Le mythe de l’obsolescence programmée

Arte a récemment diffusé un documentaire intitulé “prêt à jeter”, consacré à l’obsolescence programmée. Le documentaire a apparemment eu un grand succès public, et la critique l’a unanimement recommandé (Telerama-Le Monde-Le Figaro). Vous pouvez visionner le documentaire en vod en suivant ce lien, et pouvez (pour l’instant) le trouver sur youtube.

Comme il m’avait été recommandé par diverses personnes, je l’ai visionné. Ce documentaire est hélas d’une nullité intégrale. Parfois hilarant de bêtise, parfois nauséabond de complotisme, en tout cas, jamais informatif.

“L’obsolescence programmée” est l’idée selon laquelle si les produits que vous achetez se dégradent rapidement (contrairement aux bons vieux produits inusables de nos grands-parents), ce n’est pas un hasard : c’est une machination ourdie par les entreprises industrielles, qui ont trouvé là un moyen de nous obliger à racheter régulièrement leurs produits. C’est une de ces idées qui tient une bonne place dans la conscience populaire, mais qui ne convainc guère les économistes, pour plusieurs raisons.

La première, c’est que l’idée du “c’était mieux avant, tout était solide, maintenant on ne fait plus que des produits de mauvaise qualité qui s’usent vite” est tellement intemporelle qu’on se demande bien quel a été cet âge d’or durant lequel on faisait des produits durables. (à l’époque de ma grand-mère bien entendu : sauf qu’à son époque, elle disait aussi que les produits de sa grand-mère étaient plus solides). Il y a là un biais de perception, le “biais de survie” : vous avez peut-être déjà vu un frigo des années 50 en état de fonctionnement (j’en connais un, pour ma part); vous n’avez certainement jamais vu les dizaines de milliers de frigos des années 50 qui sont tombés en panne et ont terminé à la décharge. Nous avons par ailleurs tendance à idéaliser le passé : je suis par exemple toujours très étonné par les fanatiques qui me racontent, des trémolos dans la voix, à quel point la 2CV Citroen était une voiture “increvable”. Dans celle de mes parents, il fallait changer les plaquettes de frein tous les 10 000 km, le pot d’échappement tous les 20 000, et elle était tellement attaquée par la corrosion (au bout de deux ans) que dès qu’il pleuvait, on avait le pantalon inondé par une eau noirâtre et gluante. Je préfère de très loin les voitures actuelles et leurs pannes d’électronique récurrentes.

Mais il n’y a pas que ces biais de survie et d’idéalisation du passé. Si les économistes sont sceptiques vis à vis de l’obsolescence programmée, c’est que cette stratégie apparemment subtile n’a en réalité aucun sens. Prenons un exemple utilisé dans le documentaire, celui des collants féminins qui filent très vite, au point qu’il faut les changer toutes les deux semaines. Si un collant coûte 4€ et dure deux semaines, à l’issue desquelles les clientes en rachètent un, elles montrent à l’entreprise qu’elles sont disposées à dépenser 104€ par an en collants. Or, fabriquer un collant très solide coûte peut-être un peu plus cher à l’entreprise, mais certainement pas autant que de fabriquer 26 collants vendus 104 euros. Elle pourrait donc réaliser un profit largement supérieur, en vendant par exemple un collant garanti un an (avec remplacement gratuit s’il se file entretemps, pour rassurer les clientes) pour une centaine d’euros.

Bien sûr les choses ne sont pas si simples, et en pratique, beaucoup des produits que nous achetons ne sont pas particulièrement durables. Il peut y avoir deux raisons à cela. La première tient aux contraintes de la production. La durabilité est une qualité désirable; mais il y a d’autres, nombreuses qualités désirables, comme un faible coût de production, ou des caractéristiques spécifiques. Pour rester sur l’exemple des collants, on a supposé au dessus que faire un collant de durée de vie d’un an ne coûte pas cher. Ce n’est pas certain : si faire 26 collants durant deux semaines coûte au total moins cher qu’un seul collant durant un an, alors, il est préférable de fabriquer les produits moins durables – et les consommatrices soucieuses de leur pouvoir d’achat pourront préférer ceux-ci. Si pour que les collants soient durables, il faut qu’ils aient l’apparence de bas de contention, je connais beaucoup de femmes qui préféreront d’autres modèles moins solides.

Un fer à vapeur sous pression est moins durable que le vénérable fer en fonte qui ornait la cuisinière de mon arrière-grand mère; faire passer de la vapeur sous pression dans des pièces métalliques provoque une usure bien plus rapide. Il est aussi nettement plus pratique à utiliser. Une poele recouverte de téflon est moins durable qu’une casserole en cuivre massif; elle est aussi moins coûteuse, et bien plus commode. Comme nous sommes des enfants gâtés par la société de consommation, nous voudrions que tout soit à la fois durable, esthétique, pratique, et peu cher. A la fin du 19ième siècle, les marines européennes avaient cherché à produire des bâtiments de guerre à la fois rapides, dotés d’une énorme puissance de feu, et d’un gros blindage. Mais qui dit blindage et armements dit poids élevé, ce qui nuit à la manoeuvrabilité et à la vitesse. Tout problème d’ingéniérie nécessite d’optimiser entre différentes qualités incompatibles. Bien souvent, la réparabilité ou la durabilité passent au second plan, derrière d’autres qualités, comme le prix. Produire en grande série standardisée permet de réduire considérablement les coûts; réparer est un artisanat qui coûte très cher, parce que dans nos pays développés le travail coûte cher.

A côté de produits peu durables, il est également possible de trouver des produits très durables, mais chers. Un costume sur mesure fait chez un tailleur sera plus beau, conçu avec des tissus de bien meilleure qualité que le bas de gamme que vous trouverez dans le premier magasin venu: il sera aussi beaucoup plus cher. Certaines marques ont fait de la durée de vie élevée leur principal argument commercial (briquets Zippo garantis à vie, piles Duracell et leur lapin qui dure longtemps, voitures japonaises ou coréennes garanties 5 ans, chaussures Church qui durent toute une vie…) ce qui montre que faire des produits à longue durée de vie n’est certainement pas rédhibitoire pour les profits, bien au contraire. Simplement, la durée de vie n’est pas l’unique qualité désirable dans un produit.

Et cette optimisation entre des qualités concurrentes rencontre les aspirations, elles-mêmes variées, des consommateurs. Une observation modérée de mes semblables de sexe féminin m’a ainsi permis de constater que nombre d’entre elles changent très régulièrement de tenue vestimentaire, et qu’elles semblent y attacher beaucoup d’importance. Dès lors, il ne me semble pas absurde d’envisager qu’elles préfèrent acheter 26 paires de collants dans l’année – ce qui permet d’en avoir des différentes – plutôt que de porter toujours les mêmes à longueur d’année. Ce sont peut-être des dindes écervelées qui ont le cerveau lavé par la presse féminine et les diktats de la mode; plus probablement, elles font de leur tenue vestimentaire une façon de manifester leur goût et leur charme.

Et c’est la seconde raison qui explique pourquoi les produits ne sont pas toujours très durables; soumis au choix entre des produits durables et des produits rapidement obsolètes, nous avons souvent tendance à préférer les seconds. Nous aimons la variété et la nouveauté. Consommer n’est pas seulement satisfaire un besoin utilitaire; c’est aussi une source de satisfaction, de démonstration de diverses qualités personnelles à notre entourage. On peut qualifier ces sentiments de frivoles, se moquer de ces gens qui vont se ruer sur un Ipad 2 dont ils n’ont rien à faire; mais constater aussi que les sociétés qui ont voulu substituer à ces caractéristiques humaines la stricte austérité (ha, le col Mao pour tout le monde) n’étaient pas particulièrement respectueuses des libertés, ou de la vie humaine. Et noter que jamais personne ne vous a obligé à acheter quoi que ce soit. Il y a évidemment une pression sociale; et parce que le marché ne peut pas toujours satisfaire tout le monde, nous sommes obligés parfois de nous conformer aux modes de consommation de la majorité, à contrecœur.

Comme vous le voyez, il y aurait largement de quoi nourrir un excellent documentaire, instructif, autour de la question de la durée de vie des produits. Hélas, vous ne trouverez strictement rien de tout cela dans le documentaire d’Arte.

Le documentaire commence par un vieux canard qui ressort à intervalles réguliers : les ampoules électriques. Dans les années 20, un cartel entre producteurs d’ampoules aurait cyniquement établi une entente pour réduire la durée de vie des ampoules électriques à 1000 heures de fonctionnement, alors qu’auparavant, il n’était pas rare de fabriquer des ampoules de durée de vie largement supérieure. Un cartel, voilà qui éveille tout de suite l’attention de l’économiste. Comment fonctionnait-il? Comment empêchait-ils ses membres d’adopter un comportement opportuniste (par exemple, en vendant des ampoules de plus longue durée que les autres, ou des ampoules moins chères)? Le documentaire est muet sur cette question. Tout au plus est-il question d’amendes pour les membres fautifs et de “partage de technologies”. Et d’interminables minutes sur un bâtiment public au fin fond des USA dans lequel une ampoule brille sans discontinuer depuis un siècle, d’une lueur un peu pâlotte, mais qui fait l’admiration des habitants qui organisent des fêtes anniversaire de l’ampoule (on se distrait comme on peut).

Un commentateur chez Aliocha permet de trouver la clé du mystère. Concevoir une ampoule électrique est un problème d’optimisation entre diverses qualités : la luminosité, la consommation, la durée de vie, la couleur. On pourrait ajouter qu’il y a de nombreux problèmes de standardisation : les culots d’ampoule doivent être identiques pour pouvoir passer d’une marque à l’autre; les couleurs doivent être identiques (un lustre avec des ampoules de luminosité différente est très laid et inconfortable, comme chacun peut le constater depuis que le Grenelle de l’environnement nous impose des ampoules à basse consommation qui n’éclairent pas), etc. Il n’est donc pas absurde que les entreprises du secteur aient coopéré pour établir des normes.

Mais comme on le sait depuis Adam Smith, des gens du même métier se rencontrent rarement sans que cela ne se termine par une conversation sur les moyens d’augmenter les prix; et le cartel en question, en plus d’établir des normes, a aussi réparti les zones géographiques entre producteurs, afin de s’assurer à chacun de confortables rentes de monopoles. Le cartel en question a donc fait l’objet de sanctions des autorités antitrust; on peut noter que si le rapport sanctionne les accords sur les prix, il montre que la durée de vie de 1000 heures est un compromis technique entre diverses qualités, et pas une tentative pour escroquer les consommateurs. Une information que bien entendu, le documentaire n’évoque pas.

Poussant vers les années 30, le documentaire nous fait le portrait d’un américain, Bernard London, présenté comme le “père spirituel” de l’obsolescence programmée, pour avoir écrit un pamphlet en 1932 intitulé “sortir de la crise par l’obsolescence programmée“. La lecture de ce document, en fait, n’indique rien sur l’opportunité d’une stratégie des entreprises pour inciter les consommateurs à remplacer leurs produits; la préconisation de l’auteur est celle d’une vaste prime à la casse obligatoire, portant sur tous les produits manufacturés, l’Etat rachetant de façon obligatoire tous les produits à partir d’une certaine durée prévue à l’avance. Une idée économique stupide, mais dans le désarroi provoqué par la déflation et 25% de chômeurs en 1932, celles-ci étaient légion. Alors qu’un quart de la population américaine ne parvenait pas à se nourrir, le gouvernement américain payait les fermiers pour qu’ils abattent leurs troupeaux de vaches, afin de faire remonter le prix du lait. Nous savons aujourd’hui qu’il suffisait de sortir de l’étalon-or et d’appliquer une politique monétaire non-suicidaire pour se sortir de la crise; à l’époque, on ne le savait pas, et on assistait au grand concours des idées farfelues. Nous n’avons pas tellement changé, mais nous avons moins d’excuses.

Surtout, après de longues minutes à interviewer la fille de l’associé du Bernard London en question, le documentaire nous explique que ses brillantes idées n’ont jamais été appliquées, ce qui conduit à se demander pourquoi diable on nous en a parlé. Surtout, pourquoi le documentaire insiste aussi lourdement sur le fait que Bernard London était juif, pour conclure mystérieusement sur “nous ne saurons jamais s’il voulait aider les gens ou simplement faire du profit”. C’est vrai, quoi, les juifs, ils ont toujours des arrière-pensées; Et puis, une bonne théorie du complot qui n’a pas son juif de service ne sera jamais totalement satisfaisante. (22ème à la 25ème minute).

Poursuivant dans les années 50, le documentaire nous montre les débuts de la société de consommation, plaçant l’obsolescence programmée au coeur du système. Il montre une école de design dans laquelle on explique aux étudiants que les produits n’ont pas forcément vocation à être durables (ce qui, si vous avez lu ce qui précède, tombe sous le sens : c’est le métier de designer que de concevoir des produits qui optimisent les différentes caractéristiques) pour s’indigner de ce comportement “non éthique”. Les designers sont opposés aux ingénieurs, que l’on présente comme scandalisés parce qu’on les obligeait à concevoir des produits moins durables que ce qu’ils auraient pu faire.

Ce passage m’a irrésistiblement rappelé cette phrase de J.M. Folz, ancien PDG de Peugeot, qui a déclaré un jour “qu’il y a trois façons de se ruiner : le jeu, les femmes et les ingénieurs. Les deux premières sont les plus agréables, la troisième est la plus sûre”. Il entendait par là que ce que les ingénieurs aiment concevoir n’est pas toujours ce que les clients désirent, et qu’à trop suivre les ingénieurs, on finit par faire des produits hors de prix et qui n’intéressent pas les clients (ayant dirigé Citroen, il savait de quoi il parlait). Etant donnée la mentalité des ingénieurs dans les années 50, il est fort probable qu’ils n’ont pas apprécié de perdre une partie de leur pouvoir dans les grandes entreprises industrielles au profit des services de design et de marketing, et regretté de ne plus pouvoir fabriquer ce qui leur plaisait. Il est certain que tout le monde, consommateurs et entreprises, y a gagné.

C’est vers la 45ème minute que le reportage nous offre son plus beau moment surréaliste. C’est qu’il y avait une alternative à la consommation jetable caractéristique de nos sociétés modernes; elle se trouvait derrière le rideau de fer. Là bas, on trouvait des ingénieurs soucieux de produire de la qualité, des produits éternels. Une entreprise d’électricité est-allemande avait même conçu une ampoule électrique de bien plus longue durée que ce que l’on trouvait à l’Ouest; dans le bloc communiste, on produisait pour durer. J’ai eu du mal à réprimer mon hilarité, me souvenant des multiples blagues de la RDA, dont les habitants ne manquaient pas de moquer la piètre qualité de leur production nationale (vous savez comment doubler la valeur de revente d’une trabant? En faisant le plein). Je me souviens aussi que la meilleure façon de faire pleurer un habitant des pays de l’Est, à l’époque, était de lui faire visiter un supermarché occidental (expérience vécue). Etrangement d’ailleurs, lorsque le rideau de fer est tombé, la première chose que les allemands de l’Est ont faite a été de se ruer sur les biens de consommation fabriqués à l’Ouest; l’horrible société consumériste leur semblait manifestement plus attrayante que leurs propres produits. Quant aux usines Est-Allemandes, elles étaient tellement efficaces qu’elles ont toutes dû fermer. Le documentaire suggère à demi-mot que les industriels de l’Ouest ont voulu se débarrasser de ces compétiteurs redoutables, peu au fait du grand complot pour obliger les consommateurs à acheter sans cesse.

A ce stade, on se demande s’il faut rire ou pleurer face à ce spectacle lamentable. Le reportage se termine sur les problèmes de durée de vie des premiers Ipods, dont la batterie (impossible à changer) avait fâcheusement tendance à tomber en rade au bout de 18 mois de fonctionnement. Là encore, aucune autre explication qu’un sinistre complot pour exploiter le consommateur n’est fournie. Il est fort possible qu’Apple ait négligé la durée de vie au profit du design et de contraintes de fabrication; ils sont coutumiers du fait, mais les acheteurs de produits Apple semblent vouloir obstinément acheter leurs produits hors de prix, mais tellement jolis. Le principal plaignant, après qu’une avocate lui ait fait bénéficier d’un système judiciaire américain toujours prêt à faire payer des indemnités par les grandes entreprises pour tout et n’importe quoi, ne s’est d’ailleurs pas privé de se racheter un Macbook à 2000 dollars par la suite (son cerveau ayant été probablement lavé pour qu’il ne voie pas les ordinateurs portables concurrents, vendus deux fois moins cher et avec des batteries amovibles).

Le fil rouge du reportage se termine – un espagnol ayant essayé, très difficilement, de réparer son imprimante à jet d’encre parce qu’il ne voulait pas en changer, suivant les conseils des vendeurs lui suggérant plutôt d’en acheter une neuve pour une trentaine d’euros. Sa situation est mise en abîme avec celle du Ghana, qui reçoit par containers entiers du matériel informatique jeté dans les pays développés. Le documentaire insiste lourdement sur le parallèle entre ces africains sages qui ne gaspillent pas, par opposition à ces occidentaux gaspilleurs qui mettent leur matériel à la poubelle à la moindre occasion. Là encore, l’explication économique est simple. Comme le montre l’exemple de l’espagnol essayant de réparer son imprimante, réparer certains matériels consomme énormément de temps; au Ghana, récupérer des choses utilisables dans le matériel informatique jeté prend aussi énormément de temps de travail, occupant des familles entières sur des décharges. cela ne représente aucune sagesse africaine particulière; dans nos pays développés, les produits fabriqués en grande série ne coûtent pas cher, parce que nous disposons d’un immense capital productif; par contre, le travail est très cher. La situation est inverse dans les pays en développement. Résultat? Chez nous il est bien moins coûteux de racheter du matériel neuf que de consacrer du temps de travail à le réparer. Au Ghana, le travail est abondant et ne coûte (et ne rapporte) presque rien. Le documentaire se garde bien de demander à ces gens qui passent leurs journées à farfouiller dans des ordures quelle existence ils préféreraient : la réponse n’aurait pas cadré avec le ton général.

A la fin de ce document manipulateur, complotiste, qui n’explique rien, on se demande comment on en arrive à réaliser une chose pareille. L’explication est en filigrane dans le document, qui nous montre avec des trémolos dans la voix off des conférences sur la décroissance, et qui donne la part belle à Serge Latouche, le grand prêtre du mouvement. On comprend alors que nous ne sommes pas face à une entreprise d’information, mais à une entreprise de morale, selon le concept défini par le sociologue Howard Becker. Le but du documentaire n’est pas d’informer, mais de convertir les mécréants. C’est ce qui conduit la réalisatrice à nous vanter les collants indestructibles, sans une seconde confronter son propre comportement de consommatrice à son discours.

Ce qui est plus étonnant, c’est de voir l’unanimité de la critique journalistique et des responsables d’Arte, qui ont gobé sans sourciller et applaudi à un documentaire qui est une énorme faute professionnelle. De journalistes, de documentaristes, on attend qu’ils nous informent de la façon la plus intègre possible. Que l’objectivité absolue soit impossible à atteindre, soit; mais elle est le standard d’éthique professionnelle qui devrait guider ceux qui nous informent. A préférer les entreprises de morale aux entreprises d’information, il est à craindre que la profession journalistique soit en bonne voie d’obsolescence programmée.

Alexandre Delaigue

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50 Commentaires

  1. @ J-E

    Il me semble que je distingue bien les deux notions dans mon message.
    – l’obsolescence "subie" par tous car le jeu de la concurrence impose de baisser la qualité, et donc de rendre les produits obsolètes, pour cause d’asymétrie d’information
    – l’obsolescence programmée, dont je donne quelque exemples.

    Je trouve un peu artificiel cependant de distinguer les deux.

    D’abord parce que le résultat est le même pour les consommateurs: les produits sont de qualité moindre qu’une conception optimale le permettrait. Ce qui fait que les clients confondent les deux causes, considérant que l’obsolescence est "programmée par le système" ce qui pourrait justifier que l’économiste cherche à les étudier ensemble.

    Ensuite parce que les deux cas se rejoignent en pratique:

    Quand vous remplacez un bout de métal par un bout de plastique, vous allez le plus souvent économiser qu’une toute petite fraction dans le coût total du produit, pour illustrer on va dire 0,5%. Et vous allez réduire la durée de vie du produit plus qu’en proportion (ça dépend du rôle de la pièce)
    Disons 2%. Le marketeur pourrait très bien augmenter son prix pour couvrir les 0,5% de surcoût, la comparabilité des prix n’est pas si pure. Mais il ne le fait pas. Pourquoi ?

    Si vous admettez qu’il existe une asymétrie d’information, quelle est l’incitation rationnelle pour le marketeur à maximiser la durée de vie de son produit (c’est-à-dire à ne pas programmer l’obsolescence) ? Elle est faible.

    Premièrement il a intérêt à ce que l’industrie collectivement fasse baisser la durée de vie pour augmenter le rythme des ventes. Donc en accélérant l’obsolescence de son produit, il y participe à la mesure de ses moyens. Et il évite d’envoyer un signal négatif à ses concurrents.

    Deuxièmement, il fait un trade-off entre le surplus de vente qu’il réalise lors du renouvellement des appareils auprès des clients fidèles à la marque, et ceux qu’il perd sur la vente initiale car ils seraient conscients de la durée de vie inférieure. Il suffit que la marque ait quelques fonctionnalités différenciantes, ne serait-ce que la permanence de l’interface utilisateur qui évite au consommateur paresseux de réinvestir sur un autre produit, pour que la fidélité l’emporte. La fidélité, c’est aussi la manifestation du biais d’engagement: changer de marque, c’est reconnaître qu’on s’est trompé, ce qui est toujours désagréable.
    Je suis prêt à vous parier que le calcul est vite fait: les marketeurs disposent des stats de SAV et de rachat.

    Il me semble donc qu’au contraire une analyse économique devrait prouver que le marketeur a intérêt à baisser la durée de vie jusqu’au niveau où ça devient insupportable à une trop grosse part des clients. C’est-à-dire assez facilement qu’il y a une foultitude de secteurs où c’est un stratégie gagnante.

    Cela n’a d’ailleurs rien de surprenant: quand vous êtes payé pour faire acheter un produit, et qu’une part non négligeable de votre cible de consommateur a déjà ce produit, une partie de votre cerveau travaille à comment faire en sorte que ce produit devienne obsolète.
    Et parfois, l’autre partie travaille à ne pas y mettre toutes les innovations imaginées, pour pouvoir les mettre dans le produit d’après.

  2. @Liberty Valance:
    Très intéressant. Et on pourrait d’ailleurs argumenter (ce que je fais sans vergogne, n’ayant pas vu le documentaire) que A. Delaigue fait la même erreur que celle qu’il dénonce dans le documentaire: une méconnaissance des mécanismes de décision à l’oeuvre:
    – le "complotisme programmé" n’existe pas, les motivations des concepteurs ne font que répondre, intentionnellement ou non, à une commande.
    – les marketeurs font, intentionnellement ou non, de l’obsolescence programmée, car c’est la meilleure façon pour eux de répondre à la demande du marché, c-a-d d’augmenter les ventes dans un univers d’information imparfaite (cf commentaires précédents)

  3. On peut rejeter l-obsolescence programmee en tant que theorie complotiste… Mais il ne faut pas non plus perdre de vue un certaines realites.
    1. Un ralentissement de la consommation fait trembler toute l’industrie. Il suffit de voir les effets de la derniere crise pour comprendre qu’un flux de produits manufactures doit absolument etre maintenu sans quoi… arret de secteurs entiers de la machine economique et cortege de consequences sociales a la cle.
    2. A priori, cette consommation se fonde sur des produits bas de gamme en ce qui concerne le grand public. Les raisons sont peut etre a rechercher dans notre pouvoir d’achat et nos habitudes de consommation. Ces produits representent qui a priori le gros des biens manufactures que le public fait transiter en consommant. Donc ce sont ces produits qui necessitent une part importante des ressources extraites et ce sont eux qui sont s’accumulent en tant que dechets en fin de parcours.

    Partant de la, on ne peut pas ignorer un certain nombre de constats franchement genants:
    1. La duree de vie de beaucoup de ces produits est honteusement courte. La cause provenant de raisons techniques (majorite des produits electroniques actuels) et/ou est induite par le marketing qui table sur des phenomenes de mode (habillement, automobile, telephonie, industrie du jeu video, informatique YC mises a jours de systemes d-exploitation toujours plus gourmands, sans reels apports techniques utiles). Les exemples abondent… Cette consommation aboutit necessairement a une surexploitation des ressources (et ca ce n-est pas un mythe d’ecolo bobo, meme si cela pique les yeux de certains commentateurs de ce blog). De ma propre experience, j-ai vu les forets malgaches detruites pour du nickel et du cuivre. Que dire aussi des mines de coltan qui ruinent le Congo, avec pour principale application de fabriquer des telephone portables qui seront foutus ou demodes en trois ans.
    2. Plus grave: difficile limiter ou revaloriser ces dechets. Soit que la valeur marchande d’un produit neuf est moindre qu’une reparation (ce qui est une honte, d’un point de vue durable), soit que le recyclage est purement impossible ou extremement difficile en raison de la conception du produit n’autorisant pas un demontage rationel (plastique thermosoudes, cartes electroniques miniaturisees, etc).

    Difficile de ne pas denoncer ce systeme du coup, meme si je suis d-accord sur le fait que les ficelles sont un peu grosses dans le reportage.

  4. @Hugues: Non ce n’est pas artificiel de distinguer les deux, ça n’a rien à voir. Par ailleurs je ne suis pas sûr de comprendre ce que vous voulez dire par "- l’obsolescence "subie" par tous car le jeu de la concurrence impose de baisser la qualité, et donc de rendre les produits obsolètes, pour cause d’asymétrie d’information"

    Baisser la qualité et rendre les produits obsolètes n’est pas la même chose. Lorsque "le jeu de la concurrence" impose de baisser la qualité pour proposer des prix bas (ce qui n’est pas évident : cela suppose qu’un producteur avec un produit de bonne qualité n’arrive pas à créer une réputation pour son produit, à proposer des garanties suffisantes pour régler le pb d’asymétrie d’information etc.) le résultat est sous-optimal mais les consommateurs ne se font pas "avoir": ils ont un mauvais produit, mais à un prix très bas. L’inefficacité vient du fait qu’en augmentant par exemple le coût de production de 1 euro par unité les consommateurs seraient prêts à payer plus que un euro pour cette qualité accrue. S’il est difficile pour les producteurs de signaler qu’ils ont effectivement augmenté la qualité, donc ils ne le font pas.

    La thèse de l’obsolescence programmée est très différente : le producteur fournit exprès de la mauvaise qualité alors même qu’il ne lui coûterait rien de l’augmenter, voire est prêt à payer des coûts de production plus élevés pour "saboter" sa production. Cette thèse repose sur l’hypothèse qu’on peut durablement tromper les consommateurs et vendre pendant 100 ans des ampoules qui claquent au bout de deux mois en prétendant qu’elles durent un an. On le voit bien dans vos remarques :

    "Premièrement il a intérêt à ce que l’industrie collectivement fasse baisser la durée de vie pour augmenter le rythme des ventes. Donc en accélérant l’obsolescence de son produit, il y participe à la mesure de ses moyens. Et il évite d’envoyer un signal négatif à ses concurrents."

    Votre hypothèse implicite, comme celle de tous les commentateurs défendant la même thèse ici, c’est que les revenus annuels de la firme s’écrivent p*Nb. d’achats par an, vous en déduisez qu’en divisant par deux la durabilité on double le nombre d’achats par an et donc on double le revenu. Sauf qu’assez vite les consommateurs vont se rendre compte qu’ils se font rouler. Si la durabilité est divisée par 2, les consommateurs ne seront plus prêts qu’à payer (p/2). Les revenus de la firme seront les mêmes qu’avant, et le surplus des consommateurs aussi.

    Qu’on puisse trouver des cas où des firmes ont épisodiquement baissé la durabilité de leurs produits à dessein pour tromper les consommateurs c’est fort possible. En revanche penser que nous sommes dans un mode de production où pendant des décennies les consommatrices achètent des bas qui se filent en deux semaines en pensant systématiquement qu’ils dureront deux mois, ça requiert un peu trop d’imagination. Et si vous admettez que les consommateurs ne se trompent pas systématiquement et durablement sur la durée de vie, l’obsolescence programmée perd tout son sens. Ce qui ne veut pas dire que d’autres problèmes de qualité sous-optimale ne se posent pas, mais comme d’habitude c’est en s’attaquant à des hommes de paille qu’on masque les vrais problèmes.

    Réponse de Alexandre Delaigue
    Il y a une autre hypothèse héroique, qui porte sur les coûts : si cela coûte aussi cher un objet durable qu’un objet non durable, l’entreprise perd de l’argent en vendant deux objets à p/2 qu’un seul à p. Cela veut donc dire que l’entreprise réduit sciemment ses marges.

  5. Je me demande si le problème ne viendrait pas plutôt de la définition que chacun accorde à "obsolescence programmée"

    Pour moi, l’obsolescence programmée est vraiment celle de la planification à une date fixe (ou dans une échelle de temps réduite), comme par exemple:
    – logiciel qui se bloque à une certaine date
    – imprimante qui n’imprimerait que 18000 pages alors "qu’aucune raison technique ne l’incite"
    – Téléphone qui se bloquerait à X heures de communication.
    etc.

    Dans ces cas, l’obsolescence est vraiment "programmée", et je refuse de croire qu’elle est habituelle et complotée.

    Par contre, je ne refuse pas l’idée, bien au contraire, d’une obsolescence désirée, voir encouragée :

    – j’ai un produit à 100 euros qui dure 1 an environ, si je remplace une pièce par une moins bonne, j’aurai alors un appareil à 90 euros qui ne dure que 8 mois environ.

    Effectivement, si le marché est demandeur, ca m’arrange (surtout si je met un prix à 99e, qui reste moins cher que le premier).

    Mais comme le disait le reportage, celui qui se plaint que son ipod tombe en panne, à cause de la batterie qu’on ne peut changer, a utilisé l’argent pour racheter un appareil de la marque…

    Si demain, les consommateurs attachaient une attention particulière à la durée de vie, alors celle-ci augmenterai indéniablement.

    Cependant, le confort d’utilisation (pas de bruit par ex.), la mode, un prix bas sont des critères qui passent bien devant la durée de vie, même si ce critère est parfois apparent.

    Donc: Obsolescence encouragée oui !
    Obsolescence programmée (telle que le fait croire la vidéo) non !

  6. Malheureusement il est plus facile de pousser une gueulante qui n’engage à rien et permet de se donner bonne conscience à peu de frais, que d’accorder ses actes à ses paroles et se mettre à consommer durable.

    Mais il plus facile de faire de l’audience en dénoncant des complots qu’en remettant en cause le comportement du client (le téléspectateur).

    Si les indignés étaient autant de gens à se mettre à consommer différemment, la durabilité ne serait plus une niche économique et l’offre s’ajusterait à la demande.

  7. Fustiger le ton racoleur du reportage est une chose, sur laquelle je vous suis, mais vous n’allez pas non plus au bout de votre raisonnement.
    IPOD : vous ne vous interrogez pas sur le pourquoi de l’impossibilité de changer la batterie. C’est dommage, car cela correspond justement à une décision qui n’est pas industrielle . De nombreux blogs de hackeurs ont discuté des mois sur cela, et sur la façon de contourner la limitation qui visent à vendre de nouvelles fois des produits neufs.

    Pour être dans le marché des ampoules, je peux vous assurer que l’obsolescence programmé des gammes de produit est une stratégie, communiquée par les fabricants à leur principaux partenaires professionnels.

    Ces industriels emploient également des lobbyistes afin de faire interdire les technologies anciennes, qui ne leur permettent plus de faire des bénéfices en empéchant des "nouveaux entrants" d’aller s’installer sur les segments qu’ils abandonnent au fur et à mesure.
    Il est aussi de notoriété publique que les ampoules FCL ont un bilan carbone (fabrication, utilisation, recyclage) désastreux en comparaison de technologie splus anciennes (parlons de halogène pour éviter les bêtes ampoules.

    L’optimisation des autres paramètres : couleur, indice de rendu des couleurs etc. ne joue que peu dans un contexte "domestique".

    Conclusion : La bonne vieille "incan 60w" est victime d’obsolescence programmée, pour permettre de vendre des produits 10 ou 50 fois plus chers et rentables, à prestation consommateur égale.

    Enfin, je ne comprends pas pourquoi la "cocote-minute" SEB a disparu, remplacée par d’autres modèles (clipso etc) qui n’améliorent en rien le fonctionnement. Elle qui durait 30ans dans la pub !

    En fait si je comprends : revendre un joint à 10€ tous les 2 ans permet de multiplier le bénéfice sur le produit par 3 sur une durée de 5 ans.
    Mais pour une fonction auprès du client identique…

    Je pourrais également vous parler de SAV, où désormais il vaut mieux acheter neuf que faire réparer des produits endommagés…

    En choisissant mieux les exemples, en neutralisant l’aspect démagogique du discours du reportage, bref en faisant du journalisme je suis sûr que l’on arriverait à vous faire évoluer sur votre position…

    Je me demande si c’est la thèse qui vous turlupine, ou le traitement…

  8. Fustiger le ton racoleur du reportage est une chose, sur laquelle je vous suis, mais vous n’allez pas non plus au bout de votre raisonnement.
    IPOD : vous ne vous interrogez pas sur le pourquoi de l’impossibilité de changer la batterie. C’est dommage, car cela correspond justement à une décision qui n’est pas industrielle . De nombreux blogs de hackeurs ont discuté des mois sur cela, et sur la façon de contourner la limitation qui visent à vendre de nouvelles fois des produits neufs.

    Pour être dans le marché des ampoules, je peux vous assurer que l’obsolescence programmé des gammes de produit est une stratégie, communiquée par les fabricants à leur principaux partenaires professionnels.

    Ces industriels emploient également des lobbyistes afin de faire interdire les technologies anciennes, qui ne leur permettent plus de faire des bénéfices en empéchant des "nouveaux entrants" d’aller s’installer sur les segments qu’ils abandonnent au fur et à mesure.
    Il est aussi de notoriété publique que les ampoules FCL ont un bilan carbone (fabrication, utilisation, recyclage) désastreux en comparaison de technologie splus anciennes (parlons de halogène pour éviter les bêtes ampoules.

    L’optimisation des autres paramètres : couleur, indice de rendu des couleurs etc. ne joue que peu dans un contexte "domestique".

    Conclusion : La bonne vieille "incan 60w" est victime d’obsolescence programmée, pour permettre de vendre des produits 10 ou 50 fois plus chers et rentables, à prestation consommateur égale.

    Enfin, je ne comprends pas pourquoi la "cocote-minute" SEB a disparu, remplacée par d’autres modèles (clipso etc) qui n’améliorent en rien le fonctionnement. Elle qui durait 30ans dans la pub !

    En fait si je comprends : revendre un joint à 10€ tous les 2 ans permet de multiplier le bénéfice sur le produit par 3 sur une durée de 5 ans.
    Mais pour une fonction auprès du client identique…

    Je pourrais également vous parler de SAV, où désormais il vaut mieux acheter neuf que faire réparer des produits endommagés…

    En choisissant mieux les exemples, en neutralisant l’aspect démagogique du discours du reportage, bref en faisant du journalisme je suis sûr que l’on arriverait à vous faire évoluer sur votre position…

    Je me demande si c’est la thèse qui vous turlupine, ou le traitement…

    Réponse de Alexandre Delaigue
    Vous appartenez à la catégorie de ceux qui critiquent avant d’avoir lu, manifestement. Donc je répète, pour la énième fois : pour Apple, il est plus rentable de vendre un ipod à 200 qui dure 10 ans que deux à 100 qui durent 5 ans (ca coûte moins cher de fabriquer un objet plutôt que deux, tout bêtement…). La seconde technique ne fonctionne que si on peut vendre le produit moins durable plus cher que 100 (mais dans ce cas, il faudrait m’expliquer pourquoi ne pas tout simplement vendre le produit qui dure longtemps plus cher que 200, si l’entreprise dispose d’un tel pouvoir de marché). Le raisonnement suppose donc que les entreprises conspirent pour réduire leurs profits, ce qui est stupide. Les seuls exemples que vous donnez ne portent pas sur cette situation, mais sur le fait de mettre en vente de nouveaux produits, différents, ce qui n’est pas la même chose. Que vous trouviez que les ampoules à “économie d’énergie” imposées par la loi une débilité poussée par les industriels comme mesure anticoncurrentielle, et par des écolos naifs et crétins, vous avez entièrement raison, mais on n’est pas dans le même cadre. Sinon, vous trouvez encore des cocottes-pression “à l’ancienne”, et il fallait aussi changer le joint sur les précédentes. Enfin, si réparer coûte plus cher que remplacer, ben ma foi, c’est assez logique de remplacer…

  9. @ Maxime

    Je ne dis pas que tous les disques dur et alimentations ont désormais une longévité à toute épreuve. Mais il existe aujourd’hui clairement des alimentations de qualité pour qui est prêt à y mettre le prix (j’insiste lourdement sur ce point car évidemment sur un PC à 400€ faut pas s’attendre à un miracle), et les infos indiquées par les fabricants de ce type de produits sont relativement fiables!
    J’ai justement remplacé mon alim standard par une alim Seasonic, plus chère évidemment (65€) mais très stable et silencieuse!

    Pour les disques durs il y a également clairement eut des progrès ces dernières années, entre 2002 et 2005, 2 HDD m’ont lachés, depuis plus un seul)

    Pour qui cherche on trouve des infos sur la fiabilité des produits informnatiques. En voici un exemple:
    http://www.hardware.fr/articles/...

  10. Précision supplémentaire, mon alimentation Seasonic est garantie 5 ans et le disque dur WD Caviar Black 5 ans également, preuve du sérieux de l’engagement de ces fabricants sur la fiabilité de leurs produits.
    Pour qui veut mettre le prix, la qualité est accessible dans bien des cas!
    On ne peut pas exiger à la fois le beurre et la crémière en faisant l’effort minimum.

  11. Qu’en plus de 100 commentaires, aucun n’ait cité l’UFC ou 60 millions de consommateurs pour s’informer sur la qualité des produits prouve assez l’obsolescence des consommateurs ; ou de l’éducation ?

  12. Je maintiens ma remarque. Je trouve étrange le discours consistant à définir l’obsolescence programmée de façon très stricte pour ensuite dire qu’elle n’existe pas.
    Effectivement le cas d’usage où une entreprise conçoit un produit pour une certaine durée de vie, puis ensuite se rend compte inopinément qu’elle peut faire baisser cette durée de vie à coût constant, semble tiré par les cheveux.
    Dans la vraie vie, l’entreprise cible une durée de vie et minimise le coût.
    Savoir si on a le droit d’appeler ça obsolesence programmée n’est pas le débat intéressant.
    Ce qui est reproché ici, c’est le fait que la durée de vie ciblée n’optimise pas le bénéfice client, pour cause d’information asymétrique exploitée sciemment par l’entreprise.

    Si on reprend l’exemple ci-dessus, je pense plutôt que les chiffres typiques sont :
    – je fabrique un ipod à 150€, qui dure 5 ans, j’en vends 1000 une première fois puis 800 au bout de 5 ans, 100 étant déçus et choisissant le modèle à 200€, 100 abandonnant
    – je fabrique un ipod qui dure 10 ans, je peux le vendre au mieux 200€, et j’en vends 500 une fois, puis 100 une deuxième fois aux déçus du modèle à 150€
    Total: 270 000 € contre 120 000 €
    Les deux effets se conjuguent: pour l’ipod à 200 €, fréquence de ventes moindre car durée de vie plus longue, demande moindre car prix supérieur et absence d’information du client sur la durée de vie réelle.
    Donc dans cet exemple, Apple préfère programmer l’obsolescence à 5 ans.

    Et du coup le vrai scénario, en l’absence d’alternative devient
    – je fabrique un ipod à 150€, qui dure 5 ans, j’en vends 1000 une première fois puis 900 au bout de 5 ans, 100 abandonnant
    Total 285 000€.
    Et 500 personnes déçues car on les a obligées à acheter un produit à durée de vie 5 ans alors qu’elles étaient prêtes à payer pour 10 ans.

    @ AD
    Sur l’informatique:
    ça m’étonnerait que vous arriviez à me démontrer, à moi qui ne suis pas gamer, que les principaux bénéfices que je tire des dernières versions de mon ordinateur, sont liés à l’augmenation de la puissance de la machine. Ils sont essentiellement liés à ds évolutions de l’OS, qui ne sont disponibles que sur les dernières versions de matériel, sans que rien ne le justifie réellement. (Lequel OS embarque des améliorations graphiques superflues, mais recquérant de la puissance, qui permettent de justifier le discours pour changer le hardware)

  13. En effet, il est plus rentable de produire 1 produit a 200 euros que 2 a 100 euros: regardez les marges du secteur du luxe, c’est comme si ils imprimaient eux-meme leur argent (sans "puce limitative").

  14. Wow! Je ne crois jamais avoir vu autant de réactions en si peu de temps sur Econoclaste! Il faut croire que vous êtes victimes du buzz des trolls, bon courage : )

  15. Pourquoi dire que je n’ai pas lu jusqu’au bout ?
    Vous avez le droit de critiquer ma position sans vous mettre vous même dans la position du trolleur affirmant sans preuves….

    Votre argument ne tient pas :
    Les Ipod à 200€ durant 10 ans n’existent pas. Nous parlons de produits qui durent entre 2 et 5 ans en fonction de l’usage : Les batteries se périment par construction. C’est un choix d’Apple, on est bien d’accord, mais mon affirmation est que ce n’est pas un choix économique ou "un optimum d’ingéniérie". Tous les téléphones portables (sauf Apple) ont des batteries remplaçables; Mieux, amovibles !
    Et Apple vend ses IPOD 200€ qu’ils durent 10 ou 5ans. Ils ont donc intérêt à ce que le produit dure le moins longtemps possible…
    Parce qu’Apple n’est en concurrence qu’avec Apple, et pas avec le Microsoft Zune ou Archos.

    A la réflexion, je crois que c’est le meilleur exemple.

    Pour les ampoules, je veux bien que vous m’expliquiez pourquoi on est pas dans le même cadre. C’est justement le parachèvement de l’obsolescence programmée, pour un produit qu’on arrive plus à "désoptimiser" pour en améliorer la rentabilité en faisant des arbitrages au détriment de la valeur d’usage (là on est d’accord).

    Autre point : du point de vue d’un industriel, il ne vend que des "nouveaux produits", toute l’année. Il change la conception de ses produits certes. Vous affirmez que les arbitrages se font dans une logique d’accroissement des profits. Moi aussi. J’ajoute simplement que les choix sont faits dans une logique où on limite le bénéfice consommateur autant que possible, compte tenu de l’état du marché et de la concurrence, pour préserver les profits futurs.

    Pour les cocotes , la SEB originale de 1953 n’est plus fabriquée depuis les années 90 je crois, pour la trouver il faut chiner. Mais je vous confirme qu’il n’y avait pas de joint… J’étais acheteur d’électroménager à cette époque, et je me rappelle le discours du commercial qui me vantait les bénéfices futurs de cette "innovation" qu’étaient les joints…

    Vous êtes enfin un "bon client" pour ces industriels : oui pour acheter si c’est moins cher que réparer. Mais pourquoi le prix de la réparation est il si cher ? C’est la Bonne Question. J’ai des éléments de réponse…

    Les industriels ne conspirent JAMAIS pour réduire leurs profits. C’est l’inverse. Les cartels de fixations de prix sont sanctionnés régulièrement.
    Prouver que les produits sont construits d’une façon qui pourrait être plus durable mais qu’on ne le fait pas, c’est beaucoup plus dur à établir, parce que justement, on peut dire que ce sont des choix d’ingénierie. Mais ne vous y trompez pas, ces calculs existent…

    Vous avez un bon sujet, qui plairait à de nombreuse écoles de commerce pour les cours de marketing voire des thèses d’économie…

  16. Cher Hugues,

    je crois qu’il faut définir concrètement ce qu’est l’obsolescence programmée.

    Quand un industriel définit un produit, il fixe un certain nombre de critères à atteindre (design, fonctionnalité, coût de revient etc…) les autres paramètres étant libres. La durée de vie du produit fini est l’un d’entre eux.

    L’obsolescence programmée consiste à fixer une durée maximale à l’usage du produit.

    Est-ce que ca existe ? Oui bien sûr, par exemple les couches culottes et les mouchoirs en papiers à usage unique. Est-ce que cela intéresse les consommateurs ? Oui encore, puisque dans ces deux exemples les alternatives « durables » (couches lavables et mouchoirs) en tissus existent.

    Mais ce n’est pas ces exemples qui sont choisis dans le documentaire et dans les intervenants sur ce fils. Les exemples retenus sont des produits à durée de vie longue. (Ipod, imprimante, ampoule…)

    Pour ces produits, un industriel peut-il fixer une durée de vie maximale et faible afin d’accroitre son chiffre d’affaire sur la durée ? Si les ampoules qu’il fabrique claquent au bout de 500 heures alors que celles du marché vendues au même prix durent 1 000 heures, combien de temps croyez qu’il faudra pour que ces concurrents mettent en avant la durée de vie de leur produit ? (Ce qui montre en passant que et le biais d’information consommateur ne peut pas durer très longtemps).

    Donc, pour qu’un industriel mette en place une stratégie d’obsolescence programmée, il faut qu’il soit en situation de monopole ou en cartel.

    Des cartels existent et sont régulièrement condamnés à Bruxelle ou aux US ; Les exemples que j’ai en tête, c’est dans le fret aérien, les ciments, les vitamines, les panneaux routiers. Tous ces cartels se mettent d’accords sur le partage du marché. Pas sur une caractéristique secondaire (la durée de vie) d’un produit. La principale raison c’est que, quitte à se mettre hors la loi, autant garantir directement ses marges.

    Reste le monopole. Et de fait, Apple, grâce à son avantage technologique et marketing à un monopole temporaire dans les smarts-phone. En a-t-il profité pour mettre en place une stratégie d’obsolescence programmée en interdisant le remplacement de sa batterie ? C’est possible, après tout, tout le monde peut faire des erreurs.

    Mais il y a ce site : http://www.apple.com/fr/batterie...

    Et dernier point, indépendamment de sa durée de vie, l’Iphone aura-t-il encore un usage dans 10 ans ? En 2000, le produit à la mode, c’était le palm V. Vous en voyez encore beaucoup ?

  17. Vous avez raison, je vous prie de m’excuser de ma réaction sans doute excessive : vous qualifiez de négationniste du réchauffement climatique est sans doute une réaction trop instinctive, alors même que je n’ai rien lu de vous.
    Je viens de terminer un examen rapide de votre site et la lecture de l’introduction de votre dernier livre. Il en ressort très rapidement quelques points :
    – vous comparez des objets conceptuels non comparables, ce qui vous permet d’aboutir à des paradoxes de langage que vous érigez en preuves ; étant données les nature et qualité de vos formations, vous ne pouvez pas ne pas vous en rendre compte ;
    – vous généralisez des cas particuliers, technique oratoire démagogique sans doute la plus classique et la plus combattue par les Grecs anciens ;
    – vous confondez complexe et compliqué. La complexité est la non-unicité de la réponse d’un système à une même sollicitation. Rien à voir donc, avec le processus de création d’un crayon à papier, certes compliqué! mais non adéquat à votre propos. Et puis, entre nous, associer Friedman à la pensée complexe ne doit pas lui faire vraiment plaisir, le misérable.

    Je ne vais donc pas prendre la peine de vous interroger à nouveau, en revanche je vais continuer à faire confiance à mon instinct.

    Réponse de Stéphane Ménia
    Jon, je vais être franc : vous avez besoin de vous inscrire à un stage avec Galliano. Quand on manie le terme “négationnisme” avec autant de facilité, c’est qu’on a un problème. J’ai bien envie de faire un jeu de mots avec les grecs anciens, tiens…

  18. Quelques remarques:

    1) La discrimination tarifaire induit la notion de gamme. La gamme (de prix donc de qualité) a pour utilité première de toucher plusieurs segments de marché (i.e de pouvoir d’achat), donc avec un même modèle (moyennant une modification mineure de conception et de coût) vous avez plus de clients. Finalement c’est une forme d’honnêteté par rapport au client que fait que les industriels dégradent la qualité d’un modèle pour le vendre moins cher (honnêteté que n’ont pas forcément les transporteurs aériens qui peuvent assoir cote à cote deux passagers avec des billets aux prix différents, pour le même service, notamment en termes d’assurances). L’intérêt de la gamme (discrimination tarifaire) est donc d’écouler plus d’exemplaires d’un même produit, permettant d’amortir les coûts de conception plus rapidement.

    2) Du coup je ne suis pas forcément d’accord pour dire qu’il est équivalent de vendre 2 à P/2 que 1 à P puisqu’à P/2 je vends plus d’unités. En fait tout dépend aussi de la fonction de production, si il y a des rendements marginaux croissants (et ca arrive quand même souvent dans une usine moderne, ne serait ce que parceque le facteur travail – le plus couteux – est le moins employé et a une productivité marginale plus décroissante que les machines, en général).
    3) Les deux points précédents relèvent d’une optique "offre", dans une certaine mesure, on peut évacuer la question de la demande en lien avec la gamme par le fait qu’il existe sur tout marché des agents plus sensibles au prix qu’à la qualité, donc acceptant de payer une pompe tous les 2 ans plutôt que tous les 5 ans pour la moitié du prix (ne serait ce que parcequ’ils ne peuvent pas accumuler la somme nécessaire à l’achat du produit le plus cher dans un laps de temps décent).
    4) Pour la question de la variété, qui ne touche finalement pas tous les marchés, l’amortissement des coûts répétés de conception impose d’avoir un gain sur le coût de production (zara, mango(n), etc… qui paient leur atelier de conception en Espagne (MO chere) mais font produire dans les pays à faible cout de main d’oeuvre et avec des textiles de moindre qualité).

    Tout ca pour dire que le principe même de programmer la durée de vie d’un bien n’est pas ma foi si répandu que ca (le besoin de variété confine à celui de renouvellement, induisant donc les coûts fixes de conception qui seront amortis par la gamme de prix), en revanche la discrimination tarifaire est, elle, largement répandue.
    C’est en sorte une revisite du cycle de vie.

  19. Qu’une part de la population "croie" en ce mythe ne le rend-il pas du coup partiellement valide ?

    Exemple : j’ai vu ce documentaire, j’y crois à fond, je suis patron de PME, je crois sincèrement que mon intérêt économique est de – volontairement et uniquement dans ce but – limiter la durée de vie de mon produit : ça y est, l’obsolescence programmée existe ! 😉

  20. "107. L’obscolence programmée existe, la preuve j’en vis | jeudi 10 mars 2011 | 16:08 "

    Je sais pas où tu fais tes courses, mais j’ai acheté une cocote minute SEB début 2010. J’en suis très content. Si SEB arrête d’en fabriquer c’est qu’elles sont pas assez rentable.

  21. J’aime en général bien vos articles, continuez comme cela. Un petit mot d’encouragement ca fait toujours plaisir, sinon à la longue on ne reçoit que des plaintes et des raleurs.

    Comme exemple flagrant de "même produit différent tarif" je prendrait le moteur de voiture.

    un moteur VW 2.0 TDI de 120,140,163, 170 chevaux est rigoureusement le même, les moins de 170 sont juste bridé, et les voitures sont identiques, les seules pièces qui aurait pu avoir une incidence, sont le système de freinages et d’amortissement, sont les mêmes pour les 4 configuration moteur (1 seule chaine d’approvisionnement des peices, une seule à certifier… )

    A mon avis, pour gênerer encore plus de réactions il faudrait démontrer pourquoi économiquement le 11 septembre n’est pas un complot américain 🙂

    Si je joue les débiles je peu aussi recevoir un exemplaire de votre dernier livre ?, pas besoin du premier, je l’ai déjà 🙂

  22. @Paul : même des disques SCSI haut de gamme, j’en ai poubellisé un paquet (renvoyé en échange standard en fait). Et ce malgré la garantie de 5 ans du constructeur (chez tous les constructeurs, mais il faut admettre qu’il y a eu des séries pires que d’autre). Il faut admettre qu’en général les disques SAS récents tiennent mieux que les SATA ou même les disques SCSI plus anciens, surtout les 3 premières années. C’est le seul élément pas fiable sur un serveur haut de gamme, d’où le principe du changement hot-swap en RAID (Redudant Array of Inexpensive Disk. Dans les années 80, on faisait des disques solides pour qui y mettait le prix, et des disques inexpensive mais pas fiables, d’où l’apparition du RAID…).

    Et comme les constructeurs ne cessent d’améliorer la densité de nos disques dur, la mécanique devient aussi de plus en plus fine et sensible, donc moins fiable (en clair, il faudrait faire des disques durs plus petits en capacité si on voulait en faire des plus fiables, à technologie égale).

    La garantie de 5 ans ? C’est évidemment un bon signal, mais il ne faut pas se faire d’illusion : je vénère pour ma part le Dieu Baah-Khup, et tout le monde devrait faire de même. Les fameux 60GXP et 75GXP qui lâchaient en 12 à 18 mois étaient garantis 3 ans (désastre qui a conduit IBM à se séparer de l’activité disque dur).

  23. @114

    "Mais pourquoi le prix de la réparation est il si cher ? C’est la Bonne Question. J’ai des éléments de réponse…"

    Le coût de la main d’œuvre ca vous dit quelque chose ? je vais vous donner un simple exemple.

    j’ai remplacer sur une scie circulaire "2 BROSSES en charbon pour collecteur de scie SKILL", la scie vau neuve 150 €, les deux brosses m’ont couter logistique comprise (commander via internet au uk) 20€. le temps total, diagnostique de la panne, recherche des pièces, démontage remplacement, remontage, 2h30.

    Un technicien qualifié pas chère coute 50€ / heure hors tva.

    Vous voyez ou je veu en venir ? je peu arrêter ici l’explication ?

  24. je pense que Mr Delalgue et d’autres associent , à tort, l’obsolescence programmée à la panne définitive d’un appareil qui serait sciament voulue et finement calculée par une équipe d’ingénieurs et de gens du marketing particulièrement machiavéliques.

    Ce n’est pas cela l’obsolescence programmée!!

    Elle consiste en réalité à VOUS FAIRE CROIRE qu’un élément constituant votre appareil a besoin d’être ABSOLUMENT remplacé sous peine d’une panne grave imminente.

    Exemple :
    L’imprimante laser professionnelle de mon entreprise qui est une Oki nous assène à intervalles très réguliers des messages du genre " commandez rapidement une courroie … commandez rapidement un four …. commander rapidement un tambour etc …. et cerise sur le gâteau si VOUS NE REMPLACER PAS ces éléments à la fréquence que l’on vous impose la machine s’arrête de fonctionner. Oui vous avez bien lu: elle refuse définitivement d’imprimer!
    Inutile de vous dire que ces pièces détachées sont évidement hors de prix

    C’est de l’obsolescence programmée.

    Autre exemple :
    Lors de l’entretien des 100.000kms de mon véhicule Hyundai on m’annonce que la courroie doit être systématiquement changée sous peine de perte de garantie!

    Dans les 2 cas vous n’avez aucune possibilité de VERIFIER les dires de ces messieurs du marketing et ingénieurs qui ont conçus ces produits et qui ont décidé bien à l’avance dans leurs beaux quartiers quand leurs composants devront être déclarés obsolètes. On nous FORCE donc à remplacer des éléments qui ne sont pas forcément usés.

    C’est de l’obsolescence programmée

    Dernier exemple parmi des milliers d’autres :
    Les lampes d’éclairage public que le fabricant conseille avec assurance (hum) de remplacer systématiquement après X heures de fonctionnement sous peine d’extinction imminente. Ce que personne des pouvoirs publics ne pourra bien entendu jamais vérifier.
    Il est même probable que dans un marché plus concurrentiel ce même fabricant annonce une valeur Y supérieure à X heures pour la même lampe afin de mieux se positionner.

    C’est de l’obsolescence programmée

    Rien n’est plus facile aujourd’hui que de programmer l’obsolescence de produits et ce d’autant plus facilement qu’ils ont tendance à devenir de plus en plus complexes et échappent complètement à la compétence et à l’analyse technique de la plupart d’entre-nous.

    Dès lors il n’y a pas à s’étonner ni à réfuter cette stratégie des TEMPS MODERNES de l’obsolescence programmée qui existe quoique en pensent certains penseurs bien naïfs.
    Imaginez alors les milliers de produits qui nous entourent et qui peuvent facilement faire l’objet des mêmes stratégies et imaginez les millions de personnes forcées de jouer à ce jeu de l’obsolescence programmée et vous comprendrez pourquoi beaucoup de personnes ont encore de nos jours un emploi et ne sont pas près de le perdre.
    (Je ne veux même pas évoquer les sociétés qui usent de ce stratagème pour s’assurer des revenus constants et consistants)

    Malheureusement cette obsolescence programmée, bien utile à l’économie mondiale et seule capable de procurer de l’emploi pour nous mêmes et nos enfants, donne un fameux coup de pied aux beaux espoirs écologistes … d’un autre temps ceux-là

    Tiens tout d’un coup je me surprends à programmer l’obsolescence de l’écologie des temps modernes.

  25. Un pavé pareil, et vous occultez complètement la problématique écologique ! Les ressources de notre planète ne sont pas illimitées comme vous semblez le sous-entendre, pour vous citer:

    "si faire 26 collants durant deux semaines coûte au total moins cher qu’un seul collant durant un an, alors, il est préférable de fabriquer les produits moins durables".

    Non, non et non !

    Bien sûr la plupart des consommateurs préfèrent ignorer le principe d’offre et de la demande et oublier qu’ils sont les premiers à demander toujours plus de nouveautés.

    Je n’ai pas vu ce documentaire mais il a l’air de remplir une mission: sensibiliser les consommateurs sur le choix de produits durables, en payant parfois plus. Il me semble par contre diaboliser les entreprises qui ne font parfois (souvent ?) que répondre à la demande de zombies sur-consommateurs aux cerveaux déjà essorés par la publicité. L’ennemi, ça n’est pas toujours les autres.

    Demain j’irai acheter une poêle: elle sera en carbone d’acier, durable et bon marché. C’est ici que commence le ‘non’ à cette dite obsolescence.

    Réponse de Stéphane Ménia
    Hum, ça ressemble à une théorie du complot de la théorie du complot. Intéressant.

  26. Tout ça c’est rien que des mensonges, moi j’ai acheté un frigo en Allemagne de l’Est en 1952, et il marche encore parfaitement, et en plus il ne consomme même pas d’électricité, il suffit de mettre tous les jours un bloc de glace dans le compartiment idoine. C’est pas de la consommation durable, ça ?

  27. A lire certains commentaires moins hystériquement agressifs, je reconnais chez certains intervenants une méconnaissance complète de la maintenance préventive. Oui, on vous conseille (sans vous forcer, n’exagérons rien)de changer votre courroie crantée tous les X km ou Y années, comme on change systématiquement telles et telles pièces du réacteur de votre Airbus préféré même si elles ne présentent aucune trace d’usure. Et j’ai connu le temps où il fallait changer l’huile moteur tous les 5.000 km – maintenant c’est 25 ou 30.000 – mais on déconseille fortement (et justement) de vous borner à faire le niveau. J’ai travaillé dans plusieurs pays "en développement" et constaté comme cette notion de maintenance préventive était difficile à faire passer : quand vous dites à quelqu’un qui roule avec des pneus lisses qu’il doit changer une pièce avant qu’elle ne casse, il vous prend pour un gaspilleur-né. Ces plaquettes de frein, elles peuvent encore servir, non ? Et l’embrayage n’a que deux cent mille bornes, s’il a tenu jusqu’ici, il tiendra encore un peu, non ?

    Réponse de Stéphane Ménia
    Wé, j’avais commencé à répondre peu ou prou la même chose que vous et je me suis dit “oh, eh merde… ça part dans les tous les sens”.

  28. On notera que "l’obsolescence programmée" ne daterait pas d’aujourd’hui :
    "Je rencontre un matelot américain, et je lui demande pourquoi les vaisseaux de son pays sont construits de manière à durer peu, et il me répond sans hésiter que l’art de la navigation fait chaque jour des progrès si rapides, que le plus beau navire deviendrait bientôt presque inutile s’il prolongeait son existence au-delà de quelques années."
    Tocqueville, De la démocratie en Amérique (Tome 2, première partie, chapitre VIII)

    C’est probablement le même principe qui à l’oeuvre pour l’ipod : vu le taux de renouvellement de ce genre d’appareil l’intérêt d’avoir une batterie de qualité, ou d’en permettre un changement facile, ne justifie pas l’effort à fournir (en terme de coût ou pour une batterie amovible en terme d’atteinte au sacro-saint design épuré à la Apple).

  29. reponse à CDC

    "La maintenance préventive":

    Voilà bien un mot qui résume à merveille l’immense pouvoir de conviction de nos chers fabricants qui au travers d’heures et d’heures de publicités mensongères matraquantes et de "conseils" judicieux ont réussi petit à petit à ancrer dans la tête des consommateurs que si vous ne voulez pas d’ennuis, LAISSEZ-NOUS faire de la maintenance préventive sur vos biens. Et beaucoup d’entre-nous ont fini par en approuver l’idée .. pas moi.

    En d’autres mots, ils nous disent : je vous livre de la merde et grâce à ma "maintenance préventive" j’essaierai à VOS FRAIS de prolonger la durée de vie de ma marchandise pourrie.

    Faire de la maintenance préventive c’est finalement dire aux pauvres c… de consommateurs que nous sommes:
    Laissez-moi remplacer préventivement et à vos frais votre courroie à 100.000 Kms car je ne suis pas sûr qu’elle tienne le coup beaucoup plus longtemps étant donné que j’ai rogné sur sa qualité pour gagner plus d’argent.

    C’est pas une idée de génie ça?

    La "maintenance préventive" est donc un pan de l’obsolescence programmée

    Les fabricants (j’en suis un) qui font de la marchandise de qualité et donc d’une durée de vie plus que de coutume se doivent de récupérer de l’argent au travers de FAUSSES obsolescences ou des services avec comme seul justificatif ô combien rassurant: "c’est de la maintenance préventive que l’on vous propose dans votre propre intérêt"

    Etonnant que de nos jours il semble naturel à certains de devoir remplacer une courroie de laser simplement parce que sur leur écran est apparu la phrase "courroie en fin de vie" et qu’ils ne leur viennent pas une seule fois l’idée que cette phrase est peut-être bidon.
    Et regardez jusqu’où va le génie de nos chers constructeurs! :
    A ceux qui auraient quand même un doute sur la véracité d’une telle affirmation, on ne leur LAISSE MEME PLUS le choix de décider de la respecter ou non. On vous FORCE à le faire malgré votre refus, sinon votre imprimante n’imprime plus ou votre voiture perd sa garantie de 7 ans.

    "La maintenance préventive" = "obsolescence programmée" = arnaque des temps modernes

  30. Intéressant, merci!

    Un petit bémol si je puis me permettre: comme l’on souligné d’autres commentateurs, vous êtes tout de même assez léger sur l’analyse du marketing.

    Vous raisonnez en économiste, dirons-nous, libéral: les consommateurs, selon vous, sont responsables, donc libres d’être stupides et de préférer des produits designés à batterie qui tient pas ou des bas qu’on peut changer selon la mode à des bas qui tiennent un an.

    Donc, chez vous, il n’y a ni influence du marketing, ni matraquage publicitaire, ni pression de la société de consommation (les gamins qui veulent absolument des Nike à 90€ fabriqués par des para-esclaves asiatiques sont-ils libres de leurs choix?)

    Vous soulignez parfaitement les limites d’un documentaire – que je n’avais pas vu et que du coup je ne verrai pas- mais un peu de sociologie ne vous ferai pas de mal…

    Réponse de Stéphane Ménia
    La question n’est pas là. La question est : y a-t-il un complot visant à raccourcir la durée de vie des produits alors qu’ils pourraient durer plus longtemps au même prix, au même coût, avec les mêmes caractéristiques ? Un peu de calme et de rigueur ne vous feraient pas de mal. Par ailleurs, vous dites que les consommateurs sont stupides, pas nous justement. Vous pouvez le penser, c’est votre droit. Mais ça ne change rien à l’affaire. Pour un économiste, vous avez simplement des préférences différentes des leurs. D’ailleurs, les économistes considèrent effectivement que la publicité peut altérer les préférences. Mais ça change quoi ? Si les hurlements contre la société de consommation ne suffisent pas à modifier les préférences, on fait quoi ? On ouvre des camps de rééducation ? Au passage, vous n’avez aucune idée de ce que peuvent être nos points de vue personnels sur ces sujets.

  31. Très divertissant d’avoir vu le film (avec ses séquences des années de ma jeunesse – l’âge d’or des voitures américaines), d’avoir lu la critique, que je trouve juste d’ailleurs, et d’avoir jeté un coup d’œil aux commentaires, plusieurs très bien écrits (ex., 75 de Liberty Valence). Quatre constats :
    1) J’ai une formation d’ingénieur ; notre culture, à l’université comme au boulot, a toujours consisté à dessiner les meilleurs produits possible (ça se voit actuellement dans les pratiques comme « six sigma »), compte tenu des contraintes, à savoir, le temps et le budget.
    2) Bien que l’homme soit parfois capable de créer des produits révolutionnaires (le nucléaire par exemple), il est certain que tous ses produits seront évolutionnaires. L’évolution de beaucoup de produits ne s’arrête pas. Même après un tas d’améliorations pendant quatre décennies, l’ordinateur personnel d’aujourd’hui, bien que très performant (relatif à ses ancêtres) et disponible en beaucoup de formats, ne sera jamais « perfectionné. » Plutôt que « obsolescence programmée », je vois « obsolescence réalisée » par la créativité de l’ingénieur, la demande du consommateur, l’offre, et le marché.
    3) Puisque la technologie est toujours en marche et qu’être le premier au marché donne un avantage indéniable, les premières versions des produits seront bientôt remplacées par des générations suivantes (offertes par plusieurs concurrents), plus utiles, plus performantes et meilleur marché.
    4) Les questions relatives à l’environnement ne sont pas forcement de nature économique, mais elles sont susceptibles d’être adressées en se servant d’outils économiques (des impôts par exemple).

  32. @ henriparisien

    Merci pour votre réponse.

    Au-delà des questions de définition, qui me semblent un peu secondaires, l’argument principal pour contrer les partisans de l’existence d’une obsolescence programmée est que les clients s’en rendraient compte.

    Je trouve cette thèse mal argumentée, et un peu simpliste.

    Pour simplifier, je partirais bien d’une matrice prix x fréquence d’achat:

    – le produit pas cher qu’on achète souvent: le "consommable"
    – le produit pas cher qu’on n’achète qu’une fois: le "trucmachin"
    – le produits cher: "l’investissement’

    "cher" étant une limite qui dépend des individus, mais pour fixer les idées disons plus de 500€

    a) Sur le consommable, le client va par lui-même constater à l’usage une durée de vie.
    *SI* il estime qu’elle est insuffisante, et *SI* il teste différents produits, il va effectivement se diriger vers un produit à plus longue durée de vie, *SOUS RESERVE* qu’il existe (qu’un fabricant se soit positionné sur ce créneau, ce n’est pas évident, voir mon ex. de l’iPod ci-dessus), qu’il le trouve, et qu’il ait fait le calcul économique de rentabilité sur longue période.

    On voit donc que les mécanismes économiques de base peuvent jouer dans certaines conditions, mais on voit aussi qu’ils peuvent parfois ne pas jouer, et laisser une place à une stratégie d’obsolescence programmée gagnante

    A titre d’illustration, les rayons alimentaires sont remplis (et quand je dis remplis, c’est remplis: c’est vrai de presque chaque rayon) de produit de marque de distributeurs qui sont *exactement* les mêmes que des produits de marque: fabriqués par la même société, sur la même chaine de distribution, avec un logo différent, mais moins chers. Et pourtant, les clients continuent à racheter année après année le produit le plus cher.
    Donc parier sur la capacité des consommateurs à différencier l’offre la plus intéressante pour eux n’est pas toujours la meilleure analyse. Le marketing et la publicité sont là pour l’influencer

    b) Sur le "trucmachin", basiquement, le client a une incitation faible à consacrer du temps pour comprendre quel produit a la meilleure durabilité. Comme dit dans mon premier message, il va se concentrer sur les fonctionnalités comparables, dans lesquelles on ne trouve pas la durabilité, en général.
    Pour une entreprise, la stratégie d’obsolescence programmée est gagnante à court terme. Les entreprises qui visent le plus long terme essaient de contrer cela par la notion de marque, qui en général, vise à convaincre le client qu’on fabrique pour lui le meilleur produit, durabilité comprise. Mais une marque, c’est difficile à établir, c’est fragile (à la merci d’une erreur de production) et donc c’est une stratégie qui ne plait pas à tout le monde. Même si on vise le long terme, l’obsolescence programmée peut être une bonne stratégie, si on l’accompagne d’une incitation au consommateur à renouveler ses produits plus souvent, en lui faisant croire par exemple qu’il en tirera un bénéfice lié à une innovation.

    c) sur l’investissement (voiture, maison), le client va se comporter de façon plus analytique et rassembler de l’information externe sur la durabilité: de plus, s’il est trompé une fois, il fera une très mauvaise publicité autour de lui. Sur ce produit, il vaut mieux éviter la stratégie d’obsolescence programmée

    D’une manière générale, l’idée que les consommateurs peuvent choisir le meilleur produit et faire émerger la meilleure offre est de moins en moins pertinente. Les consommateurs choisissent des écosystèmes qui leur imposent ensuite des modes de fonctionnement en optimisant le niveau d’insatisfaction du consommateur ainsi capté: pas trop fort pour qu’il ne s’en aille pas, pas trop faible car c’est alors trop couteux

    Je peux en donner un exemple très actuel:
    J’ai acheté un ordinateur portable mac il y a qqs années.
    J’ai un ordinateur de bureau, mac aussi, plus récent.
    Je suis abonné à un service apple de synchronisation entre les deux appareils.
    Récemment, Apple a décidé de faire évoluer son service et ne supporte plus le portable
    Le service actuel existe, fonctionne bien et rapporte de l’argent avec un minimum de frais (c’est du logiciel).
    Ca ne coûte rien à apple de le maintenir
    J’en suis satisfait et ne veut pas changer.
    Mais je n’ai pas le choix. Si je veux continuer à synchroniser entre mes machines sur la base d’un service apple, il faut que je remplace mon portable.

  33. @Alexandre

    Merci pour la réponse.

    En effet s’il s’agissait de démontrer qu’il y a moins un complot qu’un raisonnement pragmatique (donc économique) des entreprises, votre article est très bien fait et plutôt évident (il faut toujours se méfier à priori des théories du complot, surtout sioniste… bref)

    Je comprends bien ce que vous dites: vous n’approuvez pas forcément le gaspillage et les aspects débilitants de la société de consommation, mais vous affirmez que c’est ça ou les camps de rééducation.

    J’espère pouvoir affirmer qu’il y a d’autres voies, plus modérés, entre gaspillage effréné et austérité de dictateur. On pourrait commencer par limiter plus strictement la publicité, notamment dans l’espace public visuel (l’État et la ville de Québec l’ont fait avec succès). Pour revenir d’un voyage au Liban, je vous assure que c’est incroyable les dégâts visuels que peut produire l’absence de droit urbain et de règle normative au sujet de la publicité à Beyrouth. A côté, Times Square est une aimable plaisanterie.

    Sinon, évidemment, je suis d’accord avec vous: on ne peut interdire à personne de préférer un iPhone inutile et hors de prix qui ne marchera plus dans 10 ans parce qu’il est plus orienté design que durabilité. Et en effet je trouve ce comportement débile: la partie du consommateur, surtout drogué par les marques, n’est pas celle que je préfère chez moi et chez les autres.

    On ne peut guère faire plus que ce que l’on fait déjà, en mieux: des règles et des normes sanitaires et environnementales. C’est le même problème pour la bouffe, au passage: on ne peut interdire à personne (surtout aux pauvres) d’acheter de la merde alors que le bio existe, mais sont-ils toujours informés des risques phytos des pesticides, de l’explosion des cancers?

    Il y a une double action à mener au niveau légal et au niveau du "changement des mentalités", lequel prime et produira plus de changement plus efficacement que toutes les règles pour peu que les consommateurs soient vraiment informés (ah, l’information en CPP, c’est le nerf de la guerre…)

    On peut néanmoins se demander si les entreprises proposent réellement des produits durables aux consommateurs pour qui c’est une qualité essentielle. Je vais bientôt devoir changer mon téléphone portable. La batterie de celui que j’ai tient bien 15 jours. Retrouverai-je un tel portable maintenant alors que nous sommes à l’ère des smartphone et que je n’en veux pas? N’y-t-il pas une carence de l’offre, volontairement orientée "jetable"?

    Mais bon, c’est le serpent qui se mort la queue: on ne pourra jamais dire avec certitude si les entreprises font des produits jetables parce que les consommateurs le veulent ou si les consommateurs le veulent parce que les entreprises ne font que ça, autrement dit si c’est l’offre qui fait la demande ou le contraire (débat qui n’a jamais été tranché).

    En tout cas c’est une question que vous n’abordez pas: le problème écologique. Mis à part quelques talibans verts, j’ose croire que la plupart des militants écologistes (décroissants compris) comprennent que le changement viendra surtout des consommateurs et non des firmes ou d’un renversement d’un prétendu complot. "Solutions locales pour un désordre global" était je crois le titre d’un film.

    Ceci pour dire que si on ne peut effectivement interdire à personne d’acheter des iPhones et des iPad parce-que-c’est-indispensable-à-mon-bonheur, quand il n’y aura plus de silicium, plus de pétrole de plus lithium (qu’on ne sait toujours pas extraire en mer), il faudra bien un jour raisonner à long terme et se demander quels sont les effets sur la planète de cette "société de consommation effrénée".

    On en revient finalement à ce qui oppose les "décroissants" et les autres (qui m’avait semblé transparaître dans votre dernier livre, chap2): la croyance ou non dans le progrès technologique, dans l’inventivité humaine pour trouver toujours les solutions aux défis qui sont les nôtres.

    Personnellement, le progrès m’a suffisamment démontré sa vaste capacité de destruction au XXème siècle pour que j’ai des raisons de douter.

  34. "On peut néanmoins se demander si les entreprises proposent réellement des produits durables aux consommateurs pour qui c’est une qualité essentielle. Je vais bientôt devoir changer mon téléphone portable. La batterie de celui que j’ai tient bien 15 jours. Retrouverai-je un tel portable maintenant alors que nous sommes à l’ère des smartphone et que je n’en veux pas? N’y-t-il pas une carence de l’offre, volontairement orientée "jetable"?"

    Bien sur qu’il y a encore des téléphone simple, peu cher (bien moins qu’un modèle équivalent d’il y a quelque années), robuste et avec la batterie qui va avec, par exemple :
    http://www.samsung.com/fr/consum...

    Faut-il néanmoins vraiment regretter que les consommateurs soient attiré par des téléphones ayant plus de fonctions ?

  35. Bonjour

    Votre article est intéressant pour autant vous usez de réthorique facile pour disqualifier le reportage.

    1/la théorie du complot. Elle n’apparait pas aussi clairement dans le reportage que vous le prétendez. Un vraie théorie du complot est toute entière tournée vers l’identification des comploteurs. Or le reportage ne va pas dans cette direction. Il ne cherche pas à pointer du doigt tel ou tel acteur de la vie économique mais souligne le fait que notre modèle de consommation/production repose tout entier sur le fait que sans relâche des échanges doivent être réalisés sinon il devient bancal et se casse la gueule.
    London n’est pas paré des oripeaux du rédacteur des protocole du sage de la consommation car à aucun moment le reportage ne cherche à appuyer la thèse qu’il est à l’origine du mouvement. Ce qui est montré c’est que cet homme qui avait une fibre sociale forte et en même temps était libéral et avait donc confiance en les capacités du marché à trouver l’optimum, pensait que pour assurer le plein emploi il est nécessaire de ne pas vendre des produits trop durables.

    2/ Et du coup vous évitez soigneusement cette question qui pourtant est centrale dans la vie économique : comment concilier le fait que l’agent économique ait horreur du risque quand dans le même temps il ne pourrait pas anticiper clairement à quel moment il va pouvoir vendre sa force de travail.

    Si les entreprises se mettaient à vendre des objets increvables, ou qui pourraient être régulièrement réparés et mis à jour, elles seraient bien en peine d’embaucher.

    Vous avez raison à l’instant t sur votre comparaison entre la vente d’une machine d’une durée de vie D au prix P par rapport à la vente de deux machines D/2 à p/2 mais pas sur le moyen long terme. Sachant qu’il y a des employés à payer, la deuxième solution apparaitra meilleure tant aux patrons qu’aux syndicats.

    Le système tient parce que l’ensemble des acteurs y ont intérêt…c’est là la vraie problématique et je ne crois pas que le reportage d’Arte la masquait.

  36. La problématique de notre société de consommation actuelle tient en une seule phrase :
    Les travailleurs produisant les produits sont les mêmes qui les achètent

    C’est donc la quadrature du cercle car:

    Peut-on fabriquer des produits invcrevables sans toucher à l’emploi?
    Peut-on continuer à remplacer l’emploi par des indémités distribué par l’état providence?

    Il est très compliqué de répondre à ces 2 questions et la situation actuelle où l’obsolescence physique ou sociologique des produits est présente partout, semble être la meilleure des réponses trouvée pour créer de la consommation et donc de l’emploi

  37. Merci à l’auteur pour cet excellent billet,
    et à Verel pour l’avoir signalé avec l’excellent commentaire 75 de Liberty Valence.

    Ma modeste contribution : la citation sur la ruine est bien de A. Detoeuf (auteur loué par mes deux grand-pères, un industriel et un banquier !)
    et il l’attribuait au "grand Rotshild". Page 124 dans l’édition du Tambourinaire de 1954.

    C’est dans le chapitre "Techniciens et Ouvriers" dont le sous-titre peut parfaitement s’appliquer aux experts du complot : "personne ne croit aux experts, mais tout le monde les croit"

    Cordialement

  38. Bonjour M. Delaigue,

    Je souhaite revenir sur ces histoires d’imprimantes. Si j’ai bien compris, vous dites que la vente d’une imprimante ne profite pas au fabricant, et qu’il ne profite que sur les ventes de cartouches.

    Cela m’a fait pensé à une chose : les fabricants, logiquement, sortent régulièrement de nouveaux modèles, donc (je me trompe peut-être) de nouveaux types de cartouches qui correspondent à ces nouveaux modèles.

    La fabrication d’une foultitude de cartouches de types différents coûterait, je suppose, assez cher, surtout pour les anciens types qui ne trouvent plus beaucoup d’acheteurs car les consommateurs ont des imprimantes plus récentes (et l’entretien des machines produisant ce type de cartouches ne serait probablement pas rentable).

    Si l’on se situe dans le contexte du documentaire, n’auraient-ils pas un intérêt à ce que les gens possèdent des imprimantes plus récentes, en éradiquant les anciens modèles, selon mes précédents arguments, éradiquant dans le même temps la demande de ces anciennes cartouches?

    (On supposera que le consommateur est convaincu de la qualité des impressions de cette marque et qu’il ne désire pas aller voir ailleurs si son "ancienne" imprimante tombe en panne — un saut vers l’inconnu est, de toute façon, toujours difficile à faire.)

  39. jo_6466

    Je suis complètement d’accord avec vous. Et du coup se pose la question de pourquoi jamais la théorie économique n’arrive à s’intéresser à la schizophrénie de l’agent économique : consommateur et producteur et épargnant. Pourquoi dès que l’on parle de phénomènes identifiables mais si imbriqués dans le dogme du contrat social générale qu’ils y sont camouflés, comme l’obsolescence programmée ou la spéculation (auxquels les épargnants participent eux aussi nolens volens) ils sont soit disqualifiés par les uns comme étant autant de théorie du complot, soit érigés en dogme d’une théorie du complot par les autres…??

    Sinon bravo pour ce blog qui est vraiment tout à fait sérieux dans ses analyses sans l’être dans son ton.

  40. Merci pour cette claire mise au point. L’explication autour du coût des collants est particulièrement parlante.

    Le cas de l’ampoule à filament et l’histoire du cartel, est abordé de manière vraiment naïve. Ca m’étonnerait fort qu’ils aient décidé d’une longévité nominale de cette manière.

    En pratique, les lampes à incandescence sont en longue durée avec une légère sous-tension, le rendement lm/W et la luminosité sont simplement plus bas.

    On multiplie par 10 la durée de vie lorsque la tension est à 80% du nominal, la luminosité n’est que divisée par 2. Lorsqu’on ne veut pas les changer souvent c’est parfaitement acceptable.

    A l’inverse, on double la luminosité à 120% de la tension nominale, la durée de vie est alors divisée par 10. Dans certains cas, c’est acceptable aussi.

    Voir le petit abaque des paramètres en fonction de la tension; à la fin du PDF http://www.intl-lighttech.com/ap...

  41. Economiste béotien j’ai lu avec plaisir ce post qui contre, parfois durement, des vérités bien établies puisque « vues à la télé ». J’en suis d’autant plus content qu’il me semble avoir suivi vos explications sans trop de difficultés et avoir à peu près compris.
    Mais pourquoi alors ne pas pousser ce raisonnement jusqu’au bout ? Et s’il est, comme vous le dites, plus rentable de vendre un seul produit durable et cher que deux fragiles et moins chers et si les fabricants sûrs de la qualité de leurs produits n’hésitent pas à proposer des garanties de durée supérieure, pourquoi alors le législateur qui œuvre pour le bien de la communauté et qui a le souci de « l’environnement durable » n’impose-t-il pas un étiquetage des bien d’équipement qui indiquerait leur MTBF (en français : temps moyen de bon fonctionnement) de la même manière qu’il existe une normalisation pour la consommation des moteurs.
    Il ne semble donc pas impossible de définir des conditions qui permettraient de comparer « officiellement » la durabilité de certains biens d’équipement dans des conditions de fonctionnement comparables. Cela fournirait un paramètre de choix supplémentaire au consommateur et lui donnerait l’impression d’agir sur le gaspillage des ressources.

  42. @Alexandre en réponse au commentaire 107:

    "Pour Apple, il est plus rentable de vendre un ipod à 200 qui dure 10 ans que deux à 100 qui durent 5 ans (ca coûte moins cher de fabriquer un objet plutôt que deux, tout bêtement…). "

    Sauf que non, Apple va vendre deux fois un iPod à 200 et non deux iPod à 100.

    Et en plus avec les économies d’échelle, le second iPod sera moins cher à produire car Apple aura eu un discount à partir du Xième processeur gravé chez TSMC.

    Donc non ca ne coute pas moins cher de produire un seul objet plutôt que deux.

  43. Votre article soulève des points intéressants; d’autres part, je n’ai pas vu le docu en question mais j’ai bien l’intention d’y remédier grâce à vous. En particulier parce que je suis étonné qu’Arte, rare chaîne pour laquelle j’ai encore un peu de respect, fasse la promotion de quelque chose d’aussi caricatural.

    Ceci dit, la seule chose que vous nous prouvez, c’est l’absence d’un complot visant à instaurer l’obsolescence programmée comme règle de marché. Vous y parvenez via une explication insistant sur la rationalité des acteurs économiques – chose qui, je ne vous l’apprends pas, est fortement discutable et soumise à un grand nombre de paramètres. Vous adoptez très clairement ici des préférences idéologiques/politiques/intellectuelles – appelez-les comme vous voudrez – qui vous font certes honneur mais qui ne constituent en rien une vérité descendue des cieux. Vous savez pertinemment que du côté des consommateurs comme du côté des producteurs, les comportements les plus rationnels cotoient quotidiennement l’irrationalité la plus crue pour une raison simple; la rationalité se mesure en comparaison à un postulat de départ. Or, il est très difficile de déterminer le postulat de départ de chaque acteur, postulat dirigeant jusqu’à un certain point les actions de l’acteur en question. Vous êtes un économiste, vous aimez les généralisations et c’est tout naturel puisque sans celles-ci la science économique elle-même aurait bien du mal à progresser.

    Cependant – et j’en viens au point principal de mon argumentaire – démontrer qu’un complot visant à instaurer l’obsolescence programmée comme règle de marché est improbable ne prouve pas que l’obsolescence programmée ne constitue pas aujourd’hui un outil économique fort pour certaines industries. Qu’elle soit la conséquence d’économies sur les matières premières, sur la main d’oeuvre ou que sais-je encore ne la fait néanmoins pas disparaître. Vous vous attardez donc uniquement sur les raisons de l’obsolescence programmée, tandis que le documentaire semble (étant très familier avec la décroissance, je pense pouvoir estimer le message global du docu) plutôt se concentrer sur le fait même que l’obsolescence programmée existe. Qu’elle soit une conséquence de l’économie de marché globalisée ou un de ses vecteurs principal n’y change au final pas grand chose. La critique qui l’utilise vise toujours à remettre en cause l’ordre capitaliste et cela me semble être le message principal que vous n’adressez malheureusement pas.

  44. il ne s’agit pas de complot, mais tout simplement du fait que certains industriels préfèrent faire des produits qui ont besoin d’être renouvelés régulièrement pour augmenter leurs ventes 😉

    Et puis si la loi ne fait rien pour leur interdire de le faire, il est normal que certains pratiquent ces méthodes. Nous sommes dans l’ère du capitalisme tout de même. Moi même si j’étais patron je pratiquerai l’obsolescence programmé sur mes produits ^^"

  45. S’il n’y a pas plus bel exemple pour démontrer le volontarisme de l’obsolescence des produits c’est bien l’exemple chinois

    Pour travailler régulièrement avec eux je peux vous affirmer deux choses:
    – Leurs ingénieurs et décideurs ne sont pas,et de loin, moins compétents et moins efficaces que les nôtres
    – nouveaux sur le marché de la production, ils sont en possession des machines les plus performantes et efficaces du marché contrairement à beaucoup d’entreprises européennes vieillissantes aux machines rétrogrades non renouvelées (sic)

    Aussi il ne peut y avoir qu’une seule explication à la mauvaise qualité avérée des produits chinois : l’obolescence programmée

    Peut-être ont-ils compris mieux que quiconque que la croissance d’un pays tient dans sa capacité à procurer du travail à ses habitants afin de leur donner les moyens financiers pour devenir des consommateurs à part entière … un univers qui leur était encore interdit il n’y a pas encore longtemps

    Peut-être ont-ils compris mieux que quiconque qu’il est stratégiquement plus intelligent de créer deux catégories de produits:
    – les increvables nécessaires à certains domaines cruciaux liés à la sécurité (comme les centrales nucléaires,le spatial par exemple) où ils n’ont rien à envier à personne
    – les éphémères nécessaires à faire tourner la machine de guerre économique que nous découvrons plus virulente que jamais de jours en jours

    Ils semblent donc avoir compris mieux que quiconque que l’être humain est une machine avide de consommation et prête à le faire à outrance sans trop regarder à la durabilité des produits si on lui donne les moyens de vivre dans l’opulence ….. mais prête également à y regarder de plus près et à réclamer des produits increvables s’ils se retrouvent dans des situations financières critiques suite à la perte d’emploi ou autres situations particulières.

    Aujourd’hui l’Europe est vue par ces pays émergents comme une zone riche qui est donc enclinte à consommer à outrance et prête à accepter l’éphémère … c’est ce que l’on constate aujourd’hui au travers de l’envahissement de produits de mauvaise qualité en provenance de ces pays mais que l’on consomme malgré tout sans trop éprouver d’amertume car la plupart d’entre-nous se disent "bah pour ce prix là ce n’est pas bien grave si on doit le remplacer à court terme"

    Mais l’Europe perdant de plus en plus son aura de zone riche, il ne faudra pas attendre encore longtemps pour que les personnes moins nanties réclament et partent à la recherche de produits plus durables.

    Et là je vous fais le pari que ces chinois adapteront très facilement leurs produits à cette nouvelle tendance et qu’ils deviendront brusquement de qualité supérieure tout en conservant sur leur propre marché en pleine croissance économique, des produits à obsolescence programmée pour leur population de plus en plus riche (car travaillant) et empressée de goûter à leur tour à la société de consommation telle que nous la connaissions jusqu’à présent en Europe.

  46. Réponse à VPO

    Je confirme vos dires

    L’entreprise pour laquelle je travaille est conceptrice et fabricante de produits et mon rôle est de réduire le plus possible le prix de revient de ceux-ci

    Aguerri à ce combat journalier je peux vous affirmer que 3 techniques permettent d’y parvenir :

    1) Un même produit fabriqué avec une même qualité de composants peut s’avérer être au final un produit increvable comme devenir un cauchemar simplement par le choix DELIBERE de la "marge de sécurité" appelée aussi "coefficient de sécurité" dans l’utilisation des composants.
    Les produits destinés au milieu industriel ou à la sécurité des personnes n’utiliseront pas les mêmes coefficients que ceux destinés au grand-public.
    Exemple : on placera sur une source de 12 volts un condensateur de tension de service de 25 volts dans le milieu industriel mais il deviendra un modèle 16 volts pour le grand public ce qui réduit son prix mais aussi sa durée de vie de façon très importante. L’appareil donnera pourtant "l’impression" de fonctionner de la même façon.
    Je vous laisse imaginer ce que cela peut donner pour l’ensemble d’un produit et pourtant je vous le répète : ce sont les MEMES composants de la MEME qualité mais utilisés tout simplement AUTREMENT.

    2) le prix de revient baisse très fortement avec le volume de la production. Elle baisse au travers du volume important d’achats de sous-ensembles commandés à des sous-traitants qui a leur tour …etc … et ce jusqu’aux matières premières où il est évident que le volume d’achat fait la grande différence (Il vous en coûtera évidement plus au kilo si je vous envoie un de mes camions vous livrer 1 kg de cuivre plutôt qu’ 1 tonne c’est clair)

    3) la pression sur les prix que l’on peut se permettre chez les sous-traitants lorsque les volumes commandés sont très importants qui découle tout simplement du principe bien connu : il est plus facile de vendre 1000 lampes bon marché dans lequel on ne gagne qu’ 1 petit euro plutôt que d’essayer de vendre 1 lampe à 1000 euros. Le bénéfice sera le même mais le choix évident du client fera, LUI, la différence.
    De plus les frais de production se réduisent fortement car produire une seule lampe c’est de l’artisanat et en produire 1000 c’est du travail à la chaîne, voire multi-chaîne!. Technique qui nous a permit, faut-il encore le rappeler, d’accéder à la voiture,téléviseur,machine à laver … réservés auparavant aux seuls nantis

    Le résultat final de cette course effrénée vers le coût le plus bas, fruit de la concurrence de plus en plus virulente des sociétés d’un même pays auparavant et aujourd’hui entre pays, est une perte de fiabilité globale.
    Il est aussi le fruit du comportement de la majorité des consommateurs qui pour diverses raisons (pauvreté,renouvellement volontaire … ) achètent ce genre de produits "optimisés" . Certes du point de vue prix de revient, certainement pas du point de vue technique.

    Sachez aussi que les départements de recherche et développement des entreprises ne font que suivrent les directives des commerciaux qui sont les mieux capables d’apprécier et d’imposer à l’entreprise la tendance et le prix "du marché". Aussi changeons nos comportements et vous verrez que les entreprises s’adapteront.

    La décision est donc dans le camp des consommateurs.

  47. Bravo pour pour votre article.

    Le mythe de l’obsolescence programmée a néanmoins de beaux jours devant lui, comme celui de la voiture à eau dont les compagnies pétrolières empécheraient le développement et autres fadaises.

    Le grand auteur libéral du 19 ième siècle, Frédéric Bastiat, avait tenté de mettre à bas quelques fadaises économiques (si l’Etat licencie des fonctionnaires, le chomage va augmenter par exemple) dans un ouvrage grand public (un peu comme vous sur ce blog donc) :

    lechamplibre.perso.neuf.f…

    Mais ces fadaises continuent d’avoir la vie dure.

    Bon courage donc.

  48. L’exemple des collants est parlant. D’ailleurs, je crois savoir que les bas en nylon ont fait fureur à leur sortie, essentiellement parce qu’ils diraient beaucoup plus longtemps.

    En outre, comme mentionné dans l’article, les produits qu’on achète disposent d’une garantie. Il appartient au consommateur d’en tenir compte et de faire jouer la concurrence.

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