Sur le billet portant sur l’obsolescence programmée, un certain nombre de commentaires sont non pertinents parce qu’ils confondent les problèmes et les intentions de l’auteur du billet. Recadrage.
Par moment, la discussion a tourné à ce type de dialogue :
“- Je pense que les industriels complotent quand ils raccourcissent la durée de vie des produits.
– Je pense que non, car les clients leur demandent de raccourcir la durée de vie et de leur faire payer un prix moins élevé. ils n’ont donc pas besoin de comploter pour raccourcir la durée de vie des produits.
– Peut-être, mais réalisez-vous, avec vos raisonnements d’économistes, la gravité de la situation environnementale ?
– Je ne vois pas vraiment le rapport, mon problème était de démontrer que compte tenu de leur environnement économique, les entreprises n’ont pas intérêt à comploter. Je veux bien sauver la planète mais, hélas, je me sens un peu désarmé pour le faire seul.
– Mais en faisant cela, vous faites le jeu des multinationales qui ont un comportement irresponsable. Vous mettez l’économie au centre de tout.
– Si j’étais charcutier, je parlerais de charcuterie. Ce qui ne m’empêcherait pas d’avoir un avis sur l’environnement, mais ne justifierait ni que je m’exprime longuement sur l’épuisement des ressources naturelles, ni que je laisse des gens m’expliquer comment couper une tranche de jambon alors qu’ils ont visiblement des lacunes en la matière.”
L’économie prend les préférences des individus pour données. Elle ne se prononce pas, a priori, sur leur bien fondé. A partir de préférences données et de conditions techniques données, elle cherche à expliquer les mécanismes qui en découlent, au travers d’une hypothèse, plus ou moins relâchée, de rationalité. C’est ce qu’a fait Alexandre. Cela n’empêche pas de considérer que les préférences et les comportements, passés au filtre du fonctionnement des marchés ne débouchent pas sur une situation optimale économiquement, socialement, moralement, politiquement, que sais-je encore ?
Comment changent les préférences ? Par l’évolution culturelle, politique, sociologique, économique, physiologique, etc. Du fait de la publicité aussi ! L’économie attribue à la publicité trois finalités. La première est plutôt positive : elle informe sur l’existence des biens, leurs caractéristiques. La seconde est relativement neutre : elle est un produit joint du bien vendu. On achète un bien car il a été médiatisé et permet de satisfaire des besoins d’ordre psychologique ou social, en se positionnant vis-à-vis du bien. Je dis qu’elle est neutre car vous pouvez tout aussi bien imaginer qu’elle soit liée à l’achat de grosses voitures polluantes que de séjours en écotourisme. Enfin, un dernier effet de la publicité est de manipuler les préférences, les modifier à l’insu du consommateur. C’est une conséquence potentiellement négative que l’économiste n’ignore pas.
Un certain nombre de modèles se penchent d’ailleurs sur le sujet et montrent qu’outre l’altération des préférences et ses conséquences néfastes sur le bien-être, la publicité va de ce fit s’avérer un énorme gaspillage, tant elle mobilisera de ressources pour orienter les préférences vers les vertus supposées de chaque producteur. Effort inutile, mais cumulatif si chacun y va de sa publicité pour en rajouter toujours une couche. A rapprocher d’une course aux armements, qui ne donnerait pas un avantage définitif à un pays et maintiendrait un écart constant, pour un coût global bien plus élevé.
Bref, l’économiste n’a rien contre l’idée de dénoncer les risques de la publicité, de certaines habitudes de consommation en ce qui concerne les équilibres sociaux ou environnementaux. En fait, il considère qu’il s’agit de publicité aussi et reste donc aussi neutre (ou partagé) vis-à-vis de cela.
Il reste que lorsqu’il s’agit d’étudier une situation, il raisonne à préférences données. En d’autres termes, ce n’est pas parce que vous êtes un décroissant convaincu que vous pouvez analyser le monde comme si tout le monde était comme vous. Mélanger l’analyse positive et normative n’est généralement pas une attitude bien sage…
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Clair, concis, complet. Brillant quoi.
C’est pour moi un des intérêts d’un blog tel que le vôtre : il donne lieu à des réactions très variées, qui sont l’occasion de constater comme il est difficile de réfléchir à une question sans confusion, comme la sensibilité et les sentiments viennent brouiller les pistes, comme la subjectivité s’interpose rapidement.C’est du vrai débat .
Je complète : je suis souvent admiratif devant le travail d’analyse et de réflexion qui est fourni par les deux éconoclastes,bien sûr, mais aussi par certains commentateurs. Très intéressant tout cela !Continuez !
Merci pour cette mise au point.
On dirait en effet que cette erreur est très répandue. En général, les économistes expliquent comment fonctionnent le marché, et le pourquoi de certains phénomènes généralement considérés comme injustes. Parfois même, ils expliquent comment mettre en place un mécanisme punitif.
Pourtant, on les accuse souvent d’être les propagandistes d’un ordre établi. C’est moins fatigant de récuser les économistes que de les lire.
Merci pour ces quelques éléments de clarification. Je pense que cela ne clôt néanmoins pas le débat. En particulier, je doute que vous convainquiez vos "adversaires" en prétendant que votre analyse est purement positive…
Réponse de Stéphane Ménia
Je reconnais que nous ne souhaitons pas vivre en RDA.
Réponse à la réponse de Stéphane : Merci pour votre franchise ! Je vais me coucher avec le sourire aux lèvres…
Réponse de Stéphane Ménia
Oh, ben, si vous en voulez d’autres comme celle-là, je suis disponible !
@Axonn : A la lecture du billet initial d’Alexandre, il est difficile de ne pas penser qu’il jouait effectivement un peu au "propagandiste d’un ordre établi". Un économiste "positif" comme dit stéphane n’aurait pas manquer de souligner aussi que certains marchés sont inefficaces plutôt que de se limiter à écrire à charge contre un documentaire, certes "normatif", mais loin d’être inintéressant.
Réponse de Stéphane Ménia
Il suffit de lire un peu sérieusement notre site pour trouver évoqués des tas de cas de défaillances du marché et autres propos qui vont dans le sens de l’absence de magie du marché. Ce n’est pas par hasard si nous nous faisons traiter tantôt de gauchistes, tantôt d’ultra-lbéraux. Et c’est très bien ainsi. Maintenant, quand on est confronté à un documentaire qui n’hésite pas à ériger l’économie de la RDA en modèle, n’attendez pas que nous applaudissions à deux mains, c’est clair. De même que nous savons dégommer les admirateurs sans faille du marché libre et immaculé.
je remet mon post car j’ai probablement oublié de répondre a la question antispam (parfois les commentaires ne doivent pas êtres affichés a cause de ce simple oubli et pas du fait d’une censure des blogueurs, c’est pour cette raison que je précise)
Le recadrage, par Stéphane était probablement le bien venu.
J’ai visionné le documentaire sur l’obsolescence programmée, et j’ai lu avec beaucoup d’attention le billet dans la mesure du possible, et les nombreux commentaires.
les problématiques de représentations mentales sont fréquentes en matière de formation. (et je ne m’y trompe pas, ce blog est également un lieu de transfert de compétences, de savoir). Je ne crois pas que toutes les réactions avaient trait à l’économie.
Les 150 commentaires auraient dût attirer l’attention de nos blogueurs. Mais il est vrai que les réactions de cerveaux sur pattes qui pourraient être prises pour de la moquerie n’ont pas améliorées les choses …
merci pour vos efforts d’explication.
antoine,
Un formateur de laveurs de chiottes
Tout à fait ma conception de mon métier d’économiste, neutre mais éclairé, travaillant sous les contraintes fournies par les parties prenantes et cherchant l’optimisation du fonctionnement.
Effectivement, la publicité est un problème assez préoccupant, quand on y pense…
Dans un passage du livre "Le plus grand spectacle du monde" de Richard Dawkins, il est fait mention des courses aux armements lors de l’évolution (phénomène non-planifié), notamment la pousse des arbres ; ceux-ci doivent en effet être de plus en plus grands pour capter le plus de rayons de soleil, et "gaspillent" de l’énergie pour ce faire. Dawkins ajoute que, si l’on limitait la taille des arbres à, disons, 3 mètres de haut, sans intervention extérieure on serait incapable d’empêcher l’apparition de mutants plus grands que les autres, avec un avantage reproductif.
Néanmoins, en économie il serait théoriquement possible d’imposer des limitations à la publicité. En pratique, quelques problèmes pourraient émerger (notamment, que certaines entreprises pourraient toujours essayer de contourner les réglementations, ou que certaines personnes risqueraient leur emploi), mais je trouve l’idée intéressante cependant.
Exemple de connerie assez éloquent dans Metro ce matin. Ils accusaient les constructeurs de faire de l’obsolescence programmée, oui. Et citaient en exemple… les imprimantes.
Crétins. Les imprimantes, on gagne généralement à les remplacer bien avant la moitié de leur durée de vie, parce qu’une imprimante récente coûte moins cher en cartouches.
Certes, la préférence pour le présent des consommateurs est une explication possible d’un niveau de fiabilité faible, mais pas la seule.
Il y a de toute façon une asymétrie d’information liée au manque de données certifiées sur les fiabilités des différents produits. Toyota dit que ces voitures sont plus fiables et c’est un axe important de sa communication, mais qu’est-ce qui vous le prouve? Les études comparatives de fiabilité sur plusieurs années seraient extrêment coûteuses, et les études consuméristes dépassent rarement la période de prise en main du produit.
Ainsi, le compromis entre la fiabilité, le prix et les caractéristiques techniques est sous-optimal, même par rapport aux préférences des consommateurs.
D’où le sentiment de se faire "arnaquer par des méchants industriels", la suspicion de cartels, etc.
Il y a bien un dysfonctionnement de marché réel derrière ce sentiment, mais si celui présenté dans la vidéo est farfelu.
Ce dysfonctionement pourrait par exemple être atténué en obligeant les industriels à publier leurs statistiques de ventes de pièces de rechanges, ou via des incitations (à l’extrême si on obligeaient les industriels à louer leur production au lieu de la vendre, l’équilibre serait différent)
L’idée d’Alexandre est qu’une durée différenciée de garantie, à condition qu’elle soit prise en charge par le fabricant, permettrait de donner un signal fiable au consommateur et obligerait le fabricant à valoriser l’aspect fiablilité et facilité de dépannage dans l’élaboration du produit.
Ca me rappelle quand, sur mon blog, j’avais défendu certains projets de la Commission européenne (la directive services notamment) et essayant de démonter des raisonnements foireux relatifs au "plombier polonais". Je me fondais sur une lecture juridique de la directive en lien avec les Traités et les décisions judiciaires pertinentes.
En général, les commentateurs me répondaient en critiquant ma défense du capitalisme et de la mondialisation (?).
Je reprends à mon compte votre conclusions: "Mélanger l’analyse positive et normative n’est généralement pas une attitude bien sage…"
Ite Missa Est non?
Mais atterrissez un peu ! Croyez-vous qu’une analyse d’une situation socio-économique puisse être uniquement "positive" ? Croyez-vous que raisonner à préférence donnée est un gage de positivisme ? La manière de construire un modèle économique ne peut pas être totalement neutre et objective.
Par ailleurs, l’allusion à la RDA dans le film me semble être du second degré.
Réponse de Stéphane Ménia
Vous avez raison sur toute la ligne. I saw the light.
@ Stéphane, êtes-vous allé porter la contradiction ou votre soutien aux économistes atterrés de passage à Marseille ?
http://www.marsactu.fr/2011/03/2...
Réponse de Stéphane Ménia
Ni l’un ni l’autre, non. Je savais même pas qu’ils étaient dans le coin. Je suis allé voir True Grit à la place. Mais au fait, quel rapport avec le billet ?
"Crétins. Les imprimantes, on gagne généralement à les remplacer bien avant la moitié de leur durée de vie, parce qu’une imprimante récente coûte moins cher en cartouches."
Ou pas. Les imprimantes sont vendues avec des cartouches non pleines (1/3 ou 1/2 de la cartouche), justement pour éviter cette tentation. les "petits malins" qui rachètent des imprimantes neuves se font en fait bien avoir.
L’alternative écologique et économique reste les magasins pour remplir les cartouches.
Il y a eu quelques cas où des imprimantes laser étaient en telles promos qu’il était intéressant d’en acheter 5 d’un coup (tonner + d’autres équipements à remplacer).
Mais pour le cas plus général, je parlais plutôt de garder une imprimante jusqu’à ce qu’elle casse vs la garder 2-3 ans. Assez souvent, si votre imprimante casse au bout de 7 ans, vous avez eu tort de la garder jusque-là parce qu’une imprimante plus récente aurait moins consommé.
Changer d’imprimante tous les 6 mois, je n’irai pas jusque-là.
Plus particulièrement, les imprimante bas de gamme actuelles sont toutes à cartouches indépendantes, alors qu’il y a 10 ans, c’était un privilège des hauts de gamme.
Belle réponse. Qui laisse quand même pas mal de marge pour concilier philosophie et économie.
Peut-être est-ce justement ça, le problème actuel de l’économie? "Elle ne se prononce pas sur le bien-fondé" des actions?
C’est vrai qu’on a évacué la morale depuis Smith… jusqu’à quand?
Réponse de Stéphane Ménia
La morale est réintégrée par des gens comme Amartya Sen. Mais je doute que les décroissants puissent trouver un appui solide auprès de Sen…
@Via
"Peut-être est-ce justement ça, le problème actuel de l’économie? Elle ne se prononce pas sur le bien-fondé" des actions?"
Chacun son boulot. L’économi(st)e doit dire "si on fait ça, voilà ce qui se passe" et s’arrêter là. Pour la morale, prière de frapper à une autre porte.
Réponse de Stéphane Ménia
Disons qu’il y a des domaines où c’est très peu pertinent. En l’occurrence, je pense effectivement que ce n’est pas à l’économiste de dire si oui ou non le gens doivent préférer 3 paires de chaussures non durables à une seule durable (et je porte des doc martens, donc en matière de pompes durables, je sais de quoi je parle…).
@Elvin, Stéphane
Merci pour les commentaires. Je reste néanmoins de ceux qui pensent que les économistes doivent réintégrer la morale et les considérations éthiques dans leur analyses, même si c’est vrai certains le font déjà.
Il me semble que ça n’interdit aucune analyse scientifique, ça les sublime: l’économiste peut raisonner en économiste de la manière la plus sérieuse qui soi, et à un moment, dire: "voilà ou s’arrête mes conclusions théoriques et empiriques, mais voilà ce que j’en pense au regard de mes considérations éthiques".
Car à force de séparer économie et éthique on se retrouve dans la situation que décrivait Jérôme Leroy: "On n’est même pas dans l’ordre du complot, ce qui d’une certaine manière serait rassurant. Non, nous avons juste affaire à des gens qui confondent le vieux pays avec un petit commerce et qui ne rêvent plus de grands desseins mais de bilans comptables équilibrés"
De toute façon, faire abstraction d’un jugement moral me semble impossible, même dans un travail rigoureux (on n’est pas des machines).
En tout cas c’est une vraie question!
Je me permets juste de vous signaler qu’il est dommage que lus n’ayez pas effectué cette précision dans le corps du texte original sur ce reportage.
Ce reportage est une matérialisation du fait qu’un changement de paradigme économique est en train de s’opérer doucement mais surement. Il est dommage que vous ayez choisi initialement de contester ce qui au fond est de l’habillage médiatique (à savoir des éléments pouvant conduire les esprits enfiévrés à construire une théorie du complot) plutôt que d’explorer quels sont les points bloquants qui retarde l’avènement d’un nouvel équilibre économique.
Devons nous sans relâche produire pour vivre ? That is the question…
Réponse de Stéphane Ménia
Ce docu porte sur l’obsolescence programmée. Si on vous suit, on va aussi pouvoir dire qu’il porte sur le sexe, non ? Ne comptez pas sur moi pour parler de sexe avec vous.
"faire abstraction d’un jugement moral me semble impossible, même dans un travail rigoureux"
Une fois de plus, il ne faut pas confondre les genres. En tant qu’être humain, l’économiste a le droit d’avoir et d’exprimer des préférences morales et des opinions politiques, tout comme le physicien, le guitariste et le cantonnier.
Mais pas plus.
Et que pensent les économistes de l’obsolescence programmez des mariages modernes. Fabrique t on les épouses au même standard qu’il y a 60 ans ou pensez vous que la polygamie est une manière de pousser a la consommation non écologique?
Finalement la vie de moine avec boulier et plume d’oie n’était elle pas plus en harmonie avec notre mère la Nature (comme dans natouriste).
Patron, vite un coup d’blanc.
@Via:
Un physicien peut dire si on peut envoyer une fusée dans l’espace, sous quelles conditions, ce qui se passera si c’est le cas, mais il ne peut pas dire si envoyer cette fusée est bon ou mauvais pour la société en soi.
C’est un choix politique qui ne relève pas de la science.
Un scientifique qui s’exprimerait sur le sujet ne ferait pas de la science mais que donner son avis personnel basé sur ses a priori moraux à lui, et cet avis ne serait pas plus légitime que n’importe quelle autre opinion…
Raisonner "à préférences données" paraît très restrictif (même si c’est scientifiquement plus efficace ou facile).
Comme vous le reconnaissez vous-même, la publicité transforme les préférences. C’est une part massive des investissements des entreprises et de la vie économique en général. C’est donc difficile de laisser de côté cet aspect de la question (ce qui risque de le laisser à la "philosophie" et à la "morale", ce qui ne me paraît pas forcément une excellente chose).
Si "nous aimons la variété et la nouveauté", est-ce vraiment sans rapport avec la publicité ? Comme disent les Guignols de l’Info (experts économistes comme on sait), "Steve Jobs : il rend indispensable ce dont nous n’avons pas besoin".
Cela me rappelle un raisonnement sur l’économie de la santé, qui si je me rappelle bien, est similaire : l’une des caractéristiques de ce domaine est que l’offre y détermine la demande (le médecin détermine ce que le patient doit consommer), ce qui pose des problèmes.
Cela pour indiquer que ces questions de "préférences données" sont déjà problématisées de l’intérieur de la science économique, et que vous me semblez revendiquer une "impuissance de l’économiste" assez étonnante.
De même, l’idée que les fabricants puissent tabler sur le manque d’informations accessibles au consommateur n’est pas non plus une idée horriblement extra- ou anti-économique.
Dans le billet précédent, plusieurs arguments hétérogènes se côtoyaient, qui allaient de la critique de la conspirationnite aiguë (ce qui est naturel) à la pure idéologie
(vive la liberté absolue du consommateur et ses préférences, "nous aimons la variété et la nouveauté", vous avez le choix entre la société de consommation et le stalinisme…), en passant par tous les arguments authentiquement économiques qui font que nous lisons votre excellent blog (biais de survie, optimisation de qualités concurrentes, etc.).
N’avez-vous pas mis dans le même sac des cibles de nature et de dignité scientifique différentes (votre cible est-elle l’idée conspirationniste de la programmation de l’obsolescence, ou l’idée que la durée de vie courte peut dans certaines conditions être profitable au producteur, mais produire un gaspillage de ressources à l’échelle collective ?)
Réponse de Stéphane Ménia
Je maintiens ce que j’ai écrit sur les préférences données, y compris en évoquant la publicité. Au jour d’aujourd’hui, les préférences de la plupart des gens vont vers de la variété plus que vers de l’increvable. Votre accusations d’idéologie montre par contre que vous ne comprenez décidément pas notre façon de raisonner. Et, excusez-moi, mais si je dois faire un choix politique entre la RDA (vantée par le docu) et nos sociétés actuelles, je choisis nos sociétés, sans aucune hésitation. Il est naturel qu’Alexandre ait souligné la stupidité de ce plébiscite implicite. L’idéologie est d’abord dans le documentaire, avant de l’être dans nos écrits. Et pour la petite histoire, Alexandre et moi discutions récemment de ces histoires et nous disions que nous étions à bien des égards bien plus proches d’un mode de vie décroissant que ce qu’on semble le croire. La différence, c’est qu’on ne cherche pas à imposer cela à la terre entière avec un flingue sur la tempe.
Vous aurez quand même du mal à :
1/ entamer une discussion avec moi sur le sexe. Il y a des sites pour cela monsieur !
2/ Déformer mon propos ainsi. Le fait est que vous avez choisi, et c’est votre droit, de traiter ce reportage en réfutant de manière absolu ce qu’il exprime. Enfin cela a été votre démarche initiale. Après, en jugeant par le post ci-dessus, vous avez ressenti le besoin de tempérer votre propos.
Le fait demeure que votre première critique initiale était à la hache.
Réponse de Stéphane Ménia
Je n’ai rien tempéré. Et la hache, quand on est face aux machettes est un moindre mal.
Pour en revenir à la décroissance, j’ai relu récemment votre chapitre 2 sur ce sujet (cf. votre dernier livre) et j’en suis revenu à mes intuitions premières: votre analyse repose essentiellement sur la croyance en la science et en la technologie (Solow, le progrès technique, etc) qui est tout à fait respectable mais qui ne repose sur pas grand-chose à part une croyance que l’Homme est suffisamment ingénieux pour se débrouiller de toutes les situations (progrès technique => croissance => recombiner mieux les choses, etc). Une analyse corroborée par l’Histoire jusque là, mais penser qu’on peut passer les 50 prochaines années sans problème parce qu’on a passé les 50 dernière sans problème n’est pas tellement scientifique…
Dès lors, c’est foi contre foi, chapelle contre chapelle et le débat n’a pas tellement d’issu, puisque quoi qu’on dise certains concluront toujours par "l’émulation capitaliste nous sortira de là", d’autres étant plus inquiets.
Il m’avait semblé par ailleurs que vous oubliiez un effet essentiel certainement connu en économie et que les décroissants nomment "effet-rebond", qui se vérifie d’ailleurs assez bien empiriquement: tout progrès technique dans un produit donné est annulé à moyen-terme par l’augmentation de la demande qu’il induit. Autrement dit, faire des télés et des voitures qui consomment moins, à quoi ça sert si les gens se ruent sur cette nouvelle technologie, faisant exploser la fabrication de ces modèles?
Et puis, l’argument de "l’économie immatérielle" m’a toujours fait assez marrer: l’immatériel est une bêtise, ça n’existe pas: un cours de philo demande de électricité, un amphi, du matériel pédagogique, de même qu’une connexion internet consomme des ressources, qu’un logiciel produit sur ordinateur aussi… il n’y a rien d’immatériel en ce monde, il y a des choses qui sont moins matériels que d’autres, mais toute somme d’argent finit par être dépensée dans un bien matériel, depuis la nuit des temps le pognon a toujours servi à posséder je ne vois guère pourquoi ça changerait.
Maintenant, c’est vrai que quand on voit les abbérations de certains décroissants, qui se rapprochent plus de talibans verts, on a envie de les railler. Ce n’est pas pour autant qu’ils ont tort.
Réponse de Stéphane Ménia
C’est quand même étonnant que lorsque les décroissants nous disent “Nous savons ce qui va se passer”, avec des arguments discutables, on soit obligé des les croire sur parole et qu’on ferme la boutique sans signaler que d’autres arguments peuvent être opposés à leur raisonnement partiel et partial. Il y aurait donc les gentils décroissants préoccupés par l’avenir de la planète et les méchants inconscients. Votre lecture du chapitre me semble bien caricaturale. La clé n’est pas une croyance aveugle dans le progrès technique.
Je conseille aux partisans de la thèse de l’obsolescence programmée de visiter des entreprises de l’industrie.
Un exemple ,dans l’industrie de l’électronique selon la qualité que vous voulez obtenir :
Niveau Grand Public ,Niveau Industriel soit Niveau Militaire vous n’aurez pas les mêmes contraintes.
Les exigences en matières de fiabilité ne seront pas les mêmes parce que le client final n’aura pas les mêmes contraintes de coûts et mêmes besoins de fiabilité.
Selon le niveau ,les exigences porteront sur les composants (traçabilité ,résistance à la température ,à l’hygrométrie ,aux UV ) , surle process de fabrication (assemblage mécanique avec verif° du couple de serrage ,Qualité de brasures ,traçabilité de l’opérateur de fabrication ,précisions des machines , taux de défauts dans la fabrication.)
C’est le client final qui décide (consciemment ou non) de la durée de vie des biens qu’il acquière.
Quiconque habite la planète Terre et non pas les sphères éthèrées et musicales de l’économie pure SAIT que l’obsolescence programmée est un fait.
D’ailleurs, sur le fond vous ne le niez pas, vous essayez plutôt d’en donner une laborieuse justification économique.
Si les clients "préfèrent" (comme vous dites) acquérir des objets non durables, c’est peut-être (sans doute ?) parce qu’ils en sont aussi les producteurs et que leur emploi dépend justement de cette non durabilité volontaire. Incapables de remettre en question ce système productif débile, psychologiquement, culturellement, socialement et écologiquement destructeur, incapables d’imaginer son dépassement et d’agir dans ce but, ils jouent le jeu que vous vous délectez à observer, à décrire et à mettre en "lois" aussi consistantes que la casuistique des théologiens.
Réponse de Stéphane Ménia
Excusez-moi, mais je pense que votre capacité à lire un texte est obsolète (si, si, celui du dessus, là). Quant à savoir si c’est programmé… L’éther musical n’est pas toujours où l’on croit.
Ouh la vilaine réponse..
"Avec le Grand Gala des petits tâtonnements du marché, inauguré par le professeur Walras, la théorie économique néoclassique a réussi à mettre en scène le plus paradoxal des rituels mondains :
juxtaposer des Robinsons-particules de Hobbes, métamorphosés en hommes du monde paisibles et rationnels s’affrontant courtoisement en deux camps – celui de l’offre et celui de la demande – arbitrés par un secrétaire de marché débonnaire capable de flairer les prix d’équilibre et veillant à ce que chacun ne succombe jamais aux tentations de l’imitation envieuse et bestiale des foules, en jouissant de toute la béatitude de l’optimisation des préférences individuelles".
N’insultez pas l’auteur de ces lignes. Il est mort depuis 12 ans.
Gilles CHATELET (Docteur d’Etat en mathématiques), dans "Vivre et penser comme des porcs", Collection Exils.
Réponse de Stéphane Ménia
Sans rire… Vous croyez que cet extrait va impressionner quelqu’un ? D’autant qu’outre ce passage – qui n’est qu’un nième plagiat de propos lu et relus ailleurs – ce bouquin est assez creux (oui, je l’ai lu). Non, vraiment, il faudra autre chose de plus percutant et de plus centré sur le sujet.
l’égo et l’arrogance qui ressort des phrases en rouge est vomitif !
Réponse de Stéphane Ménia
Eh bien faites donc, faites donc. Nous aussi il nous arrive d’avoir envie de vomir devant les conneries agressives lues dans les commentaires. Nous avons petit à petit trouvé une parade : se moquer plutôt que de tendre l’autre joue par pure courtoisie formelle.
Donc il y a des anciens de Cachan qui devienne ça ! J’ai un peu honte et je comprends que certaines personnes détestent les profs. Sous vos faux airs "cool" vous faites beaucoup de mal. Votre prétention est dégoulinante et votre humour ne fait pas rire. Une modeste suggestion à vos hautes intelligences pour agrémenter votre site : une photo de vous en ray bann façon top gun et un compteur de vos (pseudo) conquètes féminines, le tableau sera complet. C’est pas grave si vous ne publiez pas ce post. Je vais soigneusement éviter votre site.
Réponse de Stéphane Ménia
Bon, vous nous aimez pas, on a compris. Et donc ? Ça va mieux ?
En tous cas si les autres anciens de Cachan sont aussi dépités,creux et dysorthographiques je suis (une fois de plus)bien contente d’avoir séché le concours de l’ENS…
Merci pour ce point bien utile entre analyse positive et normative que mes petits secondes ont bien mieux compris que certains de vos lecteurs apparemment…