Il se murmure que le ministère de la culture pourrait fusionner avec celui de l’éducation nationale. Voilà qui me ravit. Je deviens mécaniquement un artiste, en quelque sorte (j’opte pour clown comme sous-catégorie). Avouons que c’est assez inespéré. Trève de plaisanterie, le sujet est grave. Mais tant que ça ?
Add (17/05/07): dans mon esprit, plus que les synergies administratives (évoquées pour la forme), ce qui me frappe, c’est que le ministère de la culture dépense largement moins en actions culturelles que les autres ministères (réunis). C’est donc de coordination dans l’utilisation d’un budget supérieur à celui de la culture qu’il est question, à mon sens. Faire deux fois la même chose parce qu’on dépend de deux ministères différents me semble moins utile pour la diversité culturelle que la possibilité de faire deux choses différentes. Après, je suis assez ouvert aux options imaginables. Mais celle-ci en est une aussi.
Add 2 (18/05/07): Le ministère de la culture reste indépendant. Mme Christine ALBANEL est ministre de la culture et de la communication.
Le ministère de la culture a cette particularité de réaliser une part relativemment modeste des actions culturelles en France. D’autres ministères en réalisent (affaires étrangères, jeunesse et sport, éducation nationale). Mieux, si l’on en croit Françoise Benhamou (qui est, ma foi, bien renseignée), ces ministères dépensent ensemble un budget consacré aux actions culturelles qui dépasse de près de 50% celui de la Culture. Dès lors, il ne semble pas absurde de réunir les deux ministères évoqués. On pourrait ainsi y voir plus clair et éviter certaines redondances inutiles et, surtout, le saupoudrage qui caractérise la politique culturelle actuelle (tiens, comme pour les ZEP à l’éducation nationale….). En d’autres termes, rendre l’argent à la culture, plutôt qu’à la bureaucratie. Une autre raison est que l’éducation culturelle est un parent pauvre de l’école en ces temps où Gary Becker a définitivement gagné dans la tête des enfants devenus ados aux crocs longs et de leurs parents impressionnés par le taux de chômage de grosso modo 25% des actifs des moins de 25 ans[1]. Si de meilleures synergies sont possibles, pourquoi s’en plaindre ? Disons, donc, que sur le principe, il faudra réfléchir à deux fois avant de s’émouvoir et accuser le nouveau Président de brader la culture[2]. En théorie, rien ne dit qu’un tel changement soit si néfaste pour la culture. Et ce n’est pas fait. Et si en plus j’ai des places de ciné gratuites, alors…
Notes
[1] Là où ils n’ont peut-être pas tout compris de Becker, c’est que je doute que celui-ci excluerait la culture générale du capital humain. M’enfin, bref…
[2] Au moins cette fois-ci.
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De mauvaises langues vous diraient sans que la culture telle que se la représente l’Educnat est à la culture telle que les artistes se la représentent ce que les subventions agricoles sont à l’agriculture.
Il y a d’ailleurs gros à parier qu’au choc culturel entre administration de la culture et "Mammouth",le Mammouth phagocytera son petit voisin.
Reste à voir si la[*] prochaine ministre sera issue de la culture ou de l’éducnat.
[*] au vu du nombre d’hommes parmi les présumés ministrables, difficile d’imaginer que le prochain ministre de l’éduculture nationale soit un homme.
Ne t’enthousiasmes pas trop vite. On nommera un secrétaire d’Etat à la Culture, qui siègera rue de Valois. Il sera en théorie sous les ordres du ministre de l’Education nationale, si les services administratifs de la Culture le veulent bien.
Je sens des guerres de tranchées administratives en vue.
J’avoue n’avoir pas bien compris vos arguments, ou plutôt n’avoir pas été très convaincu par eux… Pour information, Jack Lang fut ministre de la Culture ET ministre de l’Éducation de 1992 à 1993.
L’argument du renforcement de l’éducation culturelle ne me convainc pas.
D’accord pour dire qu’il ne faut pas dramatiser cette fusion, mais je ne crois pas non plus qu’il faille en attendre grand-chose. On peut bien avoir un même ministre, je doute qu’on fusionne les DRAC et les rectorats.
Quant aux synergies, s’agit-il de remplir les établissements culturels qui ne marchent pas avec la clientèle captive du public scolaire? N’est-ce pas déjà ce qui se passe?
Pour ma part la seule synergie à laquelle je m’attend, c’est celle des manifs de profs et d’intermittents pour obtenir la tête du ministre.
Étonnamment, je ne porte aucun crédit politique à cette volonté
supposée, mais un crédit économique. Je suppute, avec un mauvais esprit
manifeste, que la destination finale est de recaser de jeunes artistes à la place
des enseignants auprès de nos futurs scolarisés : qui pourra reprocher la
pierre-deux-coups de l’utilisation de forces vives, qu’on subventionne ainsi
indirectement, et du contact (forcément) bénéfique (par capillarité ?) du
créateur et de l’enseigné ? Un savant et malin vase communicant.
Ben…
Par exemple, si on considère que transformer un champ humain en
connaissance nécessite une mise à distance ?
Z’ont qu’à passer le capes.
Le patron du MacDonald’s n’est pas forcément un bon prof d’économie.
Effectivement, l’antienne qu’il est permis d’entendre sur le ministère de la culture est quelque peu navrante. Que les "cultures" administratives soient différentes entre l’éducation nationale et la culture c’est un point. Mais ce hiatus culturel n’a pas empêché de fusionner dans un autre genre l’industrie et les finances en 1998. Et aujourd’hui d’aucuns de s’émouvoir d’une possible séparation…
Il faut donc voir ce type de réorganisation froidement : elle apportera peut-être des bénéfices sur le secteur des inteventions culturelles (mais c’est à relativiser au regard des pratiques de dépenses autonomes – pour ne pas parler de culture dépensière – de chacune de ces administrations…) mais globalement il s’agira sur la période de cinq ans d’une expérimentation …
Qui dit fusion des ministères dit rarement fusion des services déconcentrés. Il ne peeut y avoir d’économie d’échelle entre des profs et des artistes. En revanche sur des secteurs transversaux (type gestion du personnel, logistique…) on peut gagner MARGINALEMENT.
La où les gains à court terme sont les plus importants ne sont pas dans les ministères type culture : c’est au ministère des finances, entre les douanes, le trésor public et les impôts.
Mais la résistance est, malgré les proportions démographiques diffétentes, autrement plus problématique qu’à la culture ou à l’éducation nationale (pressions sur le paiement des salaires des fonctionnaires dans le pire des cas)…
Quoi qu’il en soit, la logique sous-jacente à ces regroupements est me semble-t-il d’habituer les fonctionnaires administratifs – pas les profs, les raisons d’être sont différentes- à se penser plus en fonctionnaires tout court que fonctionnaires de tel ou tel ministère, avec à terme la volonté de réduire la myriade de statuts existants et peut-être d’assouplir la loi-cadre de 1984.
Cette volonté présidentielle ne saurait donc être comme vous l’indiquez être écarté par principe. La pratique devra en revanche être bien suivie…
fusionner éducation nationale et culture, c’est fusionner deux bugdets. Il sera plus difficile de faire apparaître une baisse du budget de la culture. Et puis on a TF1, alors la culture, on s’en foot……..
"Comment une dame instruite a-t-elle pu commettre une erreur aussi flagrante ?"…
Synergie est en effet souvent synonyme de réduction des coûts. Mais aussi de plus d’opacité dans la gestion des moyens. Alors qu’une bonne décentralisation… (cf le discours de Planchon aux Molières)
C’est comme pour toute décision politique, elle a de grands avantages… à condition d’en respecter l’esprit et les buts affichés jusqu’au bout. C’est souvent (toujours) là que ça coince et il n’y a pas de raison que ça change avec Sarko (au contraire, vu son changement de personnalité pendant la campagne).
En ce qui me concerne, si la fusion ou le rapprochement des deux ministères permet de dynamiser un peu l’éducation nationale en lui donnant un relief un peu moins académique, ça m’ira.
Attention tout de même à ne pas faire passer des restrictions de budget pour des économies d’échelle…