Dans ce domaine, chiffrer est la priorité. Avant de se demander s'il doit lutter ardemment contre l'évasion fiscale, un gouvernement doit estimer ce qu'elle coûte (spoiler : apparemment, beaucoup). L'évasion fiscale conduit à taxer plus lourdement les contribuables qui respectent la loi. En ce sens, elle est nocive. Mais, comme le remarque d'emblée Zucman, "ce qui manque cruellement à ce débat, ce sont des chiffres". La richesse cachée des nations (deuxième édition, augmentée après la publication des Panama Papers) donne un aperçu accessible des...
Dans cet ouvrage, Olivier Bouba-Olga (et la petite équipe citée en couverture de l'ouvrage) a une double ambition : critiquer l'approche de ce qu'il est convenu d'appeler "
Dans Les limites du marché, l'économiste Paul De Grauwe déroule un raisonnement dont le point de départ aurait presque de quoi faire sourire, au demeurant. La thèse de l'auteur peut en effet se résumer de la façon suivante : depuis deux siècles, le capitalisme, dans lequel l'État joue toujours un rôle (limité ou important), connaît des phases où la régulation par le marché domine l'organisation économique et sociale avant d'atteindre certaines limites. A ce moment là, la régulation publique reprend la main pour un certain temps et le marché se retrouve en retrait dans l'allocation des ressources, jusqu'à ce que l'État ne batte de nouveau en retraite et laisse le marché le dominer à nouveau. Pourquoi cela peut-il prêter à sourire ? Parce qu'il y a là une forme de banalité dans le propos, qu'on retrouve souvent chez les uns ou les autres, sans autre analyse qu'historiquement descriptive. L'ouvrage de De Grauwe commence d'ailleurs par un chapitre décrivant ce balancier entre marché et État depuis deux siècles de capitalisme. Mais, fort heureusement, l'ambition de l'auteur est de montrer quels sont les mécanismes, autres que circonstanciels, qui conduisent à ces cycles. Ce qui l'amène à poser les questions suivantes, en guise de programme :...
L'ouvrage démarre par la présentation d'un pays dont la réussite principale est de préserver depuis des décennies un système démocratique qui est tout sauf une façade. Selon tous les critères usuels, et pas seulement le formalisme du suffrage universel, l'Inde est une grande démocratie, la plus grande au monde. Que l'on estime son état actuel, par exemple au travers de la liberté de la presse, ou son évolution, comme l'instauration d'une récente loi sur la transparence de l'information (que les auteurs saluent pour ses résultats déjà tangibles), l'Inde est une vraie démocratie, assise sur un socle solide. Cette introduction est importante. Car si, dès celle-ci, les auteurs soulignent l'ampleur des carences du développement indien, ils montrent bien que l'image d'un pays faussement démocrate n'est pas la source des insuffisances de sa situation.
Drèze et Sen se...
Comme le laisse supposer le titre, il est question de décrypter la crise de l'euro et de donner des clés pour la résoudre. De ce point de vue, je n'insisterai guère sur le contenu détaillé du livre, qui est probablement bien connude nombreux lecteurs. Pour les autres, je les renvoie évidemment à l'ouvrage, qui les comblera. Celui-ci décrit les grands faits de la crise, en explique les ressorts, analyse les réactions des décideurs politiques au cours de la période, pointe les erreurs commises et discute les options possibles pour l'avenir.
Pisani-Ferry nous livre un travail de synthèse dont on mesure toute la qualitélorsqu'on a fini de le lire. Sa présentation de la crise de l'euro est un essai qui défend en gros la...
C'est également le thème du livre de Maya Beauvallet, sorti il y a quelques années maintenant, mais qui garde toujours la même pertinence et que je vous recommande d'emblée, sur une plage ou ailleurs. L'auteur y recense un certain nombre d'études qui montrent, avec malice et simplicité, comment l'usage d'indicateurs de performance articulés autour desnotions de mesure, contrôle et incitation peuvent être très mal utilisés et conduire à des modes de gestion des incitations totalement ridicules.
Elle constate en introduction que l'utilisation de ces...
Il s'agit en premier lieu de définir les classes moyennes. Conscients que c'est là un préalable indispensable, les auteurs consacrent un chapitre entier à justifier leur définition de la classe moyenne. Cette définition repose sur l'idée qu'elles peuvent être cernées économiquement et sociologiquement même s'il en dérive certains traits politiques communs reconnus par d'autres (Serge Berstein, par exemple). Les membres de la classe moyenne sont ceux qui occupent une place intermédiaire - et potentiellement mouvante - dans...
«Nous vivons dans un monde complexe et imprévisible» est l’un des clichés les plus fréquemment rencontrés à notre époque. Comme tous les clichés, il comporte une part de réalité. L’économie moderne est le résultat de milliards de décisions décentralisées, comporte des dizaines de milliards de produits différents, des chaînes de production impliquant de nombreux pays différents, au point qu’un tsunami au Japon peut perturber la production de Peugeot à Sochaux; quelques choix désastreux dans des banques américaines précipiter le monde entier dans la crise économique; notre décision d’utiliser ou non notre voiture aujourd’hui rendre la planète invivable dans quelques siècles sous l’effet du réchauffement climatique.
Comment agir dans ce contexte? Nos réponses se ramènent le plus souvent à deux possibilités: les experts et les leaders. Les entreprises paient des rémunérations toujours plus élevées à des dirigeants dans l’espoir qu’ils soient les sauveurs dans un monde complexe, font appel à des cabinets de conseil expert pour résoudre les problèmes qu’elles ne parviennent pas à traiter. Dans le domaine politique, décisions, traits de personnalité des dirigeants sont scrutés avec la plus grande...
Le déclassement est
Le livre repose sur une thèse très simple : Nicolas Sarkozy, dans le domaine économique et social (comme dans d'autres, que les auteurs n'abordent naturellement pas), a une méthode de conduite des réformes reposant sur deux piliers : l'étouffement et la conciliation. Etouffer, "en ouvrant constamment de nombreux chantiers". Les lois sont votées en utilisant la procédure d'urgence. Les partenaires sociaux doivent négocier et proposer des projets de réforme dans des délais brefs. L'abondance des mesures annoncées a priori permet de lâcher du lest sur certaines, sans toutefois donner le sentiment d'abdiquer sur l'ensemble. La conciliation consiste à repérer les revendications catégorielles les...
Un nouveau système de retraite ? Bigre, en voilà un programme. Certes, les ouvrages appelant à la nouveauté de quelque chose ne manquent pas (du capitalisme, de Bretton Woods, du New Deal, etc.). Mais quand deux économistes dont le sérieux est assuré partent sur ce chemin, on observe avec curiosité. En réalité, on comprend vite que la nouveauté est toute relative, ce qui est plutôt une bonne nouvelle. Les...
En effet, Ariely explique dans l'introduction qui s'il en est venu à questionner la nature humaine, c'est à la suite d'un accident qui l'a gravement brûlé sur la majeure partie du corps. Longuement convalescent, il s'est mis à questionner le comportement quotidien de tout un tas de gens, y compris lui-même. Cet aspect, anecdotique dans la suite du livre, illustre...
- Un ouvrage qui ne se limite pas aux questions économiques, mais qui décrit les liens entre le commerce, les conflits, l'apparition et la disparition des nations et des empires. Les auteurs font en fait une histoire du commerce mondial, en le reliant aux évolutions géopolitiques plus générales, et en décrivant de ce fait l'histoire du dernier...
Pour sa démonstration, il fait appel à l'analyse économique et à l'économétrie, de...
C'est exactement la démarche du capitalisme d'héritiers, ouvrage stimulant qui fera probablement au lecteur le même effet que les désordres du travail de Philippe Askenazy. Alors qu'Edmund Phelps, prix Nobel d'économie 2006, affirmait récemment que le marasme économique européen, français en particulier, provient d'une relation déplorable au travail et à l'innovation, Philippon donne un contenu documenté à ce constat.
Les français aiment le travail, les enquêtes internationales le montrent. Il compte même plus dans leur vie que dans la plupart des autres pays développés. Et...
Pour le démontrer, l'auteur couvre près de 10 000 ans d'histoire, construisant au passage une histoire exhaustive des finances publiques qui parvient à être passionnante (ce qui, en soi, est déjà un exploit remarquable). Sa thèse s'explique de la façon suivante : la survie d'un régime et d'une société dépend de façon cruciale de sa capacité à mobiliser des ressources, tout spécialement pour faire la guerre. Dans le même temps, il définit la démocratie comme un régime dans lequel les citoyens contrôlent le gouvernement. Un citoyen démocratique détient deux types de libertés : le droit de vote, et la limitation de la coercition étatique, tout particulièrement sous la forme dl'imposition directe. Le progrès de la démocratie provient donc de l'extension à un nombre croissant de citoyens de ces deux libertés. En quoi la dette est-elle alors un...
Il n'est pas fréquent que les économistes se basent sur une expérience personnelle de terrain pour rédiger un ouvrage. Trop parcellaire pour inférer une théorie testable et peu gratifiant académiquement, ce genre de pratiques est, à ma connaissance, essentiellement adopté (et à la marge) par quelques économistes du développement. Et encore, les observations personnelles sont souvent leur vécu quotidien, d'autochtone, oserais-je presque dire. Globalement, raconter des histoires n'est pas un truc d'économiste. Cet ouvrage montre au moins une chose : c'est un exercice qui n'est pas sans intérêt. De la Floride au Texas, en passant par la Chine, en revenant aux Etats Unis, pour finir en Afrique, Pietra Rivoli va véritablement... Ces explications ne sont pas satisfaisantes. Qui peut penser que les pays pauvres puissent être impatients au point de se priver de développement économique ? Par ailleurs, comment expliquer que des capitaux étrangers ne viennent pas s'investir massivement dans les pays pauvres, dans lesquels ils... Au premier abord, on s'attend à un manuel assez classique. A lire la table des matières, on ne flaire guère de nouveautés. Certes, la présentation du livre montre une optique spécifique. Les auteurs ambitionnent un texte qui partant d'une méthodologie unifiée de la politique économique en présente la théorie et la confronte aux données empiriques, le tout dans une progression thématique (budget, monnaie, change, etc.). Démarche qui fait d'ailleurs écrire à Olivier Blanchard dans sa préface qu'il aurait aimé écrire ce livre. De ce point de vue, les objectifs sont remplis. Cette volonté de se référer aux faits en appui des théories utilisées est présente tout au long du livre. Mais sa richesse tient aussi, essentiellement à mon sens,...
Le livre s'ouvre sur le monde tel qu'il se présente en ce début de 21ème siècle : le monde de Bloomberg Television. Pour ceux qui n'ont jamais eu l'occasion de la regarder, il s'agit d'une chaîne de télévision présentant en temps réel les cours es titres et indices boursiers, avec dans un coin, des présentateurs chargés d'animer l'ensemble avec des débats consacrés à des instruments financiers, ou des interview avec des économistes de grandes banques d'affaires s'interrogeant...
Mais cet espoir n'a pas été réalisé, bien au contraire. En matière de développement, le slogan des 5 dernières années a été plutôt de faire la même chose qu'avant, mais en plus gros. L'ONU a confié à Jeffrey Sachs et à une équipe de 250 experts le soin de définir une liste de projets (449 ont été identifiés) dont la réalisation devrait permettre d'atteindre les 8 "objectifs du millénaire". Un attelage baroque composé de...
Le livre commence par décrire de façon précise l'écart entre Europe et USA en matière de redistribution. Depuis longtemps, les USA et l'Europe ont considérablement divergé dans ce domaine. Les dépenses publiques sont plus importantes en Europe, et une part plus grande de celles-ci sert à la redistribution des revenus, et à la fourniture d'un Etat providence développé. De la même façon, les prélèvements obligatoires sont plus élevés en Europe, et plus progressifs. Même si le degré de protection par catégories de population aux USA est variable, il reste en moyenne nettement plus élevé en Europe. Enfin, le niveau de règlementation des marchés est lui aussi significativement plus élevé en Europe qu'aux USA.
Ces différences étant posées, comment les expliquer? Les auteurs commencent par présenter diverses explications...
Ce livre est consacré à l'étude de la zone franc, c'est à dire de l'ensemble des pays africains utilisant une monnaie, franc CFA ou comorien, liée à la devise nationale française. Il comprend tout d'abord un historique de la création de cette zone, historique qui permet de comprendre que la zone franc n'est pas seulement une zone monétaire, mais un mécanisme de coopération original entre la France et ses anciennes colonies, et entre les pays concernés eux-mêmes. Ce mécanisme de coopération passe par la fourniture d'une monnaie stable, mais aussi par toute une série d'institutions dont l'auteur apporte une description détaillée et complète.
La suite du livre est consacrée à la description de la problématique de développement rencontrée par les pays de la zone. Là encore, un historique et de nombreuses données permettent de comprendre les caractéristiques...
Alors, lorsque ce même Bernard Salanié décide d'écrire un livre pour le grand public, avec...
Le livre présente en parallèle historique la vie et la carrière scientifique de Von Neumann, le déroulement de la guerre froide et ses principaux moments (la question de l'attaque préventive sur l'URSS, la course aux armements, la crise des missiles de Cuba, la coopération internationale et le désarmement); ce fond historique est utilisé pour présenter successivement les notions de base de la théorie des jeux (jeu à somme nulle, théorème du maximin, théorème de Nash, dilemme du prisonnier, stratégie du "donnant-donnant"...). L'ensemble se lit très bien et constitue une première approche intéressante de la théorie des jeux, susceptible d'intéresser les personnes ne...
A la foire agricole à laquelle se rendait Galton, il était possible de participer à un concours, consistant à estimer le poids de viande qu'un boeuf exposé sur place, après abattage et dépeçage, serait susceptible de fournir (l'estimation la plus proche du résultat final...
Krugman est entré début 2000 parmi les chroniqueurs du New York Times, et s'est depuis attelé à l'écriture de deux éditoriaux (op-eds, comme on dit là bas) hebdomadaires. Son but au départ était d'écrire sur l'économie, la mondialisation, ses sujets de prédilection. Mais très rapidement, il s'est trouvé occupé à écrire pour l'essentiel en réaction très hostile à la politique du gouvernement de George W. Bush. Ses éditoriaux constituent de façon générale la chronique du leadership défaillant : des dirigeants d'entreprises autrefois...
La caractéristique du comportement humain qui distingue l’homme de toutes les autres espèces animales sans exception est le fait de dépendre pour la totalité de ses activités des autres hommes – la vie humaine est impossible sans la «compagnie des étrangers», ces humains qui n’appartiennent pas à notre famille même éloignée (nous avons plus de proximité génétique avec nos ancêtres du paléolithique qu’avec l’individu qui nous rend la monnaie quand nous achetons notre journal), et que le plus souvent nous n’avons jamais rencontré, ou que nous ne rencontrerons jamais plus. Or ce phénomène de division du travail entre étrangers est unique dans le règne animal: les espèces animales peuvent coopérer, mais seulement entre individus tenus par des liens de parenté, par le partage du patrimoine génétique comme certains «insectes sociaux», ou parfois des...
Ce sont les réactions qui viennent immédiatement à la lecture de ce livre consacré au chômage, et ce dès les premières pages. Soyons honnêtes : cela fait bien longtemps qu'un livre d'économie français n'avait pas généré un tel plaisir de lecture et un tel intérêt.
Cahuc et Zylberberg ne sont pas des inconnus. Ils sont les auteurs de plusieurs excellents ouvrages en économie du travail, des manuels, des livres de vulgarisation, ainsi que de nombreuses études économiques sur le sujet dans des revues de recherche austères. Autant dire que lorsqu'ils décident d'écrire un ouvrage à l'attention du grand public et pas seulement des spécialistes, on s'intéresse. Et on n'est pas déçus.
Ce qu'on apprécie par dessus tout, c'est le fait que les auteurs apportent au débat sur le chômage ce qui lui manque cruellement : l'analyse économique récente. Alors que la majorité des analystes (ne parlons même pas des politiques) en sont restés à une version désormais archaique de l'économie (au mieux, l'ineffable débat "supprimons le smic vs...
Pas la peine de s'énerver sur Forrester, d'autres l'ont fait. Il y a plusieurs choses qui me dépriment dans ce bouquin. En premier lieu, ce n'est pas un livre d'économie. Je n'ai rien contre les livres qui ne sont pas des livres d'économie, évidemment. Mais le hic, c'est que c'est bien comme ça qu'on l'a présenté aux lecteurs non avertis (j'ai moi-même fait partie des victimes du bouche à oreille). Un livre dans lequel la seule thèse qui est défendue est que le travail est mort, avec comme seul argumentaire une suite sans fin de longues envolées, parfois lyriques, pour nous dire que les jeunes des banlieues n'ont plus leur place dans la société, n'est pas un livre d'économie. J'insiste sur le fait que c'est l'indigence de l'argumentaire qui pose problème. La thèse de la fin du travail n'est pas vraiment neuve, elle est discutable, mais on pourra préférer un exposé du type, par exemple, de...
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