En passant

Depuis début juillet, les autoroutes et voies rapides aux alentours de Marseille sont passées d’une vitesse maximale de 110 km/h à 90 km/h. Il s’agissait de s’aligner sur une injonction de L’Union européenne justifiée par des raisons environnementales. Globalement, cela complique un peu la circulation. La même UE envisage de modifier la périodicité du contrôle technique et de le généraliser aux deux et trois roues, incluant les cyclomoteurs. Sur le fond, ces mesures n’ont probablement rien de proprement scandaleux. Mais, dans la période actuelle, on touche aux limites des machines technocratiques. Alors qu’on ne sait même pas ce qu’il va advenir de l’euro et, même si le risque est moindre, de l’UE, mettre de telles choses en avant peut avoir un côté surréaliste pour le bas peuple que nous sommes sont des tas de gens que je croise au quotidien. Vous allez aimer l’Europe ?

Add : N’en jetez plus sur le poujadisme et le populisme, je me posais juste la question. Mais visiblement, 2005 n’a pas servi à grand chose.

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17 Commentaires

  1. Tu le vois mon gros troll populiste ?

    Réponse de Stéphane Ménia
    Non, ce n’est pas un troll populiste. C’est un petit questionnement sur la communication de l’UE en temps de crise. Ce ne sont pas personnellement des anecdotes de ce genre qui me feront changer d’avis sur l’Europe. Je me demande juste s’il en va de même pour tout le monde. De ce point de vue, c’est plutôt très élitiste.

  2. Mon commentaire va vous paraître très parisien (je vais travailler en métro et de toute façon je n’ai pas le permis).
    Je le trouve un peu poujado votre appel au bon sens face à la machine technocratique européenne.
    D’une part, comme vous le savez, ce ne sont pas les mêmes institutions qui s’occupent de l’euro et de ce type de réglementation. D’autre part, au sein de la commission, ce ne sont pas non plus les mêmes directions qui s’occupent de la crise financière et de l’environnement. Donc même si la crise de l’euro est un problème majeur, je ne vois pas très bien pourquoi tous les fonctionnaires européens (et surtout ceux qui n’ont aucune compétence pour cela) devraient travailler dessus.
    Alors oui, ce type de mesure n’est peut être pas très populaire (comme d’autres) mais si, comme vous le dites, ce n’est pas critiquable au fond, je ne comprends pas le sens de votre remarque(sachant qu’il y a plein de bonnes raisons, de fond, de critiquer l’UE et l’euro)

    Réponse de Stéphane Ménia
    Mais enfin, je sais tout ça… Et tous les gens que vous croisez dans la rue ont-ils une conscience aussi claire des choses que cela ? J’ai vécu 2005 une fois, ça me suffit.

  3. Stéphane, j’ai voté non en 2005 et je ne le regrette nullement. Je suis grosso modo social libéral et j’ai un honnête niveau d’études donc pas sûr que je corresponde à l’image de la France du Non (comme disait notre regrettable ex président, à moins que ce ne soient les journalistes). Mais les avis du café du commerce, je ne suis pas sûr qu’il faille les "respecter" comme il était de bon ton de le dire lors de la précédente campagne présidentielle. Et donc a fortiori, les énoncer sur un blog qui contribue par ailleurs à élever le niveau de ce qui s’écrit en français sur Internet (je flatte mais c’est sincère)

    Réponse de Stéphane Ménia
    Attendez, ne me faites pas un fromage… Le problème des Français qui lisent des blogs, c’est qu’ils croient que ce sont des livres ou des journaux. Non, ce sont aussi des espaces où l’on émet des réflexions spontanées. J’ai pris la peine d’interroger, c’est vous qui concluez que je condamne…

  4. Le problème, c’est que l’Europe ne peut pas tellement se permettre de laisser ces mesures de côté, même si se concentrer sur les "vrais sujets" soignerait son image : la France a en effet un vrai problème de pollution aux particules, qui causerait selon certaines études des dizaines de milliers de morts par an… à cause de la chasse au CO2, qui a rendu notre parc automobile beaucoup plus polluant ces dernières années !

    Réponse de Stéphane Ménia
    Ça se tient, évidemment.

  5. Stéphane, avez vous des précisions sur le fait que cela complique la circulation? Les distances de sécurité ayant une composante proportionnelle à la vitesse (temps de réaction) et une autre proportionnelle au carré de la vitesse, une diminution de la vitesse doit normalement augmenter le débit!
    Si cela n’est pas le cas, cela voudrait dire que les distances n’étaient pas respectée et la mesure va donc dans le bon sens.

    Cela ne dispense évidemment pas les autorités d’un effort de pédagogie ou d’éventuellement l’organisation d’un débat public sur le sujet.

    De plus, cette défiance à l’europe est entrenue par les responsables politiques français qui rejettent facilement la responsabilité des mesures impopulaires de l’UE, sans non plus se féliciter des (nombreuses) mesures qui vont dans l’intêret des consommateurs ou producteurs français.

    Réponse de Stéphane Ménia
    Les automobilistes n’ont pas encore adopté un comportement homogène vis-à-vis de la nouvelle mesure. Donc vous trouvez toutes les conduites possibles, de la plus respectueuse des limitations avec bon positionnement sur la chaussée jusqu’à rien de respecté. Et globalement, ça va nettement moins vite. Cela devrait passer. Un point qui est à relever, c’est que la saturation du réseau étant telle dans l’agglomération, on risque de ne pas gagner grand chose en termes de réduction des émissions, au prix d’un trafic plus chaotique. Comme je le disais, sur le long terme, je ne suis pas opposé par principe à la mesure.

  6. ‘Le problème des Français qui lisent des blogs, c’est qu’ils croient que ce sont des livres ou des journaux.’
    Et en quoi la maniere dont un ecrit est transmis au public fait t’il la moindre difference?
    Et surtout en quoi est ce ‘probleme’ de ne pas faire la difference ?
    Un blog peut etre de tres haute tenue a la fois dans le texte et le fond et un article de journal de soit disant qualite peut etre a la fois de piteuse qualite et faux (et notamment a peine mieux que de la paraphrase d’une depeche de l’AFP (voire pire que le ‘journaliste’ qui la recopie est meme pas foutu la comprendre).

    Le probleme n’est pas la, mais dans celui qui lit.

    Pour revenir au sujet, le fait que les servives s’occupant de l’economie et de l’ecologie soit separee est au contraire l’exemple type de ce qui genere de plus en plus de ressentiment devant la bureaucratie europeene.
    Plutot que d’emmerder la vie du pequin moyen avec des mesures goutte d’eau, que ceux ci s’occupent plutot et en priorite (le temps quis reglent les problemes bien plus graves on a le temps de voir venir)
    C’est surtout que le pequin moyen voit bien que lui on lui dit ferme ta gueule, alors que le(les) gros industriel qui font du lobbying, l’ecologie ne s’applique pas trop a lui et la c’est plutot la commission europeene qui ferme sa gueule.

    Bref, si critiquons cette europe qui traite de probleme qui n’en sont pas. (la vitesse (et le nombre de kilometre parcouru) baissera d’elle meme quand les gens seront forces de le faire pour economiser leur budget de toute facon).
    Europe ou pas…(marre de payer ce genre de focntionnaire pour pondre ce genre de directive, ou alors qu’ils admettent qu’ils n’ont aucun pouvoir et a ce moment la supprimons les ca fera des economies, surtout vu le salaire moyen de ces bureaucrates.

  7. D’un point de vue technique, le passage de 110 à 90 se justifie tout à fait. C’et sur la zone entre 60 et 90 km que la consommation est optimale, Au-dessus la résistance de l’air contribue de plus en plus fortement à l’augmenter, en dessous on est pas en 5ème, et les frottements du moteur l’augmente.

    J’ai du mal à voir en quoi ça pourrait contribuer à complexifier la circulation, car de ce point de vue la contribution la plus forte est l’écart de vitesse avec les voies d’accès, particulièrement l’écart vers les voies beaucoup plus lentes, petites, et encombrés (pe menant vers un feu rouge qui conduit à un blocage/ralentissement).

    Enfin sur les cyclomoteur, surtout la priorité serait de renforcer la législation sur la pollution, car parfois les 2 roues polluent maintenant plus qu’une voiture de petite cylindrée, vu les progrès fait d’un coté, et l’absence de législation de l’autre.

    Réponse de Stéphane Ménia
    Mais qui est le joueur qui joue en première base ?

  8. Au risque de flagorner, je suis plutôt d’accord avec vous. C’est maladroit. Mais c’est la aussi la matérialisation que la Commission n’est pas un Léviathan infaillible qui maîtrise sa communication à la perfection. Paradoxalement, c’est un peu rassurant, et ‘Bruxelles’ est déjà tellement taxé de novlangite aigüe.

    Réponse de Stéphane Ménia
    C’est un point de vue intéressant, en effet.

  9. Quand vous avez une administration, ne vous étonnez pas qu’elle produise de la règlementation. Quand vous avez treize directions générales, ne vous étonnez pas que ça sorte tout et son contraire à flux continu.

    Givin the dog a bone

  10. Avez-vous d’autres sources d’information que l’article de La Provence que vous donnez en lien ?

    Dans votre billet vous notez qu’ "[i]l s’agissait de s’aligner sur une injonction de L’Union européenne justifiée par des raisons environnementales". L’article est lui plus précis mais beaucoup moins catégorique : "les services de l’État auraient [conditionnel, donc] été sommés par la Commission européenne de réduire la pollution de l’air dans plusieurs capitales régionales dont Marseille, sous peine d’astreinte de 300 000 euros par jour de retard."

    La Commission européenne a-t-elle vraiment le pouvoir de décider d’astreintes de manière "bureaucratique" ?

  11. C’est un cas de dilemme du prisonnier. La vitesse optimale serait de l’ordre de 80 km/h, ce qui assurerait un trafic fluide et un débit maximal. Mais les automobilistes ont individuellement intérêt à rouler plus vite. On aboutit donc à un équilibre sous-optimal, avec une congestion plus importante et un trafic en accordéon (où l’on oscille entre deux phases toutes deux sous-optimales).

    Peut-être qu’il serait plus efficace d’installer des feux rouges à l’entrée des autoroutes et voies rapides, comme en Île-de-France ? Les automobilistes les respectent mieux que les limitations de vitesse…

    Cela me rappelle également le problème de la voiture automatique de Google :
    “The current biggest problem is that it runs at the speed limit and nobody drives at the speed limit.”

  12. Bonjour,

    fidèle lecteur (mais muet d’habitude), je suis surpris de ne pas voir d’éclairage quand au manipulation du libor par les banques, sujet chaud du moment.

    Je me pose pas mal de question, déjà sur la manipulation dont il est question, et ensuite sur les impacts que peut avoir ce type de malversation pendant une période de secheresse interbancaire comme celle que nous vivons.

    En vous félicitant au passage pour le (presque toute le temps) haut standard de qualité de votre blog, bien cordialement,

    Damien

  13. Cet article (http://www.actu-environnement.co... donne des informations plus précises.

    Ces mesures ne sont donc pas le résultat d’une "injonction" d’une bureaucratie européenne désincarnée mais découlent d’une convention datant de 2005 sur les taux de particules dans l’air. Convention dont le non respect risque d’entrainer la France devant la Cour de Justice Européenne. Les "astreintes" dont parle La Provence seraient donc à comprendre comme un risque judiciaire et non une décision illégitime d’une bureaucratie bornée autant que désincarnée.

    Foin de "populisme", quelqu’un a-t-il quelque chose à redire au fait qu’une convention engage ses signataires ? Ou qu’une cour de justice rende la justice ?

    Quant aux moyens, c’est à l’état et aux collectivités de les mettre en oeuvre. A priori aucun burocrate bruxellois n’a imposé de limitation de vitesse sur tel ou tel tronçon de route.

  14. sinon il faudra m’expliquer comment le fait de rouler moins vite donc de rester plus longtemps sur la route produit moins de CO2 ?
    J’ai d’ailleurs toujours pensé que plus on roule vite moins de temps on passe sur la route et moins on risque d’accidents. Je précise qu’en pratique je m’efforce de respecter les limitations, sinon je vais passer pour un dangereux anarchiste….et je ne bénéficie pas d’immunités diverses, n’étant ni indic, ni policier, ni élu local, ni star du show-biz, etc.etc.)

  15. ‘sinon il faudra m’expliquer comment le fait de rouler moins vite donc de rester plus longtemps sur la route produit moins de CO2 ?’
    C’est une question de regime moteur, ou globalement a 90km/h il est optimale et ou donc l’essence consommme et la plus faible par kilometre parcouru.
    (mais ca doit dependre pas mal des voitures ca, et du style de conduite, seulement trouver des etudes fiables est difficile, du coup..des fois on se demande si il y a pas de l’enfumage derriere (genre en fait ca concerne qu’un certain type de vehicule qui n’est pas majoritaire…va savoir)

    ‘J’ai d’ailleurs toujours pensé que plus on roule vite moins de temps on passe sur la route et moins on risque d’accidents’
    La vitesse augmentant le risque et la gravite de l’accident, c’est pas sur.

  16. @Gilberto : le CO2 produit étant proportionnel à l’essence consommée, il vous suffit de faire le même trajet à 90km/h et à 130km/h pour constater vous-même que réduire sa vitesse réduit la consommation, même si on passe plus de temps sur la route.

    L’explication est très simple : la voiture doit contrer le frottement de l’air (c’est la principale force s’opposant à l’avancement au-delà de 80-90km/h), et ce frottement augmente avec le carré de la vitesse. Donc si vous roulez à 200 au lieu de 100, vous restez deux fois moins longtemps sur la route, mais vous avez besoin de 4 fois plus de puissance – et donc consommez 4 fois plus de carburant par heure. Au final, deux fois moins de temps et 4 fois plus de consommation par heure = 2 fois plus de consommation par kilomètre…

    Il en est de même pour la vitesse : si en roulant 2 fois plus vite, vous passez 2 fois moins de temps sur la route, mais que la probabilité d’avoir un accident par heure de conduite est multipliée par 10, alors pour un trajet donné le risque d’accident reste multiplié par 5… Et s’il n’existe pas de règle physique l’expliquant (contrairement au frottement de l’air au-dessus), les statistiques montrent clairement que plus la vitesse maximale sur route est élevée, plus les accidents sont graves et nombreux (et je vous rassure, ça ne m’enchante pas non plus…)

  17. @Gilberto: Pour faire bouger une objet, il faut lui fournir de l’énergie cinétique. Pas de chance, la quantité d’énergie est proportionnelle au carré de la vitesse. En donc pour aller deux fois plus vite il faut donc fournir quatre fois plus d’énergie. Qui dit plus d’énergie, dit plus de carburant à brûler et donc plus de CO2 rejeté.

    J’ai trouvé ce lien qui explique les calculs en détail si vous êtes intéressé : http://www.adilca.com/cinetic.pd...

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