Refuser un repas gratuit, voire payer deux fois l’addition est facile. Pour preuve ce salarié qui existe vraiment (nan, je dis pas qui c’est…) et qui refuse de percevoir l’intéressement, au prétexte que “ah, non, ça va me faire encore augmenter mes impôts, je vais passer une tranche, ce n’est pas intéressant, je préfère ne rien toucher.”. Vous vous pincez ?
Add : pour des explications sur les taux marginaux net effectifs (différents du taux marginal affiché par l’IR du fait d’effets de seuil), voir par exemple le rapport de Bourguignon au CAE
On a tous rencontré des mal-informés de la fiscalité sur les revenus, qui cherchent à vous démontrer par a plus b que, oui, il existe un mécanisme machiavélique dans l’impôt sur le revenu qui fait que vous pouvez gagner moins en gagnant plus, parce que le fisc vous prélève non seulement la totalité de votre revenu marginal mais, en plus, vous en prend encore pour vous punir d’avoir osé gagner plus. Dans cette catégorie, j’entends ceux qui se situent dans une situation fiscale où aucun, absolument aucun mécanisme de seuil ne peut les pénaliser (tel que la perte de transferts sociaux en parallèle à la hausse de vos revenus et donc de l’IR). Un salarié de la classe moyenne sans revenus autres significatifs que son salaire en est l’archétype.
Bien sûr, on peut dire “je ne souhaite pas gagner plus, le jeu n’en vaut pas la chandelle.” Mais de quoi s’agit-il ? Il s’agit de savoir si travailler plus pour gagner une somme qui sera imposable, éventuellement à une tranche supérieure, compensera la désutilité liée au supplément de travail. C’est un arbitrage entre travail et loisir élémentaire. Dans l’exemple cité, il n’y a aucun arbitrage entre travail et loisir ! L’intéressement (optionnel contrairement à la participation, obligatoire sous réserve que l’entreprise remplisse certaines conditions) ne réclame aucun travail supplémentaire, puisqu’il est supposé récompenser la qualité d’un travail passé. Tant est si bien que le refuser sous un prétexte fiscal peut s’apparenter à refuser l’héritage d’un vieil oncle d’Amérique, à la seule raison que le fisc en retiendra une partie. Ou laisser un billet de 20 euros par terre parce que vous espériez trouver un billet de 50 euros.
Le mécanisme de l’impôt sur le revenu est pourtant d’une simplicité arithmétique éprouvée. Votre revenu est découpé en tranches, fixées par la loi de finances. Chaque tranche est imposée à un taux donné. Ce taux augmente au fur et à mesure que la tranche considérée est élevée (c’est le mécanisme de progressivité de l’impôt). Vos premiers milliers d’euros sont moins taxés que les suivants. Mais sur chaque tranche, une partie vous est laissée. Le maximum qu’on puisse vous prélever est de 40%. Même dans ce cas là, sur un euro perçu, vous gardez encore 60 centimes. Vous pouvez toujours considérer que c’est trop faible. Mais de là à refuser de percevoir cette somme…
Je vois des sceptiques. A ceux là, je conseille une altenative : soit vous allez effectuer des simulations sur le site des impôts. Faites plusieurs simulations avec une hausse de vos revenus déclarés à chaque nouvelle simulation. Vous verrez que votre revenu après impôt est toujours supérieur à votre revenu net d’impôts lors de la précédente simulation ! Soit, si vous vous ne faites pas confiance à cet instrument manipulés par les forces de la confiscation organisée, vous pouvez tout aussi bien faire vos simulations dans un tableur à partir des taux légaux, disponibles ici. Bien sûr, si ce n’est pas pour estimer votre véritable impôt sur les revenus 2006, vous n’êtes pas obligés d’intégrer les abattements ou autres frais réels. Ils ne changent rien à la démonstration.
Que conclure de cette anecdote ? Premièrement, qu’une fois de plus, une éducation économique de base, sans fioritures techniques, n’est pas inutile. Après tout, dans n’importe quel cours d’économie sur la politique fiscale, on vous explique cela. Pas besoin de faire de longs calculs pour pouvoir ensuite éviter l’énorme erreur de notre salarié. Là où le bât blesse, c’est que, précisément, de par sa formation, il a du en suivre des cours d’économie. Et là, c’est la seconde conclusion qui en découle : soit les cours étaient mauvais, soit l’économie est tellement peu prise au sérieux, qu’il suffit d’asséner à une heure de grande écoute un discours tellement ulcéré sur la fiscalité qu’il en arrive à écraser non seulement des principes d’économie de base, mais également les règles élémentaires de l’arithmétique. Quoi qu’il en soit, le patron de l’entreprise n’en est toujours pas revenu. De mon côté, après celle de nombreux mal-informés fiscaux, la découverte d’un réel crétin fiscal me met professionnellement en joie. La prochaine fois que j’expliquerai le mécanisme de l’IR, je pourrai relater l’anecdote et conclure par un grave ””Non, ce n’est pas une fable d’économiste, pas une hypothèse d’école. Cet homme existe. C’est peut-être votre voisin…”‘.
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Même constat, j’ai rencontré pas mal de gens qui pensent qu’il existe un mécanisme dans l’impôt sur le revenu qui fait que gagner plus peut coûter plus que cela ne rapporte.
Jusqu’à présent, ceux que j’avais rencontré étaient des gens qui ne se soucient guère de faire des calculs marginaux. Un salaire, pas d’occasions particulières de le gonfler. Ils pensaient ça, mais de loin. Là, on a quelqu’un qui ne s’est pas posé la question une seconde, in situ. C’est grave.
Cela dit, il faut quand même noter qu’avec les deux abattements, puis une formule de calcul qui au lieu d’expliquer tout bêtement que le taux d’imposition augmente est volontairement complexe ne facilite pas la tâche. Il me semble que Piketty avait plusieurs fois prôné une simplification, à taux constant, de la formule de calcul de l’IR.
Certes. Mais outre qu’elle n’est quand même pas infernale, il existe depuis longtemps des guides qui te permettent pas à pas de calculer ton IR, qu’ils soient sur papier ou sur informatique. Il suffit de saisir les mêmes infos que dans ta déclaration.
Hum… je ne parle pas en connaissance de cause ici, mais pour les gens que j’ai entendu tenir ce type de discours, le problême ne semble pas venir de l’augmentation de l’impot sur le revenu elle-même, mais des frais annexes que cette augmentation implique (frais de cantines et de garderie passant d’un paiement purement symbolique à une charge réelle dans les localités ou le barême est indexé en fonction de la tranche d’imposition, par exemple).
J’ignore ensuite absolument si l’argument en ce cas tient, mais il me semble suffisement différent pour mériter d’être présenté.
Comme j’ai bien pris soin de le préciser, on n’est pas dans ce cas où la hausse de revenu fait atteindre des effets de seuil déclenchant des pertes de transferts sociaux ou le paiement d’autres impôts. Non, non, rien de tout cela.
Merci pour cette explication sur l’IR puisque j’était persuadé que les tranches déterminaient le taux d’imposition sur tout le salaire (dont que le premier 1000e pouvait être imposé differement suivant le nombre d’euros au dessus).
Non, mais vous pouvez quand même calculer un taux moyen à la fin, avec impôt total / revenu total. Et plus votre revenu est élevé, plus, du fait de la progressivité, ce taux augmente. Mais c’est juste un indicateur calculable a posteriori.
Beaucoup de monde croit ca effectivement.
Il y a par contre des effets de seuil(1) pour plusieurs mécanismes d’aide publique, qui s’arrêtent brutalement au-delà d’un certain revenu. Cela peut aboutir à un taux d’imposition marginal net supérieur à 100% pour certains RMIstes qui trouvent du travail(2).
C’est gentil de venir nous voir Kimon. Comme je le disais, j’exclue ces effets. Dans le cas présent, on a affaire à un profil discal non concerné par toutes les possibilités de trappes.
(1) fr.wikipedia.org/wiki/Eff…
(2) Par exemple, la taxe d’habitation devient exigible, cf. http://www.univ-evry.fr/PagesHtm...
A la limite, une personne incapable de trouver son propre intérêt a-t-elle sa place dans la moitié supérieure de l’échelle des revenus, en Europe aujourd’hui du moins ?
Ca, c’est au marché du travail de le dire, pas à moi.
A l’heure où 70 à 80% d’une classe d’âge obtient son baccalauréat et est sensé savoir calculer son impôt à partir de ses revenus, est-il nécessaire de vouloir convaincre celui qui s’y refuse ?
Le chef de l’entreprise, qui est une PME a pensé un peu comme vous et n’a même pas fait l’effort de lui expliquer, face à quelqu’un visiblement pas disposé à entendre un autre raisonnement que le sien.
En considérant qu’en gros, en théorie, les personnes appartenant à la moitié inférieur de cette échelle sont non-imposables et perdent évidemment à devenir imposables.
Mais un revenu supplémentaire peut faire perdre le bénéfice de la prime pour l’emploi, en plus de sauter une tranche ?
Ou bien je me trompe
Non, vous avez raison, on perd la PPE. Mais vous vous trompez sur la PPE. Avant d’être perdue, la PPE est dégressive avec le revenu, donc ne doit pas pénaliser une hausse de revenu. C’est son objectif : ne pas faire préférer l’inactivité au travail.
Et, je le répète, cette personne n’est nullement dans la situation où on touche la PPE…
Dans les valeurs du citoyen lambda, l’arithmétique ne pèse pas lourd face à la pensée magique et aux différentes théories du complot. Même chose sur la problématique des retraites : Quel rapport entre la pyramide des âges et le montant de ma retraite, je vous le demande Madame Michu ! Tout ça c’est les patrons qui essaient de nous embrouiller l’esprit !
Ce qui est marrant avec cette confusion, "ce que je vais gagner en plus je vais finalement le perdre a cause de l’impôt", c’est qu’on se demande finalement pourquoi les gens travaillent ?
J’ai déjà entendu ce même type d’argument avec le tabagisme passif: "les gens me disaient que le tabagisme passif était encore plus nocif que le fait de fumer (tabgisme actif)" pour stigmatiser les fumeurs. Du coup, je leur répondais mais pourquoi tu ne fumes pas alors ?? puisque c’est visiblement moins dangereux…
Pareil, je confirme le fait que ce mythe est extrêmement généralisé sur "je vais passer une tranche", et que souvent les gens ne veulent rien entendre…
Même si hors IR directement, il y a plein de cas où ça joue — le revenu imposable — (le prix/subvention pour les crèches, la prime pour l’emploi, les alloc. logements, etc…). Il doit y avoir des cas où le différentiel se révèle relativement faible (voire négatif).
Sinon,
"A la limite, une personne incapable de trouver son propre intérêt a-t-elle sa place dans la moitié supérieure de l’échelle des revenus, en Europe aujourd’hui du moins ?"
Et pourquoi pas :
"A la limite, une personne incapable de trouver son propre intérêt a-t-elle sa place sur terre ?"
Les conseillers fiscaux et autres ne m’ont pas l’air d’être le fait des classes moyennes/moyenens inf. Des exemples de gens, riches ou pas, qui ne savent pas bien évaluer leur intérêt (ou ce qu’ils en pensent), la littérature en est remplie (et ça va des Médecins/Prof à Harvard, des étudiants de Caltech, en passant par les traders et autres membres de sociétés tribales)…
Deux remarques néanmoins, par rapport à la théorie économique :
– est-ce que cela pose un problème que les agents soient capables d’aussi grosses erreurs d’apprécations (et surtout systèmatique) et de les modéliser comme rationnels ?
En première approche, non car, heureusement, les cas où ce genre d’erreur est si énorme est rare. Comme je le disais, si beaucoup de gens pensent ainsi (ce qui reste à prouver), peu sont réellement concernés. Ensuite, cette personne n’est pas irrationnelle, elle est simplement en information imparfaite. Dans un monde où l’IR serait capable d’exhiber des taux marginaux supérieurs à 100%, sa décision serait complètement adaptée. Enfin, notez que dans ce cas très précis, cette erreur n’a pas d’influence sur son arbitrage travail-loisir. C’est juste comme si elle jetait son intéressement dans la poubelle devant sa boïte.
– quant à la pensée magique, quelque chose me dit que les anticipations rationnelles, ça y ressemble fort, je ne parle même pas du commissaire priseur Walrasien, de l’atteinte de l’équilibre, de la connaissance commune de la rationalité… etc… etc…
Je ne peux pas être d’accord avec cette façon de voir les choses. Je ne partage pas les thèses fort appréciées en France sur ce sujet. Quant à vous expliquer pourquoi, ça me prendrait un temps (et un talent) dont je ne dispose pas.
Mais juste quelques remarques en forme de contrepoint : une anticipation est dite rationnelle lorsqu’elle est formée en fonction de toute l’information disponible. La théorie des anticipations rationnelles participe à des modèles où le marché est en échec, comme dans le cas des bulles spéculatives. Les thèses de Lucas sur l’inefficacité des politiques économiques s’appuient autant sur la forme de la fonction d’offre que sur l’hypothèse d’anticipations rationnelles. Dans un monde où les agents pensent que Keynes a raison, alors la politique économique est efficace.
Soudain, je m’interroge : nous confondriez vous avec “les éconoclastes”, les autres ?
Une autre remarque, 80% ou équivalent d’une classe d’age a beau avoir le bac, ils (en général) ne savent toujours pas manipuler des probabilités, et même pas calculer (pour certains d’entre eux) des fréquences sur une population de 100….
Vous avez encore une fois mis le doigt sur des comportements irrationnels.
Il m’est arrivé plusieurs fois de devoir moi aussi souligner que – hors effet de seuil (par exemple l’impôt n’est pas dû s’il est inférieur à 60 €) – l’état ne prenait jamais plus d’un euros sur chaque euros gagné.
Cependant les mécanismes d’impositions continuent à être obscurs sur des biens des points.
François Hollande, quand il a du préciser qui était riche a généralisé les 4 000 € d’une personne seule au 8 000 € d’un couple puis au 12 000 € d’un couple avec deux enfants.
Hors les réductions d’impôts accordées par les demi-parts supplémentaires sont plafonnées à 1 500 €. Ainsi le célibataire et le couple payerait respectivement 7720 € et 15440 € (taux moyen d’imposition à 17 %) et le couple avec enfant 28400 (et un taux moyen de 21 %).
Cette erreur est reprise très fréquemment dans les comparaisons internationales sur la fiscalité.
Ne parlons pas de la CSG / RDS. De l’abattement des 20 % (heureusement supprimé) et des dizaines de niches fiscales.
A mon avis, les mécanismes d’impositions sont trop complexes pour permettre à la majorité des agents d’avoir des comportements rationnels.
Au fait, c’est pas une reconnaissance implicite d’un effet Laffer, ça ? =)
Hum, toute mes excuses pour l’inutile pollution engendrée par mon inattention.
Sinon, tentative d’explication de ce comportement "irrationnel": l’invocation du "passage de tranche" est un référent de classe. Le fait de l’utiliser permet a celui qui le fait de se convaincre (utilité principale), voire de convaincre les autres (utilité secondaire), de son appartenance aux classes moins favorisées (j’hésite à aller jusqu’à défavorisées, le jeu me semble plus large que ça), et donc de son statut de "victime du système" impuissante face à ces forces extérieures irrationnelles (cela revient en partie à, dans d’autres situations, déplorer la stupidité de la masse, je suppose).
Ceci bien sûr n’empêchera pas la même personne d’invoquer plus tard, sans y voir d’hypocrisie, un autre effet de classe la tirant cette fois vers le haut quand le besoin/l’utilité s’en fera sentir.
Il y a là un gain effectif dont le propre est de ne pouvoir être rationnel sous peine de disparaître.
PS, parce que j’ai oublié de le faire dans mon premier post: merci pour ce blog qui permet à moi profane (oui, bon, "nul") d’entrevoir certaines problématiques économiques autrement invisibles.
Il me trottait dans la tête depuis quelques jours de faire un article sur le sujet. Le vôtre m’a motivé.
C’est là : robertddl.free.fr
Ah, ben très bien. Je n’ai rien contre le fait que ce soit les profs de maths qui dispensent la bonne parole :o)
@rouge (je suppose que c’est SM, petite note au passage, le côté commentaire à l’intérieur des commentaires – en rouge, je dirais rien, mais ça ressemble à un acte manqué de prof. – ça met une légère petite dyssymétrie…)
Vous faites bien de ne “rien dire”, vu que j’ai piqué le procédé à Eolas (qui écrit aussi en rouge, mais plus soft le rouge), trouvant que c’était sûrement plus pratique pour tout le monde de procéder de la sorte. Mettre des notes n’est pas mon activité favorite, le stylo rouge n’est pas mon outil de travail préféré.
Je réponds sur les deux points.
"En première approche, non car, heureusement, les cas où ce genre d’erreur est si énorme est rare."
Justement, je crois que ce n’est pas le cas, je crois que ce genre d’erreur est à la fois extrêmement fréquent, et sur un nombre de sujets/domaines extrêmement variés. Cf. les références implicites desquelles je parle.
Eh bien, pour ma part, je crois que ce n’est pas si fréquent. Puisqu’on en est à émettre des suppositions personnelles, c’est la première fois que je vois quelqu’un faire une bourde pareille.
"Comme je le disais, si beaucoup de gens pensent ainsi (ce qui reste à prouver), peu sont réellement concernés". "Enfin, notez que dans ce cas très précis, cette erreur n’a pas d’influence sur son arbitrage travail-loisir. C’est juste comme si elle jetait son intéressement dans la poubelle devant sa boïte."
C’est tout à fait ad hoc, peu sont en mesure de refuser une augmentation, mais beaucoup peuvent peut-être ne pas mettre effectivement les efforts, etc. qu’il faudrait pour gagner davantage, auquel cas, on n’aura pas de mesure de cela.
"Ensuite, cette personne n’est pas irrationnelle, elle est simplement en information imparfaite. Dans un monde où l’IR serait capable d’exhiber des taux marginaux supérieurs à 100%, sa décision serait complètement adaptée."
Là, c’est moi qui ne peut pas être d’accord. On est pas en situation imparfaite : l’information est gratuite, disponible, la vérification coute 3 secondes (on peut faire une simulation). Si un agent décide sciemment de ne pas utiliser une information disponible, pertinente et gratuite, on ne peut pas être dans une situation de rationalité (fût-elle en info. imparfaite, incomplète, ce que vous voulez…)
Ensuite, le fait, que l’on peut toujours rationaliser un comportement dans d’autres circonstances ne change rien à l’affaire.
J’ai du mal à comprendre comment une personne qui prétend prendre une décision d’optimisation fiscale peut être considérée comme non rationnelle. C’est bien du côté des coûts liés à la collecte et au traitement de l’information qu’il faut aller voir, non ?
* Sur les mythes en sciences en général et en économie en particulier. Et sur la pensée magique. Moi, ça ne me pose aucun problème, et les sciences regorgent d’hypothèses magiques (la gravitation newtonienne faisait "hurler" de rire les cartésiens, parce que c’est une force à distance sans medium)…
Sur la théorie des anticipations rationnelles, la difficulté est qu’on obtient ce que l’on pose : supposons que le monde est régi par la théorie T, supposons que les agents croient comme vraie la théorie T, la théorie T s’applique. Mais c’est purement circulaire, supposons maintenant qu’il y ait plusieurs théories contradictoire, T et T’, comment peut-on avoir des anticipations rationnelles ? Tous choisissent T ou tous choisissent T’, très bien, et ce sont les anticipations qui créent le monde et on n’a pas anticipations rationnelles mais prophéties auto-réalisatrice, la "vraie" théorie est indéterminée… (on a exactement la même chose avec la connaissance commune de la rationalité, en tdj).
On est sur un malentendu sémantique. Pour moi, les modèles de taches solaires relèvent de la théorie des anticipations rationnelles. Le terme “bulle rationnelle” est par ailleurs assez clair.
Ce que je voulais dire, c’est que le côté "je détiens la vérité du haut de ma science, (pas vous, mais certains intervenants de temps à autres), est, d’après mon expérience, une attitude inversement proportionnelle aux qualités scientifiques de la personne concernée, en général.
Ensuite, je m’étonne de la propension qu’ont certains économistes a à la fois être extrêmement condescendant sur les savoirs en économie de nos concitoyens (je ne dis pas qu’ils ont toujours tort, loin s’en faut), ET à postuler sans problème que ces mêmes agents peuvent être correctement représentés/approximés par des agents qui ont une connaissance parfaite du mon économique dans lequel ils vivent et s’en servent au mieux…
Il suffit de faire appel à la parabole du joueur de billard de Friedman. Ou de relire ce texte d’Alexandre sur Bill Gates et l’économie géographique. Le fait est que si je parle d’économie avec mon plombier, je mesure toute son ignorance de la question. Et pourtant, il gagne bien plus de fric que moi. Et pas seulement parce qu’il empêche les polonais de venir le concurrencer.
Juste histoire de dire, hein…
On peut dans certains cas parvenir à force d’abattements fiscaux (inscription des pertes d’une exploitation agricoles sur la déclaration de revenus, par exemple) à devenir non-imposable même avec les revenus d’un heureux médecin libéral, et, du coup, avoir beaucoup à perdre à perdre son statut de non-imposable.
j’arrives bien en retard mais ça va vous faire rigoler: lors d’une discussion entre mes parents et des amis à eux il y a une bonne quinzaine d’année (j’étais encore au collège) j’ai essayé de leur faire comprendre comment ça marchait mais ils n’ont rien voulu savoir. Le plus drôle est que mes parents comme les amis en questions avaient chacun une petite entreprise familiale et se limitaient leurs propres salaires afin de ne pas passer de tranche.
Bon, en même temps, il faut pas se leurrer, dans les petites entreprises, il y a un max d’argent détourné (encore aujourd’hui, quand mon père invite des amis au restaurant le dimanche, il demande systématiquement à ce que la note soit antidatée, c’est un exemple anodin, mais c’est un truc parmi cent autres). D’ailleurs, l’Etat est souvent conçu comme un ennemi qui cherche à vous prendre votre fric et tout ce qu’on peut faire contre lui est de bonne guerre.