Quel bilan pour le New Labour?

Mon ami Hugues déplore la façon dont se déroule la fin de l’expérience Blairiste en Grande-Bretagne, et l’influence que cela pourrait avoir sur le débat politique français, replaçant les socialistes dans leurs certitudes bornées sur ce que doit être un “bon socialisme” et l’exemple qu’ils vont retirer de la période. Au passage, son interprétation du bilan du New Labour ne me semble pas convaincante, parce que reposant sur des approximations logiques et factuelles. Comment dresser un bilan de l’expérience britannique du New Labour?

Selon Hugues, le bon bilan du New Labour se lit dans l’évolution économique et sociale de la Grande-Bretagne au cours des 10 dernières années : croissance forte (à laquelle on pourrait ajouter une inflation faible), chômage en baisse, services publics et société redynamisés; les difficultés actuelles du parti tiennent à la terne personnalité de Gordon Brown et à la conjoncture économique mondiale défavorable. Mais il y a là un problème logique : si les problèmes actuels sont liés à l’environnement économique international, pourquoi ne pas penser que c’était le cas également des performances économiques précédentes? Quelle est, exactement, la part de la politique économique et sociale dans les bonnes et mauvaises périodes de l’économie britannique? Nous avons toujours la tendance naturelle à prêter beaucoup à la politique économique, beaucoup trop. Après tout, la désindustrialisation anglaise dans les années 80 a tenu beaucoup plus à l’effet du pétrole de la mer du Nord et à l’essor de la finance qu’à la politique thatcherienne (cela s’appelle le Dutch Disease). La comparaison avec les pays européens est elle aussi peu convaincante : l’Espagne a connu dans la même période que la Grande-Bretagne des performances économiques enviables, avec des gouvernements de bords opposés.

Pour savoir, il faudrait pouvoir savoir ce qui se serait passé si le New Labour n’avait pas été au pouvoir pendant la période, ou s’il avait appliqué une politique différente : l’exercice est par nature impossible. Nous ne pouvons qu’être réduits à conjecturer, appliquant l’adage de T. Sowell : toute politique est un succès avec un point de référence suffisamment bas, et un échec avec un point de référence suffisamment haut. On peut quand même noter que parmi les réussites dont se targuait le New Labour, il y avait la politique macroéconomique, et le fait d’avoir fortement réduit les fluctuations : visiblement, cela n’a pas si bien fonctionné.

Ces performances économiques, au passage, lèvent un paradoxe intéressant : le rejet des électeurs britanniques, qui sont après tout aux premières loges pour juger de leur gouvernement, malgré ces incontestables succès économiques. Entre 1997 (arrivée du New Labour au pouvoir) et 2005 (dernières élections) le NL a perdu 3.9 millions d’électeurs. Notez qu’il s’agit de 2005, année durant laquelle les problèmes actuels n’étaient pas encore présents, et ou Gordon Brown n’était pas encore au pouvoir. Il s’agit de la pire performance d’un parti travailliste anglais depuis la fin de la seconde guerre mondiale : le gouvernement de 1974-79 a perdu 140 000 électeurs (avec une économie dans l’état qui a conduit M. Thatcher au pouvoir); entre 64 et 70, 30 000 électeurs perdus, et entre 45 et 51, 2 millions d’électeurs gagnés par les travaillistes. Au total, en 2005, le New Labour a convaincu 1.9 millions d’électeurs de moins que le gouvernement de 1979, qui avait perdu contre Thatcher. Au passage, cela devrait faire réflechir ceux qui reprochent au Blairisme de n’être que de la poudre aux yeux sans consistance : ladite poudre aux yeux a fonctionné invraisemblablement mal pour convaincre les électeurs.

On pourrait noter aussi que, au delà des anecdotes des français qui fuient l’enfer socialiste national pour bénéficier du dynamisme anglais, le solde migratoire britannique est négatif : chaque année, plus d’anglais quittent leur pays qu’il n’y a d’étrangers qui arrivent. Ce n’est pas un indicateur très convaincant de l’efficacité des politiques publiques, mais mérite d’être remarqué.

Si l’on ne peut pas se fonder sur les simples performances économiques, on ne peut juger qu’au travers de conjectures fondées sur l’évaluation des effets potentiels des politiques effectivement menées. Dans ces conditions, voici ce que pourrait dire un défenseur du New Labour de façon convaincante :

– L’amélioration du fonctionnement de certains services publics (éducation primaire, infrastructures, NHS) permettra d’accroître le capital humain, en générant une main d’oeuvre plus formée et plus efficace, élevant la croissance future.

– Les politiques visant à revaloriser le travail (salaire minimum, revenus complémentaires pour les personnes à bas salaire qui travaillent) vont élever l’offre de travail, et cet effet sera durable, en rendant moins “normale” la situation de ménages dans laquelle aucun parent ne travaille, et en donnant aux enfants une image du travail comme norme.

– les politiques visant à atteindre la stabilité macroéconomique (banque centrale indépendante, budget géré selon la “règle d’or” visant à accumuler des excédents durant les bonnes périodes afin de disposer de marges de manoeuvre dans les mauvaises), en créant un environnement économique plus stable, vont favoriser l’investissement, qui favorise le progrès technologique et donc la croissance.

De façon tout aussi convaincante, voici ce que pourrait répondre un adversaire du New Labour :

– Le salaire minimum et les aides aux bas salaires aboutissent à revaloriser les emplois les moins productifs, ce qui crée une incitation pour les peu qualifiés à choisir ce type d’emplois plutôt que d’acquérir des compétences qui leur permettraient d’obtenir des emplois plus productifs et mieux rémunérés. Cet effet est accru par les taux marginaux d’imposition élevés subis par les individus au fur et à mesure qu’ils s’éloignent de la zone des bas salaires : c’est un problème classique de ce genre de mécanismes (voir ici et ). Il est fort possible que ces mécanismes aient remplacé la trappe à pauvreté par une trappe à bas salaires.

– La stabilité macroéconomique obtenue par la politique monétaire et budgétaire est un leurre. De fait, on ne constate pas d’effet montrant que la politique de la Bank of England ait été modifiée par son indépendance : elle a suivi la règle de Taylor, de la même façon qu’elle le faisait avant. La “règle d’or budgétaire” et la règle de “l’investissement soutenable” ont échoué, comme le font bien souvent les règles appliquées dans les politiques publiques (loi de Goodhart). En pratique, les dépenses publiques ont augmenté pendant les bonnes périodes, laissant des marges de manoeuvre très limitées pour la mauvaise période actuelle.

– de la même façon, la gestion des services publics par objectifs quantitatifs n’a produit qu’une illusion d’amélioration, reposant sur des indicateurs suivis scrupuleusement, mais qui perdent ainsi toute pertinence pour juger de la qualité du fonctionnement desdits services. Pire même : en remplaçant le fonctionnement ancien des services publics fondé sur la conscience professionnelle par un management fondé sur des incitations financières et des objectifs quantitatifs, on a développé une culture de la tricherie et une démotivation des personnels dans ceux-ci.

– L’inflation invraisemblable de réglementations diverses, la hausse des dépenses publiques, et l’étatisme accru qui l’a accompagnée, constituent des obstacles à la création de petites entreprises, obstacles qui bénéficient aux grandes entreprises; cela contribue à réduire le dynamisme de l’économie britannique et sa croissance future, qui dépend de la destruction créatrice, le remplacement des anciennes entreprises par des nouvelles.

Il n’est pas possible de trancher entre ces deux perspectives : même à l’avenir, lorsqu’on connaîtra les performances futures de l’économie britannique, on ne pourra pas savoir quelle part de celle-ci peut être imputée à la période durant laquelle le New Labour a été au pouvoir. Mais elles nous rappellent que le jugement sur les politiques économiques ne peut qu’être nuancé, et que celles-ci reposent nécessairement sur des choix, et des choix difficiles. Ces choix, le New Labour les a constamment niés, en prétendant qu’ils étaient rendus inéluctables par l’évolution du monde mondialisé qui bouge très vite; en niant leur existence, faisant croire par exemple qu’il était possible d’avoir à la fois plus de prospérité et plus d’égalité (et de fait, si la Grande-Bretagne d’aujourd’hui est plus prospère, elle est aussi plus inégalitaire qu’en 1997); ou en prétendant avec un aplomb permanent qu’ils peuvent être ignorés à condition de bénéficier d’un management politique compétent, d’une avant-garde d’élite guidant le peuple.

Ils ont prétendu tout savoir et être omnipotents, capables d’anticiper les besoins du marché du travail futur, de distinguer entre “bons” et “mauvais” migrants, capables de déterminer le “bon” niveau de salaire minimum applicable, capables d’élever le coût des études universitaires sans pénaliser les bas revenus, même capables de faire émerger la démocratie au Proche-Orient par la guerre, le tout, au mépris du doute et de la prudence qui devraient caractériser des politiques décents. ils ont remplacé le questionnement sur les valeurs qui devraient distinguer leur parti des autres par la “vision” du grand chef, renonçant par exemple à trouver une légitimité morale à la redistribution, et la présentant comme une obole imposant aux pauvres de bien se conduire; En remplaçant la morale et la décence par le respect de règles, ils se sont trouvés régulièrement face à des scandales ayant tous en commun le respect de la lettre de la règle, mais le mépris de son esprit. Il n’est dès lors pas très surprenant que les électeurs britanniques aient fini par être dégoûtés par le New Labour, et par la politique de façon générale, et qu’ils le manifestent dès qu’ils le peuvent dans les urnes.

Ce n’est pas d’un changement de têtes que le New Labour a besoin : c’est d’une réflexion approfondie sur ce qui fonde ses valeurs et sur la nature de la politique. Je ne sais pas de quoi a besoin le parti socialiste français, et pour parler franchement, je m’en moque assez largement; il me semble simplement qu’avant d’embrasser le managérialisme à la britannique, ils feraient bien de se demander pourquoi celui-ci a si peu convaincu les électeurs là où il a été appliqué.

Alexandre Delaigue

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13 Commentaires

  1. Tres bon article que je reprendrai surement des que j’ai un moment.

    En reprenant certains points de fierté du défenseur du New Labour:
    – L’amélioration du fonctionnement de certains services publics: ah oui ? Tony Blair est arrivé au pouvoir avec 3 priorités: Education, education, éducation. Le résultat est malheureusement lamentable, comme il l’a reconnu lui meme aux communes peu avant de partir. En ce qui concerne la NHS, ca va si mal que c’est devenu la priorité des Tories (le fameux 3 lettre de Cameron). Quand au PPP, j’en parle justement aujourd’hui.
    – Les politiques visant à revaloriser le travail: revenu minimum en effet, on ne peut le nier. Par contre il y a encore des progres a faire sur la gestion du chomage. Quand aux chomeurs déguisés en handicapés…
    – les politiques visant à atteindre la stabilité macroéconomique: hmmm le non interventionisme de l’Etat, c’est ca ? Ce suporter du New labour a t’il entendu parler de Northern Rock ?

  2. La faible victoire de 2005 s’explique par la guerre en Irak. C’est grâce a un bilan économique -a ce moment la- encore très bon que le Labour est passé.

    Les difficultés du Labour s’expliquent a mon avis par deux facteurs. D’une part Gordon Brown a l’air bien terne face au jeune (42 ans) David Cameron – le chef des Tories. La popularité du premier ministre baisse depuis un discours tenu par Cameron au printemps 2007 ou ce dernier demandait la tenue d’élections, ce que Brown a refusé.

    L’autre facteur est la fin de la bulle immobilière. L’investissement dans l’immobilier est pour beaucoup de britanniques le seul moyen d’obtenir une retraite décente (Pour parler de moi: mon employeur cotise pour moi dans un fond de pension: 4% du salaire brut, je recevrai donc dans 40 ans environ 1 an et demi de salaire, et c’est tout – a condition que mon salaire croisse au rythme de l’inflation. On ne va pas très loin avec cela.). Les mauvaises perspectives du marché immobilier (-10% cette année, il me semble et cela devrait continuer) impliquent de mauvaises perspectives pour les retraites. De ce point de vue, celui qui fut chancelier de l’Echiquier pendant 10 ans a clairement sa part de responsabilité.

    Réponse de Alexandre Delaigue
    Oui, en 2005, il y avait l’effet de la guerre en Irak : mais cette guerre a été menée comme le reste de la politique du New Labour, avec beaucoup d’hubris et de certitudes.

  3. @Vonric: sur la santé, c’est tout a fait exact. Je me souviens d’un reportage de la BBC ou ils annonçaient que les dépenses publiques de santé en 2006 avaient baissé de 2% par rapport a 2005 (alors qu’en France on cherche seulement a ce qu’elles n’augmentent pas trop). Commentaire de la journaliste: "des spécialistes estiment que l’espérance de vie devrait baisser".

  4. J’ai toujours un peu de mal quand Econoclaste parle de politique. La derniere phrase notamment est a se tordre : "ils feraient bien de se demander pourquoi [le blairisme] a si peu convaincu les électeurs là où il a été appliqué." Resumons : election triomphale en 1997, 11 ans de pouvoir (11 ans !), et ce malgre une entree en guerre pour le moins controversee, et aujourd’hui enfin de serieuses difficultes, dues en partie a la situation internationale, a un leader anticharismatique et a un parti Tory qui s’est renouvele. Meme si cela a peu de chances d’arriver, Brown peut theoriquement rester au pouvoir jusqu’en 2010… Je crois que les socialistes pairaient cher pour une telle perspective.

    PS : Tout cela n’a rien d’un jugement sur la politique de Blair. Simplement, quand on parle de reussite electorale, attention a ne pas trop avoir la tete dans le guidon.

    Réponse de Alexandre Delaigue
    Donc, quand tout va bien, c’est grâce aux politiques menées, et quand cela va mal, c’est la faute aux circonstances. Un peu facile non?

  5. "En remplaçant la morale et la décence par le respect de règles": la morale et la décence sont aussi des règles, et on peut tout aussi bien en respecter la lettre tout en en méprisant l’esprit. C’est même courant.

    Toujours aussi peu convaincu par vos attaques contre un prétendu "managérialisme". Vous confondez, je pense, action et discours politique. Et comme le fait remarquer Isaac, le Labour paie surtout sa longévité au pouvoir. Aucun parti en place depuis si longtemps n’échappe à l’érosion de sa popularité. Les réussites passent en arrière-plan, les échecs ressortent. C’est inévitable. Certes il est intéressant d’étudier le bilan, mais il ne nous apprend rien sur les causes de l’impopularité du Labour.

    Bien d’accord sinon sur la relativisation de l’impact des politiques sur les grandes évolutions économiques. L’Angleterre des années 80 aurait souffert autant sans Thatcher. A dire et à répéter jusqu’à ce que ça rentre.

  6. Alexandre,
    Bon, j’ai déjà lu ici plusieurs fois que tu n’étais pas fasciné par le bilan du New Labour. Mais je ne comprends jamais ce truc de ne pas être convaincu par des constations « logiques et factuelles ».

    Si ce qui est mesurable avec un minimum de sérieux, comme l’inflation, la croissance, le chômage et les salaires (attention, je ne lance pas un débat sur la manière dont sont calculés ces chiffres et je pars du principe qu’un consensus existe tout de même sur la nature de ces indicateurs) montre une amélioration, c’est qu’il y a effectivement une amélioration.

    Maintenant, est-ce que cette amélioration est due à une conjoncture porteuse quelles que soient les conneries faites (ou les efforts accomplis) par les politiques, c’est là où l’on peut discuter. Personnellement, j’ai tendance à remarquer que la conjoncture mondiale a été la même pour la France et la Grande-Bretagne au cours des dix/quinze dernières années et que nos deux pays sont comparables sur à peu près tout (même si nous préférons l’industrie automobile à la finance et le nucléaire au pétrole de la mer du Nord). Manifestement, nous ne nous en sommes pas sortis avec le même bonheur sur la période.

    Par ailleurs, les booms espagnol et irlandais sont de natures différentes, et je crois qu’ils ont bien plus à voir avec les volontarismes locaux qu’avec cette fameuse conjoncture mondiale. Ainsi, si l’on regarde la manière dont le Portugal, qui était pourtant plus riche que l’Irlande il y a 15 ans, s’en est tiré avec les mêmes versements européens, on constate que les Irlandais ont été les plus efficaces.

    Sur un autre plan, je pense que tout a été dit sur ces histoires d’échanges de population entre la France et la Grande-Bretagne. Je lisais encore un petit papier rigolo dans le Guardian de samedi sur ce point (http://www.guardian.co.uk/lifean... ). Les Français qui partent là-bas sont plutôt jeunes et dynamiques quand les Anglais qui viennent ici sont plutôt âgés et à la recherche de l’art de vivre qu’autorise la vente d’une maison triste de la banlieue de Londres au prix d’un château de 10 pièces dans le Périgord.

    Clairement, certains Anglais voient aussi la France comme une sorte de « reflet du passé » de l’Angleterre : un endroit plus rural, moins sophistiqué, moins sujet aux désagréments de la modernité (violence urbaine, dureté du monde du travail). Ils ont raison lorsqu’ils s’installent à Josselin ou à Carhaix pour prendre leur retraite. S’ils débarquaient à 25 balais à Créteil, peut-être réviseraient-il un poil leur position (mais ça ne risque pas d’arriver).

    Je pense d’ailleurs que c’est justement sur les questions « humaines » que Blair a échoué, ce qui est paradoxal de la part d’un type aussi motivé par son christianisme : la Grande-Bretagne est aujourd’hui une société plus dure et moins solidaire que la France même si elle réussit mieux économiquement. Mon vrai modèle, s’il doit vraiment y avoir un modèle, serait plutôt la Suède, où l’on conjugue tout ça avec plus d’harmonie. Mais parce que je crois que l’on se fait tout de même un peu chier chez les Scandinaves, l’idéal serait une réécriture à la française de tout ce que les expériences social-démocrates ont de positif. Là, on pourrait vraiment dire : « heureux comme Dieu en France » (ce qui est une expression allemande, paradoxalement).

  7. Hugues>Il me semble que ce que souligne principalement Alexandre, est qu’il est peu logique de mettre les succes economiques du Royaume Uni au crédit du NL, et les échecs récents sur le compte de la conjoncture.

    Bien au contraire, il est possible de soutenir que le New Labour n’a fait que surfer sur une vague existante – avec il est vrai une TRES bonne communication, la culture du spin – alors qu’en fait il créait déja en son sein le terreau favorable aux problemes actuels lorsque la conjoncture se retournerait.

    Car les difficultés actuelles sont caractéristiques du laissé-aller des années Blair (et Gordon Brown en prend sa part bien sur): marché immobilier, éducation, santé, tranport… tous les grands chantiers sont dans une situation déplorable… la faut a qui si ce n’est au parti au pouvoir depuis 11 ans ?

    Quand a l’attrait de Londres (il est moins grand pour Bristol ou Leeds!) de la part des jeunes francais, rappelons seulement que ceux ci sont bien nombreux a revenir apres quelques années, de la bouteille et une famille dans les bagages, et se rendant compte que les attraits de la vie nourrit d’amour et de biere tiede est moins grande l’age aidant.

    Quand a ta remarque finale sur la Suede, je suis assez d’accord… mais tu devrais reconnaitre que les modeles anglais et suedois sont tres différents.

  8. Méthodologiquement il me semble que la meilleure façon de juger de la politique Labour depuis 1997 et d’éliminer les effets exogènes est de la comparer avec celles d’autres pays, dont la France.

    Je m’étais amusé (?) a comparer la période 1997-2002, premier quinquennat respectif de TB en UK et premier et dernier de Jospin en France. L’échantillon témoin étant la moyenne de l’Europe des 15 (Chiffres tirés de "Les économies de l’Europe Occidentale" publication de l’OFCE). La vision courante en France étant que MM Jospin et Strauss-Kahn avaient été remarquablement bons – on se demande alors pourquoi ils se sont fait virer avec fracas.

    Autant que je me souvienne, écrivant de mémoire, les performances en terme de PIB/tête/an étaient que la France avait progressé de 0,1 pt de plus que l’Europe des 15 et de 0,3 ou 0,4 de plus que le UK. Par contre en terme de dette publique, le UK avait généré un surplus de 7 poins de PIB, l’Europe des 15 était inchangée et la France avait creusé un trou de 10 points de PIB.

    En bref la France avait acheté 0,1 pt de croissance annuelle par 2% de déficit annuel supplémentaire vis a vis de l’Europe des 15 et 2 pts de croissance sur la période de 5 ans par 17 points de déficit.

    Bref si nous appelons cela une politique remarquable que doit être le reste?

    Lors de la période suivante, si je me souviens bien, la France de Raffarin s’est trouvée dans une conjoncture internationale dégradée avec zéro marges de manoeuvre alors que le UK a put effectuer une politique Keynésienne classique en investissant dans ses services publics. A ce moment la la croissance UK a largement rattrapée son retard et dépassée la croissance Française.

    Il me semble que le tournant pour le Labour est venu avec la guerre d’Iraq, qui a traduit un hubris (anti-libéral) hallucinant, suivi d’une troisième victoire ce qui était du jamais vu.

    Le Parti et ses dirigeants ont cru qu’ils marchaient sur l’eau et en général c’est la qu’on boit la tasse.

    A mon humble avis, la politique en UK a été de qualité et de résultats bien supérieure a la politique Française. Maintenant est peut être venu le moment du schadenfreunde, mais cela n’enlève rien au fait que le Labour Anglais a renouvelé sa pensée a gouvernée d’une façon qui lui a valu des élections de maréchal trois fois de suite, avant de succober a l’ivresse.

    Pour le moment je n’ai pas encore trouvé de gouvernement Français depuis 1974 dont je puisse en dire autant – et je ne suis pas vraiment de la tendance social-démocrate.

    Réponse de Alexandre Delaigue
    Comme je le disais, avec un standard suffisamment bas, toute politique est un succès…

  9. Merlin> Des élections de maréchal? Avec le score le plus bas réalisé par un parti au pouvoir de mémoire d’homme ?
    Une des caractéristiques les plus notables de ces 10 dernieres annees a été… la faiblesse du parti conservateur, qui a systématiquement enfourché le mauvais cheval, en campagne contre l’Europe et l’immigration, lorsque les anglais voulais des trains qui marchent et un système de santé plus performant.

    En élisant a leur tête David Cameron, j’écrivais d’ailleurs il y a 2 ans 1/2 qu’ils venaient de choisir leur prochain Premier Ministre (TB était pourtant encore la).
    vonric.blogexpat.com/blog…
    vonric.blogexpat.com/blog…

    Oh, il vous semble que GB n’a pas creusé les deficits en tant que Chancelier ? Mais c’est le propre du New Labour, de jeter de la poudre d’aveuglement. En adoptant a tout va des PPP, garantissant les risques (et dettes potentielles) et privatisant les profits, il a ainsi réussit a faire gonfler la baudruche officieuse… qui malheureusement pourrait bien exploser dans les bras du prochain PM.
    CF: vonric.blogexpat.com/blog…

  10. M. Delaigue, vous avez un humour tout Anglais. Un ancien ministre des Finances, Baumgartner je crois, disait qu’une bonne politique économique consistait a faire moins de bêtises que les voisins. En matière économique le niveau de bêtise général est plutôt élevé, comme vous le faites remarquer souvent, et il me semble qu’il faut savoir distinguer les borgnes.

    M. Vonric, j’ai pratiqué l’Angleterre depuis 1980 environ et j’y ai vécu de 88 a 98. Nous dirons que j’ai vu l’évolution du pays, que j’ai pu comparer avec l’évolution du mien. Je pense bien en connaitre les points faibles et je pense que si les Anglais avait eu un problème avec leur train ou leur système de santé Margaret Thatcher n’aurait pas été ré-élue deux fois.
    Il s’agit la de décisions reflétant des logiques nationales et que l’électorat Anglais a arbitré de façon démocratique sur la base de manifestes transparents. Nos TGV et notre liberté médicale vont de pair avec une dépense socialisée la plus haute d’Europe (donc du monde), un financement opaque de cette dépense qui permet a chacun de penser que c’est l’autre qui paye (Bastiat reviens)ainsi qu’avec un taux d’emploi bien plus bas qu’en UK.

    Si les Tories ont été mauvais, c’est par hubris une fois de plus et aussi parce que TB ne leur a laissé aucun espace de respiration – on pourrait faire l’analogie avec le PS aujourd’hui.

    Je voudrais ajouter avant d’oublier que je ne vois aucune différence entre le NHS et le système de santé Français sauf 2: Le notre est incomparablement plus cher; le notre est totalement hypocrite.

  11. Bref tout n’est pas noir tout n’est pas blanc je vous l’accorde.

    PS: ayant eu a pratiquer les deux systèmes de santé, j’ai vu de mon coté (corroboré par aux moins 3 expériences similaires) un grande différence… pour les urgences,ok (on n’est pas aux US!). Pour le reste, malheur a celui sans assurance privée. Mais il est vrai que ce n’est pas la fin du monde…

  12. 100% d’accords. La culture des Benchmarks est vraiment desastreuse. Les administrations se concentre sur ceux ci, les politiques presentent ca comme une amelioration du service … Mais les administres ne percoivent rien de cela …

    C’est a mon avis le debut de la fin de NL pour un moment.

  13. "Mon vrai modèle, s’il doit vraiment y avoir un modèle, serait plutôt la Suède"

    Si vous aimez la prise en charge du berceau jusqu’à la tombe avec prise de risque (et donc liberté) minimale, oui, c’est un bon choix.

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