèle.
Il est vrai aussi que ces mesures, qui ne coûtent pas très cher à l’état et ne peuvent être qualifiées de prébendes (les crédits de TVA sont une dette de l’état), ne pourront avoir d’impact que dans un contexte de reprise rapide de l’économie, et certaines voix s’élèvent pour appeler à une croissance massive des investissements publics, à 3% du PIB pour Olivier Blanchard, pour faire face à une crise qui risque de durer.
Réponse de Alexandre Delaigue
Voui, enfin, c’est pas comme si on avait pas consacré déjà plusieurs posts à l’évaluation du plan de relance…