Je n’aime pas être réveillé en sursaut

Devant le déluge de commentaires suscité par l’article d’Alexandre sur l’interdiction de fumer, je me vois contraint de gaspiller un peu de temps pour défendre mon compère et, au delà, défendre la démarche de notre site.

Tout d’abord, merci, comme d’habitude, à ceux qui ont joué le jeu et pondu des commentaires cohérents.

Je lis à plusieurs reprises qu’Alexandre aurait été moins “scientifique” que d’habitude. Je lis aussi que son raisonnement est moins incontestable que d’habitude. Je ne vois pas en quoi. Ses analyses ne sont jamais incontestables. Elles ont le mérite de s’appuyer sur des modèles et des données, les plus larges et les plus reconnus possibles. Ce sont tantôt des synthèses, tantôt des interprétations structurées. Cet article ne déroge pas. Quelques lecteurs l’ont souligné. Ils ont compris.

Ce que certains appellent idéologie n’est qu’une interrogation sur le bien fondé d’une interdiction. Au surplus, certains s’empressent de condamner l’économisme de ce texte ? Que pensez vous de l’analyse de Levitt sur la légalisation de l’avortement (et donc de son interdiction) ? Allez, avouez… là, ça vous gêne pas. Oui, car lier la légalisation de l’avortement à la baisse de la délinquance, c’est aussi l”horreur économique” qu’un lecteur accidentel dénonce en commentaire. Vous vous rendez compte ? Un économiste qui raconte que laisser aux femmes la liberté de disposer de leur corps pourrait en plus profiter à la société dans son ensemble !

Vous êtes sur le site éconoclaste. Sur éconoclaste, il est question d’économie. Sur le blog d’éconoclaste, il est question de questions d’actualité traitées dans une optique économique. Les rédacteurs d’éconoclaste ont une vie, des contraintes professionnelles et personnelles et ne sont pas chercheurs. Si vous venez lire ces pages, c’est que notre démarche vous plaît. Si vous pensez que sur chaque sujet abordé par Alexandre vous aurez plus qu’une réflexion perfectible dont le mérite est d’essayer de fouiller un peu les choses avec les outils de l’économie, alors je vous invite à militer pour qu’on lui descerne illico le prix Nobel plutôt que de pondre des commentaires accusateurs.

Je trouve particulièrement détestables les petits “vous m’aviez habitué à mieux”. Un peu comme si certains étaient frustrés depuis longtemps de ne pas avoir les armes pour se payer Delaigue, ce sale économiste aux idées différentes des vôtres. Oui, un peu comme si parler de tabac, un problème que tout le monde connaît concrètement, était bien plus aisé que de commerce international ou de dette publique. Un genre de rappel à l’ordre, en somme. Notez que c’est une attitude que j’avais déjà relevée sur un autre blog, Ceteris Paribus, où parce qu’Emmanuel disposait de moins de temps pour écrire, on lui est tombé dessus en décrétant sa disgrâce éditoriale.

En particulier, j’ai une pensée émue pour Liberté chérie qui, si comme on peut l’imaginer, est représentant de l’association du même nom, nous donne ici une drôle de leçon de libertarianisme. Monsieur Salin va vous excommunier.

Enfin, pour finir, je ne suis pas très opposé à l’interdiction de fumer dans les lieux publics, que je prends comme un optimum de second rang que l’on peut probablement tester avec intérêt. Mais, oui, moi aussi je me demande si c’est la seule solution pour concilier le bien-être des uns et des autres. C’est pour cela que j’ai lu avec intérêt le texte d’Alexandre. Et, à n’en pas douter, quand il parle de croisade, il n’a pas tort.

Non, pas de commentaires…