La discrimination tarifaire, illustration du jour

Faisant mes courses ce soir, je souhaitais acheter des lingettes antidécoloration pour lessive, de la marque la plus fréquemment rencontrée. Au rayon, je constate que celles-ci sont présentées soit en paquet de 12, soir en paquets de 24 (voir photo). Mais les paquets de 12 sont proposés avec une réduction importante, marquée par une étiquette jaune bien visible : -35 centimes d’euros sur un paquet coûtant 3,85 euros. Je m’apprêtais à bénéficier de cette bonne affaire, jusqu’à constater que le prix des lingettes par paquet de 24 était de 5.45 euros, sans promotion. Le paquet de 12 lingettes avec promotion restait donc plus cher, à l’unité, que le paquet de 24 (7 euros pour 24 lingettes en paquets de 12, contre 5.45 pour 24 lingettes en un seul paquet).

Histoire d’accroître la confusion dans mon esprit, les paquets de 12 sont vendus comme paquets de “feuilles” alors que les paquets de 24 comme paquets de “lingettes” (on le voit un peu sur la photo). Ha, les fourbes, c’est décidément bien calculé…

Pour d’autres posts de blog sur la discrimination tarifaire, c’est ici. Et, chers collègues enseignants, ne l’oubliez jamais : rien de tel qu’un rayon d’hypermarché pour illustrer un cours.

Alexandre Delaigue

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19 Commentaires

  1. Hu, c’est la classe d’être référencé par Gizmo, quand même =) Région Centre représente kwa !

    Alexandre, en plus d’être un valet du grand capital et du sarkozysme, vous êtes un laquais de la société de consommation qui arrive à vous convaincre que vos slips rouges ne doivent pas se décolorer en même temps que vous les lavez avec vos maillots de corps à pois bleus. Vous êtes décidément irrécupérable.

  2. Moi, ce que je ne comprends pas, c’est le lot de deux tablettes de chocolat noir dessert Nestlé qui est plus cher que 2 tablettes identiques achetées à l’unité.

    J’ai posé la question au gérant, qui n’a pas su me répondre autre chose que : « on répercute les prix du fournisseur. » Du coup, comme il arrive souvent qu’il ne reste plus de tablette individuelle, je déchire systématiquement le plastique et fais passer les lots comme deux tablettes séparées (il y a le bon code-barre sous le plastique !).

    A noter qu’ils font aussi maintenant des lots de 3 tablettes, qui sont réellement plus avantageux que 3 tablettes achetée à l’unité…

  3. @Gabriel:

    C’est bizarre car il me semble qu’un texte de loi était passé obligeant les vendeurs à respecter les économies d’échelle lors de la vente de produit pour justement éviter de se retrouver avec des produits de petites quantité moins cher que ces mêmes produits en volume plus important.

    Et dans le cas où ca se produisait, le client est en droit de demander un tarif inférieur (du gros volume) à celui du petit à volume égale.

    Je ne sais pas si j’ai été clair, ni si j’ai simplement rêver ce texte, mais ca me rappelle fortement quelque chose (je crois que c’était Boutin qui avait proposé cela).

  4. Une anecdote aussi : je prenais de temps en temps des glaces après le repas à la cantine, le prix était de l’ordre de 1,50€.

    En vacances sur la Côte d’Azur, les mêmes glaces dans une boutique de plage étaient à 2,50 ou 3€. Évidemment, je n’en prenais pas.

    Et puis un jour de ce même été, allant au cinéma avec mon épouse, je vois la promo : 2 glaces pour 5€ (au lieu de 3€ pièce). De manière incroyable, mon premier instinct a été de me dire "ah oui, c’est pas cher du tout!", et j’ai failli céder. Avant de faire la division et de réaliser que la glace coutait effectivement 2,50€.

    Je me suis souvent demandé d’où venait cette "hallucination tarifaire". Mon hypothèse, c’est que le cerveau humain est naturellement très mauvais pour les divisions (pourtant, je suis un matheux pur et dur) et certaines autres opérations (dont celles avec virgules).
    En voyant "2 glaces pour 5€", j’ai dû faire inconsciemment une multiplication, soit 10€, puis une division par 10, soit 1€. Qui, comparé à 3€ pièce, en fait une super-promo.
    La présentation visuelle de la "promotion" a dû jouer un grand rôle aussi.
    Et puis, je pense qu’il y avait aussi un effet psychologique : tu viens de sortir un billet de 20€ pour les places, un billet de 5€ en plus, c’est plus petit.

    Mon autre hypothèse, c’est que nous sommes mauvais pour les opérations avec des nombres "anormaux", "non-naturels". 5 est peu naturel parce que, loi de Benford aidant, nous sommes moins souvent amenés à l’utiliser.

    Dans cet ordre d’idées, j’attends avec impatience la super-promo de 8 produits à 60€, quand l’unité coûte 7€…

  5. Comme Gabriel, ai déjà constaté ce phénomène dans mon hyper de proximité. Avec des paquets de pâtes ou de couscous de même marque : celui de 1kg valait plus que deux de 500g. Quoique ce n’est plus le cas maintenant (considéré comme une arnaque ?). Plus étonnant pour moi, les rouleaux de PQ d’une même marque : le rouleau plus cher par 12 que par 6, et en fait le meilleur prix au rouleau, c’est par 9. Bon, je n’ai pas été jusqu’à les dérouler entièrement, dans les paquets de 12, ils sont peut-être plus longs ?

  6. Je ne vous suit pas bien sur ce coup là. Je comprends la discrimination tarifaire comme une prise à contre pied de l’intuition de l’acheteur. Mais l’intuition c’est qu’un gros volume acheté c’est moins cher qu’un petit et dans l’exemple cela reste vrai. Certains se tapent peut-être des paquets de 24 parce que c’est moins cher alors que sinon ils prendraient par 12. La promo réduit l’avantage prix au pointqu’ils sont inscités, rationellement, à prendre par 12.
    On doit bien se douter, même sans réfléchir beaucoup, qu’il y a deux logiques (promo contre volume)antagonistes et que le résultat n’est pas évident a priori, non? Au moins pour un certain nombre de consommateurs.
    Auriez vous parlé de discrimination tarifaire si le choix avait été entre paquet de 150 ou paquet de 12 en promo?
    J’ai peut être du mal à comprendre ce qu’est vraiment cette discrimination tarifaire…

  7. Vous avez de la chance. Dans mon Monoprix, on découvre les prix a la caisse et dans mon Leclerc, les étiquettes ne correspondent qu’a 95%, i.e. bouteille de même marque et de même produit mais pas de même année par exemple.

  8. Mon hypothèse: avant, on faisait systématiquement des prix plus bas sur des grosses quantités, afin d’inciter les gens à augmenter leurs volumes d’achats.

    C’est un réflexe que désormais, quasiment tous les consommateurs ont acquis, et à force ils ne regardent même plus le prix.

    Certains vendeurs vont donc en profiter pour prendre le principe du système à contre-pied, et vendre les grosses quantités plus cher que les petites, partant du principe que le consommateur ne remarquera rien.

    C’est exactement comme prendre la route qui contourne la forêt pour éviter de se retrouver face au Grand Méchant Loup, et se retrouver piégé quand même car GML a eu l’idée de sortir du bois pour surprendre le Petit Chaperon Rouge qui ne s’y attendait pas du tout.

  9. J’ai aussi remarqué ce phénomène dans tous les rayons (y compris pour les produits frais comme la viande) et pour les MDD versus les marques (elles sont parfois plus chères). Je ne suis pas spécialiste de marketing mais c’est définitivement là que se trouve l’explication (temps de réflexion avant achat très faibles, habitudes de conso, etc.), du coup, il est bien connu que les industriels et les distributeurs brouillent les pistes en jouant sur les grammages et les conditionnements. Ceci, n’y avait-il pas des points "fidélité" avec le paquet de 12 genre "sur les produits signalés en magasins". Non, je dis ça parce qu’un beau mixeur ça compte aussi dans la balance.

  10. Hé, Stéphane ! Where are you ? On vous retrouve ici un de ces jours ? Moi j’aime bien votre équipe de deux !

  11. Je pense avoir le record en ridicule. Un pack de 4 paquets de café coûtant plus cher que 4 paquets. Donc, vous aviez une promo de 20 centimes si vous défaisiez le surembalage avant de passer à la caisse.

    Joli clin d’œil du destin aujourd’hui : j’ai acheté 6 KitKat, après avoir vérifié que les paquets de 6 sont moins cher au kilo que ceux de 10 (mais pour les Twix, c’est l’inverse — je n’invente rien).

    Le hasard a voulu que la caissière passe 2 fois le paquet de 6. Plus cher, finalement. Mais j’ai pu me faire rembourser.

  12. L’affichage du prix au kilo n’est pas obligatoire en France?

    Ici (dans le beau royaume de Belgique…), l’affichage du prix au kilo est obligatoire sur de nombreux produits de 1ère nécessité (produits d’entretien, alimentaires,…), même s’ils sont en promotion, et je dois avouer que cela simplifie le travail de comparaison du consommateur (pour peu qu’il se donne la peine de le faire et pour peu que le calcul du prix au kilo soit correctement effectué par le commercant).

    Et pour répondre à Logopathe, des lingettes antidécoloration, ce sont des lingettes imbibées de divers stabilisants chimiques permettant aux gens pressés et/ou que la corvée de lessive emm**de copieusement (voire aux profs d’économie bloggeurs overbookés, ce qui n’est pas incompatible) de tout mettre en une fois dans la machine sans avoir à faire de tri basé sur les couleurs : une grande invention. Cela leur permet avec le temps ainsi économisé de, par exemple, faire un billet intéressant sur la discrimination tarifaire .

  13. @ Nax :

    L’affichage du prix au litre et au kilo est effectivement aussi obligatoire en France.

    Mais dans le grande surface près de chez moi (L…..c),en plus du prix unitaire en euros, en gros caractères, nous avons en caractères moyens…
    …le prix unitaire en francs (et oui, 9 après le passage à l’euro..mais bon, en France, 50 ans après le passage au "nouveau franc", on trouve encore des gens qui parlent en anciens francs, et même des gens de moins de 50 ans qui ne l’ont donc pas connu !)

    et ensuite en tout petits caractères, les prix au litre ou au kilo, en euros et en francs.

    Cela nous fait donc 4 indications de prix sur la même étiquette, ce qui contribue à nous brouiller l’écoute

  14. Je ne veux pas faire de mauvais esprit, mais les lingettes en question ont été testées par Test-Achats (l’équivalent belge de Que Choisir) et trouvées sans aucune efficacité… Il vaut mieux changer de marque…

  15. Autrefois, on parlait de la notion de franchise en matière de commerce : limiter l’effort que le consommateur devait fournir pour obtenir toutes les informations requises sur la nature de l’offre et le prix.

    Maintenant que l’évolution des prix est devenue une question politique, voire, de stabilité planétaire, le client n’a plus qu’à se demerdierenzizich

  16. Je me rappelle (sans avoir pu mettre la main dessus) une enquête d’une association de consommateurs qui épinglait plusieurs produits qui ne respectaient pas les économies d’échelle.

    Si quelqu’un arrive à mettre la main dessus ou alors sur cet article de loi évoqué plus haut !

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