Discrimination tarifaire in everything

Je ne vous souhaite pas d’avoir un défunt dans la famille, mais sachez que récemment, l’offre des compagnies de pompes funèbres s’est enrichie d’un nouveau produit. Il y avait autrefois le cercueil en pin, d’un prix modéré, mais peu esthétique; le cercueil en chêne, plus classe, et aussi plus cher que le précédent; la gamme comprend désormais le cercueil en chêne bio qui pour ce que l’on m’a indiqué, coûte 30% de plus que le cercueil en chêne classique.

Sur le moment, l’idée m’a semblé du plus haut comique (mon côté macabre). Pour qu’un chêne puisse être débité en planches de cercueil, il lui faut au bas mot 100 ans de croissance; aller vérifier que les méthodes de culture d’il y a 100 ans vérifient les canons de l’agriculture biologique semble donc un tantinet farfelu. En fait, le chêne en question provient “à 80% de forêts durablement gérées” si l’on en croit l’article indiqué ci-dessus. Les vivants soucieux d’écologie peuvent donc enterrer leurs défunts en accord avec leurs convictions.

Ou pas. Car il est probable que la société de pompes funèbres vous proposera, en sus du cercueil en chêne bio, une conservation du défunt, une thanatopraxie. Les familles qui renoncent à ce traitement sont rares, surtout lorsqu’on leur fait remarquer que sans cela, Grand-Mère aura une bien vilaine allure devant les enfants lors de son dernier voyage… Le traitement du corps en question consiste, en pratique, à remplacer tout le sang du corps du défunt par une dizaine de litres de formaldéhyde, qui se retrouveront dans la terre avec le de cujus. Je me demande combien de cercueils bio contiennent en même temps des litres de formaldéhyde, et je trouve que la créativité en matière de discrimination tarifaire est décidément sans limites.

Alexandre Delaigue

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11 Commentaires

  1. Les forêts de chênes durablement gérées sont celles dont les propriétaires sont capable de fournir un "plan de gestion" qu’ils font élaborer et contrôler moyennant finances par des organismes parasites.
    Le plus écolo serait le linceul en coton, voire les vêtements du défunt voués à la déchetterie, enterré au sens propre, à même la terre, sans béton ni marbre, etc.
    Rapidement biodégradable, écologique et économique. Mais illégal?

  2. C’est surtout un bel exemple de GreenWashing. Si on veut se faire enterrer bio un seul moyen : à poil directement dans la terre ou à la rigueur avec un linceul en coton (éventuellement bio si on est exigeant) 100% biodégradable.

    Réponse de Alexandre Delaigue
    Comme l’a dit le commentateur précédent, c’est illégal. Par ailleurs, la culture du coton détruit la mer d’Aral. On ne s’en sortira pas.

  3. pour serenis

    Pour les naissance Bio c’est tres facile il suffit de faire des enfants en étant pas marié. Sur le livret de famille, ils ont alors la mention : "enfant naturel" 🙂

  4. Réflexions macabres… mais délicieusement macabres!… En meme temps si ça marche pourquoi pas?! Je suis sûr que le mort serait ravi de savoir que c’est un cercueil bio verni bio (je n’en doute pas), avec des poignées en acier qui sera déposer dans un trou en béton!

  5. Heu, sont-ce mes neurones encore en vacances, mais je ne comprends pas en quoi le contenu du billet a à voir avec la "discrimination tarifaire". Ne s’agit il pas plutôt une question de différenciation du produit ? Ce qui ne fait pas avancer la réflexion sur le fond, je le concède.

  6. @Cultilandes: Illégal?
    Ce que tu décris comme enterrement bio est un enterrement musulman (jusqu’au drap de coton blanc).

    Pas de formaldéhyde, puisque le corps du défunt doit être enterré dans les 24h.

  7. hum… intéressant, je ne m’étais jamais posé la question de la législation sur les enterrements…

    Articles R2213-* du Code Général des Collectivités Territoriales.

    R2213-25: "le corps est placé dans un cercueil en bois d’au moins 22 millimètres d’épaisseur"

    R2213-15, R2213-25 parle de biodégradabilité et même (-15) du retrait des piles.

    Et effectivement c’est un problème pour les musulmans:
    <<
    Exemple : les funérailles. Tandis que la tradition musulmane prévoit l’inhumation du défunt à même la terre, le droit français impose l’utilisation d’un cercueil ; et alors que les préceptes de l’islam interdisent l’exhumation des corps, le CGCT prévoit que le maire peut, en cas d’abandon de la sépulture, et même si celle-ci fait l’objet d’une concession à perpétuité, la récupérer pour la réaffecter.
    >>
    http://www.yabiladi.com/societe-...

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