Corrélation, corrélation

Vous avez sûrement eu vent de l’étude aussi facétieuse que sérieuse (ou revendiquée comme telle) qui faisait le lien entre la consommation de chocolat d’un pays et le nombre de prix Nobel obtenus.

Vous savez que nous aimons bien l’expression “corrélation n’est pas causalité” (même si j’ai émis quelques réserves sur son usage facile et excessif). Je trouve cette étude très intéressante. Elle pose une vraie question (certes pas fondamentale, mais peu d’études posent des questions absolument fondamentales) qui stimule l’esprit critique.

Je vous conseille de lire cet article, qui résume bien le problème et relaie une des critiques amusantes faite au travail de Messerli, selon laquelle, en appliquant la même méthodologie que Messerli, on trouve une superbe corrélation entre consommation de chocolat et nombre de tueurs en série dans un pays…

Je veux souligner deux choses ici. La première, c’est que sur le fond, il n’y a rien de scandaleux dans cette histoire. L’article de Messerli donne sa méthodologie et elle est critiquable et critiquée. Le point le plus visible est l’absence d’analyse économétrique. L’article se contente d’envisager des mécanismes causaux sans quantifier la démarche. En particulier, la question d’une possible variable cachée est rapidement éliminée. Le choix des variables peut également poser problème. L’article de Roberts et Winters donne quelques détails sur ces deux aspects. La seconde problématique porte sur la forme : ce genre de publication est utile pédagogiquement. Elle offre la possibilité de se pencher sans passion (vu le sujet…) sur des questions scientifiques. Quand on lit cette note en complément de l’article de Messerli, on comprend que le second degré doit être mobilisé :

“Dr. Messerli reports regular daily chocolate consumption, mostly but not exclusively in the form of Lindt’s dark varieties. Disclosure forms provided by the author are available with the full text of this article at NEJM.org”

Et le ton très sérieux de la réponse de Winters et Roberts ne doit probablement pas être surinterprété non plus. C’est en tout cas mon hypothèse. En définitive, on a affaire ici à des échanges qui peuvent aider de façon amusante à mieux comprendre d’autres sujets bien plus préoccupants (suivez mon regard…), mais relevant de la même problématique. Donc, merci messieurs.

PS 1 : Je donne un cours de stats qui aborde les questions élémentaires de corrélation et je n’ai pas résisté à la tentation de parler de l’étude de Messerli…
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