Winston Churchill avait coutume de dire que lorsqu’il réunissait trois économistes pour obtenir un avis de politique économique, il obtenait trois avis différents; et s’il l’un de ces économistes était John Maynard Keynes, il avait alors quatre avis différents. Pourtant, prenez trois économistes spécialistes reconnus du marché du travail – Bernard Salanié, Gilles Saint Paul, Pierre Cahuc – et demandez leur avis sur l’idée de verser un revenu complémentaire aux bas revenus pour les inciter à exercer une activité.
Leurs avis diffèrent certes : B. Salanié s’inquiète des effets pervers de la mesure et la considère comme moins efficace que d’autres; Gilles Saint-Paul y voit un pis-aller; Pierre Cahuc trouve l’idée potentiellement bonne mais s’inquiète de son coût. Mais tous disent :
– Qu’il est sain qu’enfin on reconnaisse l’existence de “trappes à pauvreté”;
– Que la mesure est très coûteuse;
– Qu’il serait bon de la comparer à d’autres mesures éventuellement plus efficaces (ou moins).
En d’autres termes, ce qui les unit pour discuter de cette mesure est beaucoup plus important que ce qui les sépare; Il y a certes dans le lot des économistes interrogés, une exception. Mais sur quatre avis d’économistes, en avoir trois très proches, et un nettement différent, c’est un progrès que Churchill aurait certainement apprécié.
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