Le plus vif d’entre nous

C’est Mathieu, des notes d’un économiste. Il s’est tapé le rapport Olivennes et le démonte consciencieusement. Nous n’avons pas encore eu le loisir de nous exprimer sérieusement sur le sujet. Mathieu rend presque superflus nos futurs commentaires. Tant mieux, nous aurons moins et plus à dire. Ne nous voilons pas la face, après une loi absurde, on touche à nouveau le fond avec cette pantalonnade de marchand de soupe. Je regrette qu’à l’initiative du président de la république, nous soyions obligés de nous opposer. Nous ne sommes pas opposés au droit d’auteur et à la propriété intellectuelle en général. Nous avons eu le loisir de présenter le dilemme de la diffusion et de l’incitation contenu dans toute création intellectuelle. Ils sont des construits sociaux qu’on n’a pas à balayer d’un simple geste. Mais face aux arguments d’autorité sur ce que serait la propriété intellectuelle, on doit se demander pourquoi le temps qui passe, le monde qui change et la technologie qui évolue devraient imposer à certains acteurs de reconsidérer leurs droits, pendant que d’autres pourraient rester hermétiques aux mêmes forces ? La propriété intellectuelle, et le droit d’auteur en particulier, mériterait mieux que des pour et des contres. Mais que faire quand le patron de la FNAC est l’architecte adoubé de la politique numérique de la France ? Personnellement, je ne le digère pas. Et ce n’est vraiment pas parce que je trouve que la musique de Sardou et de Halliday, c’est de la merde. Non, c’est parce que je ne vois pas où est l’esprit qui gouvernait jadis la protection des idées.

Edit : A tout seigneur, tout honneur, c’est le blog RCE qui avait dégainé le premier, paraît-il. Mais Mathieu est sympa quand même :-).

9 Commentaires

  1. Ce qui est vraiment désolant, c’est de voir qu’en France, un torchon signé par un chef d’entreprise lambda (certes issu de la so-called "HFP") fait office de rapport d’expert.

    En GB, ils ont eu une Commission Royale et le Copyright Office a eu recours à Oxford et d’autres plusieurs fois. Ex. http://www.oiprc.ox.ac.uk/EJWP0502.pdf

  2. Puisque cet esprit n’est pas représenté au gouvernement ou à l’assemblée, n’y a-t-il pas nécessité de constituer une organisation capable de défendre ces principes ?

  3. "la technologie qui évolue devraient imposer à certains acteurs de reconsidérer leurs droits"

    Ne peux-t-on pas evoquer la loi dite des acquis sociaux pour resister au changement?

  4. "a technologie qui évolue devraient imposer à certains acteurs de reconsidérer leurs droits"

    Ne peut-on pas invoquer la loi dite des acquis sociaux dans pareil cas?

  5. (1) On peut lire dans le "Télérama" de cette semaine un entretien avec un certain Philippe Lemoine. Extraits : "Il est […] faux de croire que les internautes, dont beaucoup aspireraient à pouvoir vivre de leur création, souhaitent assécher la rémunération des auteurs. En revanche, ils dissocient la création de la logique industrielle. Le problème de l’industrie du disque, ce n’est pas Internet, c’est la crise d’un modèle économique. Tous les gens du marketing que je connais me disent "Si on vendait la lessive comme ils vendent les disques, on serait morts depuis longtemps." Cette industrie a toutes les caractéristiques des conducteurs de diligence qui voulaient édicter des règles pour empêcher l’émergence des automobiles." "Sur le cinéma et sur l’image, le milieu des internautes reconnaît qu’il y a un risque économique qui justifie une rémunération des producteurs. Alors que dans l’industrie du disque, ils ne perçoivent pas de valeur ajoutée. Mais il y a des intouchables. Des producteurs de disques peuvent dire à un ministre de la Culture : "Si vous n’êtes pas de notre côté, on vous envoie notre vedette au journal de 20 heures et vous n’y résisterez pas !" Ces gens disent agir pour le bien de la création. La communauté d’Internet a compris que c’était un lieu faisandé et aspire à autre chose."
    Je crois qu’il y a une part de vérité dans ce qui est dit ici. Et je crois aussi que notre ministère de la Culture et de la Communication EST un ministère des lobbies (est-ce vrai de tous les ministères français ?). Il est à peine caricatural d’affirmer que les centaines de dispositifs publics et parapublics de "soutien", de protection des secteurs culturels existant en France sont seulement le résultat des efforts de divers groupes de pression aux intérêts bien compris, et qu’AUCUN de ces dispositifs ne résulte d’une analyse économique sérieuse et indépendante préalable prenant notamment en compte l’intérêt de l’usager-consommateur culturel et celui du contribuable.

    (2) Sur la propriété littéraire et artistique (droits d’auteur, copyright…), que quelqu’un d’aussi sérieux et respectable que l’économiste américain Hal R. VARIAN apparaisse clairement aujourd’hui, à la lecture de ses publications récentes, comme un "sceptique du droit d’auteur" — qui pense que c’est par la confiance en des modèles d’affaires, et non par la protection de la loi sur le droit d’auteur, que les firmes dans les industries culturelles ou créatives survivront dans l’ère de la numérisation — est un signal fort !

  6. Il se trouve certainement des théoriciens pour dire que la propriétaire intellectuelle (incluant la propriété artistique) a pour but premier de servir de à la fois de support à l’épargne et de mécanisme incitatif à l’investissement. Je ne prétends pas avoir compris Jean Tirole loin s’en faut, mais on ne doit pas trop caricaturer ses travaux

  7. C’est malin, après m’avoir privée des petits plaisirs de la vie d’une anti-Attali (je l’étais déjà avant la CLC en plus !), voilà que vous me pourrissez l’ambiance à la maison : vous avez oublié de signaler que Jean-Edouard a été plus rapide que Mathieu P. (si si) et maintenant il boude…

    Je vous préviens, hein, Sarkozy il a dit qu’il serait du côté des victimes !

    C’est corrigé…

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