Remarques rapides sur le foot, un blog défunt et la dette publique.
Liverpool battu
Revanche de la finale de 2005. Mais on a bien cru que les anglais allaient refaire au Milan AC le coup de la dernière fois…
Le blog de François Dubet
Cela vous a peut-être échappé, mais le blog de François Dubet sur le site du nouvel obs a disparu sans crier gare. Pour être tout à fait exact, il a fermé le 6 mai, sitôt les résultats du second tour publiés. Vous en déduirez peut-être que le sociologue a été vexé par la défaite de Ségolène Royal, qu’il avait soutenue. En réalité, les choses sont très différentes. Les billets de Dubet étaient pas mal dès le départ. L’auteur se débrouillait très bien dans l’exercice. Oui, mais voilà. Victime de quelques trolls de la pire espèce (vraiment des sales types), son blog n’a pas pu vivre sereinement. Dubet ne s’attendait sûrement pas à cela. Il en a très certainement tiré comme conclusion qu’il ne servait à rien de continuer une fois la campagne achevée. C’est bien dommage.
La dette et les générations futures
J’ai lu quelques pages sur l’environnement ces temps-ci. D’où cette petite histoire tout à fait naïve. Imaginez que l’on puisse trouver une solution aux problèmes des gaz à effet de serre en investissant lourdement dans la recherche fondamentale. Imaginons que l’idée soit portée par un financement public et qu’elle conduise à accroître la dette de façon significative sur plusieurs années. Cette dette est-elle un fardeau pour les générations futures ? Serait-il opportun de renoncer à ces dépenses dans le but de se plier strictement aux prescriptions de certains rapports assez récemment publiés ou de suivre les propositions de certains candidats à la présidentielle ?
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Je ne sais pas si le raisonnement que vous proposez ne gagnerait pas à être durci : la recherche sur des procédés de lutte contre la production de gaz à effet de serre pourrait donner lieu à brevets (on le fait bien pour les médicaments y compris lorsqu’ils sont la seule solution aux pandémies), donc, à rétribution de la recherche par les mécanismes habituels du marché, et donc, plaider pour une recherche financée par des fonds publics me semble difficile. Par ailleurs, il semble difficile de donner un financement public, dont, à peu près nécessairement national à un problème à priori mondial : c’est tout le problème de la recherche contre le Sida, la grippe aviaire ou même tout simplement la tuberculose ou le paludisme.
Bof, il n’y a pas d’impossibilité de principe, de quelque ordre que ce soit, à ce que des fonds publics financent ce genre de choses. Il fut même un temps pas si lointain où l’on considérait que la recherche fondamentale avait vocation à être principalement financée sur fonds publics, en raison des montants importants en jeu et de l’incertitude élevée attachée à ces recherches, y compris quand des brevets étaient à la clé. Que l’on soit revenu là dessus pour signifier que les marchés financiers étaient tout à fait aptes à gérer ce genre de risques n’exclut pas la possibilité d’un tel choix. Quant à la question du financement au niveau mondial, ben, là aussi, pas d’impossibilité de principe. Vous financez bien la PAC avec de la TVA nationale… Mais il n’est même pas nécessaire d’aller si loin dans l’intégration du financement. Le fait que le problème soit un bien public mondial n’implique pas de trouver une solution technologique produite au niveau mondial. A moins que vous ayiez en tête l’invention miracle qui fera se mettre les pays du monde entier autour d’une table et les conduira à tous signer un protocole de type Kyoto…
Félicitations au capitaine Maldini et à toute l’équipe, ça fait du bien cette victoire nette, 2 ans après la terrible désillusion d’Istanbul.
Sinon juste une question bête. Vous avez rappelé dans un post précédent que la dette public n’était bien entendu pas la dette de la France ou la dette extérieur (bye bye Breton).
Donc dans le cas d’une grande entreprise "française", comme Total ayant un actionnariat très fragmentaire et dont le premier actionnaire est belge (Albert Frère avec 5%). Si Total a des engagements vis à vis d’une banque américaine (vu les bénéfices actuels et ce qu’ils en font j’en doute), est-ce que cette dette doit être comptabilisée comme partie de la dette extérieure française, malgré la réalité de l’actionnariat de l’entreprise ?
Le projet ITER ne ressort-il pas de cette catégorie ? (je veux dire, pas de la catégorie des loosers comme Liverpool, mais des projets de recherche fondamentale, risqués, mais éventuellement très rémunérateurs, si la fusion peut être développée en procédé industriel)
Indépendamment du sujet – l’environnement ou autre -, je dirais que la dette publique EST un fardeau pour ceux qui la rembourseront. La meilleure défense de ce point de vue que j’aie lue est donnée dans le texte de J.Buchanan "Public principles of public debt, a defense and restatement" :
http://www.econlib.org/library/B...
Sa thèse tient en trois point qui contredisent le point de vue qu’il qualifie "d’orthodoxe" sur la dette publique :
1. La charge de la dette publique est reportée sur les générations futures.
2. L’analogie entre dette publique et dette privée est fondamentalement correcte.
3. La dette extérieure et la dette intérieure sont fondamentalement de même nature.
L’explication tient au fait que le raisonnement orthodoxe n’est valable que pour la collectivité vue comme un tout tandis que Buchanan raisonne au niveau de l’individu.
(merci à Alexandre qui m’a fait connaître cet auteur, ce qui ne veut pas dire qu’il partage son opinion d’après ce que j’ai lu sur Econoclaste)
Autre scenario hypothétique tout aussi "naïf" que le votre.
Imaginons qu’on crée une lourde administration publique du réchauffement climatique, qu’on la dote de moyens importants, que cela accroisse la dette publique de façon significative sur plusieurs années. Mais que cette administration soit mal gérée et inefficace, que la décision de la créer ait porté sur des critères politiques et non scientifiques, que le gros du financement s’évapore dans l’empilement des couches bureaucratiques et que le reste soit employé à des projets de recherche mal définis, mal dirigés. Bref qu’au bout du compte, on n’ait pas trouvé la solution au réchauffement climatique. Imaginons qu’on se retrouve quelques décennies plus tard avec une dette qui a explosé mais pas la moindre idée des investissements qu’elle aurait servi à financer (toute ressemblance avec une situation connue ne serait pas fortuite)
Cette dette est-elle un fardeau pour les générations futures ? Serait-il opportun de renoncer à ces dépenses dans le but de se plier strictement aux prescriptions de certains rapports assez récemment publiés ou de suivre les propositions de certains candidats à la présidentielle ?
Et surtout, comment fait on la différence ab initio entre le premier scenario (le votre) et le deuxième (le mien)?
La question de la dette et des déficits publics n’est pas une question économique mais un problème de gestion (c’est beaucoup moins glamour). Quand on saura mettre en oeuvre le degré 1 de la gestion (suivi et valorisation des actifs, évaluation des politiques, analyse des résultats…) on pourra abandonner le degré 0 (contraintes rigides sur les dépenses).
@Passant, je vous rassure tout de suite, tous les procédés nouveaux susceptibles de réduire l’effet de serre sont brevetable. Il n’y a pas d’exclusion de ce domaine.
Pour en revenir à l’article. Si on était sûr que la recherche fondamentale produit les résultats attendus, il n’y aurait pas de problème de financement. Il pourrait venir des états, mais des investisseurs privés se battraient pour mettre des sous.
Le problème, c’est que la recherche est un investissement très risqué. Monopoliser l’argent public pour la financer, c’est la soumettre à d’autres critères que le simple ROI. Et donc avoir la garantie que cet argent ne sera pas dépensé au « mieux » dans une optique d’investissement.
Il y a, depuis le début de XXI° siècle, une évolution majeure : les investisseurs privés ont acquis une capacité d’investissement supérieur à celle que peuvent dégager les états pour le financement de projet précis. Si un vaccin contre le paludisme voit le jour, ce sera grâce à Bill Gate. Et pourtant, il existe depuis plus de 50 ans, des recherches financés sur fond public qui s’attaquent à ce problème.
Je connais des tas d’universitaires aux États-Unis qui recherchent contre le Sida, le cancer, la tuberculose, le paludisme sur financement public, notamment sur bourse du National Institute of Health. Et aussi tout un tas d’universitaires qui mènent des travaux sur les mêmes sujets sur financement privé, notamment en Allemagne, sous l’égide de Bayer.
J’ai même eu vent récemment (aux US) d’une série de projets concernant le réchauffement climatique qui seraient partiellement financée par des instituts publics.
Comme quoi…
Gizmo : je ne serai pas forcément très optimiste sur la capacité d’Iter :
http://www.project-syndicate.org...
Pour répondre à la question de SM, et à l’objection de libéral, la recherche fondamentale n’a pas vocation à faire l’objet de ce genre de mesure d’évaluation. Si on commence à faire de la recherche avec un objectif, on sera forcément déçu. La recherche publique sert précisément parce qu’elle ne sert à rien d’autre qu’accroître les connaissances, ce qui est un bien en soit, avant d’être utile.
Dans ce cas, pourquoi ne pas laisser les fonds publics des autres nations financer la recherche fondamentale (éventuellement, avec des chercherus français) et nous contenter d’en profiter ?
Après tout, il ne serait pas illogique, au sein de l’UE, d’évaluer toutes les administrations existantes de la recherche, déterminer laquelle est la meilleur, et lui faire gérer la totalité des budgets public de recherche fondamentale et/ou non, puisque la question centrale semble être la question de productivité de l’administration et l’évaluation de la recherche bien plus que celle du coût ou de la productivité de la recherche elle-même.
Qui est le "on" qui pense que la recherche fondamentale n’a pas vocation à etre financée en priorité sur fonds publics ?
En tout cas, ce n’est pas le secteur privé, puisqu’il a eu tendance ces dernières années à se désengager de la recherche fondamentale (voir par exemple aux Etats-Unis le démantèlement des Bell Labs, et le recentrage de la recherche d’IBM sur des "business problems").
Face à ce désengagement, les financements publics sont plus nécessaires que jamais.
Remarques sur la recherche médicale :
– s’il est possible qu’un vaccin pour le sida provienne de la recherche privée, pour le palu, c’est extrêmement douteux. En effet, les industriels du médicaments regardent le marché potentiel, et sauf si plasmodium remonte vers le Nord en même temps que les températures …
et si ça fait 50 ans qu’on cherche, c’est parce que c’est un rien peu compliqué
– les dépenses pubs desdits industriels sont supérieures à celle de la recherche
– ce qui sort depuis 20 ans, ce sont des resucés (exemple type, les anti allergiques), rien d’innovant sauf niche
– ou alors ce qui sort ne sert pas à grand chose, et en plus crée des déboires à son fabricant (Vioxx°, Avandia°) dans un second temps
Je crains fort que les dettes publiques ne s’éteignent jamais malgré la vaillance de gestionnaires aussi zélés ,que distingués,même s’ils coupent tout crédit à la recherche fondamentale(qui s’étend de la fusion nucléaire à la préhistoire en passant par la génétique moléculaire).En revanche s’ils ne disparaissent pas comme d’autres espèces animales, les chercheurs, issus de l’université en péril,risquent d’en arriver au seuil minimal de reproduction.D’ailleurs nous venons d’apprendre de notre ministre en charge de la recherche et des universités que nous allons les regrouper dans des zoos humains appelés "Pôles d’excellence"(par opposition,bien sûr aux pôles de médiocrité actuels).Le désinvestissement public sera peut-être compensé ,quantitativement, par l’investissement privé mais quid du qualitatif?Le technologique prendra sans nul doute le pas sur le fondamental,car comment justifier auprès d’un manager privé les digressions non imédiatement productives de professeurs Nimbus universitaires.C’est sûrement contributif au progrès technologique de rapprocher les universités des industriels mais peut-on compter sur la perrénité des sites industriels à notre époque de délocalisation éffrénée d’une part,et sur l’intérêt que pourra porter un gestionnaire à des domaines aussi financièrement porteurs que l’ethnologie ou même la physique théorique.Quand de surcroit,les ANPE ont du mal à reclasser les docteurs es sciences dans le bâtiment et les docteurs en sciences humaines dans la restauration rapide,on peut espérer que tout un pan de la dette publique sera résorbée par la désaffection des étudiants aux thèses de recherche,pour se tourner vers…la finance et la gestion.