Quel "nouveau Bretton Woods"?

Jeffrey Frankel décrit de façon très complète les réformes du système financier international que l’on peut anticiper. Evolution du rôle du FMI, élargissement du G8, un “Bâle 3” rendant contracycliques les obligations de réserves des institutions financières, réduisant l’autorégulation des banques, et une règle internationale de garantie des dépôts; éventuellement, l’extension des règles appliquées aux banques à d’autres institutions financières.

Il rappelle aussi deux choses (ma traduction) : premièrement, il faudrait considérer la possibilité que ne rien faire peut au bout du compte être préférable à la mise en oeuvre de réformes drastiques du système financier international; surtout, parler d’un “nouveau Bretton Woods” est à la fois ridiculement exagéré, et pas si nouveau. Anecdote :

En 1998, alors que la crise asiatique durait depuis un an sans sembler s’apaiser, le président Clinton a décidé de donner deux discours importants. Il voulait appeler à un Nouveau Bretton Woods. Ses conseillers économiques (au trésor et à la maison blanche) lui ont recommandé de ne pas le faire, rappelant que l’on ne devrait pas appeler à quelque chose d’aussi important qu’un nouveau Bretton Woods quand on n’a aucune chance d’offrir des propositions suffisamment significatives pour mériter ce nom. Peu après les discours, le premier ministre britannique Tony Blair appelait à un nouveau Bretton Woods. Clinton a demandé à ses conseillers “comment se fait-il que Blair a appelé à un nouveau Bretton Woods et que vous m’avez empêché de le faire?”. Notre réponse a été en substance, “le secrétaire au trésor de Blair, Gordon Brown, n’a pas forcément les mêmes intérêts que son chef, situation d’un Robert Rubin. Donc Brown n’a que peu d’incitations à empêcher Blair de dire des choses stupides“. L’ironie de l’histoire, c’est que maintenant, Brown lui-même dirige le mouvement d’appel à un “nouveau Bretton Woods”.

Alexandre Delaigue

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8 Commentaires

  1. L’ironie (bis) de l’histoire est que Roubini, conseiller économique de Clinton à l’époque, appelle lui aussi à une régulation internationale.

  2. Je crois qu’il y a peu de chance pour que des changements significatifs soient apportés au système financier mondial actuel, système qui a d’ailleurs très largement profité à l’Europe aussi bien qu’aux USA.
    L’activisme fébrile dont font montre certains européens ( notamment Sarkozy )a l’avantage de dire :
    – que l’Europe ne reste pas les bras croisés,
    – que l’Europe s’unifie de plus en plus et
    – que l’Europe compte dorénavant peser dans la direction du monde. ( pour peser l’Europe appelle à son aide …les pays émergents ).
    Les USA disent leur acceptation de discuter du système en cause avec l’arrière pensée de tout faire pour ne rien lui changer.
    Bush parlant dores et déjà d’une succession de rencontres espère gagner du temps pour que son pays, n’étant pas en position de dire non aujourd’hui, puisse, la crise passée, rejeter les prétentions européennes.
    Il n’y aura pas de nouveau "Bretton Woods"

  3. @kelk1

    C’est précisément cette agitation qui m’abasourdit.

    Au lieu par exemple de supprimer toutes les autorités nationales de régulation, l’on devrait regarder celles qui ont mieux fonctionné et copier leurs bonnes pratique chez les autres, et inversement.

    Faire une agence unique c’est précisément supprimer toute redondance, refuser l’idée que l’erreur est humaine et supposer que le prochain système sera bien entendu parfait. Dé lors la prochaine erreur aura des conséquences bien plus grave du fait de cette vanité.

    Le Agences de notations américaines ont largement "failli", qu’a cela ne tienne, le CAE (outre quelques bonnes propositions dans ce domaine) propose donc "logiquement" de copier ce modèle US en attribuant un label public.

    Pratique qui confère de fait un oligopole et protège des modèles de fonctionnement concurrents. Décidément les jours de crises sont faste pour les lobbys sur le marché politique.

    Des politiques américains s’inquiètent depuis plusieurs années de la bulle de crédit immobilier tentant de reformer Freddy et Fanny. Si toute les créances pourries avaient été conservées sur le marché américain, la situation des USA seraient plus proche de celle de la Finlande.

    Sans tomber dans la théorie du complot, il est légitime de se demander si en plus des conflits d’intérêts, quelques "incitations" politiques n’ont pas été exercées pour inciter ces agences a noter favorablement les véhicules financiers servant à se débarrasser de ces produits.

    Leur mode de fonctionnement relève clairement plus du "conseiller financier" de votre banque que de l’analyste indépendant, c’est à dire de la vente.

    S’il y a une chose à réformer, c’est bien cela, mais pas à la façon de Sarkozy qui demande un agence unique européennes, c’est à dire un monopole.
    http://www.agefi.fr/articles/Sar...
    Question, n’y verrait-il pas la un moyen pratique de garder une bonne notation de la solvabilité de l’État français.

    La polémique d’ailleurs existe en allemagne.
    archives.lesechos.fr/arch…
    "Ses déclarations sont intervenues deux jours après que la Bundesbank a créé la controverse en demandant publiquement à l’agence Standard & Poors (S&P) de repousser la publication de « notations fictives » pour les Landesbanken, ou banques publiques régionales, avant que celles-ci perdent leurs garanties publiques, en 2005 (« Les Echos » du 20 novembre). L’agence annoncera aujourd’hui sa décision."

  4. Ce que je trouve le plus ironique, c’est que le système de Bretton Woods est plus un mythe qu’autre chose. Il faut attendre 1958 pour que les monnaies européennes soient réellement convertibles (entrée en vigueur de l’accord monétaire européen, dissolution de l’union européenne des paiements). Et des l’année suivante, Robert Triffin critique le système et énonce le dilemme de Triffin. Jusqu’en 1969, Européens et Nord-Américins tentent de sauver le système (pool or, création des DTS).

    En décembre 1969 (sommet de La Haye), les Européens envisagent sérieusement une coopération monétaire européenne, c’est-à-dire commencent à abandonner l’idée de sauver Bretton Woods. Il y a eu quelques tentatives de sauvetage (accord du Smithsonian, par exemple), puis les accords de la Jamaïque, qui mettent de fait fin au système de Bretton Woods (1976).

    En gros, les accords de Bretton Woods n’ont réellement fonctionné qu’un peu plus de dix ans. Et mal.

  5. Je débute en économie et en histoire de l’économie, mais il me semble qu’il soit assez paradoxal d’appeler à un nouveau Bretton Woods alors qu’il y a une nouvelle volonté, notamment britannique, d’appliquer une politique keynésienne… J.M. Keynes qui a vu ses propositions sur une monnaie internationale sans attache nationale (indexée sur un panier de différents minerais) refusées lorsqu’il représentait la délégation britannique à Bretton Woods…

  6. Croyez-vous vraiment que les Américains , qui se libèrent de leurs dettes par des assignats, vont se soumettre à une discipline mise en place par un nouveau Bretton-Woods?
    Une confrence mondiale sur une réforme de la finacne internationale tournera inexorablement en eau e boudin. On le sait mais on en parle pour calmer le gogo de contribuable qui va bientôt être signé à blanc.
    La situation actuelle a été voulue depuis 1971 quand la convertibilité du $ a été décidée par Nixon et a été consolidée par les accords de Kingston en 1976a avec la démonétisation de l’or.
    Les Giscard d’Estaing et consorts se sont alors fait avoir par les Américains.(c’était bien la peine d’êtr énarque et inspecteur des finances)
    Il et trop tard pour redresser cette erreur qui coûte très cher au monde.

  7. @ Alexandre Delaigue

    Calomniez, Calomniez, Calomniez, il restera bien quelque chose!

    Bazile . Si c’était un particulier, on viendrait à bout de l’écarter.

    Bartholo . Oui, en s’embusquant le soir, armé, cuirassé…

    Bazile . Se compromettre par un brutal assassinat! Non!

    Susciter une méchante affaire, à la bonne heure ! Et, pendant qu’elle fermente, calomnier à dire d’experts. Oui !

    Bartholo . Singulier moyen de se défaire d’un homme !

    Bazile . La calomnie, Monsieur ? Vous ne savez guère ce que vous dédaignez ; j’ai vu les plus honnêtes gens prêts d’en être accablés. Croyez qu’il n’y a pas de plate méchanceté, pas d’horreurs, pas de conte absurde, qu’on ne fasse adopter aux oisifs d’une grande ville, en s’y prenant bien : et nous avons ici des gens d’une adresse ! … D’abord un bruit léger, rasant le sol comme hirondelle avant l’orage, pianissimo murmure et file, et sème en courant le trait empoisonné. Telle bouche le recueille, et piano, piano vous le glisse en l’oreille adroitement. Le mal est fait, il germe, il rampe, il chemine, et rinforzando de bouche en bouche il va le diable ; puis tout à coup, on ne sais comment, vous voyez calomnie se dresser, siffler, s’enfler, grandir à vue d’œil ; elle s’élance, étend son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne, et devient, grâce au Ciel, un cri général, un crescendo public, un chorus universel de haine et de proscription. Qui diable y résisterait ?

    Bartholo . Mais quel radotage me faites-vous donc là, Bazile ? Et quel rapport ce piano-crescendo peut-il avoir à ma situation ?

    Bazile . Comment, quel rapport ? Ce qu’on fait partout pour écarter son ennemi, il faut le faire ici pour empêcher le vôtre d’approcher.

    C’est une chose que de me faire taire sur blog mais c’est une autre que de rajouter votre commentaire stupide.

    Ma soupe n’a rien de sectaire, elle est même devenu un fond de commerce pour des soi disants iconoclaste.

    Désolé pour vous mais Cheminade et son mouvement ont eu raison depuis très longtemps. Le système est mort! Il faut donc l’enterrer et en mettre un autre viable et juste!

    Pour finir, j’espère que vous vous réclamez pas démocrate pour agir ainsi!

    David C.
    david.cabas.over-blog.fr

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