Des années 50 jusqu’environ 1980, la France était le leader des inégalités de revenu dans les pays de l’OCDE (…) En France les 20% les plus riches reçoivent 24% des transferts sociaux, alors que les 20% les plus pauvres n’en reçoivent que 18%. A partir de 1991 la politique sociale française était un peu plus progressive, mais les travailleurs manuels français sont restés dans la même position relative. (…)
La France reste une société extrêmement hiérarchisée, à la fois économiquement et socialement. Les 10% de français les plus riches sont 50% plus fortunés que leurs homologues suédois et les 25% de français les plus riches ne voient pas leurs revenus ramenés vers le bas par le système fiscal de la même façon qu’en Allemagne, Suède ou Danemark. (…) Aujourd’hui, beaucoup des citoyens français les plus riches occupent des places privilégiées au coeur du soi-disant « Etat-providence ». C’est pour eux l’une des principales raisons de vouloir le maintenir en l’état ».
Tout cela est extrait de « France in crisis : Welfare, Inequality, and globalization since 1980« . Je dois dire que cet extrait a piqué ma curiosité, ceci d’autant plus que Tyler Cowen est très élogieux sur ce livre.
Une perspective étrangère sur un pays peut être extrêmement utile. Cela peut donner des livres distrayants et sympathiques; cela peut donner aussi des critiques cinglantes, bien senties et très justes. Mais ce même genre de perspective étrangère critique peut aussi aboutir à des résultats pathétiques. Ce livre sur la France semble appartenir à la première catégorie; en tout cas, je pense que je vais le lire pour vérifier.
Les points présentés ici, en tout cas, sont extrêmement justes et font référence à un sujet qui n’est que trop rarement abordé en France : le fait que le système social n’y bénéficie que très peu aux plus pauvres, qu’il n’est le plus souvent qu’une composante de ce « corporate welfare » consistant à abreuver ceux qui en ont le moins besoin d’aides, de protections, de passe-droits et d’avantages.