Jubilatoire (enfin, presque)

Je n’aime pas les gens qui agissent de la sorte. Ils n’ont aucune excuse valable à mes yeux. Cette fois-ci, ce n’est pas passé.

11 Commentaires

  1. Je serais surpris que ce qui ressemble furieusement à une action destinée à entraver la liberté d’installation des entreprises en europe en reste là.

  2. Manque un peu d’éléments pour juger, quand même… Deux lignes…

    Réponse de Stéphane Ménia
    Un individu essaie de déménager en douce son usine en Slovaquie pendant le week-end. Il vous manque des éléments pour juger ?

  3. Comment se fait-il que des gens comme Jean-Marc Sylvestre pensent encore que le marché résolve tout ?
    «Ah, ben oui, mais ça mon bon monsieur, tant qu’on n’alignera pas les charges sur celles de entreprises chinoises, hein…»

    Réponse de Stéphane Ménia
    On peut très bien trouver que les charges sociales sont trop élevées et ne pas se faire la malle comme un voleur. La différence n’est pas tellement entre des idées, mais autour d’un état : être une ordure ou non.

  4. Vu dans ma revue de presse du Courrier International de ce matin

    THE TIMES
    Quand les salariés français s’en prennent à leurs patrons anglais

    "Durant 48 heures, les employés en colère d’une usine du Doubs ont séquestré leur PDG britannique pour l’empêcher de transférer ses activités en Europe centrale afin d’échapper au coûteux droit du travail français." Mike Bacon est accusé de vouloir délocaliser son usine de sous-traitance automobile BRS en Slovaquie. Le journal anglais rappelle qu’en janvier les salariés de l’usine Miko de Saint-Dizier s’en étaient pris à leur patron, lui aussi britannique. Il ironise sur cette France qui attribue tous ses maux à la mondialisation.

    Réponse de Stéphane Ménia
    Ah, ces tabloïds…

  5. Je pense qu’il faut voir là (dans les séquestrations) les réminiscences des défaites militaires françaises d’antan… je suis sûr que les tabloïds vont finir par nous sortir un truc comme ca…

    souvenez-vous du ver Chirac y’a quelques temps !

  6. "Il vous manque des éléments pour juger ?"

    Ben oui. Moins maintenant, je me suis renseigné.

    Se faire une opinion aussi tranchée sur un événement à partir d’une dépêche AFP, ça me paraît un peu en contradiction avec l’esprit de ce blog, même si en l’occurrence il semble que vous ayiez vu juste. Mais c’est une opinion personnelle, et je me ferais un plaisir de m’en servir comme vous ne manquerez pas de me le suggérer. Et tout le monde sera content.

    Réponse de Stéphane Ménia
    L’opinion est tranchée car les faits sont éloquents et répétés à intervalles réguliers (la presse n’en ratera pas un, j’en conviens, du reste ; oubliant ainsi que la plupart des délocalisations se font dans le respect du droit et de la dignité des salariés). Si vous considérez qu’il est défendable de se tirer en douce, alors vous pouvez disserter. Ce n’est pas mon opinion. J’ai rangé ce billet dans la catégorie blablabla du blog. Cela signifie qu’il n’a généralement pas vocation à déboucher sur une analyse très poussée. Vous pouvez toujours trouver des explications au comportement de ce gars. Je peux le faire aussi. Mais au final, il a joué et perdu. Ne serait-ce que moralement, je n’aime pas ce genre de jeu. Je me réjouis donc qu’il se soit fait intercepté. Il faut bien comprendre ce que ce genre de choses, certes isolées, représentent du point de vue de la situation des salariés. Ils ne peuvent plus travailler dans leur entreprise et, de surcroît, ne peuvent pas non plus travailler ailleurs, car le temps que la liquidation soit engagée, ils sont encore supposés sous contrat avec l’employeur en fuite (même si j’imagine que selon les cas, on évalue le contexte différemment). J’ai réalisé ça récemment, un proche ayant été victime d’un individu de ce genre, qui a tout déménagé en un week-end. Par ailleurs, c’est très mauvais d’un point de vue institutionnel. S’il est possible de se faire la malle comme ça, alors une certaine idée de la critique du capitalisme et de l’économie de marché a de belles années devant elle. Cela ne peut que se retrouver dans des législations inadaptées, car établies en réaction à ce genre de faits divers sensibles auprès de l’opinion. En bref, on risque de renforcer les contraintes. Comprendre pourquoi il a été poussé à faire cela n’est pas inopportun, mais cela ne change rien à l’affaire. Dans un pays où fumer dans un lieu public est devenu un acte presque grave, j’ai du mal à avoir la moindre sympathie pour cet individu. Au mieux, c’est un piètre gestionnaire, il aurait du anticiper plus tôt que son activité nécessitait d’être délocalisée. Il n’aurait pas eu à agir de la sorte. Au pire, il voulait filer en Slovaquie pour échapper à toutes ses obligations.

  7. Ah, et aussi, séquestrer quelqu’un, c’est grave.

    Oui, je sais, voler l’outil de travail c’est grave aussi. Sauf que s’il l’avait fait, le PDG aurait été probablement poursuivi. Là, les salariés ne le seront sans doute pas. On estime donc qu’un crime puni, si je ne m’abuse, de 10 ans de taule (moins de 7 jours, libération volontaire, mais contre condition), peut être justifié dans certains cas. J’avoue que je suis partagé entre le sentiment que vous exprimez et celui d’une certaine gêne face à cette conception de l’application du droit.

    Heureux celui pour qui tout est simple.

    Réponse de Stéphane Ménia
    Trancher n’est pas toujours le signe qu’on considère que les choses sont simples. Je laisse les juristes évaluer la réaction des salariés. Une chose est certaine : à leur place, j’aurais probablement fait quelque chose de ce genre, tout en sachant les risques pris.

  8. Réaction du Guardian. Pourquoi ne suis-je pas étonné ?

    Fed up with the boss? Take him hostage

    Angelique Chrisafis
    Wednesday February 6, 2008
    The Guardian

    Locking your boss in his factory for 48 hours while the entire staff stand guard might seem like a radical new take on industrial relations. But in Devecey, in eastern France’s manufacturing heartlands, 40 factory staff have been hailed as heroes for taking their English boss hostage this weekend when they discovered he was trying to move the business to cheaper Slovakia without telling them.
    Mike Bacon, head of the BRS car-parts company, is the second British boss to be locked up by angry French workers in recent weeks. On January 15 police stormed an ice-cream factory in Saint-Dizier to free manager Prakash Patel, who had been held hostage by workers seething over job cuts. At least 14 staff were injured trying to stop police liberating him.

    Sophie, 30, a BRS administrator, one of the workers who took turns to guard Bacon this weekend, described their operation. On Saturday morning, a passing worker noticed suspicious lorries outside the closed factory and summoned colleagues.
    "We consulted the gendarmes over what we could do within the law. They said if we wanted to hold him, he had to consent. He wasn’t very pleasant at first, then he accepted he had no choice.

    We kept him from Saturday until Monday morning. He stayed in his office and workers took turns to keep 24-hour watch. We brought him bread, milk and sandwiches. We gave him plenty of blankets and he slept on a massage table."

    Bacon was released on Monday after workers, angry that their January salaries had not been paid, escorted him to court where a judge ordered the liquidation of the struggling company.

    The factory staff won huge media support amid a mood of fear that "Anglo-Saxon" free-trade ideas are spurring the closure of French factories as bosses relocate to cheap labour markets. Bacon said French workers cost him five times more than Slovakians per hour.

    During his captivity, Bacon said he felt like "a prisoner in Alcatraz" but with a good book, his computer and email access, he got by. He is currently in Slovakia, where his other factory is based, and French media have warned him against returning to Devecey any time soon.

    Réponse de Stéphane Ménia
    Oui, ils considèrent qu’il s’agit de légitime défense vis-à-vis d’un système rigide. Ils ont peut-être raison sur ce point, mais j’ai la faiblesse de penser que personne ne l’a obligé à s’installer dans un tel système, d’une part ; et que nuire sciemment à ses salariés n’est pas une réponse appropriée quand on n’est pas un rat. J’ai adoré le « je les aurais payé après ».

  9. @SM: très d’accord avec tout ça. Désolé pour le dérangement…

    Réponse de Stéphane Ménia
    Y a pas de mal.

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