Via Etienne Wasmer, une étude sur les jeunes économistes américains affirme : « Many commentators who criticise economists as obsessively mathematical and unempirical have a view of economics that is now out-of-date. ». M’est avis que notre voisin économiste du travail avait un petit sourire aux lèvres quand il a publié ça (voire un gros). Il a bien raison, il ne faut pas se refuser certains petits plaisirs…
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La question est, me semble-t-il : vaut-il mieux un article empirique sérieux, fondé sur une théorie solide ou un article théorique un peu bancal mais qui contribue à la création théorique…
pour faire un peu des deux, j’avoue que se tordre les méninges sur des articles théoriques me plait plus que de lancer trois régressions économétriques et de discuter l"’hypothèse IIA, mais aujourd’hui, on nous pousse, nous jeunes chercheurs, à raccourcir les délais et à contribuer à la recherche empirique… donc je pense que les articles empiriques ont encore de beaux jours devant eux…
et puis il faut quand même reconnaître que les deux sont ultra complémentaires : un gars pond une théorie et pendant 25 ans, 150 chercheurs cherchent à prouver ou à remettre en cause empiriquement les tenants et les aboutissants des propositions théoriques…
Réponse de Stéphane Ménia
L’économie empirique sans théorie, ça n’existe pas, bien sûr.
Je viens de lire un papier (enfin un chapitre de bouquin) qui identifie et explique très bien ce phénomène de "l’empirisation de l’économie": "After the « New Economics », pragmatist turn ?" de William Milberg dans "Dewey, Pragmatism and Economic Methodology" (2004), éditions Routledge.
Selon l’auteur, l’économie standard est passée par trois phases : l’approche en terme d’équilibre général totalement axiomatisée et hypothético-déductive, la "New Economics" qui abandonne une grande partie de l’axiomatisation et s’appuie sur des faits stylisés et un plus grand empirisme et un tournant inductif.
Il apparait que la New Economics a été conçu comme une réponse à la trop forte abstraction des modèles d’équilibre général et comme un moyen pour développer une approche plus réaliste. Dans le papier, l’auteur prend l’exemple de la nouvelle économie internationale. Quant au tournant inductif (un papier de Dani Rodrik est cité en exemple notamment), il s’expliquerait directement par le supposé manque de robustesse et le caractère ad hoc des modèles à base de théorie des jeux de la New Economics.
Le point intéressant qui est mis en valeur est qu’on pourrait assister aujourd’hui à une résurgence du fameux débat sur la "mesure sans théorie" qui avait opposé Burns et Mitchell à Koopmans dans les années 40.
Empirisation de l’économie, vampirisation de l’économie ? (vite, avant que Gizmo ne la fasse…)
Une question stupide, mais simple, pour essayer de comprendre :
la loi de Paretto, c’est de la théorie ou de l’empirisme ?