Dans le Monde daté de demain, deux bonnes lectures :
Le prix du dimanche, par Askenazy, sur les conséquences à attendre de l’éventuelle ouverture des magasins le dimanche. On commence à trouver un peu de vraie analyse économique sur le sujet, ce n’est pas un mal.
La concurrence déloyale est de nouveau la règle : les différents “sauvetages” d’entreprises qui se pratiquent actuellement reviennent à oublier la question importante de la concurrence, en provoquant des distorsions significatives. A mon avis, le secteur dans lequel c’est le plus préoccupant est le secteur financier. Les évolutions actuelles, les sauvetages et fusions de banques, la disparition des banques d’affaires, la réglementation à venir des hedge funds et de marchés comme celui des CDS. On oublie un peu vite que ce qui a rendu le système financier toxique, c’est l’existence d’institutions “too big to fail”; la chute de quelques hedge funds n’a aucune conséquence, les erreurs des grandes banques – qui se sentant protégées par la réglementation sur l’information financière, ont pu faire plus d’erreurs que les acteurs moins réglementés – obligent à des plans de sauvetage coûteux. Par ailleurs, les problèmes d’aléa moral et de comportements opportunistes, sans compter le poids d’une bureaucratie significative, sont plus grands dans les institutions financières de grande taille. La réponse actuelle consiste à asphyxier les petits acteurs de la finance, au profit des gros : il est possible que cela ait les conséquences les plus négatives de la crise financière.
Kezeco, un site pédagogique sur l’économie créé sous l’égide du CODICE, vient d’ouvrir. Je suis en train de faire le tour, je ne suis franchement pas convaincu. Plus sur le sujet ultérieurement, mais n’hésitez pas à commenter d’ores et déjà.
La bonne action du jour, c’est de décider d’aller quotidiennement visiter Mon Beau Sapin, site créé par Penelope Bagieu. Penelope qui a parfaitement compris comment il faut parler de la crise financière.
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Exactement le mélange entre "économie lol", gestes économiques et "science économique" que certains (suivez mon regard agacé) dénoncent chez les autres ! Quel est le rapport entre Nicolaï Kondratieff et "tirer le meilleur parti de son stage" ?
Je vois un autre problème que relève indirectement Krugman : quand une trop grande fraction des forces vives de l’économie passera plus de temps à chasser la subvention qu’à chercher à produire, qu’adviendra-t-il au bout de quelque temps, des économies concernées, quand plus personne ne saura produire des biens et des services ?
Quelle horreur le site kezeco…
On sent tout de suite le site commandé auprès d’une agence de com’ : c’est flashy, plein de couleurs avec le lien vers la FAQ en gros, mais la place réservée au fond dans la mise en page est minimale, ce qui fait que les articles de fond ( qui sont d’ailleurs d’une longueur indigeste ) sont condamnés à rapidement se perdre dans les profondeurs des archives.
Bref : virez-moi ce webdesigner et installez dotclear, ça fera en plus des économies pour le contribuable :s
On peut regretter la fusion CL-CA, la trop grande concentration du marché Français sans verser dans le délire idéologique.
Les banques qui ont pris le plus de risques sont les moins rentable, soit en général les plus petites. Ce ne sont pas BNP ou HSBC qui font les gros titres, ni les banques Allemandes les plus solides sur leur marché éclaté.
Aux USA, sans faire les gros titres, les banques régionales n’accaparent la majeur partie des recapitalisations. Wachovia ou Countrywide Financial n’étaient pas "too big to fall". En revanche en piquant des parts de marché à Fanny Mae ou Freddy Mac, elles les ont poussé à prendre des risques (exemple flagrant de concurrence déloyale).
Et quand une banque perd 5 milliards d’€, ce n’est pas a cause d’un aléa moral, mais parce qu’elle ne veut pas se faire bouffer par sa rivale plus grosse qu’elle.
La concurrence, c’est plus de risque, et c’est bon ou non pour l’économie.
Kezeco a surtout des méthodes de promo de son site qui laissent sceptique. On a reçu plusieurs mails dignes de spams. Et encore, dans les spams, ils disent bonjour, merci et des trucs dans le genre.
S’ils ne sont pas foutus de faire la différence entre un skyblog et nous, c’est grave. Définitivement limite. Et qu’on me titille pas ou je publie les mails en questions, in extenso (ce qui n’est pas très long).
L’article sur le commerce exterieur est, a mon sens, tres mauvais: ca n’apprend rien que tout le monde ne sache deja… Ce que vous avez fait sur le sujet (ou ce qu’en avait fait Krugman) était diantrement plus nourrissant intellectuellement…
Au contraire de P Askenazy, je pense que l’ouverture dominical diminue les coûts et j’explique pourquoi : moindre coût du capital et moindre coût du travail !
verel.typepad.fr/verel/20…
par contre, comme lui, je pense qu’elle défavorise le petit commerce (qui justement coûte plus cher!)
Réponse de Alexandre Delaigue
Ou pas. On peut conjecturer à l’infini sur l’impact sur les coûts, si on veut être honnête on doit dire que tout est possible – hausse ou baisse des coûts. D’où l’intérêt d’études empiriques qui permettent de trancher.
Oui, mais il faut aussi tenir compte du contexte
Vu les facteurs de coût évoqués par P Askenazy et les facteurs d’économie que je mets en avant, il est probable que le travail du dimanche soit d’autant plus rentable qu’on se trouve dans une zone à forte densité de population
Sur ce point, les USA et la France ne sont pas comparables
il est d’ailleurs notable que les grandes chaîne veulent ouvrir le dimanche essentiellement dans certaines zones de grande concentration urbaine : IDF, Lyon, Marseille…
excellent la petite BD sur la crise. Ca m’a rappelé la blague de Solow que vous avez mis dans votre section humour d’économiste…
Une bonne âme pourrait-elle expliquer pourquoi l’ouverture le dimanche serait fatale aux petits commerçants ? J’ai plutôt l’impression que ce serait l’inverse, à condition que ceux-ci acceptent bien sûr d’ouvrir : plus de temps pour les clients pour flâner dans les rues commerçantes = plus d’achats dans les petites boutiques et moins de pression pour bâcler ses courses de la semaine en 1h au supermarché.
En plus les commerçants ne sont pas soumis à la législation du salaire double, puisqu’ils ne sont pas salariés : pas de hausse des coûts pour eux (en tout cas moins que les hyper). Mieux vaut ouvrir samedi et dimanche que lundi et mardi, ils auront plus de chaland.
@Gaétan : une bonne partie des petits commerçants (dans l’alimentaire en tout cas) sont *déjà* ouverts le dimanche, c’est même ce qui leur permet de résister à la concurrence des supers ou hypers moins chers. Ils vont donc perdre cet avantage. Pour la petite histoire, lorsque mon super de quartier s’est avisé de déplacer sa fermeture de 20h30 à 21h30, mon "épicier arabe" a dû déplacer la sienne de 22h à 23h, et a quand même perdu des clients…
Les autres seront ensuite obligés d’ouvrir le dimanche, qu’ils le souhaitent ou non. S’ils ne ferment pas un jour de la semaine, ils travailleront donc 7j/7 (bonjour la vie) ; s’ils prennent un jour de fermeture, ils se retrouveront donc (en gros, bien sûr) à ne plus capter que 6/7 de leur clientèle d’avant : celle-ci n’aura pas de raison d’augmenter ses dépenses, mais les répartira sur 7 jours, et non plus sur 6.
Il est toujours possible que les clients déplacent leur chalandise des hypers vers les "petites boutiques", mais c’est peu probable : pour les vêtements et autres achats de loisir, où il est effectivement agréable de flâner dans les rues commerçantes, la concurrence restera la même (pas trop d’hypers sur ce secteur) ; pour l’alimentaire, il faut vraiment n’avoir jamais fait ce genre de courses soi-même pour imaginer qu’elles peuvent le moins du monde correspondre à une flânerie dans les petites boutiques onéreuses et qu’on n’essaye pas de les boucler en une heure (ou alors je laisse mon expérience personnelle trop influencer mon jugement) !
@Emmeline : je retiens vos arguments, sauf le dernier. Les Français adorent faire leurs courses alimentaires sur les marchés, où ils achètent souvent les mêmes oeufs de batterie qu’ailleurs, en étant convaincu qu’ils sont fermiers (savent pas lire les petits codes à l’encre rouge imprimés sur la coquille).
Et puis un bémol tout de même : les commerces, à part certains d’alimentaire, sont tous fermés le dimanche dans mon quartier pourtant relativement central (Etoiles-Ternes).
Il est certain que dans des quartiers à fort pouvoir d’achat et présence touristique, l’ouverture le dimanche augmenterait le volume de consommation, il ne s’agirait pas seulement d’un report.