Commenter, un art de vivre ?

Nous avons récemment reçu un courrier qui m’a laissé dubitatif…

Ce mail commençait ainsi :

Cher Econoclaste,
Je découvre votre site et je viens de lire l’article intitulé “Faut-il louer ou acheter son logement ?”. Je regrette que vous ne donniez pas à vos lecteurs la possibilité de faire des commentaires et j’utilise donsc ce courrier pour vousfaire deux remarques (…)

Notre site n’est pas qu’un blog. Il inclut un blog, dans lequel il est possible de poster des commentaires (modérés a priori). Le reste du site, par tradition et choix, n’est pas ouvert aux commentaires publics. Les lecteurs sont invités à formuler des commentaires par courrier s’ils le souhaitent et beaucoup ne s’en privent pas. Quand ces commentaires nous inspirent un billet, alors nous les évoquons publiquement sur le blog. Pourquoi regretter cette façon de procéder ? Toute publication a-t-elle vocation à être publiquement commentée ? Est-ce vital ?
Est-ce qu’un jour les livres devront inclure une technologie qui permette de transmettre à l’auteur les annotations en marge que nous y laisserons ? Mieux, ces annotations devront-elles apparaître automatiquement en marge des exemplaires lus par d’autres ? D’où vient ce besoin systématique de commenter publiquement la production d’autrui ? Au delà de l’intérêt que les commentaires publics peuvent revêtir, n’y a-t-il pas une dérive pathologique à souhaiter voir publié son avis sur tout ? L’échange privé n’a-t-il pas des vertus impliquant de le préserver ? Et si la parole publique de certains doit être critiquée, pourquoi exiger de le faire systématiquement chez eux ?
J’en profite pour dire à Moggio que nous le remercions de nous avoir communiqué une référence d’article, que je donne ci-dessous. Mais, pourquoi le faire en commentaire d’un billet, en précisant que c’est HS ? Ecrivez nous, notre mail est accessible avec un simple clic et nous ne concevons pas les mails comme un dérangement.
Le texte signalé était un article d’Ariel Rubinstein, commentant Freakonomics de Levitt et Durbner.

4 Commentaires

  1. Il faut un certain aplomb pour commenter ce billet, mais je tiens à dire (cher camarades de LC) que je soutiens votre doctrine. J’aime le principe du blog et je trouve marrant d’avoir des commentaires, même si je m’étonne encore de lire des gens m’expliquant que Noah est planqué en Suisse, alors donc, mais lire les imbécilités des autres sur les sites de la presse me rend fou.

    Alors je n’ose pas imaginer les commentaires – pas tous idiots, mais majoritairement dispensables, comme sur plein de blogs – sur des ouvrages scientifiques. Ou à propos de votre papier sur l’immobilier, style "ouais mais bon moi j’ai acheté et finalement je regrette pas, ma baraque vaut déjà 3% plus qu’il y a deux mois". Hum.

  2. “lire les imbécilités des autres sur les sites de la presse me rend fou.” Idem de mon côté. Je ne sais pas si c’est de la pure démagogie de la part des journaux (un crétin qui peut commenter, c’est un crétin qui va s’abonner) ou le sentiment qu’ils doivent aller dans ce sens pour faire évoluer positivement le métier. En ce qui concerne l’immobilier, tu n’es pas très éloigné de la réalité…

  3. Je vais faire un commentaire dispensable:

    Je trouve le billet et les commentaires subséquents d’une arrogance un peu infantile. Ce sentiment de condescendance est assez particulier aux blogs d’économistes Français. Le ton sur les blogs des légistes, par exemple, est beaucoup plus modeste et mesuré et leurs articles mieux structurés, plus "techniques". Cette différence de ton minflue sur la tonalité/qualité des remarques.

    Et puis, en vieillissant vous pourrez constater que l’on est toujours l’imbécile de quelqu’un; et tout le monde n’est pas Krugman.

    Vous dites tout ça parce que je n’ai pas répondu à un mail concernant un billet pour lequel les commentaires étaient ouverts ?
    SM

  4. Oh, les commentaires des lecteurs valent ce qu’ils valent. Mais leur tendance est intéressante.

    A propos de Johny par exemple, j’ai été étonnée de voir que les lecteurs de Libé "approuvés" plus qu’ils ne condamnaient…

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