L’un des résultats notables des happiness studies, c’est que les séparations et les divorces constituent les plus fortes sources de malheur individuel. J. Helliwell a ainsi constaté qu’en moyenne, une séparation implique pour un individu une chute du niveau de bonheur déclaré de 8 points, sur une échelle allant de 10 à 100; le fait d’être divorcé contribue négativement au bonheur à hauteur de 5 points. La séparation a un plus fort effet négatif que le chômage (-6 points), la perte d’un tiers de son revenu (-2 points), les graves problèmes de santé (-6 points) ou habiter dans une dictature (-5 points). Alors aujourd’hui, je plains Nicolas Sarkozy, à qui il vient d’arriver l’une des choses les plus déplaisantes de l’existence. J’imagine que quand en plus la chose est disséquée en couverture de toute la presse, cela ne doit rien arranger. Il est facile d’être cynique vis à vis des gens célèbres et égocentriques; mais comme le disait Adam Smith, la sympathie, la capacité à partager les peines et les joies des autres, fait aussi partie de ce que nous sommes.
Sinon, cela n’a vraiment rien à voir, Tim Harford tient un blog. Chaudement recommandé.
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Et Jacques Martin, dans tout çà ?
C’était la même chose.
Ah, mais les Sarkozy étaient déjà séparés. Le -8 étant acquis, le divorce permet en fait à Nicolas de gagner 3 points de bonheur déclaré. Par contre, Cécilia se mange aussi l’effet chômage en pleine poire, pour un solde négatif de -3. Bon, du moment que Nicolas ne pète pas les plombs et qu’on échappe au -5 collectif…
Il y a un élément important que ces études ne prennent peut-être pas en compte : ce sont les croyances.
Cela ne remet pas en cause le résultat global de leur étude, mais permet de comprendre qu’au niveau individuel, ce résultat peut être nuancé.
Il suffit de comprendre que chacun intègre ces événements à sa propre vie d’une façon qui lui est propre. Qu’un individu né dans un milieu socialement défavorisé aura une opinion positive des mouvements de protestation sociale, au contraire d’un individu qui a grandit dans un milieu plus favorisé. Qu’un homme poussé au mariage par les conventions aura pu en développer une idée négative, au contraire d’un autre, etc.
Ce sont des généralités que j’indique ici, mais l’idée générale est là.
Oui, ces résultats sont bien entendu des moyennes, susceptibles de varier selon les personnes et différents facteurs. toutefois, ces résultats moyens sont “toutes choses égales par ailleurs”. Je reste surpris néanmoins que cette dimension soit tellement absente. On regarde le divorce pour le commenter avec gourmandise, pour critiquer les articles de journaux en parlant tout en les dénigrant (il est amusant de noter que les commentaires des articles de journaux sur le sujet s’indignent de ce que les journaux en parlent, mais que ces articles sont aussi les plus lus et commentés). Ce non-dit de la souffrance du divorce, ce cynisme assez généralisé, disent quelque chose d’assez inconfortable sur nos sociétés. Comme si la souffrance mass-médiatisée ne pouvait pas faire l’objet d’une quelconque empathie.
Apparemment, bien qu’appartenant à l’évidence à l’une de ces catégories de français ciblés par les principales mesures fiscales de l’actuel gouvernement, le couple Sarkozy n’a pas été sauvé malgré le choc de confiance créé par la politique économique de la France.
Une étude (ref. perdue, désolé) avait démontré que le divorce est la première source de dépression, avant le déménagement et la perte d’emploi. Certaines personnes cumulant ces trois douleurs morales perdent tout repère se désocialisent complètement.
Mais Sarko qui n’a que le divorce à affronter s’en remettra.
En lisant les blogs, l’affaire du divorce est traitée sous l’angle politique, de droit, et surtout sur le mode "c’est bien fait".
C’est bien la première fois que je lis un point de vu « humain » sur cette histoire de divorce. Finalement, l’économie est peut-être la seule science de l’homme.
PS : l’échelle va vraiment de 10 à 100 ou c’est une coquille ?
Oui, c’est de 10 à 100. En fait, c’est une échelle de 1 à 10 avec une décimale, ramenée à 100 pour la lisibilité.
Je note surtout que le contempteur de Mai 68, soi-disant la mère de toute notre décadence, se retrouve déjà avec deux divorces sur les bras. Il m’est difficile d’accorder ma sympathie à un tel décalage entre un discours réactionnaire ripoliné de moraline, et des actes qui les contredisent si ouvertement.
Il est marrant ce Harford. C’est qui?