Je veux faire partie d’une commission

C’est une fonction très confortable, qui ne mobilise pas trop de temps de cerveau disponible, puisqu’il suffit de compiler les idées que d’autres ont déjà trouvé (sans les citer est un plus) et de mentionner d’autres idées si neuves que personne ne les revendique même plus, tant elles sont entrées dans le domaine public. Par exemple, la commission de libération de la croissance, ça m’avait échappé, s’est réunie le 7 novembre. Il en est ressorti une originale synthèse :

« Les membres ont partagé le constat selon lequel la dépense publique qui absorbe près de 54% du PIB, soit plus de la moitié de la richesse nationale, était nettement plus élevée que celle de nos partenaires de l’Union européenne qui est en moyenne à 46% du PIB, et sans comparaison avec certains de nos partenaires de l’OCDE qui sont à environ 30%. La dette publique reste par ailleurs excessivement élevée (64,2% du PIB). Selon le projet de loi de finances pour 2008, les intérêts de la dette, c’est-à-dire les intérêts que l’Etat doit payer, et non le remboursement du capital, qui serait le remboursement de la dette elle-même, représentent environ 42,4 Md€. C’est la 2ème dépense de l’Etat par importance (15% du budget environ), par contrainte, plus que par choix, et sans aucun bénéfice pour les citoyens et pour les générations futures. Une dépense publique mieux maîtrisée permettrait d’investir et de moderniser nos services publics. Surtout, la dette reste dans le temps : elle sera payée par les générations futures. »

Oulala ! Elle est bourrée de créatifs, cette commission. On vise toujours les 5% de croissance ?

8 Commentaires

  1. "Moderniser nos services publics". Le rôle d’une commission est-il plus de faire des constats évidents (car comme tu le dis, le survey de la litterature existante et non citée est flagrante) ou de faire des propositions intelligentes qui aillent dans le sens d’une modernisation de notre société ?!

    Par contre, je ne reconnais pas la pâte de Cyrulnik… aurait-il disparu de la-dite commission ?

    Tiens, tiens, tiens… C’est vrai ça. Son remplacement par le plus grand blogueur économique de tous les temps est-elle déjà programmée ? Je prépare ma cravate, mon short, mes tongues et un bon roman. Je suis juste inquiet niveau circulation des TGV.

  2. Méfies-toi aussi des autres très grands bloggeurs ! y’a du monde au balcon…

    Ton roman prend-le plutôt épais car je pense que tu vas avoir le temps de le dévorer… tiens tu pourrais même discuter avec les membres de cette commission de ce qu’ils pensent des trois bouquins en lice pour le Prix du Sénat…

  3. Aux Etats-Unis, au moins, on convie les économistes dans les commissions relatives à l’économie…
    Après, que ces commissions soient utiles ou non, boring ou non c’est une autre histoire… mais au moins on ne crache pas publiquement sur les économistes…

  4. …mais je dois bien avouer ma grande joie de rentrer d’un week end sans internet pour trouver 7 nouveaux posts d’un coup chez éconoclaste…vous venez de faire perdre une journée de travail à ma boîte (il est hors de question que je commence à bosser avant d’avoir lu tous les articles, les commentaires et meme un ptit tour par le forum :)…en meme temps, mon boss est plus à ça près avec les retards et absences actuelles !
    merci messieurs

  5. à 0.001 point de PIB gagné par la France pour chaque commission créée (d’où l’intérêt de bons défraiements pour les membres de la commission), il suffirait de créer 5000 commissions supplémentaires pour obtenir 5 points de croissance.

    Sinon, on peut aussi lancer de grands projets dispendieux pour aller plus vite. Un tunnel sous Paris par exemple. Financé par appel à l’épargne privée, comme Eurotunnel.

  6. "Une dépense publique mieux maîtrisée permettrait d’investir et de moderniser nos services publics."

    Ce qui me choque, c’est la bêtise de cet argument plus que son caractère éculé. Attali veut réduire les dépenses publiques… pour les augmenter (l’investissement et la modernisation des services publics, c’est également de la dépense publique). On me rétorquera qu’on veut réduire les dépenses de fonctionnement et augmenter l’investissement mais la différence est très abstraite. Le salaire d’un prof, c’est une dépense de fonctionnement ou un investissement ? Pas sûr que le service public ait besoin de plus de briques et de mortier (investissement?) et moins de salaires (fonctionnement ?)

    Nous nous sommes régulièrement fait l’écho de ce que vous dites, en effet. En même temps, derrière le vocable « mieux maîtrisée », dans le contexte de cette phrase, il peut y avoir l’idée d’une meilleure utilisation des ressources publiques, à objectifs constants.

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