Dans les commentaires d’un précédent billet, je disais mon scepticisme sur la définition trop restrictive à mon goût que certains donnent de la théorie néoclassique. Je n’ai pas retrouvé un texte de Hahn où il disait il y a un moment déjà la même chose que moi [1]. J’ai utilisé la définition donnée par Bernard Guerrien dans son “Dictionnaire d’analyse économique”. Hasard du calendrier, Dani Rodrik a écrit ceci dans un récent billet :
“I have never found neoclassical methodology too constraining when it comes to thinking about the real world in novel and unconventional ways. (…)To me it represents nothing other than a methodological predilection for deriving aggregate social phenomena from individual behavior–and as such it is a very useful discipline for any social science. You say people have some preferences, they face certain constraints, take others’ actions into account, and go from there. Neoclassical economics teaches you how to think, not what to think.”
Inutile de dire que je suis d’accord. Vous pouvez lire le reste du billet, qui n’est pas sans intérêt.
Notes
[1] Ouai, ouai, en fait, c’est l’inverse, je sais, je sais. Le bonhomme résolvait son premier lagrangien que je n’étais pas né…
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Bonjour,
Si je comprend bien, du point de vue de ce monsieur (et donc du votre), la théorie néoclassique est synonyme de "rational action theory" ? Why not… C’est bien ça ?
Il y a quelque chose qui m’echappe un peu, je pense. Si la theorie neoclassique se base sur le principe des choix rationnels, quel est la difference avec la micro economie ?
Je laisse la parole à Bernard Guerrien sur ce point qui mérite précision (mais qu’il est loin d’être le seul à expliquer) : “L’étude des comportements individuels, et de leurs inteactions, relève traditionnellement de la microéconomie, qui s’identifie donc à la théorie néoclassique. Mais il existe toutefois une autre approche de l’économie qui s’intéresse aux relations entre des variables (ou agrégats) qui caractérisent la situation de l’économie dans on ensemble : production, consommation et investissement d’un pays, masse monétaire, emploi, niveau des prix, etc. C’est la macroéconomie. Celle-ci est, en raison de son approche directement globale de l’économie [c’est moi qui souligne], peu compatible avec la démarche néoclassique (axée sur l’individu). Il est pourtant difficile de ne pas traiter des questions (importantes) abordées en macroéconomie ; en fait, les théoriciens néoclassiques se sont toujours intéressés à ces questions, qu’ils ont pendant longtemps abordés dans le cadre de la macroéconomie traditionnelle – ce qui n’est pas sans poser de problèmes de cohérence. Conscients de ces problèmes, ils ont, à partir des années soixante-dix, mis l’accent sur ce qu’ils ont appelé la recherche de ‘fondements microéconomiques de la macroéconomie’.
Le but recherché est d’obtenir une théorie unifiée, cohérente du pointd e vue de la méthode, dont la microéconomie et la macroéconomie seraient les grandes branches.”
Mon commentaire : c’est là que les emmerdes ont sérieusement commencé (grâce à des Sonneschein et alii). Mais c’est là aussi que tout est devenu plus clair et que des tas de travaux ont pu émerger en conservant certains acquis de la théorie néoclassique. C’est à partir de la matrice de la théorie de l’équilibre général que tous les chercheurs ont travaillé depuis. De sorte que, de mon point de vue, il faut fortement distinguer théorie de l’équilibre général et théorie néoclassique. La première n’ayant été qu’un passage conceptuel important de la seconde. Même aujourd’hui, les travaux qui sont publiés sont toujours comparés à ce que dit la théorie de l’équilibre général. C’est définitivement un modèle de référence qui donne des résultats puissants, qui ne demandent qu’à être dépassés. Un seul exemple, les Stiglitz et autres Akerlof sont des “néoclassiques”. Mais pas des “théoriciens de l’équilibre général”. Je rappelle la formule de Frank Hahn : la théorie de l’équilibre général nous en dit plsu sur les raisons pour lesquelles une telle économie pourrait ne pas exister que sur les raisons de trouver une économie qui fonctionne ainsi. Le point important, c’est que la majorité des économistes comprennent les choses de cette façon (je crois comprendre que c’est le cas de Rodrik). Mais les critiques vulgaires font comme si cette opinion n’était pas répandue. Ce qui est regrettable.
Comme je me sens un peu visé, je vais répondre en détail, et avec un clavier azerty une fois n’est pas coutume… Quel confort…
Bon, la citation de Rodrik et le fait que vou soyez d’accord, montre à mon avis deux choses :
– à quel point un certain nombre d’hypothèses qui n’ont rien d’évident sont fortement ancrés chez les économistes
– à quel point les économistes qui ne travaillent pas sur des domaines micro assez théoriques connaissent mal les fondements et implications des outils qu’ils utilisent.
Je m’explique, et je pense que l’on sera d’accord avec la définition suivante de l’économie néoclassique : méthode d’analyse des phénomènes économiques (voire sociaux) basée sur les comportements individuels qui découlent de l’optimization de préférences cohérentes (complètes, transitive, continues, en gros).
Maintenant, est-ce que cette méthode est neutre ? (comme le sous-entend : ou say people have some preferences, they face certain constraints, take others’ actions into account, and go from there. Neoclassical economics teaches you how to think, not what to think.")
Et bien, je ne crois pas, quelques exemples :
– et si mes préférences ne sont pas transitives, qu’est-ce qu’il se passe, quelle décision est-prise par notre agent, quelle description peut être donnée du comportement ? Mieux, où sont les optima de pareto ??
– si pour une raison ou pour une autre, et des raisons empiriques, il y en a pas mal, l’une des hypothèses sur les préférences n’est pas vérifiée, alors on ne peut plus représenter ces préférences par des fonctions d’utilité (et adieu lagrangien, condition du premier et deuxième ordre etc etc…). DONC, la vision néoclassique implique une certaine forme des préférences…
– mieux la rationalité supposée des comportements implique également beaucoup de choses du point de vue de l’optimalité. Si j’achète tel ou tel produit, c’est parce que je préfère ce produit, et non pour toute une série de raisons plus ou moins arbitraire, voire de raisons pas du tout optimale… Ca change donc fortement l’interprétation…
Ce que je veux dire précisément, c’est que soit les préférences/rationalité sont des hypothèses dont on n’admet qu’elles soient purement instrumentales et ne correspondent à rien (auquel cas on arrête l’économie normative centrée sur l’optimum de pareto, puisque les préférences sont juste une façon de décrire les comportements et pas la référence à quoi que ce soit de tangible), soit elles sont tangibles (et alors il faut accepter de les confronter aux données empiriques problématiques, et c’est pas ce qui manque, et expliquer pourquoi elles ne "marchent" pas dans certaines circonstances.
Et d’une manière générale, dire qu’on ne voit pas en quoi la méthodologie néoclassique contraint le type qui fait des modèles… on croit rêver :
– en macro. cela nous mêne nulle part (je ne considère pas que la nouvelle macro économie classique soit néoclassique, ce qui est culotté de ma part, mais bon, cf. agent représentatif et pas diversité d’agents), le th. de Sonnenschein-Mantel-Debreu montre que l’on n’a pas conservation des caractéristiques individuelles ou niveau collectif, donc la contrainte néoclassique pour la macro. est "on ne peut rien dire".
– en micro (genre marchés imparfaits, ou plus exactement théorie des jeux appliquée), bah les contraintes sont tout bonnement énormes puisqu’il faut spécifier dans n’importe quel modèle la totalité des informations pertinentes pour nos agents, ce qui est tout bonnement énorme… (par exemple, common knowledge of rationality)
Donc, dire que ce n’est pas contraignant est triplement faux :
– cela véhicule une image/interprétation de l’agent économique (disons un humain) tout à fait particulière
– cela n’apporte pas grand chose lorsque l’on s’intéresse sérieusement et rigoureusement aux marchés aggrégés
– cela demande une "sur-spécification" des institutions à l’intérieur des modèles où tous les cas doivent être considérés et "rationalisable" (par ex. pas d’incertitude radicale, parce que l’on n’a pas la moindre d’idée de comment un agent rationnel se comporterait en situaiton d’incertitude radicale).
En fait, tout ce que vous nous racontez est archi-connu. Je vous remercie pour ce long commentaire, car ce n’est pas inutile de le répéter. Mais il confirme qu’on n’est de toute façon, pas sur la même longueur d’ondes. Quand un mec comme Rodrik écrit ce que j’ai repris, c’est simplement pour dire que le cadre néoclassique permet de penser assez librement, sans vouer un culte. L’ensemble de son article, qui est aussi une critique de la façon dont l’économie néoclassique est parfois pratiquée, doit en convaincre (je me rappelle m’être entendu dire, à mon petit niveau, lorsque je faisais mon mémoire de DEA, que la structure d’impôt que je proposais n’était pas “standard”, c’est-à-dire que ce n’était pas comme ça qu’on le modélisait dans ce genre de modèle. Pourtant, ça bouclait… Ce qui m’avait un peu interloqué). En d’autres termes, années après années, la méthodologie néoclassique permet des écarts, même considérables, à sa doctrine de base. Sans économie néoclassique, il n’y aurait pas eu de Vernon Smith, d’Akerlof et autres francs tireurs dont la liste commence à être drôlement longue. Même chez nous, les travaux régulationnistes ont pu s’améliorer par l’intégration de schémas largement néoclassiques (dans les années 90, autour de la croissance endogène, par exemple, je me rappelle d’une conf de Boyer où je me suis dit, avec beaucoup de jubilation du reste, “Merde, ils ont disjoncté au CEPREMAP”). Au final, ce que vous semblez appeler une impasse a conduit à suffisamment de progrès dans la compréhension des phénomènes économiques pour qu’on y attache encore de l’importance. Elle permet aussi d’introduire des changements sans que le monde ne s’écroule. Tout au plus, ce sont des théorèmes qui disparaissent au passage. Ce n’est pas sans poser des problèmes (ça remet en cause certains résultats importants que vous citez), mais cela ne signe pas la fin de l’histoire. Beaucoup d’anciens spécialistes de la théorie de l’équilibre général sont largement passés à autre chose. Quand on voit par exemple Alan Kirman, qui a signé un retentissant article sur l’agent représentatif, et qu’on observe ce qu’il a fait ensuite, on voit très bien que loin d’avoir été du temps perdu, l’économie néoclassique (et la théorie de l’équilibre général), a ouvert bien plus de portes qu’elle n’en a fermé. Finalement, et c’est ce que Rodrik semble dire, elle donne encore un cadre de réflexion méthodologiquement non dépassé. Vous dites que ceux qui ne font pas assez de micro parlent sans savoir. Je crois que vous ne pensez pas de la même façon un cadre méthodologique. Sur ce site, par exemple, nous avons toujours défendu un point de vue méthodologique assez souple : il y a une méthodologie en place, il y a des gens en dehors. Quand les gens en dehors pointent des problèmes intéressants, alors il faut regarder (même, surtout, quand ils ne sont pas économistes). Quand ceux qui sont en dedans maltraitent l’arrière-train des mouches et concluent des choses normatives radicales sur le monde tel qu’il est, il ne faut pas s’y intéresser (voir la citation, un peu tronquée il est vrai, de Debreu dans notre bêtisier, sur la supériorité du libéralisme et certains aspects de Becker). Que proposer de mieux à l’heure actuelle que ce que raconte, parmi beaucoup d’autres, Rodrik ?
A défaut de percer dans l’orthodoxie (nombre d’économistes plus nombreux, donc concurrence plus rude) il peut être rationnellement plus efficace (en terme de popularité) de décrier cette orthodoxie. Je pense que la théorie néoclassique arrive même expliquer le choix pour un économiste d’être hétérodoxe.
C’est effectivement un positionnement marketing pour certains. Il est plus facile de faire du buzz sur du vent (vous avez vu le succès de ce site. Sans rire, si on faisait de la recherche, on aurait trois lecteurs. Gizmo le dit dans un autre commentaire, sachant qu’elle peut faire l’expérience naturelle de comparer sa page de recherche et son blog). Mais il faut se garder de généraliser.
J’ai remarqué quelque chose, quand les gens critiquent la théorie dominante, ils ne critiquent jamais la théorie des incitations, jamais la théorie des externalités, jamais la recherche macroéconomique qui porte sur l’hétérogéneité (appliquée surtout aux marchés financiers)etc. Bref, ils critiquent jamais la science économique d’aujourd’hui. Ils passent leur temps à cracher sur les articles de Walras ou de Débreu (des théories dépassées depuis des lustres) . Et je pense que c’est ce qui fait la différence entre hétérodoxes français et hétérodoxes anglo-saxonnes. Dans les pays anglo-saxonnes, quand les hétérodoxes sont pas d’accord, ils se contentent pas de bla-blater, ils proposent toujours une alternative (Keynes à son époque, Stiglitz, H. Simon etc.) en France, à part quelques rares (Boyer, Orléans), beaucoup passent leur temps à faire du bla bla. Je suis étudiant dans un master recherche, je ne suis pas d’accord avec tout ce que la théorie dominante m’enseigne. Mais ce que j’aime chez elle, c’est sa force à me donner des outils qui me permettront demain de proposer des résultats qui peuvent même être à l’opposé de ce qu’elle m’enseigne. D. Rodrik a raison quand il dit que "Neoclassical economics teaches you how to think, not what to think."
@ Arcop : Il existe une autre méthode en économie, qui est la méthodologie de l’école autrichienne. (Précision pour Alexandre : je ne suis pas du tout rothbardien, j’ai même un certain dégout pour le personnage). Cette méthodologie est beaucoup plus économe en hypothèses que l’approche néoclassique. Toutefois, ses résultats sont souvent beaucoup plus radicaux que ceux des néoclassiques, ce qui ne devrait pas vous plaire. 😉
Au cas où ça vous intéresserait tout de même, je signale "Principles of Economics", de Carl Menger, le livre qui a fondé l’école autrichienne ; mais aussi l’inusable "Action Humaine", de Ludwig von Mises (1000 pages, très pratique pour caler un meuble) ; et l’intégralité de l’oeuvre de Hayek (encore que ce dernier n’était pas tout à fait dans le "mainstream autrichien"). Pour ce qui est de la vulgarisation, on trouve par exemple "An Introduction to Economic Reasoning" de David Gordon, ou "Economics for Real People", par Gene Callahan.
@ SM : Il serait d’ailleurs très intéressant d’étudier quelles sont les incitations qui poussent certains économistes à se déclarer "autrichiens", ou à ne pas le faire. 🙂
Plusieurs points rapides (qwerty desole):
– pour parler d’Alan Kirman (on pourrait parler de son coauteur Hildenbrand et de bien d autres), je vois pas bien comment le fait d avoir passer x annees sur l equilibre general est crucial dans ce qu’il fait maintenant (a part se rendre compte et le rendre clair a pas mal de gens, que c’est une impasse). Notez bien que je ne dis pas qu’il faille considerer que ce n’etait pas des avancees scientifiques majeures. Je dis simplement qu’il est temps de bouger (depuis pas mal de temps d ailleurs).
Eh bien, je n’ai rien contre l’idée de bouger. Mais j’ai la faiblesse de penser que les modèles d’interactions sont un prolongement naturel et intelligent d’un demi-siècle de théorie néoclassique. Pour moi, il n’y a pas la rupture que vous annoncez. Et, encore une fois, le billet de Rodrik est assez symptomatique de cet état d’esprit.
– pour ce qui est des gens qui ne font pas assez de micro (ou qui ne connaissent pas assez bien les fondements theoriques de leur objet), je parle des economistes en general qui feignent de croire qu’il n’ y a aucun probleme theorique, ni empirique, ni "philo" avec le cadre pref/rationalite… Quand on regarde (ce que je ne fais pas trop trop souvent, j’avoue, du moins moins souvent que pour des modeles plus abstrait/theoriaues) les modeles "appliques" mais on n’a parfois l’impression d’etre 50 ans en arriere, vu les hypotheses…
– et sinon, pour ce qui est de la defense de la methodologie sur la base de " c’est contre elle que se construit la theorie ‘scientifique d’aujourd’hui’ ", avec cette idee on peut defendre n’importe quoi…
Je crois que vous avez vraiment mal compris ce qui m’intéresse dans cette histoire. Globalement, c’est de savoir si la boîte à outils néoclassique est productive ou pas. Pour moi, elle l’est.
– sinon, un petit defi legerement exagere et provoc: "Au final, ce que vous semblez appeler une impasse a conduit à suffisamment de progrès dans la compréhension des phénomènes économiques pour qu’on y attache encore de l’importance. " Donnez moi un exemple qui depende de lq methodologie neoclassique precisement.
Là, franchement, et je crois que vous le percevez, vous êtes en train de jouer au pénible. Quoi que je vous sorte, dans quelque domaine que ce soit, vous chercherez à montrer que ça n’a servi à rien, que c’est une impasse ou, plus vraisemblablement, que ce n’est pas un acquis néoclassique. On risque d’y passer un moment. Ensuite, je vais vous demander “Bon, et qui a fait faire des progrès ?” et vous serez énervé de me voir vous renvoyer l’ascenseur. Je n’ai donc pas le courage de relever… Deux choses :
– si je tiens la position que j’ai, ce n’est pas au nom de la “scientificité” de l’économie. Vous aurez du mal à trouver dans mes textes sur ce site – ou ailleurs – le mot “science” , hormis dans l’expression commune “science économique” que j’emploie parfois, par commodité (comme je dis “sciences sociales”). Suivant de tout coeur Keynes, je préfère avoir vaguement raison que précisément tort. C’est pour cela que régulièrement je rappelle à ceux qui veulent du jour au lendemain faire table rase qu’ils ne proposent rien de mieux à ce jour en matière méthodologique et que le cadre existant permet de dialoguer plus simplement et de le dépasser quand on y voit un intérêt.
– vu que je n’attache qu’une importance assez instrumentale à la méthodologie (ce qui m’intéresse, c’est de savoir si on comprend mieux certaines choses aujourd’hui qu’hier), je n’accepte pas plus l’intégrisme néoclassique. Le fait qu’on me dise que tel modèle est incontestable parce qu’il est fait selon les canons me laisse de marbre. Mais il se trouve qu’en France, le simplisme n’est que rarement du côté des gens qui se réfèrent à un cadre néoclassique.
@ Albert Nonyme
Je sais bien qu’il existe une ecole autrichienne. Mais il existe tout un ensemble d’autres ecoles, avec des methodologies un peu differentes Mais je ne pense pas que la theorie de l’action de Von Mises change grand chose aux difficultes a mon sens de la theorie neoclassique.
@ NS
Quelques precisions neanmoins:
– bien sur que si "des" gens critiquent des theories contemporaines, par ex. les incitations (voir motivation intrinseque par ex.). Et on ne peut pas ne pas implicitement critiquer la theorie "standard" sans critiquer les externalites (qui n en sont qu une extension, presque "triviale" d’un point de vue conceptuel, "certains biens/qualites/situations ne passent pas par le marche")
– je suis pas sur que les theoremes de Debreu soit depasse depuis des lustres (celui de Walras etait faux dans sa preuve: "n equations a n inconnues, donc une solution"), que ce soit en terme de representation des preferences (cela a ete ameliore) ou meme en terme d’equilibre general, ou du caractere arbitraire des fonctions d’exces de demande. Evidemment cela a ete approfondi, mais depasse…
– pour ma part, je ne critique pas la theorie d equilibre generale, mais plutot la theorie des jeux (ou plutot ses fondements) et l’utilisation qui en est faite dans la modelisation des phenomenes economiques…
Peut-etre suis-je penible… Mais, vous avez lance ce topic… et lorsque je conteste certains elements (la neutralite de la methodologie par ex. ainsi que son caractere fructueux), vous ne faites que dire que vous pensez le contraire sans me donner d’autres arguments que des exemples contestables.
Maintenant, si vous considerez comme vous l’indiquez que la methodo. preference/rationalite est purement instrumentale, tres bien. Mais alors que faire des tonnes de donnees empiriques qui pose probleme (puisqu’en effet, dans un nombre de situations incalculables, les agents economiques ne se conduisent pas "comme si" ils maximisaient des fonctions d’utilite ???
Moi egalement, je prefere avoir vaguement raison que precisement tort… mais alors pourquoi defendre cette vision du comportement??? Par ailleurs, je doute que l’on puisse faire de Keynes un adepte de la methodologie neoclassique (rigidite a la baisse des salaires reels, esprits animaux, et loi psychologique fondamentale par ex.)
"C’est pour cela que régulièrement je rappelle à ceux qui veulent du jour au lendemain faire table rase qu’ils ne proposent rien de mieux à ce jour en matière méthodologique et que le cadre existant permet de dialoguer plus simplement et de le dépasser quand on y voit un intérêt."
Mais, le probleme n’est pas de faire table rase (on peut tres bien garder beaucoup de choses, l’analyse en terme d’equilibre, l’individualisme methodologique). Quant a la question de savoir si personne ne propose un cadre permettant de le depasser, c’est tout simplement parce que la plupart des economistes defendent sur ces bases leur cadre, donc ce n’est meme pas la peine de le depasser… Sans compter qu’il n y a aucune incitation a le faire…
Toute l’energie deployee a construire des modeles secondaires sur rationalite/pref aurait tres bien pu l’etre dans une remise a jour des bases methodo. Mais les incitations n’etaient pas la…
Ce que vous écrivez confirme ce que je pense depuis un moment : on n’est pas d’accord sur ce qu’on peut appeler économie néoclassique (vu que ce que vous voulez en garder me paraît l’essentiel). Je considère que les travaux de beaucoup de gens jugés comme hétérodoxes sont structurés autour de la théorie néoclassique. Ce qui semble normal, du reste. Ce qui m’interpelle, c’est que l’économie évolue clairement depuis 20 ans et que personne parmi les bons ne semble vraiment vouloir démolir cette logique. Visiblement, vous avez une aversion pour l’idée que l’économie néoclassique aurait encore une valeur en soi. Dans ce cas, disons l’économie tout court. Bon, je vais finir par faire un billet pour préciser certains points. Si vous nous disiez sur quels genres de travaux vous êtes, peut-être que je pourrais vous donner mon point de vue sur ceux-ci en regard de la définition large de “néoclassique” que je retiens.
@Arcop,
à votre plume alors, qu’entendez vous pour dépenser beaucoup d’energie et nous proposer une alternative. On peut pas à la fois adhérer à un concept et réfléchir en même temps à une alternative pour le changer. Par conséquent, ne demandez pas aux économistes qui croient au duo rationnalité/préférence de réfléchir sur autre chose. Ca rejoint ce que j’avais dit plus haut. Avec vos convictions, un hétérodoxe anglo-saxon se "casserait" la tête pour proser autre chose, en France on écrit des tonnes pour criter jamais pour proposer une alternative. Peut être que ça fait partie de l’exception culturelle.
@ ns
je ne crois pas qu’il faile considerer les choix methodologiques comme les choix religieux. Je ne pense pas que la theorie A marche, cela ne m’empechera pas de la tester, en toute bonne foi.
Ensuite, le coup des francais qui ne font que parler… Pffff… Je suis presque sur que les economistes fr sont surrepresentes dans les publi au regard de l importance du pays dans le monde… meme s’ils ne restent pas en france, il faut dire qu’ils ne sont pas forcement bien traites…
"qu’entendez vous pour dépenser beaucoup d’energie et nous proposer une alternative"
"Avec vos convictions, un hétérodoxe anglo-saxon se "casserait" la tête pour proser autre chose"
excusez moi, on se connait ? vous connaissez mes travaux ? Par ailleurs vous connaissez suffisament bien la prod scientifique contemporaine pour pouvoir supposer qu’aucune alternative n’est proposee ??
Je me permets d’intervenir en toute neutralité (méthodologique ?) pour signaler que si ns est caricatural, c’est peut-être parce que vous n’avez pas donné assez d’indications sur ce que vous appelez alternatives. Il a probablement tort d’assimiler hétérodoxes et guignols, mais force est de constater qu’en France, il existe des gens se proclamant hétérodoxes qui sont des guignols. Et force est de constater que c’est principalement à cause d’eux que je peux publier des défenses spontanées de la “théorie dominante” (quitte à risquer de couvrir ses propres guignols au passage).
SM
@arcop
je ne range pas tous les hétérodoxes français dans le même panier. Ca fait un bon moment que je suis plongé dans "Leçons de microéconomie évolutionniste" d’André Orléan parce que c’est un travail remarquable même si c’est le travail d’un hétérodoxe. Si tous les hétérodoxes français étaient genres Orléan, Boyer, Aglietta, les choses seraient mieux. Mais, je suis désolé, ils sont un spécimen rare dans le champs des hétérodoxes français. La catégorie J. Sapir est plus nombreux dans ce pays.
Pour aider à clarifier les choses (enfin surtout pour moi) : considérez-vous que le dernier ouvrage de Douglass North ("Le processus du développement économique") relève de la théorie néoclassique au sens large telle qu’elle relève de votre définition ?