Un peu de proche histoire de la pensée économique. Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la petite histoire des menu costs sans jamais oser le demander [1], Mankiw vous le dit. Et j’en dis un peu (à peine) plus en français.
Notes
[1] Référence à l’illustre première partie de l’ouvrage de Mark Blaug, La méthodologie économique (Economica, 1982); première partie intitulée Ce que vous avez toujours voulu savoir sur la philosophie des sciences sans oser le demander.
On apprend donc que l’ami Greg a piqué le terme à Stanley Fischer. C’est du joli.
Pour ceux qui n’ont jamais rien demandé sur le sujet pour la simple et bonne raison qu’ils ne savent absolument pas de quoi il s’agit, ces coûts de menu correspondent aux coûts la mise à jour du catalogue des prix. L’idée de Mankiw était d’expliquer la rigidité des prix par les coûts qu’occasionnent les changements incessants des prix nécessaires quand l’environnement écoomique change (coûts ou demande). L’analogie avec un restaurant est un peu trompeuse en réalité. Derrière ces coûts, ce n’est pas seulement le papier et l’encre nécessaires qui sont en jeu. C’est tout le processus d’information et de négociation avec les clients. Ajuster les prix pour les rapprocher d’un choix optimal n’est pas forcément intéressant, si ce changement ne procure pas plus de profit que le coût du changement. C’est Pour Mankiw une explication possible de la rigidité, au moins temporaire, des prix.
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Pourrait-on décemment dire que cette théorie s’applique aux propositions électorales des candidats ? si c’était moins intéressant pour eux de se rapprocher d’un choix otpimal par rapport à ce que leur coûterait un changement d’attitude ; par exemple, être moins idéologique… ok, j’extrapole
J’ai envie de dire oui et non. Non, parce que le cadre d’analyse est différent. Oui, car la prise en compte des coûts fixes que sont les coûts de menu peut s’appliquer aussi en matière de marché politique. Non, en revanche, si vous supposez qu’il existe des choix de propositions par nature optimales. Les propositions ne sont optimales que si elles permettent de maximiser le nombre de voix.
C’était une bonne idée, mais qui date un peu à mon avis.
Dans la grande distribution, par exemple, les prix sont maintenant affichés directement grâce à des prompteurs électroniques. Du coup, il change très rapidement (au moins une fois par semaine pour la majorité des références). C’est à mon avis, l’une des raisons de la mauvaise perception de l’inflation par la population française.
De façon générale, l’une des tendances modernes (depuis le milieu des années 90) est au contraire de faire fluctuer rapidement ces prix pour tenir compte des variations de l’environnement. C’est d’autant plus frappant que ce mouvement s’effectue en période d’inflation basse.
Les nouvelles technologies ont aussi eu pour effet de réduire sensiblement ces « menu cost »
Avec ces histoires de "Menu cost" où en langage plus accessible de rigidité des prix, est beaucoup plus idéologique qu’on ne le croit. Sans cette hypothèse de rigidité des prix, c’est toute la théorie keynésienne voire néo-keynésienne en matière de politique économique qui part en fumée (elle devient tout simplement inefficace quand les prix sont flexibles). Or, jusqu’à présent, tant sur le plan empirique que sur le plan théorique les études pour valider la théorie des coûts de menu sont pas très convainquantes. Si sur le plan empirique faut reconnaître l’excellent article de A. Binder (1991, AER, http://www.princeton.edu/~blinde... sur la plan théorique les études les plus citées [Fisher(1977), Taylor(1979,1980) et Calvo(1983)]supposent plus la rigidité des prix au lieu de la démonter.
Bref, cher Mankiw y’a encore du boulot.
Diantre, vous aimez visiblement quand ça fighte, vous… Tout d’abord, “menu costs” n’est en aucun cas synonyme de “rigidité des prix”. Ce n’est qu’une des sources possibles de rigidité des prix évoquée par la littérature des nouveaux keynésiens, comme je le rappelais d’ailleurs dans ce billet, en écrivant très précisément “C’est Pour Mankiw une explication possible de la rigidité, au moins temporaire, des prix.”. Bon, par ailleurs, si vous citez Alan Blinder, n’oubliez pas le “L” de son nom. Relisez mon billet et relisez votre commentaire. Je vois comme un certain décalage.