Olivier Bouba-Olga chronique Nos phobies économiques sur son blog. Il relève un élément important, que nous avons remarqué à plusieurs reprises :
“J’insiste sur un point, sur lequel les auteurs attirent l’attention mais qui me semble décisif : lorsqu’on analyse de manière approfondie un problème économique et qu’on réintroduit, ce faisant, de la complexité, on se fait taxer immanquablement d’optimiste. Quand ils critiquent les théoriciens de la décroissance, je suis sûr que certains penseront qu’ils ne veulent pas voir les problèmes en face. Lorsque, dans mes propres travaux, qui procèdent de la même méthodologie, j’insiste sur le fait qu’il faut arrêter de dire que toute l’activité part, qu’on est victime d’un processus irréversible de désindustrialisation, je me fais taxer d’optimiste. Lorsque Louis Maurin, que j’ai entendu récemment lors d’une conférence, explique qu’il ne faut pas parler d’explosion des inégalités en France, on le taxe aussitôt, dans la discussion qui s’ensuit, d’optimiste.”
Or, quand on lit bien les contributions de cet ordre, on s’aperçoit qu’on est bel et bien face au “on the one hand… on the other hand…” des économistes. Et visiblement, beaucoup souhaitent couper une main, pour ne garder que celle qui les arrange ; en l’occurrence, celle qu’ils qualifient d’optimiste. Dans Nos phobies économiques, nous ne négligeons jamais les sujets d’inquiétude. Le pouvoir d’achat ? Oui, des gens se sont faits enfler correctement au cours des dix dernières années. Est-ce une raison pour laisser les autres croire qu’ils sont dans la même situation ? La croissance ? Oui, quand la Chine croît en 2010, c’est une partie des ressources qui est consommée en plus. Est-ce une raison pour laisser dire qu’elle croîtra pendant des décennies à 10% ? Les banquiers sont des ânes dangereux ? Oui, c’est sûr. Est-ce une raison pour remettre en question le système de création monétaire et réclamer la fin du prêt à intérêt ?
Dans tous les cas, l’économiste – je veux dire ceux qui font leur job correctement – prennent en compte les deux aspects. En ce qui nous concerne, nous avons suivi leurs pas. Il serait bon que les commentateurs s’en rappellent (y compris ceux qui n’ont pas lu le livre) et cessent de scander des ridicules “Tout va très bien Madame la Marquise…” qui ne correspondent en rien au message de notre ouvrage, dont l’objectif est de faire la part des choses.
Remarque finale : évitez-nous les commentaires du genre “”Vous nous gonflez avec votre promo”. Je vais devenir très désagréable avec les donneurs de leçon de ce genre. La promo à la éconoclaste, vous allez voir ce que c’est. Pas sûr que ça rentre dans les cases de votre imaginaire marchand.
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Entièrement d’accord. J’ajouterais que l’approche est tout aussi fréquemment qualifiée de "cynique" (au sens courant du terme). Ce sont d’ailleurs des raisons qui peuvent faire qu’on est souvent mal à l’aise (c’est mon cas en tout cas), selon la personne ou le public auquel on a affaire., voire qu’on se tait, tout simplement.
@stéphane : "Les banquiers sont des ânes dangereux ? Oui, c’est sûr"
En effet, banquiers centraux compris.
@stéphane : "Est-ce une raison pour remettre en question le système de création monétaire et réclamer la fin du prêt à intérêt ?"
Certainement pas, il faut juste un système ou le prix du crédit soit déterminé par l’offre et la demande, et non de manière discrétionnaire par la banque centrale avec offre potentielle illimitée.
La "monnaie de base" Doit être *naturellement* rare, pour qu’un vrais prix du crédit puisse se faire, l’administration des prix n’a jamais fonctionné nulle part. Pas plus que son interdiction pure et simple.
@l’ami du laissez-faire
C’est tellement vrai ce que disait Solow sur Friedman et l’offre monetaire. Y a vraiment des sujets sur lesquels il faut faire attention de ne pas passer, autrement on finit toujours par parler de la banque libre et le cycle autrichien. En fait, peu importe le sujet, je suis sur que si on commence a parler de sexe on finira tout de meme par parler retomber dessus.
P.S. et je m’excuse a l’avance si je suis peut etre injuste avec vous, mais dans le forum du moins, c’est une question recurrante.
Et allez, encore un post de promo…
"beaucoup souhaitent couper une main, pour ne garder que celle qui les arrange"… je trouve cela très drôle! (et juste)
@Citoyen :
Il faudrait créer un point Godwin autrichien.
@Yannick
Mieux ! Mettre sur tous les blogues.
[Pour préserver une santé mentale conforme, ne pas consommer d’idées trop grasses, trop salées, trop sucrées, trop autrichiennes]
Ceci est un message du gouvernement.
@citoyen
🙂
Je pense que ça s’explique pour deux raisons.
Quand il s’agit de questions de politiques monétaires (très présents depuis 2 ans) on en revient tjr a une des 3 écoles connues sur le sujet, keynésienne, monétariste ou autrichiennes. Franchement les deux premiers ne sont pas à plaindre.
Pour des raisons diverses en France la "jeune" génération libérale (<40) à découvert les sciences morales et politiques avec les auteurs français historiques et les Autrichiens.
"on en revient tjr a une des 3 écoles connues sur le sujet, keynésienne, monétariste ou autrichiennes"
Vous oubliez les fines analyses marxistes ainsi que les physiocrates qui sont ces derniers temps d’une grande actualite 😛
Réponse de Alexandre Delaigue
Vous ne croyez pas si bien dire : http://www.humanite.fr/2010-04-06_Politique-_-Social-Economie_Et-aussi
@citoyen : "Vous oubliez les fines analyses marxistes ainsi que les physiocrates"
et ! et ! et ! et ! les mercantilistes !
Mais surrement devrait-on les inclure dans les keynésiens tant Lord Keynes en fait l’éloge dans le long chapitre 23 de sa "théorie générale…" .
classiques.uqac.ca/classi…
Un petit extrait (p150) pour le plaisir, c’est trop bon, ça ressemble trop au main-stream d’aujourd’hui malgré une référence de 411 ans d’age.
—————
Le plus bel exemple, à notre connaissance, d’une discussion typiquement mercantiliste
sur une situation de cette nature est le débat relatif à la rareté de la monnaie qui
eut lieu à la Chambre des Communes en 1621, à une époque où il existait une crise
grave, particulièrement dans les industries exportatrices de textiles. La situation fut
exposée très clairement par un des membres les plus influents du Parlement, sir
Edwyn Sandys. Il déclara que les fermiers et les artisans souffraient un peu partout,
que les métiers étaient arrêtés par l’insuffisance de la monnaie circulant dans le pays,
et que les paysans se trouvaient dans l’impossibilité d’exécuter leurs contrats, « non
(grâce à Dieu) à cause de l’insuffisance des produits du sol, mais en raison du manque
de monnaie ». Cette situation motiva des enquêtes minutieuses destinées à déterminer
où avait pu aller la monnaie dont l’absence se faisait si sévèrement sentir. De
nombreuses attaques furent dirigées contre toutes les personnes que l’on soupçonnait
d’avoir contribué soit à une exportation (non compensée par une importation) de
métaux précieux, soit à la disparition de ces métaux par suite d’opérations du même
ordre réalisées à l’intérieur 2.
——————
Je suis en train de lire le livre. J’avais bien aimé le premier et celui ci est intéressant aussi.
J’ai une critique/question/commentaire concernant le chapitre sur le travail et le chômage.
Vous y parlez de la spécificité du chômage (assez haut de façon standard) en France sans trop vous attarder (comme vous le faites plutôt bien concernant le prix) sur les biais statistiques de mesure du chômage/emploi et sans faire trop de comparaisons entre les différents pays. C’est dommage.
Vous y parlez de l’emploi protégé en France et de l’angoisse spécifique qui y règne quand à la perte de son emploi. Angoisse qui serait plus grande que dans d’autre pays (US?) ou l’emploi est plus flexible. Je ne suis pas certain d’agréer 🙂
La mesure de l’angoisse est délicate et pour avoir pas mal voyagé/travaillé avec les américains… je ne les trouve pas spécialement serein à ce niveau là. Si un film peut être considéré comme un indicateur de la psyché des gens, "Up in the air" ne montre pas des américains spécialement serein de perdre leur job. Pour un film qui est plutôt une comédie, on y évoque même le suicide d’employés licenciés.
Que la peur du chômage soit la plus élevé chez les gens qui risque le moins de s’y retrouver me semble assez logique. Ce qu’on ne connait pas fait toujours plus peur que ce avec quoi on a pris l’habitude de vivre, non? Il en va de même de l’immigration par ex. (a une époque le score du FN est inversement proportionnel à la concentration d’immigré).
PS: La note en bas de page 93 me semble "fausse" en regard du texte et dans sa conclusion.
"Le pessimisme est d’humeur, l’optimisme de volonté" nous dit Alain.