Quelques chiffres sur l’énergie et le réchauffement climatique

Divers articles récents fournissent des ordres de grandeur chiffrés sur la consommation d’énergie d’ici 2050. En les mettant bout à bout, la question apparait comme l’un des défis majeurs des années à venir.

Comment estimer la consommation d’énergie à l’avenir? Jusqu’à présent, la consommation d’énergie a suivi l’évolution du PIB dans les différents pays de façon directe. Néanmoins, ce lien semble depuis quelques années moins net. Un pays comme la Grande Bretagne, par exemple, a connu une hausse de consommation d’énergie par habitant de 3% entre 1980 et 2002 alors que le PIB par habitant augmentait de 59% dans la même période : un effet bienvenu de la désindustrialisation du pays.

Néanmoins, récemment, un professeur de chimie du MIT a calculé la consommation d’énergie mondiale actuelle, obtenant une valeur de 13,5 terawatt pour 2002. Il a alors estimé ce que pourrait être la consommation d’énergie en 2050 selon diverses hypothèses, en tablant sur une population mondiale de 9 milliards d’habitants. Les résultats donnent le vertige. Si les 9 milliards d’habitants de la terre consomment en 2050 autant que les américains d’aujourd’hui, il faudra une production mondiale de 102,2 TW, soit une multiplication par 7 de la production; s’ils se “contentent” du niveau de consommation de l’Europe de l’Ouest, il faudra une production de 45,5 TW. Evidemment, s’ils consomment autant que les indiens d’aujourd’hui, on pourra se contenter de 4.4 TW.

En supposant des économies d’énergie drastiques, l’auteur en arrive à une consommation mondiale d’énergie de l’ordre de 28-35 TW en 2050. soit pratiquement un triplement de la production actuelle, et il s’agit d’une estimation conservatrice. L’OCDE de son côté table sur au minimum un doublement de la consommation d’ici 2050. D’où pourra venir cette énergie supplémentaire? Actuellement, 86% de l’énergie consommée provient de carburants fossiles (pétrole, gaz, charbon). En supposant que toute la consommation supplémentaire provienne d’autres sources (pour éviter le réchauffement climatique) l’auteur s’est alors demandé ce qui, des technologies actuelles, pourrait satisfaire ces besoins.

La biomasse (carburants végétaux) pourrait fournir entre 7 et 10 TW… Mais cela supposerait de consacrer la totalité des récoltes actuelles à la production d’énergie. L’énergie éolienne, en plaçant des éoliennes dans tous les sites suffisamment ventés, pourrait produire 2,1 TW. L’hydro-électricité, en plaçant des barrages sur tous les fleuves possibles, pourrait apporter 0.72 TW supplémentaires. Reste le nucléaire, cher aux ingénieurs français : pour produire 8 TW, il faudrait construire 8000 centrales d’ici à 2050. Ce qui implique d’en mettre une en construction tous les deux jours. Le message est clair : les sources actuelles d’énergie ne contribuant pas à l’effet de serre ne sont pas capables de satisfaire la demande. L’auteur place ses espoirs dans l’énergie solaire (qui apporte en une heure sur terre plus d’énergie que l’on n’en consomme en un an); mais en l’état actuel de la technologie, l’utilisation de l’énergie solaire ne permet pas de satisfaire une demande de cet ordre.

Il y a deux conclusions à retirer de ce genre de calcul. Premièrement, les énergies fossiles seront nécessairement amenées à fournir une part conséquente de l’énergie consommée au cours des prochaines années; on peut s’inquiéter d’un éventuel épuisement du pétrole, mais il reste dans le monde des réserves massives de charbon, largement suffisantes pour la consommation à venir. Pour éviter les conséquences en terme de réchauffement climatique de l’utilisation de ces énergies, il sera nécessaire de taxer de façon conséquente les émissions de gaz à effet de serre, afin d’inciter les entreprises à développer des moyens pour capturer et stocker ces émissions ailleurs que dans l’atmosphère terrestre. La seconde, c’est que dans le même temps, il faudra un effort considérable de recherche, à la fois pour les technologies de capture du carbone, mais aussi pour trouver des moyens de trouver des sources d’énergie encore inconnues et susceptibles de satisfaire la demande future. Il faudra aussi sans doute (au grand désespoir des écologistes) accepter qu’un calcul coût-bénéfice détermine un niveau acceptable d’émissions.

Plus difficile encore, il faudra que les opinions publiques deviennent conscientes de la réalité du problème : on est loin du compte. Kenneth Rogoff déplorait récemment le manque de volonté des américains de prendre en compte ce sujet; Mais les choses sont-elles vraiment meilleures du point de vue européen? Le système de permis d’émission négociables européen ressemble pour l’instant beaucoup à un échec. A cet échec des mesures déjà tentées, il faut ajouter le fait que les nouvelles propositions en Europe s’apparentent à du simple protectionnisme nuisible et sans effet sur l’environnement; et les récentes inquiétudes de la commission européenne indiquant qu’à trop réduire ses émissions, l’Union Européenne risquait de simplement nuire à son économie sans effet sur les émissions mondiales (après tout, les principales émissions sont aux USA, et les zones de forte croissance de celles-ci sont en Asie) il n’y a pas de quoi être optimiste en matière de politiques. Et après tout, les politiques font souvent ce que leurs électeurs demandent. Peu d’Européens sont favorablement disposés vis à vis des centrales nucléaires; le nombre chute encore plus pour trouver ceux qui sont favorables à la construction d’une centrale à 100 km de chez eux. Et si 68% d’entre eux déclarent être prêts à des changements dans leur mode de vie pour lutter contre le réchauffement climatique, lorsque les changements en question sont décrits de façon précise, les résultats changent. Seul 5% des européens accepteraient de payer l’équivalent d’une semaine de revenu ou plus (ce qui correspond au coût annoncé par le rapport Stern), et un tiers déclare ne rien vouloir payer du tout. La doctrine Nimby se porte toujours bien.

Alexandre Delaigue

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12 Commentaires

  1. Merci pour cet article.

    C’est toujours un peu désolant de voir tous les problèmes ramenés à des questions de coûts, mais il semblerait que cela soit le seul moyen de voir aborder les questions d’environnement, et plus généralement les questions sur notre mode de vie.

    Cet article me confirme dans ma conviction que les problèmes dits écomiques classiques, ceux que l’on voit cités à tout de bout de champs dans les débats (comme celui de la dette), en particulier en approche d’élections, sont insignifiant par rapport aux problèmes écologiques.

    À titre personnel, je ne vois que "La décroissance" comme moyen d’éviter la "crise" (le terme de "crise" me paraît mal choisi, c’est seulement le moins fataliste qui me vient à l’esprit). J’appelle "Décroissance" un changement drastique de notre mode de vie pour tendre vers une consommation d’énergie et de produits la plus proche possible de zéro, en ne gardant que l’essentiel de confort. Supprimer le futile pour garder l’essentiel, le vital.

    Un exemple parmi d’autres des milliers: acheter dans une grande surface huit yaourts, chacun dans un pot en plastique, fabriqués à l’autre bout de l’Europe, assemblés grâce à un morceau de carton est beaucoup plus consomateur d’énergie et producteur de déchets que d’acheter des yaourts chez sa crémière, au coin de la rue, à qui ils auront été commandés une semaine à l’avance, en procurant soit même les pots en verre qui remplaceront les pots en plastique, la crémière passant commande directement auprès d’un producteur avec qui elle est en contact avec elle.

    Mais j’aimerai vraiment avoir l’opinion d’autres personnes sur le concept de "Décroissance".

  2. J’ajoute que si l’on voulait produire 8TW d’éléctricité grace au photovoltaïque avec une hypothèse haute d’un rendement de 30%, on obtient le nombre faramineux de 165000 mètres carrés de panneaux à construire par jour jusqu’en 2050…sans compter l’usure des panneaux déja construits (Environ 30 ans)
    De plus, en l’absence d’un moyen de stockage efficace, on a besoin d’une source d’énergie qui fonctionne en "en base", c’est à dire à la demande. Ni le solaire, ni l’éolien ne satisfont ce cahier des charges. Je pense que la crise énergétique qui se profile a de quoi inquiéter…à moins que nos attentes de consommateur ne soient tout simplement réduites faute de moyens.

  3. Et bien, on dirait qu’à moins qu’ITER fasse des merveilles, l’avenir sera noir de fumée de charbon. d’ailleurs au passage, sur ITER, chezmatthieu.blogspot.com…

    Dans quelle mesure ce problème de croissance de la demande énergétique provoquant un recours accru au charbon et autres énergies fossiles est pris en compte dans le rapport Stern ?

  4. L’une des hypothèses envisagées au sein des groupes militants travaillant sur cette question de longue date est de laisser monter aussi haut que nécessaire le coût de l’énergie tout en travaillant, au sein de collectivités restreintes, à des modes de vie particulièrement frugaux en énergie. Parallèlement, un effort de diffusion des résultats concrets observés au sein des communautés pionnière aurait pour vocation essentielle de démontrer à une part croissance de la population l’intérêt d’envisager, à titre individuel du moins, de considérer de retenir tout ou partie des méthodes et outils proposés.

    Du point de vue de la théorie économique, cette apparoche a-t-elle une faiblesse ?

  5. Je vais être un peu hors-sujet, mais dimanche soir, Jacques Attali à France Europe Express a expliqué devant notamment N.Hulot qu’un des problèmes aujourd’hui, c’était que le prix de l’énergie était déraisonnablement bas. Il présentait cette réalité comme une incongruité en indiquant qu’en gros, si je me rappelle bien, le prix dglobal e l’énergie n’a quasiment pas bougé depuis les années 80.

    Il allait donc dans le sens de Hulot en disant qu’il fallait largement augmenter ce prix, pourquoi pas par une taxe sur le carbone, et réduire d’autres prévèlements, comme l’IR.

    Moi je n’y comprends pas grand chose à tout ça, alors je me demandais ce que vous-mêmes vous en pensiez ?

  6. Je ne pense pas qu’il faille se focaliser sur des hypothèses à 50 ans. Un doublement de la production d’énergie d’ici 2050 se n’est qu’un taux de croissance de 1,6% par an. Un triplement cela ne fait encore que 2,5 %.

    Quand à une multiplication par 7, cela parait improbable. Cela signifierait un taux de 4,4% C’est à dire un taux de croissance jamais atteint sur une période aussi longue.

    Mais les chiffres que vous mettez en évidence sont sans appel. Ils indiquent que toutes choses égales par ailleurs, il n’est pas raisonnable d’espérer que le % des énergies fossiles dans le total de la consommation d’énergie baisse sensiblement et encore moins que le total de la production de gaz carbonique soit au même niveau – voir plus faible – que le niveau actuel. Ce qui veut dire – si les modèles climatiques sont vérifiés – que le réchauffement climatique est inéluctable.

    Heureusement, toutes choses ne seront pas égales :
    1> Il y a quand même une certaine élasticité prix / consommation sur l’énergie. Cela s’est vu pendant les années 2005 – 2006 qui ont vu une augmentation significative du prix du carburant et une baisse faible des déplacements automobiles.
    2> D’ici 2050, il n’est pas tout à fait impossible que la fusion soit opérationnelle. Et de façon générale, des progrès technologiques significatifs peuvent être enregistrés qui permettraient de substantielles économies d’énergie.

    Enfin, il y a un principe de base en finance. Une dépense aujourd’hui est toujours plus onéreuse qu’une dépense de même montant demain. Le taux d’actualisation couramment appliqué est de 10 %. 1 € aujourd’hui est donc équivalent à 72 € en 2050.

    Il me semble que cette règle devrait s’appliquer pour se prémunir de problèmes potentiels en 2050. Et à ce titre, les sacrifices proposés dans le rapport stern me semblent tout à fait disproportionnés.

  7. Les économies se feront de gré ou de force. Multiplions le prix de l’énergie par 10, et chacun sera prêt à économiser.

    Avec une bonne isolation, on peut diviser la consommation d’énergie de chaufage par 10. Pour les transports, il faudra modifier notre mode de vie. Travailler plus près de son domicile, utiliser internet et les transports en commun.

    Et l’on ne pourra plus partir en vacance dans les pays du tiers monde au pretexte que le côut de la vie y est bas.

    L’allemagne produit 6 a 8% de son électricité par éolienne. Cela ne doit être assez comparable à la consommation en 1930 ou 1950…. Il y a donc de l’espoir.

  8. Je suis étonné de voir un post dont le thème est "la croissance de la consommation d’énergie sera un sujet important" susciter autant de commentaires dont le bilan est "on n’y arrivera jamais, autant abandonner tout de suite". C’est sans doute la loi du genre. Le sujet énergétique est un défi important, mais c’est une raison pour imaginer des solutions et des moyens de les faire émerger plus qu’autre chose. Sinon :

    – M. Sur la décroissance, voici quelques liens critiques :
    http://www.optimum-blog.net/post...
    leconomiste.free.fr/notes…
    leconomiste.free.fr/notes…
    Je comptais revenir sur l’argument de la production "locale" vue comme meilleure de façon systématique mais je rappelerai simplement que produire localement impose de supporter des coûts importants. Si transporter des légumes d’une zone fertile ou il faut 5 unités d’énergie pour les produire consomme 5 unités d’énergie, mais que la production locale de ces mêmes légumes, sur une terre ingrate, exige 12 unités d’énergie, ou est le gain exactement? On peut dire que certaines énergies sont subventionnées de fait car leurs coûts environnementaux ne sont pas pris en compte; mais une fois leurs coûts pris en compte, il y aura nécessairement des transports qui s’effectueront, probablement plus qu’avant d’ailleurs.

    Matthieu : Iter est sans doute un projet fascinant, mais je ne mettrai pas un sou de mon argent dedans. Les projets pharaoniques ne fonctionnent pas. Votre parallèle avec l’inutile ISS est à ce titre éclairant. C’est d’ailleurs l’intérêt d’une approche consistant à élever le coût des émissions de carbone : cela permet de faire émerger des idées multiples, au lieu de subventionner lourdement une seule idée qui peut s’avérer mauvaise.

    Passant : Parmi les multiples solutions qui émergeraient d’une hausse du prix de l’énergie, je doute que le mode de vie frugal soit la plus performante : il est plutôt probable de voir émerger de nouvelles sources d’énergie ou de réduction des coûts environnementaux. Cela dit, dans l’idée, c’est une approche décentralisée qui n’est pas mauvaise. Elle deviendrait mauvaise si lesdits groupes militants se mettaient à vouloir imposer leur frugalité aux autres.

    Pikipoki : la phrase d’Attali est à la fois vraie et fausse. Fausse parce qu’il n’existe aucune "fatalité" à une hausse du prix de l’énergie; le prix des ordinateurs s’est effondré depuis les années 80, ce n’est pas une "incongruité" mais le résultat du progrès technique. Pour l’énergie, c’est assez largement la même chose qui est à l’oeuvre. Mais pas seulement. Certaines consommations d’énergie font l’objet de subventions directes ou indirectes; sur l’électricité, les gens semblent considérer comme un droit constitutionnel de voir son prix perpétuellement baisser, au point de trouver que la libéralisation du secteur est mauvaise uniquement parce qu’elle fait monter les prix. En matière d’électricité le fait que (contrairement aux produits pétroliers) le prix ne fluctue jamais à la hausse en cas de pénurie pousse au gaspillage. Mais c’est un argument que personne ne veut entendre; si l’énergie coûte plus cher, le gouvernement doit intervenir et investir.
    Concernant une taxe sur les gaz à effet de serre, il faut voir qu’actuellement, certains usages (la consommation de carburant des automobiles) sont trop taxés tandis que d’autres ne le sont pas assez si l’on prend en compte les coûts environnementaux. Etrangement, ce sont systématiquement des lobbys puissants (agriculteurs, routiers) qui sont ainsi avantagés. Là encore, les gens sont schizophrènes, prêts à déclarer vouloir faire des efforts, mais refusant catégoriquement que ceux-ci aient la moindre conséquence sur le porte-monnaie. Donc oui, en théorie il faudrait augmenter les taxes sur les gaz à effet de serre et réduire d’autres taxes; en pratique, on peut craindre une multiplication d’exceptions à la règle qui annuleront l’effet de la mesure.

    Henriparisien : assez d’accord avec vous pour l’essentiel. Toutefois, les progrès techniques et les économies de consommation pour émerger auront probablement besoin d’une internalisation par des taxes du coût environnemental des gaz à effet de serre. Sur les questions d’actualisation, 10% paraît un taux assez élevé. Sur ce sujet et le rapport stern, voir W. Nordhaus :
    http://www.econ.yale.edu/~nordha...

  9. Ne s’agit il pas d’un pur exercice d’école?

    Comme je vois mal 9 milliards d’etre humains, dont 8.5 milliards n’ont pas encore gouté aux joies de la société de consommation et ne demandent que cela, et dont 95% des 500 millions restant en veulent toujours plus, voter pour la décroissance, l’autarcie jardinière et le pull en grosse laine du Larzac tricoté maison, il ne nous reste plus que la Divine Providence (sans bruler la chandelle par les deux bouts)ou, une fois de plus, l’ingénuité humaine.

    Profitons en tant que cela dure. The End is nigh!

  10. Adam S. : (je me permets de répondre en revendiquant le fait d’avoir, au sein de groupes militants, réfléchi à cette question et essaie simplement de reproduire le résultat de la réflexion relative)

    [Disclaimer]
    Donc : attention, discours militant
    [/Disclaimer]

    Il est évidemment irréaliste de prétendre interdire au reste du monde le bonheur, la joie et la prospérité dans lequel, comme chacun sait, nous autres européens vivons de toute éternité.

    Pour autant, comme le disent en différents termes de nombreux intellos, les hypothèses menant à la fin du monde (et ses diverses variantes) sont peu intéressantes à étudier puisque personne ne sera là pour les voir. Donc, bien que réalistes, on choisira de les écarter du raisonnement par manque d’intérêt.

    La première remarque est que coexistent actuellement d’innombrables façons de vivre. La question soulevée par le constat d’impasse objet de débat n’a qu’une conséquence réelle : elle démontre l’échec de la prétention à l’universalité des modes de vie "occidentaux" dans toutes leurs variantes. En un mot, que même si nous nous estimons plus civilisés que les autres, nous ne faisons que marcher plus sûrement vers la fin de notre culture qu’eux, tant du point de vue individuel que collectif.

    L’hypothèse d’un exercice d’autocritique ne pouvant que soulever nombre de doutes et d’objections légitimes, je crois qu’il faut, essentiellement, prendre acte de l’élévation considérable du niveau d’instruction moyen des individus adhérant à ces cultures occidentales prenant conscience de l’impasse dans laquelle leurs présupposés les mènent : on peut dès lors espérer qu’un nombre suffisant d’individus de ces cultures sauront faire bon usage de la liberté que leur offre leur grande éducation, l’ouverture d’esprit, l’esprit d’analyse, et sauront trouver, par les moyens de ce fameux égoïsme cher à Adam Smith, les pistes dont pourront s’inspirer d’autres individus.

    Evidemment, ce n’est pas un grand plan : juste un appel. Une stratégie qui repose sur une certaine confiance en l’homme en général, et qui reste parfaitement compatible avec toutes les prescriptions doctrinales de ces grandes écoles de pensée dont nous sommes si fiers, tout en revendiquant, il est vrai, le droit de flâner au bord du chemin plutôt que de se précipiter sur la route du progrès. Il va sans dire que l’éventuel succès du plan impliquera ce qu’on nomme la "récupération" (c’est à dire l’appropriation à des fins partisanes ou doctrinales de méthodes, logiques et raisonnements créés sans ambition prescriptrice), comme l’illustre à mon avis le discours politique parfois très connoté relatif, par exemple, à la décroissance, qui ne trompera pas grand monde, mais permet la diffusion de quelques informations cruciales que chacun découvrira fort bien dans le brouhaha politicco-sociologique qui semble trouver plus aisément droit de cité que quelque réflexion introspective.

  11. La solution n’est pas forcément dans la quantité d’énergie supplémentaire, mais plutôt l’économie de celle qu’on a.
    Les 2/3 de l’énergie créée dans une quelcoqnue centrale partent dans l’air avant d’arriver dans nos maisons à cause de l’effet ohm.
    Cet effet peut être réutilisé pour chauffer les maisons, et peut être réduit en rapprochant les sources d’énergie des habitation (ça ne va pas faire plaisir à ceux qui auront une centrale nucléaire à côté de chez eux).

    Sur le même sujet, je pense que taxer les émissions de carbone, mais aussi augmenter le prix de l’essence à la pompe etc (la taxe Pigou, si chère à Gregory Mankiw).

    Le problème principal n’a rien à voir, pourtant, avec des économies ou des prix quelconque. Les besoins d’énergie et le réchauffement de la planète sont des problèmes de long terme, et comme dirait Keynes, "à long terme, on est tous morts."
    Personne ne se sent personellement responsable du problème, donc personne ne evut payer les conséquences.

    Pour mes développements tragiques sur le sujet:
    beaucoup-d-imagination.bl…

  12. Pardon pour ce commentaire tardif, mais Nocera a peut-être sous-estimé le potentiel éolien, à en croire ceci :
    news-service.stanford.edu…
    "After analyzing more than 8,000 wind-speed measurements to identify the world’s wind-power potential for the first time, Cristina Archer, a former postdoctoral fellow, and Mark Z. Jacobson, an associate professor of civil and environmental engineering, suggest that wind captured at specific locations, if even partially harnessed, can generate more than enough power to satisfy the world’s energy demands."

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