Le ministère de l’éducation nationale renforce-t-il les inégalités ?

Dans un article publié par Le Monde, déjà très commenté et intitulé Ecole: les moyens attribués renforcent les inégalités, Maryline Baumard avance que l’affectation des moyens aux différentes académies par l’Education nationale est inégalitaire, favorise ceux qui en ont déjà le plus et défavorise encore les moins favorisés. Une très rapide analyse montre que ce n’est pas convaincant sur les données utilisées.

 

L’essentiel du raisonnement utilisé repose sur la dépense par élève en primaire ou dans le secondaire dans les différentes académies. En particulier, l’académie de Paris et celle de Créteil sont particulièrement mises en avant.

La dépense par élève est plus élevée dans le primaire comme dans le secondaire à Paris qu’à Créteil. Rapporté à la moyenne nationale, Paris dépasse de 4% les moyens alloués par élève dans le primaire et de 37% dans le secondaire. Dans le primaire Paris n’occupe que le 7ième rang national mais qu’elle est loin devant en matière de secondaire, étant dotée de 1 974€ de plus que l’académie qui la suit. On notera aussi que l’écart de dépense par élève en primaire entre Paris et Créteil représente 273€. Si on oublie un peu Paris et qu’on s’intéresse à la France dans son ensemble, on constate que l’écart type de la dépense par élève se situe à 166€ en primaire et 606€ dans le secondaire. L’académie la moins dotée dans le primaire est Grenoble. Dans le secondaire, il s’agit de Nice. La médiane des dépenses dans le primaire se situe aux alentours de 2 960€ et 6 700€ dans le secondaire. L’article relève aussi que le taux d’encadrement dans l’académie de Paris n’est pas plus élevé qu’à Créteil. L’Etat finance plus de 50% des dépenses d’éducation, le reste étant dévolu aux collectivités locales. Le tableau suivant produit quelques statistiques.

Si l’on résume l’argumentaire de l’article à partir de ces quelques chiffres, on doit conclure qu’il existe des inégalités. Si l’on suit un indicateur comme l’écart type, on constate que cet écart reste somme toute modéré. L’article aurait probablement eu plus de pertinence à ce stade s’il avait porté seulement sur une comparaison entre Paris et le reste de la France. Passons. Passons aussi sur un certain nombre de points avancés comme des évidences dans l’article (l’impact de la maternelle à deux ans pour n’en citer qu’un seul). Passons sur le fait que les éléments peut-être les plus pertinents sont aussi les moins développés (les différences de dotation selon les collectivité locales, par exemple), pour se concentrer sur un simple indicateur peu riche, lui. Passons enfin sur le fait que le choix d’une seule année pour évaluer la situation est un peu limité.

Le problème fondamental est que ce texte s’appuie sur une moyenne et ne tient absolument pas compte des structures. Il suppose implicitement que l’on peut comparer les dépenses comme si chaque académie avait une structure de formation identique. Si à Paris comme à Nice, x% des classes du secondaire étaient des 1ère, y% des 6ième, etc. alors la comparaison aurait du sens. Ce n’est pas le cas. Le ministère m’a pris de vitesse, en répondant dès aujourd’hui sur le fait qu’à Paris les classes préparatoires sont nettement plus nombreuses qu’ailleurs. Il ajoute un argument concernant le statut de ville de la capitale académie, contrairement aux autres académies. Tout ceci est exact. il y a 160 classes préparatoires à Paris (de seconde année, voir ma source), contre 55 dans l’académie de Créteil. L’Etat dépense près de 14 000€ par élève dans une classe prépa quand la moyenne nationale est inférieure à 7 000€ dans le secondaire. L’essentiel de la dépense d’éducation consiste en salaires de professeurs. Dans les prépas, les enseignants sont tous agrégés, donc plus payés que les certifiés ou PLP, avec une obligation de service de 9h. Ne cherchez pas plus loin l’origine des écarts. Avec un peu d’audace, on pourrait avancer qu’hors classes prépas, Paris est sous-dotée. C’est une hypothèse qui ne semble pas totalement stupide.

Vous pouvez ajouter à ceci le fait que certaines académies sont recherchées par les enseignants expérimentés (plus d’ancienneté, donc mieux payés) alors que d’autres sont fuies. Les différences de moyens ne sont pas alors dus à une forme de favoritisme, mais à un système de mutations et aux choix des enseignants eux-mêmes. On sait depuis longtemps que dans une académie comme Créteil beaucoup d’enseignants sont jeunes, donc moins payés, même s’il existe des bonifications monétaires (ridicules) et administratives (nettement moins ridicules). Rien à voir avec des détournements de fonds des pauvres vers les riches. Les syndicats (le SNES FSU au moins) qui se sont émus rapidement de la situation sont-ils favorables à une réforme du système de mutations basé sur l’ancienneté ?

Ces éléments ne sont que deux exemples de différences de structures (les plus importants probablement). Vous pouvez tout aussi bien imaginer que pour des raisons diverses, les écoles spécialisées (accueillant des enfants malades ou autre) soient plus représentées dans certaines zones (à proximité de centres médicaux, par exemple). Et donc que les moyens sont concentrés sur ces zones. Ce n’est pas le signe d’une inégalité dans l’affectation des moyens, mais la conséquence d’une organisation particulière. On pourra toujours regretter que les classe prépas soient concentrées à Paris. Voire même qu’elles aient autant d’importance et absorbent autant de ressources. Mais on ne peut pas se plaindre que les moyens normaux pour les faire fonctionner leur soient alloués. Après tout, si les prépas sont à Paris, c’est que les familles veulent aller à Paris. Ce n’est pas la faute du ministère.

En définitive, une telle analyse, à un niveau agrégé, n’a guère de sens si on ne corrige pas les effets de structure et qu’on ne s’intéresse qu’aux inégalités inter-académies en délaissant les questions intra-académiques. A l’intérieur de l’académie de Paris, il ne me semble pas stupide de penser que certaines écoles ou collèges sont bien moins loties que d’autres dans des académies dont la dépense moyenne est plus faible. Sans se livrer à une analyse désagrégée, on n’arrive à rien de sérieux.

Il y a énormément à dire et à faire sur les inégalités liées à l’école. J’en parle régulièrement ici. Il y a notamment matière à s’interroger sur les structures et leur évolution dans le temps. Et même, oui, sur les moyens attribués par élève dans les zones défavorisées. Mais pas comme ça. Cela ne sert pas la cause des plus défavorisés. Enfin, en tout cas, bien joué Le Monde… Moi, le rapport de la cour des comptes, je ne l’ai pas. It’s all in the game.

Share Button

12 Commentaires

  1. J’avais aussi été très surpris par l’article du monde et vos précisions sont les bienvenues.

    Cependant, votre passage sur la scolarisation à moins de deux ans me surprend. D’une part, il me semble que son effet bénéfique est un résultat bien connu (même si s’appuyant souvent sur des études étrangères). D’autre part, indépendamment de ses effets, le fait qu’il sa fréquence soit très différente sur le territoire (et je pense que nul ne contestera que c’est l’offre qui est limitante) me semble caracteristique d’une certaine rupture d’égalité. Résultat bien plus limité que celui du monde mais pas forcément négligeabe.

    Réponse de Stéphane Ménia
    Je me basais sur les travaux de Maurin, qui ne concluent pas à un effet significatif. En ce qui concerne les taux de scolarisation, je ne sais pas. D’un côté, évidemment, on peut évoquer une inégalité. D’un autre côté, ces différences de taux peuvent venir d’un tas de choses autres que les dotations ministérielles. Fondamentalement, c’est une question de nombre de classes de maternelle ouvertes. Cela peut relever de choix locaux au détriment d’autres classes ou être l’effet d’une démographie qui va plus vite que les ouvertures et fermetures de classes ou que sais-je encore ? J’en reviens à ce que je dis dans le billet : on n’a pas les données nécessaires à un traitement rigoureux du sujet.

  2. D’un autre côté, l’origine sociale est à la fois le principal marqueur de l’accès aux classes prépas et autres structures scolaires coûteuses et aux centre-villes des grandes métropoles.

    Réponse de Stéphane Ménia
    On coupe les vivres aux prépas parisiennes du jour au lendemain en embauchant des contractuels à la place des agrégés. L’égalité sera rétablie.

  3. Plutôt d’accord avec vous.

    Par contre je ne crois pas du tout que si les prépas sont toujours à Paris, c’est parce que les familles veulent encore y aller. C’était vrai il y a bien longtemps. Peut-être l’est-ce encore pour les établissements qui ont des places en internat en nombre suffisant.

    Mais quand la famille de milieu populaire doit payer un logement à Paris pour un jeune qui a été admis en prépa, elle est presque toujours obligée de jeter l’éponge.

    C’est pourquoi je trouve un peu fort de café la "discrimination positive" qui consiste à autoriser certains par passe-droit à suivre des études qu’ils ne pourront pas plus se payer que ceux qui n’avaient pas eu besoin d’un passe-droit pour être admis !

    La pénurie de logement en ville est désormais la première cause de reproduction des inégalités.

    Accuser l’éducation nationale c’est se tromper de cible, d’autant plus que les jeunes professeurs ne touchent pas encore des salaires suffisants pour pouvoir se loger à Paris. Ceux qui y sont affectés doivent dormir chez Emmaüs.

    Il est donc normal que les jeunes professeurs soient affectés plutôt en banlieue. Et s’ils ne souhaitent pas y rester quand ils ont assez d’ancienneté pour partir, c’est à cause des agressions, des cambriolages et du vandalisme.

    C’est alors le ministère de l’intérieur qu’il faut blâmer, pas celui de l’éducation nationale.

    Je soupçonne même qu’une comparaison entre les dotations de Paris et de la banlieue en matière de sécurité ferait ressortir des inégalités autrement plus spectaculaires qu’en matière d’éducation.

  4. Stéphane, pourriez vous me donner les liens de ces travaux de Maurin. C’est un sujet d’intêret pour moi.
    De mon coté, il me semble bien que ce sont des écrits d’Esping-Andersen qui disaient le contraire mais je n’ai pas ma bibliothèque sous la main pour vérifier.

    Pour en revenir au sujet, il est bien entendu regretable que le ‘diagnostic’ du Monde soit aussi erroné. Cependant, on peut regretter que l’attribution des moyens se fasse de manière mécanique subissant certains effets de structure avec beaucoup d’inertie, plutot que sur un réel travail d’identification des différents besoins locaux.

  5. Votre analyse pourrait recevoir les objections suivantes :
    1) la concentration des classes préparatoires à Paris témoigne d’une disproportion entre les besoins locaux – étudiants nés à Paris – et l’offre mise à leur disposition, ce qui conduit à sélectionner les étudiants en fonction de la capacité de leur famille à payer un logement dans la capitale,
    2) le taux de scolarisation à deux ans varie d’un facteur 54 en fonction des territoires, la Seine-Saint-Denis affichant le taux le plus bas alors qu’il s’agit du département français le plus pauvre et que cette mesure est destinée en priorité aux pauvres (comment expliquer un tel écart entre l’affichage social et l’allocation effective des moyens ?),
    3) comment expliquer (sinon par une allocation inéquitable des moyens) que le taux d’enseignants non titulaires soit de 57% supérieur dans l’académie de Créteil par rapport à la moyenne nationale ?
    4) Comment expliquer que rien ne soit entrepris pour stabiliser les équipes dans les établissements fréquentés par des élèves défavorisés ?
    5) Comment expliquer la suppression de la formation professionnelle des maîtres tandis que les élèves les plus pauvres sont les premiers à en subir les conséquences ?
    6) Comment expliquer la suppression des Réseaux d’aides aux élèves en difficulté ?
    7) Comment expliquer la sous-dotation de 15% de l’enseignement primaire français par rapport à la moyenne de l’OCDE ?
    8) Comment expliquer que l’école française soit considérée par l’OCDE comme l’une des plus inégalitaires au monde, sinon du fait de choix politiques délibérés ?

    Peut-on vraiment considérer que ce soit "la faute à pas de chance" si les dotations témoignent d’écarts aussi convergents et considérables ? S’agit-il d’une pure coïncidence si les enquêtes PISA mettent en évidence une corrélation plus forte en France (/OCDE) entre performances scolaires et origines sociales ? Bien que conduites par des organismes indépendants, ces enquêtes ne se recoupent-elles pas d’une façon troublante ?

    Réponse de Stéphane Ménia
    Ce ne sont pas des objections à mon analyse.
    Ce serait des objections pour des arguments comme “Il n’y a pas d’inégalités scolaires” ou “On fait tout pour réduire les inégalités scolaires”. Ce qui n’a rien à voir.

  6. La Cour des comptes ne soutient-elle pas ces deux thèses dans son rapport ?
    1) "Il y a des inégalités scolaires."
    2) "On ne fait rien pour les réduire."
    Je pense à la dernière partie de l’article, citant le rapport : "Au vu de ces chiffres et de leur évolution récente, aucun élément attestant d’une politique particulière en matière de réduction des inégalités n’apparaît donc de manière flagrante. (…) Alors même que les outils sont disponibles, le ministère ne se met pas en position d’analyser précisément les inégalités territoriales, leurs causes et leurs moyens de les limiter."

    Réponse de Stéphane Ménia
    Je ne sais pas, je n’ai pas accès au rapport de la cour des comptes, je ne fais que commenter un article de journal qui s’en revendique. Mais si vous avez, vous accès à ce rapport, faites tourner… Je ne retire rien de ce que j’ai écrit. Cet article ne montre rien de ce qu’il avance.

  7. Cet article comprend la conclusion du rapport de la Cour des comptes et des chiffres que j’ai cités plus haut.

    L’explication que vous proposez comme alternative à la thèse soutenue par la Cour des comptes, à savoir la présence de 105 classes préparatoires de plus, est-elle suffisante pour expliquer un écart de 50% entre deux académies ? En effet, les CPGE scolarisent environ 7% d’une classe d’âge, autrement dit, cette variation de coût concernerait une portion infime des moyens mis en oeuvre pour l’enseignement secondaire qui comprend 7 niveaux d’enseignement : 7% de 1/7e, soit 1% comparé à 50%, le compte n’y est pas. L’explication fournie par le MEN vous paraît recevable, mais ce rapide calcul montre qu’il s’agit d’une goutte d’eau, puisque 1% seulement des élèves de l’enseignement secondaire est scolarisé en CPGE.

    Quant au statut de ville-académie, on ne voit pas sur quelle base un établissement en ville coûterait plus cher qu’ailleurs, d’autant plus que les établissements secondaires sont toujours en ville (plus ou moins grandes) et que la campagne coûte plus cher selon le MEN qui cherche à effectuer des regroupements au niveau du primaire. On perçoit ici une incohérence dans la communication ministérielle, d’autant plus que le MEN n’est pas responsable des locaux. La seule explication possible consisterait à dire que certaines classes sont en sous-effectif afin d’offrir une variété d’options égale sur un territoire donné, mais on est précisément dans la situation contraire à Paris, cet argument milite plutôt en faveur d’un surcoût à la charge des académies à faible densité de population. C’est d’ailleurs l’argument invoqué par le MEN pour fermer de nombreuses classes de BTS, notamment dans le Nord.

    Réponse de Stéphane Ménia
    Pour conclure cet échange qui n’ira pas loin puisque de toute façon, nous ne parlons pas de la même chose :
    1. Si l’utilisation d’une simple moyenne académique vous convient, je ne peux vous en empêcher. Et vous ne pourrez m’empêcher de considérer que c’est très insuffisant.
    2. L’argument des prépas n’est qu’un exemple d’effet de structure. Il est parlant, c’est tout. Je reconnais que ma formulation à la fin du paragraphe est malheureuse : on doit chercher plus loin.
    3. Sur le statut de ville, la structure compte encore : toutes les académies n’ont pas la même structure en termes de formations, de villes et de je ne sais quoi encore qui puisse avoir un impact sur les moyens affectés. Paris, quant à elle, est un point aberrant.
    4. Il y a suffisamment de choses à dire sur les inégalités à l’école pour ne pas employer des arguments très contestables, comme le fait l’article.

  8. Outre vos arguments (très pertinents), on pourrait opposer au Monde un argument beaucoup plus fort: les différentiels de moyens viennent avant tout des différentiels d’âge des enseigants entre académie. Or, les enseignants sont recrutés pour 40 ans, et la plupart font l’ensemble de leur carrière au sein de l’éducation nationale.
    Il n’y a donc pas de sens à calculer des moyennes de salaires, puisque ce qui importe vraiment dans la décision d’entrer dans l’éduc nat, c’est l’ensemble des salaires au cour de la carrière.
    Les jeunes profs acceptent de passer 2/3 ans dans le 93 parce qu’ils savent qu’ils pourront être mutés ensuite.
    Qu’est-ce qui est vraiment important, finalement? 1) le nombre de poste 2) le pourcentage de professeur avec moins de 5 ans d’expérience (après 5 ans, l’expérience n’a plus aucun rôle).
    Or, effectivement, les ZEP ont des profs plus jeunes, mais un peu plus de poste (un élève de moins par classe, en moyenne), ce qui se compense presque exactement.
    On pourrait donc conclure que le système français est remarquablement égalitaire… Ce qui n’est pas forcément une bonne chose d’ailleurs, puisque cela signifie que les établissements les plus en difficulté ne reçoivent pas plus de moyens.

  9. 1. Vous avez raison d’affirmer que c’est insuffisant et je comprends votre frustration. Celle-ci est partagée par la Cour des comptes lorsqu’elle critique le défaut de transparence des rectorats ou leur négligence par rapport à ces questions, ce que met en évidence le pré-rapport cité dans l’article du Monde.

    2. Le MEN n’a pas présenté l’argument des CPGE comme un parmi tant d’autres, mais comme une explication satisfaisante avec celle du statut de ville-académie. Toutefois, ces deux arguments ne résistent pas à l’analyse. Un élève de l’enseignement secondaire sur cent est scolarisé en CPGE et soutenir que la concentration coûte plus cher est incohérent avec la politique de regroupements conduite par le MEN pour des raisons inverses. Sur le plan argumentatif, le communiqué du ministère est inacceptable.

    3. Votre réflexion témoigne d’une exigence de rigueur que je partage, mais le MEN a seulement avancé une argumentation incohérente à ce sujet : plus c’est dense, plus c’est cher, et moins c’est dense, plus c’est cher aussi. Il n’a pas invoqué de différences significatives dans l’offre de formation, sauf pour les CPGE et ça ne tient pas la route.

    Rejoignant les conclusions provisoires de la Cour des comptes, je ne pense pas que le MEN se soucie de savoir comment on peut expliquer ces différences d’allocation de moyens. La politique conduite ces dernières années n’a-t-elle pas consisté à substituer des particularismes locaux au centralisme républicain ? Le MEN est pris au dépourvu par les questions des rapporteurs dans la mesure où elles manifestent un souci d’équité territoriale qui va à l’encontre de la politique de diversification conduite par le ministère.

    4. Vos critiques ont visé la carte de France insérée dans l’article du Monde : il faudrait en savoir plus, c’est vrai, mais d’autres arguments ont été invoqués par la Cour des comptes dont vous n’avez pas critiqué la pertinence.

    Ce débat intervient dans un contexte particulier, celui d’une baisse sans précédent des publications du MEN sur le fonctionnement du système éducatif et sur les résultats des politiques conduites ces dernières années. La question de l’égalité des chances a été posée à la France par l’OCDE, la Cour des comptes s’en saisit à son tour et nous découvrons un MEN sans réponses face à ces questions embarrassantes.

  10. Il sans doute faudrait ajouter à votre démonstration que beaucoup d’enseignants du secondaire (une profession très féminine) habitent dans les quartiers bourgeois et qu’il est assez évident qu’ils ont intérêt à revenir enseigner près de leur domicile pour minimiser les temps de transport.
    C’est une des règles de base des ressources humaines dans l’administration. Au début, on ne peut choisir son affectation mais ensuite par le temps ou la ruse on peut être muté dans un lieu plus à sa convenance. Cela explique que la classe moyenne des fonctionnaires est souvent obligé de débuter en Île-de-France et ensuite part en Province et que les les enseignants se rapprochent des centres-villes une fois qu’ils ont accumulé les points nécessaires à leur avancement.

  11. @ MK "Toutefois, ces deux arguments ne résistent pas à l’analyse. Un élève de l’enseignement secondaire sur cent est scolarisé en CPGE […]" Si on parle de ce qui résiste à l’analyse, parlons donc de votre 1 %, soit 1/7 de 7 % si je comprends bien. Donc : vous, je ne sais pas, mais moi j’y ai passé 3 ans en CPGE. Je me permets donc de douter fortement de votre 1/7. Ensuite, pour le 7 % : vous parlez vous-même de 7% d’une classe d’âge, mais si je ne m’abuse l’enseignement secondaire n’accueille pas 100% de la classe d’âge. Enfin, plus important : 7%, c’est une moyenne nationale j’imagine ? Pensez-vous qu’il y ait proportionnellement plus ou moins de classes prépa à Paris qu’ailleurs en France ?

    De combien devrions-nous alors rectifier votre estimation ? Pour vous aider, le MEN dans sa grande bonté fournit quelques chiffres : en 2010, 14600 élèves en CPGE à Paris et 162972 lycéens (public et privé confondus). Pour le public seul, 104230 lycéens, mais je n’ai pas trouvé le nombre d’élèves en CPGE. Si on prend le ratio national (vous ne m’en voudrez pas ?), le public représente plus de 80 % des effectifs de CPGE, on aurait donc plus de 12000 élèves de CPGE à Paris, soit plus de 10 % du total.

    Alors je ne sais pas si les arguments du ministère sont bons, mais votre chiffre est faux d’un facteur 10. Par ailleurs je serais plutôt d’accord avec vous sur plusieurs points (oui il y a des inégalités, oui les CPGE en font partie – encore que, socialement, est-ce très différent d’études longues à la fac ?), mais je préférerais que vous présentiez de meilleurs arguments pour les défendre.

  12. @"statisticien anonyme de passage" : vous avez considéré que l’enseignement secondaire se réduisait à trois années de lycée, mais avez oublié de compter les quatre années de collège dans votre calcul. L’enseignement secondaire comporte sept années d’études.

    Les chiffres sur lesquels vous vous appuyez déclarent 64% d’élèves parisiens dans le public et non 80%. Il y a 14 604 élèves de CPGE à Paris pour 162 972 élèves, public et privé confondus, soit 9%. De toute façon, les professeurs de l’enseignement privé sont rémunérés par le MEN, le privé non conventionné restant négligeable.

    En moyenne nationale, il y a 79 874 élèves de CPGE pour 5 353 216 élèves du second degré, soit 1,5%. Le taux d’élèves de CPGE est donc 6 fois supérieur à Paris, ce qui met en évidence la sur-dotation de cette académie, mais n’explique toujours pas pourquoi l’enseignement secondaire coûte 50% plus cher à Paris, d’autant plus que le ministère considère que les CPGE n’appartiennent pas à l’enseignement secondaire, mais supérieur.

    Sources :
    media.education.gouv.fr/f…
    media.education.gouv.fr/f…

Commentaires fermés.