Quel est le principe de fonctionnement du multiplicateur keynésien ?
Rédacteur : Stéphane Ménia
Principe du multiplicateur keynésien
Le fondement des politiques budgétaires est le multiplicateur des dépenses publiques (ou « multiplicateur keynésien »). Il repose sur l’idée que lorsque les dépenses privées d’investissement et de consommation sont faibles, l’État peut leur substituer une dépense publique pour soutenir l’activité. Cette dépense aura un effet multiplicateur, de sorte que la demande augmentera d’un montant supérieur au montant des dépenses publiques.
Lorsque l’État dépense, il crée une vague de revenus pour les agents économiques qui en bénéficient (sous forme de commandes publiques, de prestations sociales, etc.). Ces revenus sont en partie dépensés et en partie épargnés. La partie dépensée crée une deuxième vague de revenus dans l’économie, inférieure à la première puisqu’une partie des revenus de la première vague a été épargnée. Cette seconde vague va être également en partie dépensée par les agents privés. Et ainsi de suite, jusqu’à épuiser le mécanisme.
L’effet du multiplicateur sera donc d’autant plus important que la propension marginale à consommer le revenu (la part du revenu supplémentaire qui est consommée) est élevée.
Une baisse des impôts a des effets similaires, puisqu’elle accroît aussi le revenu des ménages. Néanmoins, pour une baisse des impôts identique à une hausse des dépenses, l’impact sera plus faible puisque, dès la distribution du revenu, une partie est directement épargnée par les agents économiques avant que le reste ne soit dépensé.
Exemple : si l’État dépense 100€ de plus, il crée une demande supplémentaire de 100€. S’il baisse les impôts de 100€, les ménages récupèrent 100€ et dépensent seulement une partie de ces 100€, disons 80€. La demande n’augmente donc que de 80€.
Lorsque la hausse des dépenses est financée par une hausse des impôts, le multiplicateur est quasiment nul. La hausse de la demande publique est compensée par une baisse de la demande privée. Seuls des effets redistributifs ou une certaine forme d’irrationalité des agents peuvent engendrer une stimulation par ce biais.
Ainsi,si la baisse des impôts profite à des individus dont la propension à consommer est élevée et touche des agents à faible propension à consommer, la redistribution peut se traduire par une hausse de la demande.
Exemple numérique
On suppose que la propension marginale à consommer le revenu est de 0,8.
Pour plus d’informations sur le mécanisme du multiplicateur, voir la question-réponse consacrée à l’efficacité de la politique budgétaire.