On nous refait le coup de Sen et de Tobin

A lire les réactions médiatiques et les commentaires des lecteurs, Williamson et Ostrom seraient les nouveaux hérauts d’un discours anti-marché. Lecteurs, je vous en supplie, lisez attentivement le texte d’Alexandre. Retenez qu’Ostrom fait du Public Choice et que Williamson est le fils spirituel de Ronald Coase. En aucune manière ils ne condamnent l’économie de marché, ils expliquent simplement pourquoi des formes d’arrangements, de contrats si vous préférez, sont parfois préférables à une relation organisée sur un marché. Ce qui signifie entre autres que les formes de relations telles que la sous-traitance sont considérées comme potentiellement bonnes, que les transactions sur un marché sont régulièrement ce qu’il y a de mieux et qu’une multinationale fait du Williamson à foison, avec ses félicitations. Le tout dans un monde peuplé d’individus rationnels et individualistes. Non, avec Williamson et Ostrom, on ne va pas ressusciter l’Union Soviétique ou les phalanstères ! Quoique, théoriquement, avec les bons paramètres, c’est jouable…

EDIT : j’en profite pour signaler aux lecteurs que s’ils veulent une bonne introduction aux thèses de Williamson, remises dans un contexte plus large, ils peuvent lire avec intérêt le livre d’Olivier Bouba-Olga, L’économie de l’entreprise, toujours aussi recommandable (le livre et Olivier 🙂 ).

15 Commentaires

  1. Deux profs associés au Mises Institute – l’un économiste, l’autre historien – félicitent les lauréats : c’est dire s’ils ne sont pas anti-marché!
    blog.mises.org/archives/0…

    Vittori succombe un peu au mythe de l’opposition entre un marché atomisé d’une part, et d’autre part collaboration, associations, syndicats, mutualité, coopératives, etc. Le plus simple est de dire : mais non! tout cela a sa place sur un marché tant qu’il s’agit d’associations volontaires et respectant les droits des individus.

  2. Si je peux me permettre un peu de pub personnelle, je vous suggère cet article paru en 2003, en même temps que le livre d’OBO que je ne connais pas, mais sur lequel je vais me précipiter.
    gdrean.perso.sfr.fr/artic…
    Bien sûr, vers la fin, Stéphane va penser que je suis vraiment obsédé. J’assume.

  3. il parait que cette "video illustrates the work of Elinor Ostrom for which she just won an Economics Nobel Prize, about the "rules for managing common-pool resources."
    http://www.eatmedaily.com/2009/1...

    Réponse de Stéphane Ménia
    Arf… L’an prochain, on pourrait avoir Woody Allen ?

  4. La misère est un fond de commerce inépuisable ; inépuisable au point d’alimenter une grande diversité de motivations parmi ceux qui font profession d’en vivre : journalistes, médecins, hommes d’église, assistantes sociales ou politiciens.

    En profitant de l’éducation qu’on a pu éviter de recevoir, on parvient certainement à savoir en tenir compte sans nécessairement trop régulièrement succomber à la tentation de la contempler.

  5. Sans doute l’un des textes les plus récents de Williamson ici qui permettra de remettre quelques idées (reçues) en place : organizationsandmarkets.f…
    The target audience for this paper is students who have completed their second year of a PhD program in economics, business, or the contiguous social sciences and are considering whether to take courses in the economics of organization and/or the economics of institutions preparatory to doing their dissertations. The common features that I associate with success by these students are these: they have a good grasp of textbook microeconomic theory and of the core courses in their respective fields; they have interdisciplinary interests; they have an abiding curiosity in understanding the purposes served by
    complex economic (and noneconomic) organizations; and, because the action resides in the details,
    they are prepared to engage the microanalytics in theoretical, empirical, and public policy respects.

  6. Merci pour ce papier très didactique de Williamson.

    J’ai noté au passage une phrase qui va à l’encontre de bien des préjugés anti-marché :

    "With respect to antitrust enforcement, the public policy lesson is this: non-standard and unfamiliar private ordering contracting practices and organizational structures can and often do serve valued economizing purposes – whereas, for a long time, these were presumed to have monopoly purpose and effect."

    Je crois qu’il critique là une image d’Epinal selon laquelle "la collaboration dans la sphère publique c’est bien, mais la collaboration dans la sphère privée c’est le monopole et les cartels, ce qui est contraire à l’intérêt général."

  7. svp, n’entrez pas dans la dualité à laquelle on essaye à tous pris de nous faire croire.

    Aujourd’hui les thèses libérales et alter-mondialistes sont beaucoup plus proche l’une de l’autre et ne s’opposent que au système en vigueur, qui n’est ni un système de marché, ni un système libéral, ni un système socialiste, ni un système égalitaire…
    Eventuellement une oligarchie pilotée par la création monétaire.

    Ecoutez les alter, écoutez les libéraux vous aller entendre :

    Revenu citoyen (cf. réseau Grundeinkommen alter appelpourlerevenudevie.or… et Bürgergeld de la FDP bit.ly/Unw2H)
    Condamnation du système monétaire (qui fausse le marché) cf. Guido Hülsmann pour les libéraux et Bernard Lietaer pour les alters
    Impôt progressif et Taxe Tobin
    Simplifier et encourager l’entreprenariat
    Laisser voire favoriser les entreprises individuelles ou de petits groupes…

    C’est pareil !!

    Alors cette chère prix Nobel (qui je soutiens à fond), n’est ni anti-marché, ni anti-alter, elle est juste lucide…

    (vous allez si loin dans le matraquage de cette dualité illusoire, qui n’a vocation que de nous aveugler, que en vous êtes arriver à ressortir des cartons les combats du XX° voir XIX siècle… c’est pathétique, comme sous Reagan "ouhouhou attention, la menace communiste 🙂

    Réponse de Stéphane Ménia
    Si vous lisez ce blog régulièrement, vous savez que libéraux-keynésiens n’est pas la grille de lecture de la maison. Ce message signifiait simplement que voir Williamson et Ostrom comme des alliés des contestataires du marché est un contresens. Vous avez extrapolé, c’est votre problème. Qui est pathétique ?

  8. @phyrezo
    si vous rencontrez quelqu’un qui est partisan du revenu citoyen, de l’impôt progressif et/ou de la taxe Tobin, vous pouvez être sûr qu’il n’est pas libéral

  9. Euh @phyrezo… et Milton Friedman ? il n’était pas libéral ? (cf. Capitalisme et liberté, chap. 12 sur l’allocation universelle)

  10. OK, ya des degrés dans le libéralisme.
    Et en plus c’est une étiquette qu’on met à toutes les sauces : ya bien des gens qui pensent que Keynes était libéral et que Sarkozy est "ultralibéral"

  11. @elvin, et bien regardez le programme de la FDP en Allemagne… après c’est une question de point de vu, si vous pensez qu’ils ne sont pas de vrai "libéraux". Même la taxe Tobin y est discutée sérieusement.

  12. Rien à voir avec le débt en cours : suivant votre conseil, j’ai acheté le bouquin de Bouba-Olga. Eh ben c’est vrai qu’il est vachement bien !

    Réponse de Stéphane Ménia
    Yep, un outil remarquable.

  13. @phyrezo
    C’est vrai que j’ai une opinion extrême : pour moi, un homme politique libéral, c’est une sorte d’oxymore, comme un boucher végétarien ou un général antimilitariste…

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