Controversez tant que vous voulez

Le Parisien révèle qu’un projet visant à stabiliser quelques années les jeunes profs dans certains établissements sensibles prévoit de verser une prime annuelle de 2 000 € par an aux volontaires. Il paraît que cela crée une controverse. Je suis d’accord. Ce n’est probablement pas assez. Évidemment, les syndicats n’ont pas le même angle d’approche.

Edward Lazear, grand économiste de l’éducation, disait dans un papier (dont j’ai oublié la référence exacte, peut-être “Teacher incentives”) que si vous voulez des bons profs, il faut bien les payer. 2 000 € pour vivre le calcvaire des bahuts de zone sensible permet-il de sélectionner les bons ? C’est la seule question que je me pose.

Et épargnez-moi le long monologue de l’enseignant qui ne pense qu’à la noblesse de son oeuvre. C’est aussi puéril que de considérer que seul le fric compte à ses yeux.

35 Commentaires

  1. Cela me fait penser à une idée que j’ai eu suite à une discussion récente sur une question similaire. Pourquoi l’Ed Nat, à la place de ce système débile de mutation à base de points qui incite les profs à conclure des Pacs bidons et à envoyer en première ligne la bleussaile comme en 14-18, pourquoi donc l’Ed Nat ne mette-elle pas en place un système de rémunération mimant les mécanismes de marché.

    Je me doute bien que cela pourrait être compliqué sur les plans techniques et juridiques mais l’idée serait la suivante : chaque année, les profs font leurx voeux de mutation comme c’est le cas aujourd’hui. Sauf que là, on institue un "commissaire priseur" qui centralise tout et, en fonction de l’offre et de la demande, calcule un prix variant suivant les académies et les établissements. Tous les ans (ou 3 ou 5 ou 10), on actualise les salaires en conséquence. Inutile de dire que les salaires dans les bahuts difficiles seraient probablement TRES largement supérieurs à ce qu’ils sont aujourd’hui.

    (Décidemment, je suis dans mon après-midi trollage…)

  2. Il est quand même rassurant de voir que dans les ministères, on se pose des questions. Et imaginer qu’un enseignant plus heureux fait un meilleur travail qu’un enseignant malheureux ne semble pas être un axe de réflexion absurde. Et si on considère que seule la supposée meilleure qualité de l’enseignement fourni par le service public justifie d’interdire au secteur concurrentiel de concurrencer le système éducation, on ne voit vraiment pas en quoi s’offusquer qu’on s’interroge quand à savoir comment obtenir plus des enseignants.

    Ce qui est plus difficile à comprendre, c’est pourquoi il aura fallu attendre 2009 pour se poser la question.

  3. Avec la réduction sensible des postes mise en oeuvre par le ministère, la stabilisation se fait presque d’elle-même : dès cette année on observe un blocage du système de mutation, avec des barres d’entrée (le nombre de points nécessaire) dans les académies très hautes dans de nombreuses disciplines.
    Pour 2000 euros par an, je pense qu’on trouvera de jeunes profs motivés pour aller enseigner dans les établissements difficiles, les plus anciens préférant probablement le calme relatif des établissements moins difficiles (je nose pas dire plus calme)… mais c’est ce qui se passe aujourd’hui sans primes, alors pourquoi payer ?

  4. @ Cassandre : il me semble (informations de seconde main non vérifiées, mais ma source est usuellement fiable) qu’à l’heure actuelle, les jeunes profs étaient forcés, motivés ou pas, à aller enseigner dans des établissements difficiles. A compter de l’an prochain, on ne pourra plus les y affecter de force – et il faut donc des primes.

  5. @ C-H

    Je suis surement naïf, mais je trouve cette idée de commissaire-priseur pour l’éducation(quasiment) lumineuse… D’autant que l’Educ Nat trouverait une justification à son existence (plutôt que pondre des directives inapplicables et des réformes répondant à certaines exigences politiques… pas besoin de dire à quoi je peux penser).

  6. Je crois que cela renvoie à un problème de fond : il y a une telle dévalorisation symbolique du statut de prof, que l’on oublie aujourd’hui qu’être un bon prof est extrêmement difficile. Cela demande des qualités difficiles à acquérir, des savoirs longs à apprendre. Et si on veut ces compétences, cela se paye, à son prix. Tous les discours populistes sur l’éducation nationale et les professeurs devraient commencer par accepter cela.
    Et donner 2000 euros à quelqu’un pour qu’il habite dans le 93 et qu’il enseigne dans un des collèges les plus durs de France dit quelque chose sur le chemin qui reste à parcourir pour que cette réalité atteigne le cerveau du ministre de l’éducation.

  7. Au moins, cela permet de s’acheter des jupes et, pour mettre dessous, une ceinture de chasseté avec serrure de haute sécurité… et puis un gilet pare-balle… et puis un casque… et puis, le plus utile quand même pour un enseignant : le haut-parleur haute puissance.

  8. Juste pour rappel, il existe déjà une prime versée aux enseignants de certains établissements difficiles, sous forme d’une bonification indiciaire (on attribue aux personnels de ces établissements des points d’indice supplémentaires, points qui sont la base du traitement des fonctionnaires). Bon, ce n’est pas ça qui incite les gens à demander des ZEP un peu chaudes, mais ça contribue peut-être un peu à les y faire rester… si l’environnement est supportable par ailleurs, bien sûr.

  9. @ Econoclaste et CH: Bon courage !

    Histoire authentique. Je fus il y a bien longtemps dans une autre vie (bref, il y a cinq ans) prof de maths vacataire 4h/semaine dans un lycée technique. J’ai tenu un discours similaire en salle des profs, en disant qu’il fallait doubler les salaires des profs en ZEP, pour que ceux avec le plus de points se battent pour y aller (en faisant le raccourci pas totalement faux amha "beaucoup de points = longue expérience = meilleur prof").

    Réponse unanime: "ah non, ce ne serait pas juste, car pas tous ceux qui demandent une ZEP ne pourront l’avoir"

    Moi (ramassant mes bras) : "bah oui. Justement, c’est le but …"

    Eux: "Oui, mais ça créerait des disparités de salaire involontaires non basés sur l’ancienneté"

    Moi: "et alors ???!?"

    Eux " Alors, solidarité, tradition républicaine, égalité, nous ne sommes pas des mercenaires, violence symbolique, Bourdieu, Passeron, Boltanski, à bas le néolibéralisme, bla bla bla"

    Pas moyen d’avoir un débat sérieux. Bref, bon courage pour convaincre les profs.

  10. Antoine: "Il y a aussi des bahuts sensibles en zones granitiques"

    ‘matter of fact, pas tellement, pour la bonne et simple raison que en France les grands métropoles sont dans les bassins sédimentaires (qui se trouvent aussi être les plaines et les vallées des grands fleuves). Les seules exceptions sont en Bretagne (et encore, les villes tendent à se trouver dans les petits bassins sédimentaires, même là-bas).

    C’était l’information géologique et inutile du matin…

  11. a ce sujet, j’avais vu un assez bon film sur l’enseignement en établissement diffile

    ca s’appelle Half-Nelson, je le recommande 🙂

  12. "La FSU s’insurge contre une ‘décision unilatérale, prise sans concertation’. ‘Ça revient à stigmatiser ces dix-neuf établissements.’, s’emporte Guy Trésallet, secrétaire départemental de la FSU 93."

    Cachez ces inégalités que je ne saurais voir ! L’alternative c’est tous égaux par le bas en sorte…

  13. Cela dit, il y a tout de même des métiers de la république qui se doivent d’être désintéressés, comme professuer, instituteur,…ou président de la république.

  14. Je vais répondre en tant qu’enseignant.
    Je dis que lorsqu’on me parle de problème de rémunération, je commence par le commencement. L’absence de revalorisation salariale (osons le mot (même s’il s’agit de traitement)), la dramatique perte de pouvoir d’achat au fil des années (Je vous rappelle qu’un rogolo ministre du budget avait osé prétendre qu’un certifié finissait sa carrière à 4000€ ; quelle connaissance du dossier et de la France d’en-bas !).
    Certes, vous me direz, c’est dans le cadre d’une politique généralisée de basse pression salariale (expression que j’emprunte à Lordon) en France, en Europe (je sens que pour les européennes le résultat va être drôle).

    Donc, si on regarde un peu plus que le bout de son nez, on s’apercevra qu’il y actuellement deux tendances de fond dans la politique des gouvernements successifs : faire à tout prix baisser les coûts, et chercher sciemment à écraser les rémunérations des enseignants en les privant de revalorisation pour les pousser à terme à accepter un changement de statut ; le deal futur étant : c’est le changement de statut ou la pauvreté.

    Donc, je pense que ce n’est que dans ce contexte qu’il faut comprendre les réponses gênées des profs : ils sentent bien qu’on est en train de les entuber, à petit feu, mais sûrement : donc, ils bloquent.

    Au final ma réponse, c’est : 2000€ par an, c’est ridiculement faible. Il faut beaucoup plus, et en plus un temps de travail réduit. C’est la vrai solution pour que cela bouge.

    Mais, ce ne sont pas aux autres profs à payer, ils sont déjà assez mal payés !!!

  15. @elessar et CH : sans verser dans le penchant "surtout pas de discrimination", avez-vous déjà vu des enchères qui allouaient de façon optimale et sans surenchères (ou autre biais amusants) une ressource rare à une population finie, avec des fortes externalités qui plus est ? Même en théorie, c’est très contesté…
    Un très bel exemple de ratage pratique est le cas des fréquences de la télévision mises aux enchères aux Etats-Unis : où comment un lot disons "A" s’est retrouvé valorisé environ 10 fois plus cher qu’un autre (disons "B") qui contenait un strict substitut de A…

    La principale externalité qui existerait est dû au métier de prof :
    – il y a à peu près autant de postes que de postulants ;
    – quelqu’un qui n’a pas eu de poste à un endroit donné souhaite quand même en avoir à un autre endroit ;
    – question géographique : un poste à Quimper n’est pas complètement substituable à un poste à Créteil ;
    – je ne parle même pas des externalités dues aux couples d’enseignants (et Ferry sait s’ils sont légions… :-))

    En supposant donc qu’on arrive à suggérer l’idée sans déclencher tout de suite une grève générale dans l’EN, à mon avis, on risquerait d’être déçus par l’allocation finale. Le pire risquant d’ailleurs d’être les défections de dernière minute des profs affectés à Louis-le-Grand et qui préfèreront donner des cours privés aux mêmes élèves plutôt que de toucher le smic qu’ils auront dû consentir pour avoir ce poste !

    Donc les enchères sur les ressources rares : à méditer. En revanche, de façon localisée, avec une prime pour les ZEP, ce n’est pas idiot.

  16. Je me demande sincèrement qui, en dehors du corps enseignant lui-même (et de ses retraités permanents bénévoles syndiqués), s’opposerait à un mode de rémunération des enseignants différent de celui du privé.

    Régi par telle ou telle convention collective ou pas qu’importe.

  17. @Carottage : Commencer par le commencement… ce serait peut-être donner un salaire honnête aux jeunes enseignants qu’on envoie au casse-pipe, non ?

    Quel est le problème avec le changement de statut ? Vous avez un certain nombre de collègues à l’étranger qui font un très bon travail, parfois décemment payé, sans statut. Vous voulez payer tout le monde de la même manière ? Ca a à peu près autant de sens que si on vous disait de noter tous vos élèves de la même manière.

    2000 € par an, c’est ridiculement faible ; mais si vous voulez l’augmenter, vous ne pouvez pas en plus demander un temps de travail réduit. Enfin si, on peut dans l’absolu, mais avec quel argent ? Ou alors, et personnellement je n’ai pas de problème avec cette solution, il faut privatiser une immense partie de l’enseignement. Une chose contre laquelle les syndicats ne manqueront pas de gueuler non plus.

    Ce ne sont pas aux autres profs de payer, c’est bien possible. Maintenant, vous êtes bien gentils, mais pour ceux qui vont entrer dans la carrière, il est légèrement crispant de voir que les insiders décident pour eux. Non ?

  18. Il y a quelque chose qui me choque dans votre post, c’est le fait que ce soit aux jeunes enseignants en début de carrier d’aller dans les zones difficiles.

    J’aurais pensé que un bon système éducatif aurait pour caractéristique principale d’avoir un nombre rationnellement défini de zones difficiles ou les classes seraient de 10 a 15 élèves et ou les enseignants seraient des agrégés avec 20 ans d’ancienneté et des compétences pédagogiques reconnues.

    Les jeunes enseignants iraient dans les lycées de centre ville ou les classes seraient de 35-45 élèves (comme de mon temps) afin d’apprendre leur métier sans faire trop de dégâts.

    Quand aux salaire des profs, si j’en crois (ou si je le comprends bien) Gary-Bobo, il résulte d’un "deal" entre les syndicats et le ministère qui prend en compte l’évolution sociologique du professorat (i.e. la féminisation) et de ses préférences.

    Une réflexion de contribuable également, les salaires des professeurs de pendent de la capacite/volonté de la collectivité a payer un budget "global".

    Si on augmente le salaire au niveau "désiré", baisse t on le nombre, baisse t on le salaire d’une autre catégorie ou augmente t on les prélèvements et de qui? Le tout dans un contexte ou la dépense publique Francise est deja la plus élevé du Monde.

  19. Petite question "trolleuse" 🙂

    Comment se fait-il que :

    Dans la plupart des métiers, vous commencez en bas de l’échelle, avec un petit salaire, mais un poste à faible responsabilité.

    Et puis au fil des ans, vous acquerrez (pas bien sûr de l’orthographe, là…)de l’expérience, vous grimpez à la fois dans l’échelle des salaires et dans les responsabilités, et finalement vous terminez (sauf cas de sublimation percutante chère à Lawrence Peter) avec un poste à salaire confortable, mais avec beaucoup de difficultés et des responsabilités élevées.

    Dans l’enseignement, c’est l’inverse : vous commencez sans aucune expérience, avec un tout petit salaire face à des sauvageons dans le 9-3, et vous finissez tranquille dans un lycée prestigieux, ou encore plus facile dans un petit lycée tranquille dans quelque paisible sous-préfecture méridionale.
    Et mieux encore…Les profs en principe les meilleurs, puisque les mieux payés, ie les agrégés, ont toute les chances de ne jamais devoir enseigner devant les susdits sauvageons!

  20. @Astre noir : la réponse se trouve dans le commentaire d’Ellessar : "solidarité, tradition républicaine, égalité, nous ne sommes pas des mercenaires, violence symbolique, Bourdieu, Passeron, Boltanski, à bas le néolibéralisme, bla bla bla"

  21. @astre noir
    Je dirais les choses autrement : dans l’éducation nationale comme dans beaucoup d’autres métiers les débutants se tapent les boulots les plus "chiants" (du moins considérés comme tels) mais à la différence de ce qui se passe dans beaucoup de métiers ces boulots ne sont pas ceux qui demandent le moins de compétence.
    Pour ce qui est du niveau de responsabilité que vous évoquez il me semble que les choses ne se passent pas si anormalement dans l’EN: en général le prof de math débutant ne se voit pas confier la terminale S; les enseignements de spécialité en terminale sont plutôt confiés aux agrégés qu’aux certifiés etc..

  22. @ Elias

    je ne suis pas tout à fait d’accord avec vous.
    Enseigner les maths à des terminales S ne doit pas être si difficile que ça.

    Lors de ma toute petite expérience dans l’enseignement (une année scolaire, il y a presque 30 ans, juste le temps de comprendre que l’enseignement n’était vraiment pas mon truc), j’ai enseigné la physique à des 2nde C, des 1ère C et des 1ère B (pas de terminale C, certes).
    Et bien je peux vous dire que c’était bien plus facile d’enseigner, pour moi débutant, à des 1ère C motivés qu’à des 1ère B qui n’en avaient rien à battre de la physique

  23. 1) les agrégés, se tapent les zones difficiles comme les autres, je vous assure, seulement ils ont quelques heures de moins, un peu d’argent en plus, et ont plus de chance de quitter les zones difficile rapidement c’est vrai… Vu que plus ont vieilli plus on a de point, plus on vieilli, plus on peu obtenir des lycée plus prestigieux… (Notez qu’il n’y aucune raison pour qu’un agrégé soit meilleur prof qu’un certifié, il a simplement réussi un concours plus difficile, mais le concours n’a strictement rien à voir avec l’enseignement, encore moins l’enseignement en ZEP ! )
    2) est-ce qu’on ne risque pas uneffets boomerang, si on sait que les profs de ZEP sont mieux payés (et encore cela ne sera pas le cas de tous, c’est juste ceux qui acceptent de rester…) est-ce que les elèves, les parents d’elèves, l’administration des lycées, etc ne vont pas leur demander encore plus, ( raisonnement de type :on sait que vous êtes bien payé dont on a aucun scrupules à vous emmerder…) ?

  24. @ benji :

    "est-ce qu’on ne risque pas uneffets boomerang, si on sait que les profs de ZEP sont mieux payés (et encore cela ne sera pas le cas de tous, c’est juste ceux qui acceptent de rester…) est-ce que les elèves, les parents d’elèves, l’administration des lycées, etc ne vont pas leur demander encore plus, ( raisonnement de type :on sait que vous êtes bien payé dont on a aucun scrupules à vous emmerder…) ?"

    Et bien figurez vous que dans la vraie vie (pas dans l’éducation nationale, la vraie vie, celle du monde du travail, de l’entreprise…) c’est le cas, et c’est normal.
    Quand vous êtes cadre dans une entreprise, vous êtes bien payés, mais en contrepartie on attend de vous du boulot, et d’assumer des responsabilités, et de résoudre des problèmes délicats…

    Et j’ajouterai même que c’est le cas aussi dans la fonction publique, hors éducation nationale…J’ai rencontré plus d’un fonctionnaire qui en cas de gros coup dur ne se faisait pas prier pour bosser et essayer de résoudre le problème, et ne faisait pas valoir que "Ah ben non, il est 16h30, c’est l’heure où je termine mon boulot…"

  25. @Benji : "si on sait que les profs de ZEP sont mieux payés est-ce que les elèves, les parents d’elèves ne vont pas leur demander encore plus".

    Il faudrait déjà :
    -qu’ils soient informés que les profs sont mieux payés (improbable).
    -qu’ils s’intéressent à ce qui se passe au lycée, en ce qui concerne les parents (très improbable).
    -qu’ils aient l’impression que leurs profs n’en font pas assez, en ce qui concerne les élèves (très très improbable, ils sont bien loin de la frontière technologique…).

    Ce ne sont pas des préjugés gratuits, mais ce que j’ai constaté en deux ans de ZEP (DEUX parents de terminale aux réunions parents-profs…), comparé à deux ans hors-ZEP.

  26. @astre noir (27)
    "Enseigner les maths à des terminales S ne doit pas être si difficile que ça."
    Le problème c’est que la difficulté comprend différentes dimensions. Par exemple on peut considérer qu’enseigner en lycée est plus difficile qu’enseigner en collège au sens où cela demande une plus grande maîtrise disciplinaire, où le travail de préparation et de correction est – paraît-il – plus important. Il n’empêche qu’il y a, à ma connaissance, davantage de profs de collège qui demandent des mutations au lycée que l’inverse.

  27. Tiens ? Ça ressemble à un sujet à trollages divers.
    Bon, euh…
    Je suis agrégé, et depuis dix ans en ZEP.
    Je m’y amuse d’ailleurs plutôt bien.

    Ceci dit, les gens qui veulent traiter l’ÉN comme une entreprise de "la vraie vie" devraient venir y voir, un peu, des fois, à quoi elle ressemble la "vraie vie" des gens qui ont subi la loi du marché de l’emploi. Je veux pas faire pleurer dans les chaumières, je souligne juste que moi aussi, j’ai plein de solutions, au chaud, devant mon ordinateur.

    Les gens qui trouvent que les enseignants n’en font pas assez devraient aussi venir faire un tour, d’ailleurs.

    C’est pas qu’il n’y a pas des blocages, des réticences, des sentiments d’abandon qui résultent sur des tensions, et je crois pour y être que le collège ets par exemple le point noir de la chaîne éducative parce qu’il ne fonctionne principalement que comme dressage à la normalité,
    mais
    c’est pas les profs qui ont besoin d’être incités financièrement, c’est plutôt que les établissements de ces zones -là devraient au moins être équipés comme les établissements des centres-villes (pour autant qu’ils ne soient pas en ZEP aussi, ceci dit…)
    parce que moi, c’est pas dans mon portefeuille que j’ai mal, c’est dans la façon dont on donne moins à ceux qui ont moins.

    Mais économiquement, ça s’explique, aussi : c’est statistiquement pas un investissement rentable.

  28. Il faudrait une bourse: moins les places sont demandées, mieux elles sont rémunérées !
    Cela serait plus juste et efficace qu’une prime ridicule.

  29. @omelgot :

    Ce ne sont pas des enchères mais un simple système de marché, comme il en existe pour les oranges ou les petits pois. Il s’agit de fixer des prix qui réagissent à l’offre et à la demande.

    Sur le plan empirique, c’est un système qui a fait ses preuves, tant qu’on a un "bon" marché (CPP, marchés complets, etc…), cf. Vernon Smith.

    Sur le plan théorique, ça ne marche pas toujours. Mais il faudrait que tu revois la définition d’une externalité. (La rareté n’en est pas une.) Une externalité est l’impact de la consommation ou de la production d’une ressources sur les autres individus. Or, tout ce que tu écris concerne le prof lui-même et ce n’est donc pas une externalité.

    Le problème d’ailleurs n’est pas tellement de savoir si le marché fonctionne bien ou pas, mais de savoir s’il fonctionne mieux ou moins bien qu’un système administré.

    Je pense qu’effectivement, des incitations salariales à aller enseigner dans des établissements difficiles fonctionneraient mieux qu’un système à points. Cela permettrait d’allouer plus efficacement les compétences dans tous les établissements et d’éviter la pénurie de postes intéressants.

  30. Cela ne servira qu’a faire venir une bande de mercenaires vénaux. Ou de jeunes profs endettés. Cela créera des distorsions majeures avec les autres départements. Et vous êtes vous déjà posé la question qui vaille : qu’est ce qu’un bon prof??? compétence scientifique ? pédagogique ? un éducateur, un enseignant, un qui organise des voyages scolaires, un qui leur fait faire du théâtre, un qui rencontre les parents, un prof toujours présent, un prof qui les aide dans leurs devoirs ou un qui ne leur en donne jamais car "il tient compte de la famille, qu’il doit garder ses frères et soeurs, un qui les apprend à rapper ou un qui leur fait lire Flaubert. C’est ces questions qu’il convient de se poser et savoir si en filant du fric en plus aux enseignants qui acceptent d’avoir des "sauvageons" n’est qu’un écran de fumée de plus.

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