Et toi, tu préfères ton père ou ta mère?

Si le second tour est pour la France le choix entre voter pour papa ou maman (via globalconditions) les économistes sont eux partagés. Après Olivier Blanchard favorable à Sarkozy la lettre des 27 favorables à Royal, C’est Bernard Salanié et d’autres économistes prestigieux qui signent une lettre ouverte rédigée par P. Mongin (voir les Echos, et le texte complet chez Alain Lambert) exprimant leur préférence pour Nicolas Sarkozy. On peut noter par ailleurs que The Economist s’est déclaré favorable à Nicolas Sarkozy avec une argumentation assez proche de la leur.

Versac exprime bien les termes du débat. Nous l’avions déjà noté ici, il y a un quasi-consensus entre tous ces économistes sur la nature des changements et des orientations de politique économique à suivre en France. Mais à partir de ce consensus, les uns pensent que Royal est la mieux à même de l’appliquer (en niant le fait que le programme concret de Royal ne contient pas grand-chose qui aille dans le sens des politiques qu’ils défendent, sauf la question de l’enseignement supérieur présente aussi chez Sarkozy) et les autres que c’est Sarkozy qui, sur des points-clé (marché du travail, enseignement supérieur, retraites…) a le meilleur programme.

Avant d’essayer d’interpréter ces différences, on peut noter qu’elles ont été entièrement négligées par la presse. Malgré l’importance des questions économiques et sociales dans cette campagne, tout ce qui est ressorti est la question du chiffrage, interprétée comme le concours de celui qui dépense le plus (alors que le chiffrage des coûts des programmes n’avait de sens que dans la mesure ou il permettait de relativiser leurs avantages et inconvénients) ou “l’analyse de Rexecode” favorable à Sarkozy. Effet de la magie du chiffre, même lorsqu’il est faux, on n’a pas vu grand monde faire un élémentaire travail d’analyse des conclusions de ce rapport, et il faut se référer à Libertés Réelles pour trouver un tel travail.

Ceci étant posé, comment peut-on interpréter la différence de perspective entre économistes, à partir d’un constat largement partagé? On peut tout d’abord interpréter cette différence comme la simple rationalisation a posteriori d’opinions politiques. Après tout, la répartition des lettres ouvertes reproduit la carte des opinions des économistes, qui (comme leur catégorie sociale) sont centristes, avec un point médian légèrement placé à gauche. Et on peut tout à fait considérer que dans une situation comme celle-ci, où il est difficile de trouver un candidat significativement préférable à l’autre, ce sont d’autres aspects qui déterminent les choix des économistes qui s’expriment, ce qui les conduit ensuite à privilégier une argumentation sur l’autre. Il y a là une part de vérité, mais pas seulement, car cela n’expliquerait pas le ralliement à Sarkozy ou à droite de gens plutôt proches du PS, comme Blanchard; des gens comme Jean Peyrelevade (ancien proche du PS parti soutenir Bayrou) ou Christian Blanc ont suivi le même genre de mouvement.

Ce raisonnement, c’est qu’un certain nombre de réformes largement considérées comme tellement indispensables qu’elles ne font même plus débat (souvent hors de France, ce qui explique l’écart entre économistes expatriés et métropolitains constaté par Versac) sont mieux portées par N. Sarkozy. Sur ce plan on peut déplorer (comme le fait, à mon avis à juste titre, Jean Dubois) que les aspects positifs du programme de Sarkozy n’aient pas été plus notés, indépendamment de l’avis que l’on a sur lui par ailleurs. On peut remarquer toutefois que c’est en partie parce que ces aspects positifs ont été gommés de la campagne par le candidat lui-même. “Revaloriser le travail” n’a été guère plus qu’un slogan contre les 35 heures, et la défiscalisation des heures supplémentaires paraît bien limitée comme revalorisation; et d’autres mesures comme la suppression des droits de succession, ou le bouclier fiscal, favorisent de fait les patrimoines beaucoup plus que le travail. Cette réticence à défendre les bons aspects du programme de Sarkozy est venue de l’incapacité de celui-ci à les mettre en évidence dans la campagne, et à se présenter par contre comme un adversaire résolu de la liberté des échanges et de la concurrence.

On peut d’ailleurs se demander pourquoi ceux qui recommandent le vote pour Sarkozy valorisent l’aspect réformettes internes de son programme sans parler d’une question aussi importante que celle du libre-échange et de la concurrence (qui a infiniment plus d’importance que tout le reste). Je ne peux pas répondre à leur place, mais il me semble que deux arguments peuvent être avancés : premièrement, que Ségolène Royal ne s’est jamais montrée très rassurante sur ce point, multipliant les appels du pied aux antimondialistes; et deuxièmement, que de toute façon, il s’agit de domaines sur lesquels le pouvoir politique n’a pas grande prise. En matière commerciale et de concurrence, c’est l’échelon européen qui est pertinent pour déterminer les politiques; et de toute façon, la mondialisation n’est pas le résultat de décisions politiques mais celui de facteurs techniques (réduction des coûts de transport et de communication) contre lesquels les politiques peuvent gesticuler tout leur saoul, mais auxquels ils ne changeront rien. Douglas Irwin rappelle utilement que la tendance mondiale reste clairement à la poursuite de l’ouverture des échanges, malgré les difficultés politiques.

La critique de ce point de vue favorable à Sarkozy – il fera des réformes qui iront dans la bonne direction, et ses mauvaises tendances se heurteront à la réalité – a été bien résumée par Iana Dreyer en trois points. Premièrement, la fonction présidentielle exige un recentrage du président qui doit apparaître comme rassembleur, et qui conduira donc Sarkozy à mettre beaucoup d’eau dans son vin réformiste; deuxièmement, l’organisation et les blocages de la société française font que la France est réformée par des gouvernements de centre-gauche, qui seuls peuvent le faire sans susciter trop d’opposition des tenants d’avantages acquis; et troisièmement, Sarkozy se heurtera à une forte résistance; il a fortement polarisé la société et s’est fait des adversaires résolus, et il se trouvera rapidement confronté à la rue (l’exemple du CPE est à ce titre instructif). Il est fort probable qu’il se retrouve contraint au compromis et à l’aboulie tendance Chirac.

Il y a un autre scénario possible : c’est le scénario tendance Bush ou Berlusconi. cela m’ennuie d’utiliser ces exemples parce qu’ils seront mal interprétés, étant donné le degré de diabolisation dont ces deux font l’objet. Je précise donc que je ne considère ces exemples qu’en matière de politique économique et sociale intérieure. Dans les deux cas, on a des candidats qui ont fondé leur candidature sur un mélange de conservatisme social(sécurité, morale), pour séduire les classes populaires, et un programme économique centré sur les baisses d’impôt et de soutien aux entreprises. Sur ce genre de candidat, les commentaires initiaux étaient souvent les mêmes, assez proches de ceux qu’on entend sur Sarkozy : “son programme n’est pas terrible, mais au moins on peut espérer qu’il mènera des réformes favorables à l’offre”. Le résultat n’a pas, c’est le moins qu’on puisse dire, été à la hauteur. Berlusconi n’a mené aucune réforme susceptible de débloquer le système italien, mais a multiplié les législations permettant aux entreprises en place de se préserver; Les baisses d’impôt menées par Bush n’ont servi qu’à offrir une vaste subvention aux plus riches qui sera payée sous les prochains gouvernements, sans améliorer quoi que ce soit par ailleurs. Un tel scénario – des baisses d’impôt favorisant les revenus élevés, un soutien aux entreprises en place, aucune réforme utile, et le simple déploiement de quelques chiffons rouges (immigration, criminalité, “valeurs”…) pour faire perdre la gauche – n’est pas à exclure avec un sarkozy élu. Si Ségolène Royal a eu un moment de vérité dans son débat contre Nicolas Sarkozy, c’est lorsqu’elle lui a fait remarquer qu’avec lui tout est possible, même le pire. Refaire quelques années de Chirac, le conservatisme de classe tendance Bush ou Berlusconi, ou le réformateur mettant en application des idées raisonnables : effectivement, avec Sarkozy, il y a beaucoup de possibles.

Qu’en est-il de Royal? Pourquoi les économistes qui la soutiennent ont-ils pu mettre de côté les aspects ineptes de son programme économique? Sur quoi basent-ils leur soutien? Là encore, je ne prétends pas parler à la place des gens, mais il semble qu’il y a plusieurs aspects qui peuvent justifier ce choix. Le premier argument est celui de la modernisation. Ségolène Royal propose une évolution ambitieuse des institutions, avec son idée de “démocratie participative”, l’idée que ce sont les gens, et pas un pouvoir central, qui prennent les décisions qui les concernent; et que l’action du pouvoir doit être plus directement contrôlée par les citoyens. A cette modernisation des institutions, Ségolène Royal ajoute la modernisation de la gauche socialiste, qu’elle a obligé à accepter un discours en contradiction avec ses mantras, qu’elle a cherché à rapprocher d’un parti aux idées social-démocrates “normales” qui ne soit plus soumis à l’emprise idéologique de l’extrême-gauche. Le second argument est celui du réalisable : on l’a dit plus haut, ce sont les gouvernements de centre-gauche qui réforment en France, parce qu’ils peuvent le faire sans déchaîner les blocages de la rue. Comme Etienne Wasmer, on peut déplorer que les décisions démocratiques soient paralysées par la rue, tout en reconnaissant cette réalité et en considérant que seul un candidat capable d’éviter ces réactions pourra mener des réformes. troisième aspect : le programme de Ségolène Royal est moins inepte qu’il n’est flou. L’exemple du SMIC est caractéristique : selon les interprétations, on peut considérer qu’elle ne l’augmentera pas plus qu’il n’a augmenté au cours des dernières années (et dans ce cas, l’argument de critiques comme Salanié tombe : elle n’est pas en la matière pire que son concurrent) ou qu’il augmentera beaucoup plus. Ce flou permet à chacun de projeter dedans ses espoirs ou ses craintes, mais n’informe pas beaucoup sur la réalité.

Il y a néanmoins des raisons d’être sceptique sur cette capacité de Ségolène Royal à moderniser la société française, la gauche et à réformer. Contradiction qui est d’ailleurs au coeur de la démocratie participative telle que portée par la gauche. Pour fonctionner, la démocratie participative doit être décentralisée (ce que Ségolène Royal a fort bien compris) ce qui signifie que la délibération peut entraîner des résultats imprévus, non souhaités par ceux-là même qui ont lancé le processus de délibération. Mais pour la gauche, il y a une contradiction fondamentale entre d’un côté présenter un modèle de société souhaitable – moins d’inégalités, moins de discriminations, etc… – et de l’autre compter sur des processus décentralisés pour y parvenir. Si l’on compte sur les processus décentralisés, alors il faut accepter le fait que la société peut évoluer dans un sens non prévu, différent de l’idéal de société que l’on a conçu.

Problème redoutable : si tel secteur d’activité décide à la suite d’une discussion entre employés et employeurs qu’il est bon d’augmenter la durée hebdomadaire du travail sans hausse de salaires, faut-il entériner cette décision? Cette contradiction est au coeur du problème des socialistes et explique leur attitude ambigue vis à vis du “dialogue social”. On l’avait vu avec les 35 heures, qui devaient se produire à l’issue de négociations entre employeurs et salariés : la discussion en question n’a pas duré longtemps, et s’est vite heurtée au fait que le pouvoir avait déjà en pratique décidé de ce qui convenait. On peut craindre dès lors que les “concertations” voulues par S. Royal ne deviennent que le même genre de mascarade, qui ne sert qu’à déguiser des décisions prises d’avance.

Par ailleurs, pour fonctionner, la démocratie participative exige que ceux qui prennent des décisions soient au contact des effets de celles-ci; mais cela implique qu’on traite de sujets de vie quotidienne, de questions concrètes, et pas de grandes idées et de grandes théories. Il s’agit d’une perspective post-moderne sur la politique, en complète contradiction avec la perspective traditionnelle de Sarkozy selon laquelle le dirigeant légitimé par l’élection a les coudées franches pour agir de façon “éclairée”. Mais la gauche ne voudra pas abandonner les grandes idéologies et l’action menée par le sommet. Résultat, la démocratie participative risque de n’être que ce qu’ont été au bout du compte les débats participatifs : une façon de faire entériner par la base des décisions prises au sommet.

Soyons justes avec Ségolène Royal : elle s’est montrée consciente de cette contradiction, même si elle n’a pas su choisir. Peut-être, étant donné ce qu’est la société française, qu’elle ne le pouvait pas. Le débat du 2 mai était significatif de ce point de vue : aux questions de Nicolas Sarkozy “que faites vous pour tel problème? êtes vous liée par le programme du PS sur ce point?”, ses réponses “ce n’est pas à moi d’en décider” contenaient plus de vérités que celles d’un concurrent expliquant qu’il serait un chef suprême éclairé : mais elles étaient difficilement audibles. Ceci d’autant plus que Ségolène Royal n’a pas manqué, elle non plus, et en contradiction avec sa perspective décentralisatrice, de se présenter comme celle qui impose des diktats plus ou moins éclairés, notamment sur les questions d’environnement et sur les questions économiques.

On peut déplorer que la question des institutions, des limites et des contrôles à imposer au pouvoir, n’ait jamais pris dans cette campagne; c’était un sujet sur lequel il y a beaucoup à dire, et sur lequel il y avait pour une fois un propos à la fois fondamental et original qui pouvait être exprimé. Cela s’est limité à la posture populiste de Bayrou et aux contradictions de Ségolène Royal, laissant la voie libre au managerialisme de Sarkozy.

Au total donc, chaque vote repose sur un pari qui n’est pas gagné : le pari qu’une Ségolène Royal élue pourra, et voudra, décentraliser la société française afin de la rendre réformable; le pari qu’un Sarkozy élu utilisera son pouvoir pour mener des réformes allant dans le bon sens. Chacun de ces paris, à mon humble avis, repose sur de faibles probabilités de succès. Mais il faut bien choisir.

Alexandre Delaigue

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12 Commentaires

  1. On ne peut faire que des remarques de détails a votre excellent billet.

    1. Aucun des candidats ne s’adressait aux Bac + 5, urbains, multilingues; leur cible, probablement a juste titre, était cette fraction majoritaire de la société qui a peu de goût pour les débats intellectuels finement balancés, mais qui se préoccupe de soucis concrets. Il faut donc faire la part du feu. Laissons le programme idéal à Platon.

    2. Parmi les points que Sarkozy a me semble t il mieux exprimé, il y a celui de la Nation et de sa définition; cela me semble important car la Nation est l’espace des solidarités c.a.d. l’espace dans lequel nous devons traiter des problèmes de retraite ou de protection sociale et je suis surpris que la gauche, contrairement aux social démocraties nordiques, ne l’ai pas saisi/compris. Cette définition implique de fixer clairement des limites, de dire qui est dedans, qui est dehors et pourquoi. Les candidats à la Présidence de la République Française ne sont pas des candidats au secrétariat général de l’ONU et leur responsabilité est le bien être des membres de la collectivité Française et pas des autres. Pour l’avoir oublié, Tony Blair, est parti en Iraq.

    3. Jusqu’a présent il n’y avait effectivement que le centre gauche qui pouvait réformer sans se mettre la rue a dos. La Droite ne se sentait pas légitime avec une sorte de complexe d’infériorité intellectuel; Chirac, notionnellement de Droite, était beaucoup plus a « gauche » que la plupart des responsables Européens de Gauche. Cela ne sera plus le cas. NS a décomplexé son camp et présenté un programme très explicite sur un certain nombre de points: non remplacement de fonctionnaire, régimes spéciaux, etc. qui sera légitimé par l’élection et contre lequel je doute beaucoup que "la rue" puisse s’opposer sans risque. En ce sens, il sera dans la situation d’un chef de l’exécutif Britannique qui présente son manifeste aux élections et auquel personne ne peut contester le droit de le mettre en oeuvre. Nous pourrons en espérer un renouvellement du dialogue social qui pourra sortir des discussions qui tournent en rond et du passage en force.

    4. Le managérialisme est une bonne chose, au moins à court terme. Il est souhaitable que des résultats rapides soient atteint et c’est le but me semble t il de NS qui injectera une forte pression dans le dialogue social pour débusquer les bloqueurs et les obliger à compromettre. Je pense que la faiblesse de SR n’a été que de proposer une méthode, floue, sans être capable, probablement pour des raisons internes au PS, de faire miroiter comment elle atteindrait des résultats à court terme. Il est impossible de faire miroiter une vision d’avenir crédible, sans démontrer d’abord qu’il est possible de cueillir quelques fruits sur les basses branches surtout après trente ans d’immobilisme.

  2. Une info marrante pour les pourfendeurs des 35 heures :
    durée hebdo moyenne du travail aux Etats Unis : 33,8 heures contre 33,9 heures.
    Une autre info marrante pour les spécialistes de la dette publique :
    création d’une banque du sud
    http://www.lemonde.fr/web/articl...
    évidemment c’est moins folklo que José Bové à Porto Allegre

  3. Certes. Concernant la faculté du centre gauche à réformer, je me dis même que c’était la mission historique du PS de réformer en profondeur l’économie, notamment pour les raisons que vous évoquez. Le coche est manifestement loupé. Attendons de voir si les choses vont quand même évoluer…

  4. C’est admirablement résumé.

    Pour ma part, j’ai choisi, car l’un des deux paris, l’un des deux scénarios me paraît beaucoup plus probable que l’autre.

  5. Je ne vois pas comment aujourd’hui le centre gache peut réformer: il est trop divisé pour celà. D’ailleurs, le gouvernement Jospin qui avait commencé par être très raisonnable a fini par la deuxième loi Aubry (la première était admirablement bien pensée pour une négociation décentralisée ) et surtout par la loi dite de modernisation sociale sur les licenciements qui n’a heureusement pas eu le temps de faire des ravages
    Certains pensent (à tort à mon avis) que le PS peut exploser: comment imaginer qu’un parti dont on est amené à penser une chose pareille pourra être l’axe d’une action de réformes?
    Les réformes proposées par le rapport Pébereau ou par celui sur les pôles de compétitivité pouvaient être portées aussi bien par la droite que par la gauche;
    Si C Blanc a fait confiance à Sarkozy pour réformer, c’est parce qu’il lui semble qu’ l’homme a compris, est capable de faire et à la stature pour cela
    Mais il est vrai que le candidat n’a guère parler de thèmes qui ne pouvaient guère lui assurer de gagner
    Si les sondages disent vrai, on le verra à l’oeuvre
    Je retiens comme point favorable du duel du 2 mai que le seul nom cité par un candidat est justment celui de C Blanc

  6. Si les électeurs n’ont pas compris les conséquences de l’élection de Nicolas Sarkozy. Les dirigeants de Suez réagissent au quart de tour en demandant une modification des parités dans la fusion Suez Gaz de France.
    J’en appelle à l’agrégé d"Economie-Gestion, option comptabilité-finances" pour suivre l’affaire et nous démonter
    la "manip" qui s’annonce.
    Sans doute y verrons nous "comment faire fortune en bourse"
    désolé mais faut bien que je justifie mon pseudo.

  7. J’aimerais bien un vrai bilan économique du gouvernement Jospin, bilan un peu volé en 2002, bilan qu’on résume bien souvent en évoquant de façon quasi incantatoire les 35 h ! Parce qu’à mon souvenir, il n’était vraiment pas si mauvais, bien au contraire… Je devrais peut-être fouiner sur ce blog…

    Parce que je pense qu’en effet, la meilleure façon pour le PS de se moderniser, de se "social-libéraliser", c’est l’exercice du pouvoir ! On voit bien que la fameuse augmentation du SMIC promise par S. Royal a des allures de miroir aux alouettes, que la généralisation des 35 h est tellement conditionnée qu’elle en devient plus qu’hypothétique, bref, que le PS, gêné sur ces sujets, cherche encore à ménager son électorat gauchiste que ce genre de discours apaise.

    C’est pourquoi vous avez très bien résumé la situation en disant que "ce flou permet à chacun de projeter dedans ses espoirs. (…) Au total chaque vote est un pari".

  8. Vous partez du principe que Sarko et Ségo sont à égalité sur le plan de la recherche et de la relance des universités. Je suis très septique sur la capacité de financer cette relance dans les deux cas, d’autant plus chez Sarkozy, réduire les fonctionnaires et faire des économies de fonctionnement, c’est bien mais on est loin du compte.
    Certaines de ses réformes sont assez minable, la franchise médicale (alors qu’il y a un certain consensus sur le problème de surconsommation par certains usagers de la sécu) et la multiplication des droits d’entrées en université, je considère que mettre une barrière financière pour les études est inacceptable (elle existe déjà à cause du cout des logements). Je parle même pas du bouclier fiscal et de l’exonération des droits de successions.

    Au delà de l’homme (que je trouve détestable) au delà des faiblesse de Royal, le programme de Sarkozy me parait mauvais. Je voterai Royal, pas forcément conquis mais il jamais croire, mais constater.

    Depuis 5 ans je constate…

  9. # 6 "Si les électeurs n’ont pas compris les conséquences de l’élection de Nicolas Sarkozy. Les dirigeants de Suez réagissent au quart de tour en demandant une modification des parités dans la fusion Suez Gaz de France. J’en appelle à l’agrégé d"Economie-Gestion, option comptabilité-finances" pour suivre l’affaire et nous démonter la "manip" qui s’annonce. Sans doute y verrons nous "comment faire fortune en bourse" désolé mais faut bien que je justifie mon pseudo."

    Pourquoi les actionnaires du Suez (une boîte dont le CA et le résultat sont 2-3x plus important que ceux de Gaz, et le cours supérieur de 8 euros) devraient-ils accepter une parité inéquitable ? Mestrallet obéit à ses mandants, aussi bien les gros (Albert Frère) que les petits (qui l’ont chahuté en AG) ; maintenant, à l’Etat français de trancher s’il accepte ou non la fusion, sinon tant pis Suez peut très bien continuer en stand alone… J’ai même plutôt l’impression que cette revendication somme toute légitime pourrait fournir à Nicolas Sarkozy un bon prétexte pour faire capoter un projet pour lequel il n’a jamais été très chaud-chaud… Les 2 AG extraordinaires doivent avoir lieu les 21 et 25 juin.

  10. Je m’interroge sur l’analyse de Iana Dreyer (tout en étant un grand fan du blog Global conditions qui est excellent!) que vous reprenez concernant l’impuissance de Sarkozy une fois élu. Le premier point est le rôle du Président de la République en France, au-dessus des partis et ne se mêlant pas de la gestion quotidienne laissée au premier ministre. Il risque d’évoluer avec Nicolas Sarkozy vers un régime beaucoup plus présidentiel. Je pense que ce sera le Président qui se chargera de l’antagonisme avec la rue plutôt que de laisser son premier ministre le faire. Et la popularité de Sarkozy sur les "réformes" repose aussi à mon avis sur l’idée qu’il sera "l’homme fort" gagnant le bras de fer avec la rue. La réponse au troisième point est donc que la confrontation avec les syndicats fait partie en quelque sorte du programme (sinon pourquoi agiter la question du service public minimum dans la loi alors que les dernières grèves dans les transports l’ont instauré de fait). Sur le deuxième point (l’idée que les gouvernements de centre gauche sont ceux qui ont pu réformer), oui, mais je pense que justement les réformes ont été inachevées (par exemple sur les retraites en laissant les régimes spéciaux de côté) parce que ces gouvernements cherchaient à réformer dans le consensus en évitant les difficultés.

    Je précise au passage que si effectivement je trouve le pari de la réforme intéressant du côté Sarkozy, je ne suis pas sûr que le "pragmatisme brutal" (comme le dit The Economist) ou le "Président qui agit plutôt qu’il ne subit" soit rassurant pour un candidat qui a dans son programme la protection des salariés contre la mondialisation en bloquant les délocalisations et en instaurant une préférence communautaire, la mise en place d’une politique industrielle pour "garder des usines" en France, le soutien à l’agriculture et la volonté d’utiliser l’euro comme "outil de croissance et de puissance économique". Le pari que vous évoquez n’est pas pascalien.

  11. Merci beaucoup pour cet excellent billet! Juste pour reagir a commentaire de Jean Dubois – dont le blog me parait tres tres bien aussi. La capacite de reformer du president dependra bien sur aussi du resultat des legislatives, on en convient. En effet, si la gauche a ete celle qui a mis en place certaines reformes, tout a fait d’accord qu’elles sont inachevees. Justement, la gauche francaise n’a pas encore fait son "aggiornamiento" quant au marche, et les reformes "subreptices" et mal assumees ont ete une des raisons pourquoi l’equipe Jospin a ete punie, et une des raisons de l’echec de Segolene Royal. Je pense qu’avec le vote d’hier les francais reclament ces reformes, qui je le crains se feront dans la confronation et alieneront encore plus l’electorat de gauche qui associe encore naivement liberalisme economique avec "la droite" et des politiques favorisant seulement les riches. Il est triste (tragique) toutefois que des reformes encore tres imparfaites proposees par Sarkozy se fassent dans le cadre d’un nationalisme a outrance et risquent de s’accompagner d’un ministere "orwellien" de l’identite nationale….

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