Le foin sur le service minimum à l’éducation nationale ne vous a pas échappé. Moi, presque. Quelques lignes et j’arrête de vous embêter.
Le paradoxe de l’affaire pourrait se résumer à “Plus de travail = moins de travail”. Je m’explique en quelques points.
La garderie est-elle un service public ?
Non, je ne répondrai pas à la question. Il n’aura échappé à personne que lorsque la vie des familles est rythmée par l’école, l’absence d’accueil des enfants crée une situation compliquée. Mais évoquer la continuité du service public dans ce contexte – à savoir recevoir les enfants à l’école, quelle que soit leur occupation – est un peu étonnant, aussi. Pourquoi ? Pour ce qui suit dans le prochain paragraphe. En attendant, retenons donc qu’il est envisageable sur le principe de modifier ponctuellement la mission de l’école pour en faire une halte garderie. L’analyse coûts-bénéfices est a priori assez favorable à un tel choix. Du reste, n’oublions pas ces enseignants qui le font à longueur d’années, ou presque, la fonction de flic en plus.
Travailler plus, c’est gagner plus, en bossant moins
Donner à des enseignants comme mission principale de garder des enfants n’est pas une nouveauté. Cela existe depuis longtemps. Il y a les toutes les colos où des profs sont animateurs ; il y a les classes de neige et autres sorties scolaires. Il y a aussi les écoles dans un certain nombre de pays en développement. Si un enseignant vient travailler un jour de grève, il semble assez normal qu’il prenne en charge ses élèves. On peut alors supposer que l’accueil dans sa classe des élèves des grévistes sera assez désorganisant pour la progression du cours. Il ne bossera donc pas beaucoup, délaissant l’enseignement à l’aménagement de l’espace et de la cohabitation des élèves. Or, ceci est nettement moins fatigant que de mener un cours, quel que soit le niveau. Qu’il s’agisse de faire faire des dessins ou de débattre du dernier débat présidentiel (et je n’évoque même pas les discussions autour de la dernière finale de Ligue des champions), l’affaire est quand même moins complexe que de faire comprendre à ses protégés ce qu’est une dérivée ou une primitive.
En conséquence, le service minimum, je suis pour. Et tous les profs pourraient être pour. C’est une occasion rêvée de ne rien faire, tout en étant payé.
Les erreurs des citoyens qui en ont marre
Ce n’est pas d’en avoir marre. C’est autre chose. Tout d’abord, il y a l’oubli constant et volontaire de quelques caractéristiques, peut-être désagréables à accepter, mais indéniables, de l’enseignement, que j’avais évoquées. Ensuite il y a cette idée que les syndicats ne pourront plus bloquer le pays. C’est vrai, dans la mesure où les parents pourront aller travailler. Mais une grève aura les mêmes conséquences qu’avant sur l’éducation : supprimer des heures de cours. Pire, elle perturbera même les cours assurés. On revient à ce qui est souligné plus haut. Enfin, que cela plaise ou non, de Mintzberg à Crozier, en passant par James Buchanan, l’enseignant est un vil individu comme les autres. Il faut s’interroger sur les réactions, non plus des groupes corporatistes, mais des individus qui les composent. Ce que nous enseigne le Public Choice, c’est qu’acteurs privés ou publics, les individus recherchent avant tout leur intérêt et n’agissent dans l’intérêt de leur employeur que si celui-ci a des intérêts proches. Ce que Crozier nous dit, c’est que chaque individu dans une organisation tend à contrôler, par une logique socio-technique, des zones d’incertitude et qu’il en use pour son bénéfice. La seule façon de réduire l’usage de ces zones est de structurer l’organisation pour rendre le contrôle de la zone d’incertitude favorable aux fins de l’organisation. Enfin, Mintzberg nous rappelle que parmi les formes d’organisations, il en existe une qu’on qualifie de bureaucratie professionnelle où la coordination des activités et la réalisation des objectifs se fait par la standardisation des qualifications, afin que le comportement isolé d’un individu aille, là aussi, dans le sens de ce que l’organisation attend. Or, parmi les exemples que Mintzberg prend, on trouve les enseignants (même si, de mémoire, il me semble qu’il se base sur les universités). On pourrait, en parallèle à Mintzberg, citer d’Iribarne et sa logique de l’honneur, espèce d’OVNI hérité de l’Ancien régime, mais persistant.
Le problème du service minimum chez les profs, c’est qu’il n’a qu’une seule vertu : satisfaire le besoin, compréhensible, des parents de se débarasser de leurs gosses pour aller bosser. Je crois avoir été assez clair, je ne prends pas cela à la légère. Je reproche juste aux grandes bouches de ne pas avoir la sincérité de dire clairement qu’ils sont incapables de regarder plus loin que ça.
Car, du point de vue préféré des mêmes grandes bouches, le problème n’est pas là. Il se joue sur le terrain mouvant de l’équité et verglacé de l’efficacité[1]. Il faut être assez réaliste :
– Buchanan dirait aux enseignants qu’ils ont tout à gagner du service minimum qui leur permet de tirer des revenus conséquents d’une activité peu éprouvante . Au surplus, s’ils se débrouillent bien, ils pourront obtenir un budget supplémentaire pour organiser le service minimum ;
– Crozier leur ferait remarquer que la zone d’incertitude contrôlée reste exactement la même : une fois la porte de la salle de cours refermée, personne n’entendra crier les chérubins, service minimum ou pas ;
– Mintzberg leur signalerait que la standardisation de leurs qualifications n’a pas été conçue pour faire office d’assistantes maternelles et que s’ils ont un problème, qu’ils retournent voir Crozier ou Buchanan ;
– d’Iribarne constaterait sûrement benoîtement que passer de la dérivation de fonctions à la garderie est bien regrettable dans la logique de l’honneur et que Buchanan les attend à bras ouverts.
– A moins qu’on utilise l’indemnisation des perdants comme le suggèrent Delpla & Wyplosz. Dans ce cas, plus besoin de service minimum…
Conclusion personnelle
Il faut penser la question du service minimum à l’éducation nationale plus largement qu’une simple mesure technique ou vexatoire. Ce ne devrait pas être qu’une mince satisfaction exutoire à un ressentiment. On peut se demander si ce que je racontais il y a quelques temps sur le choix discutable (au sens propre), mais obscurément opté depuis quelques années, de réduire la qualité de l’enseignement secondaire ne se traduit pas encore une fois dans cette démarche. Rien ne me choque particulièrement dans cette histoire, hormis les commentaires logiquement incompatibles que beaucoup de citoyens profèrent à la moindre occasion[2].
Sur ce, je vous laisse : j’ai des cours à préparer et je vous rappelle au passage que les salaires que je perçois pendant l’été ne sont pas des congés payés, mais le résultat de la division par douze d’un salaire calculé sur 10 mois[3]. Quand je pense que j’ai dû me taper une réunion le 3 juillet, je me dis que je suis trop bête.
Remarque : le service minimum n’impliquant pas de répondre aux individus discourtois, mesurez vos commentaires.
Notes
[1] Se faire emm… d’accord, mais en plus par des privilégiés qui vivent de nos impôts, ça non.
[2] Florilège ici, dans les toujours succulents commentaires des lecteurs du site de Libération
[3] Ce qui relativise deux mythes : la très très mauvais paie des enseignants ; les deux mois de vacances d’été, qui sont surtout un chômage technique non indemnisé
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Juste une petite remarque : l’école est (jusqu’à 16 ans) obligatoire. Ses horaires ordinaires sont fixés par l’administration et s’imposent aux parents, ainsi que l’établissement d’affectation (à quelques exceptions près). Donc, il ne s’agit juste pour les parents de disposer d’un "service public de garderie" : il s’agit pour eux de s’accomoder des mouvements d’humeur du personnel d’état affecté à l’établissement dont ils dépendent.
Car une fois le caractère "public" du service imposé et l’obligation pour les parents de bien vouloir en bénéficier sous peine de prison, c’est l’articulation d’une vie paisible de citoyen ordinaire incidemment parent avec les obligations que lui crée la république qui est posée.
Bravo, vous avez lu uniquement ce que vous vouliez lire, histoire de placer ce que vous vouliez dire. Y compris si je le disais aussi (pour mémoire “le problème du service minimum chez les profs, c’est qu’il n’a qu’une seule vertu : satisfaire le besoin, compréhensible, des parents de se débarasser de leurs gosses pour aller bosser. Je crois avoir été assez clair, je ne prends pas cela à la légère.”). On a l’habitude.
Notez que s’il était possible de choisir son école (et s’il était possible pour le secter concurrentiel d’en créer) la question ne se poserait pas, ce genre de détail (garanties données aux parents d’élèves quand à la sécurité et l’emploi du temps de mineurs de moins de 16 ans) ferait partie des garanties contractuelles de service entre parents et établissement.
D’où vient ce mythe largement répandu sur le salaire des enseignants calculé sur 10 mois ? Si l’on compare les grilles indiciaires avec d’autres catégories, on voit qu’un prof de lycée certifié touche le même salaire brut qu’un inspecteur des impôts ou du trésor, qu’un attaché. La différence de salaire qui existe provient des primes qui sont dans l’éducation très faibles. Et là il est vrai que les primes sont calculées sur 10 mois (de travail) mais réparties sur 12.
Mince, alors j’ai plein de vacances et je suis très très mal payé ? Je veux bien croire à ce que vous dites, mais je ne sais pas sur quelle base ont été faites les grilles. Expliquez moi aussi pourquoi les heures sup années du mois de septembre ne sont pas payées dans l’éducation nationale. Où le verra-ton dans une grille ? Quant aux primes des enseignants, celle qu’ils touchent tous vient à peine d’être mensualisée. Avant elle tombait par trimestre et n’incluait pas les mois d’été. Cela dit, malgré les apparences, mes questions sont sincères.
selon cette page de l’INSEE: http://www.insee.fr/fr/ffc/chifc...
les cadres A (fonction publique: concours à Bac+3 comme le Capes ou le concours de professeur des écoles) ont un salaire mensuel net médian de 2490 euros soit 29880 euros annuel. Les enseignants ont un salaire net mensuel médian de 1900 euros soit 22800 euros annuels. Ce salaire annuel correspond à 9.2 mois de travail d’un cadre A
Il y a certainement dans les cadres A de la fonction publique pris en compte dans l’enquète les hauts fonctionnaires qui ont naturellement un salaire supérieur à celui d’un chef de service ce qui doit un peu relever le salaire médian de ces cadres A, les saliares des enseignants étants plus homogènes
mais le salaire donné étant un salaire médian (et non moyen), et le nombre de cadre ayant des très hauts revenus étant certainement minoritaire dans leur branche, mon calcul doit être relativement pertinent (si ce n’est pas le cas, je m’excuse de vous en avoir imposé la lecture)
Le principe est le suivant :
1. Le traitement brut est le même pour tous les cadres A de la fonction publique. Il y a une grille indiciaire équivalente à un certain niveau de diplômes, ici bac +3.
Ouai, y a un point, il a une valeur et on mulitplie, je sais.
2. Le revenu d’un fonctionnaire ne se limite pas au traitement brut. Il y a de nombreuses primes, tels que "indemnités de suivi et d’orientation" pour les profs, une prime pour tous et une prime supplémentaire pour les profs principaux, etc.
Oui, alors, j’ai peut-être oublié de vous préciser que je connais quand même un peu mon statut et mes revenus. Même si parfois, je suis un peu négligeant sur les bords, là on est sur les bases. Mais bon, ok, y a pas que moi qui lis… Pour la petite histoire, prof principal en BTS, c’est pas d’ISOE…
3. Les primes dans l’éducation nationale sont inférieures à celles d’autres administrations tels l’intérieur ou l’économie. Du fait des primes, un inspecteur stagiaire du trésor gagne autant qu’un prof certifié au bout de 10 ans. La part des primes dans le revenu n’est que 10-15 % dans l’EN et va jusqu’à 50 % ailleurs. Nos primes sont mensualisées mais sur une base de 10 mois.
4. Les primes concernant les heures sup sont payés à partir de novembre parce que l’administration du rectorat ne sait pas avant octobre quels enseignants ont des heures sup et que les fiches de paie sont faites très tôt. C’est une question de délai, mais en principe en novembre il y a un "rappel" sur le salaire.
Pas exactement. Sur les délais de paiement, oui, il faut que les services définitifs remontent. Mais septembre n’est pas payé. Et figurez vous qu’il y a aussi une légende à ce sujet qui dit que ce serait pour compenser le fait que les heures sup années sont versées aussi pendant les vacances. Bref, vous n’avez pas percé le mystère de la formation de la rémunération des enseignants.
Essayons de rester constructifs.
Si l’école était un service marchand comme un autre (ou plutôt, lorsque le service à rendre est un service marchand ordinaire), la question du service minimum ne s’y poserait même pas, du moins, en ces termes, c’est à dire, en termes d’obligations des établissements n’existant que parce que des parents ont obligation de leur confier leurs enfants, obligation qui se transmet en partie (et en partie seulement) sur les profs (notamment au vu de la quantité et la technicité croissante de personnels de service par ailleurs affectés dans les bahuts)
D’ailleurs, se pose-t-on cette question pour l’université ? Je n’en ai pas l’impression. La barrière consensuellement adoptée est certainement un peu artificielle, puisqu’elle semble être la rupture de cycle généralement coïncidente avec la majorité. Après, chacun se la fixera philosophiquement comme bon lui semble.
On sait d’expérience que les collectivités territoriales sont très présentes sur la question du service minimum dans les bahuts et ce, pour une raison simple : elles sont par ailleurs responsables de l’organisation des transports scolaires, vitaux en zone rurale. Et les transports scolaires s’organisent une fois dans la journée toujours aux mêmes heures indépendamment des circonstances. Et, après tout, s’il s’agit simplement de permettre de confier les enfants à "des adultes" lorsque les personnels étant sensés, en marge du service d’enseignement qu’ils rendent, de répondre de leur sécurité ne sont ni présents ni spontanément remplacés en attendant que le bus qui les ramènera chez eux soit là, je suppose qu’il ne sera pas très difficile, à l’aide des collectivités territoriales trop heureuses de trouver trouver une excuse pour implanter davantage d’agents parfaitement qualifiés à eux dans les bahuts.
Peut-être est-ce écrit dans votre propos, même si ça y est à mon avis écrit en filigrane, mais je suppose qu’il doit être venu à l’esprit de la plupart des enseignants qu’il existe d’autres moyens de se manifester (en tant qu’enseignant) qu’en restant spectaculairement à l’écart de ses élèves. A supposer que vos concitoyens ne soient dupes de rien sur ce point, comprenez-vous qu’un citoyen ordinaire puisse estimer que la société perd toujours à se laisser sciemment prendre en otage, fût-ce, le plus souvent, uniquement du point de vue du spectacle (télévisé) donné ?
Mon propos était très clair. Ensuite, je voudrais vous dire deux choses : un, je n’ai pas fait un jour de grève depuis que le gros qui m’insultait quasi quotidiennement a quitté le ministère (un idiot, qui aurait simplement du supprimer le mépris de son programme pour que tout aille bien) ; deux, combien de jours de grève dans l’éducation nationale chaque année ? A part pour 2003, le terme de ”prise d’otage” me semble un peu surfait.
Les enseignants, comme les agents des sociétés nationales de transport de voyageurs, remplissent une mission de service public. Autant je comprends la notion de service minimum pour le transport de voyageurs : on met en circulation moins de rames, qui roulent éventuellement plus lentement, marquent éventuellement plus d’arrêts, mais assurent la même nature< de service. Autant dans l’enseignement, il me semble, comme vous le soulignez, que la nature même du service se modifie : on transforme la mission de transmission des connaissances en une mission de garderie. Cette vision est confortée par le fait, qu’à ma connaissance, le ministre ne semble pas vouloir instaurer un service minimum dans l’enseignement supérieur. Pourtant, si on admet que c’est la notion de continuité du service public qui est en jeu, on devrait logiquement demander aux enseignants-chercheurs d’assurer également un service minimum. En matière d’enseignement, j’ai mon idée, je ferais une grève du zèle : pas question de quitter l’amphi (les portes seront fermées) sans que tous les étudiants aient compris la notion de dominance stochastique. Avec contrôle immédiat. Et correction immédiate de copies. Et on recommence tant que tout le monde n’a pas 20/20. Et on change de sujet à chaque jour de grève.
@SM:
je vous trouve bien peremptoire… Se debarasser de ses gosses, certes, mais pas que pour aller bosser (et les chomeurs, et les RTT, et les soldes, et les femmes au foyer…).
Par contre le samedi matin, tout de suite, ca le fait moins.
Cela etant c’est pas une surprise "si" enorme. Au dela des discours magnifiques sur le role de l’ecole, on tend vers ce que decrit HM, a savoir considerer les enseignants comme des prestataires de services en relation contractuelle avec les parents. Ca fout les jetons, mais bon.
HM fait visiblement partie des gens qui ont des solutions simples à des problèmes compliqués. Quand il demande plus de liberté de choix, je ne peux qu’être d’accord avec lui. De manière générale, je ne suis pas un pélerin de l’école publique et encore moins de l’école publique telle qu’elle est actuellement. Mais, c’est ici que s’arrête l’accord. Ce que HM et d’autres pensent c’est qu’ils peuvent avoir le beurre et l’argent du beurre, à savoir des enseignants qui n’aient plus le confort de certains arrangements institutionnels, qui continuent , dans le même temps, à se taire sur les arrangements institutionnels qui leur sont défavorables et, surtout, qui continuent à traduire en loyauté à l’égard du système et des enfants le sentiment de protection qu’ils ressentent actuellement. Il y a certainement des moyens de progresser significativement en termes de justice et d’efficacité, mais sûrement pas en deux lignes d’analyse vite faite.
Pour en revenir à l’histoire des gosses dont on se débarasse, il ne faut pas tomber dans le travers inverse : les parents qui n’ont pas prévu d’avoir leurs enfants le samedi matin car c’est un emploi du temps qui leur a été donné, ont de bonnes raisons de râler si l’emploi du temps est modifié. Il ne faut pas généraliser à l’ensemble des parents un comportement ultra minoritaire chez ceux qui auraient plutôt dû prendre un chat à la maison. C’est aussi grotesque que de se baser sur l’ultra minorité de profs glandeurs pour décrire le corps enseignant. Or, hélas, c’est ce que les parents ont en tête ; éventuellement ils voient aussi les profs exceptionnels. Mais la masse qui fait son boulot correctement, rien du tout. Enfin, de toute façon, dans ce pays où couper la tête de quelqu’un reste un fantasme permanent, la raison ne l’emportera jamais sur ces sujets.
Il faudrait distinguer les niveaux d’enseignement : si l’on comprend les difficultés auxquelles les parents ont à faire face lorsqu’il y a une grève en primaire, la situation est différente au niveau du secondaire. On peut donc penser qu’un service "minimum" est souhaitable là où la contrainte est la plus importante (primaire) parce que les parents sont aussi des salariés et que la pression de l’entreprise où de l’administration (pensez à un couple de profs dont l’enfant est au primaire) est importante. Quant à l’université, on voit bien que les "maîtres" sont les étudiants qui ont plus de pouvoir que les profs…
C’est indéniablement une nuance à prendre en compte
"Les élèves qui se présentent le jour de la grève sont accueillis, dans l’établissement du second degré, par le chef d’établissement et son adjoint, un service de sécurité étant prévu (RM 31/07 et 11/09/1971 JOAN)."
Par contre, en primaire, les directeurs ne sont pas des chefs d’établissement: ils ne sont pas concernés par cette circulaire et peuvent faire grève.
source: vademecum-sgen-cfdt.org/a…
en primaire:
"Le droit de grève est reconnu aux enseignants du premier degré, y compris aux directeurs d’école. […]
Toutefois, il n’est pas fait obligation aux instituteurs non grévistes d’accueillir les élèves de leurs collègues en grève puisqu’ils assurent, ce jour-là, le service d’enseignement normalement prévu pour les élèves de leur propre classe. Il appartient donc à ces enseignants d’apprécier dans quelles conditions l’accueil des élèves de leurs collègues grévistes est compatible avec l’organisation de leur propre service. Par ailleurs, les communes ne sont pas tenues d’assurer l’accueil des élèves en cas de grève des personnels enseignants, aucune disposition législative ne leur en faisant obligation. […]"
RM – JO du 26/12/96 (http://www.crdp.ac-grenoble.fr/e... )
Sur ce site (http://www.fonction-publique.gou... on peut comparer les grilles salariales des fonctionnaires et constater qu’un certifié qui suit un déroulement de carrière au "choix" arrive en même temps et au même échelon qu’un attaché qui atteint le grade d’attaché principal.
Dans un rapport de la Direction générale de l’administration et de la fonction publique paru en 2004 sur la fonction publique en "faits et chiffres" (http://www.fonction-publique.gou... on trouve la proportion des primes versés à différentes catégories de professions :
– professeurs : 10 %
– cadres : 50 % (magistrats : 43 % ; administrateurs : 51 % ; attachés et inspecteurs : 42 %).
Conclusion : la différence de salaire entre les enseignants et d’autres catégories de professions n’est pas liée à un mystérieux procédé de rémunération sur 10 mois, mais à un système de prime qui corrige sans doute le fait que le temps de travail d’un enseignant est moindre. cqfd.