Les causes de la crise financière en un schéma

C’est chez Jeffrey Frankel. Un bel effort, mais il me semble que le poids des déséquilibres financiers internationaux aurait mérité d’être un peu plus en évidence.

Dans le même ordre d’idées, on peut trouver l’origine de la crise Islandaise en un schéma.

Alexandre Delaigue

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12 Commentaires

  1. "…mais il me semble que le poids des déséquilibres financiers internationaux aurait mérité d’être un peu plus en évidence."

    Je partageais votre analyse selon laquelle le portrait fait de Larry Summers réalisé par eloi laurent était un des meilleurs qu’on pouvait sans doute faire. J’imagine que cela provenait du fait que ma perception selon laquelle l’économie sert principalement à explorer, identifier, et énumérer les conséquences (bien commun, sociales, morales) et notamment les plus dérangeantes d’un certain nombre de choix de sociétés initiaux n’est pas très éloignée de celle que vous aimeriez voir plus généralement admise.

    Dans ce cas, ce que nous dit l’analyse de Frankel est simplement que, dans son esprit, les personnes auxquelles il souhaite s’adresser considèrent l’importance des déséquilibres internationaux comme un choix social et pas une conséquence d’autres choix sociaux.

    Ou, comme on dit chez les informaticiens : "it’s not a bug, it’s a feature".

  2. et moi, il me semble que c’est la responsabilité de l’Etat fédéral US qui aurait mérité d’être mise plus en évidence. Des cinq causes présentées comme indépendantes, "underestimated risk" est largement une conséquence de "monetary policy" et est aggravée par l’existence d’un sauveur en dernier ressort, "failures of corporate governance" ont eu des effets d’autant plus graves que les risques étaient sous-estimés, ce qui ramène à l’analyse ci-dessus, "households saving too little, borrowing too much" est une conséquence directe de la politique monétaire et de crédit imposée par le gouvernement fédéral.

    Réponse de Alexandre Delaigue
    hmmm. Le jour ou vous empruntez à taux variable, sans revenus fixes, sans actifs, 20 fois votre revenu annuel moyen pour acheter une baraque; le jour où vous trouvez quelqu’un, soi-disant très intelligent, pour vous prêter de l’argent pour cela; je veux bien qu’un taux du marché monétaire faible joue un peu; mais soyons sérieux, hein.

  3. En feuilletant cet été "le Capital" de Marx j’ai trouvé ce raisonnement que je traduis, en substance, en langage d’aujourd’hui :
    Pour l’actionnaire l’entreprise ne fabrique pas des voitures des réfrigérateurs ou des yaourts elle fabrique de l’argent. Produire des biens est en quelque sorte "un mal nécessaire", de sorte que les capitalistes vont rechercher à faire de l’argent sans rien produire du tout.
    Et j’ajoute, et là c’est de moi : voilà bien définie l’économie financière d’aujourd’hui. Et ça date du XIX ème siècle.

  4. Et le "Credit Card Crash" qu’on nous annonce ne devrait-il pas figurer en tant que tel, comme facteur renforçant la recession ? Ou bien est-il inclus dans les CDO/CDS ?

  5. "hmmm. Le jour ou vous empruntez à taux variable, sans revenus fixes, sans actifs, 20 fois votre revenu annuel moyen pour acheter une baraque; le jour où vous trouvez quelqu’un, soi-disant très intelligent, pour vous prêter de l’argent pour cela; je veux bien qu’un taux du marché monétaire faible joue un peu; mais soyons sérieux, hein. "

    Les investisseurs sont par définition particulièrement rationnels : s’ils peuvent faire de l’argent avec de l’argent plutôt qu’en se cassant les pieds à organiser la production de biens et de services, ils le font, tout simplement parce que c’est moins chiant que de se coltiner cette fraction de la société qui ne saurait trouver de meilleure place qu’un petit travail tranquille.

    Quand à savoir si faire de l’argent avec de l’argent est plus facile et rentable que tenter de produire plus et mieux qu’aujourd’hui, oui, c’est une pure question de politique monétaire.

  6. @Alexandre:
    différence d’appréciation. Moi je pense que ça joue beaucoup, sans que l’emprunteur en soit nécessairement conscient, à travers l’impact sur les taux d’intérêt du marché, les anticipations d’inflation qui font espérer que les échéances seront indolores, l’anesthésie des prêteurs qui évaluent leurs risques à l’aune de taux de refinancement ridiculement bas, etc.
    Et je suis sérieux, hein.

  7. Il y a eu suroffre bancaire, incontestablement. Et donc suroffre de produits financiers de toutes sortes, largement dopés par les taux d’intérêt courts attractifs de la Fed (qui avait peur de briser la bulle du crédit trop brutalement, on voit ce que ça donne d’attendre). Les particuliers qui ont abusé de l’offre sont partiellement responsables, ainsi que les banques, l’ensemble du système des brokers irresponsables, les agences de notations qui faisaient aussi du conseil, les autorités publiques de contrôle, etc. Le grand télescopage ressemble au fameux "cygne noir" dont il est bien difficile d’isoler les causes précises. Bon, on ne va pas refaire une Nième fois l’analyse de la crise (les derniers à l’avoir fait sont les Gracques : aurel.hautetfort.com/arch…

    Les banques islandaises se sont tout de même mises à grossir à un rythme insensé, sans aucun frein des superviseurs, ni du législateur islandais. Et mes quelques rencontres avec leurs responsables français, peu avant la crise, m’ont semblé très étranges, comme s’ils vivaient dans un monde différent du nôtre. Bref, dans leur cas spécifique, on peut dire que l’Islande va avoir du mal à mettre ses propres erreurs sur le dos des autres. En attendant, ils se remettent activement à la pêche.

  8. N’aviez-vous pas recommandé voici quelques temps un article de Dani Rodrik qui disait en substance que bien malin celui qui pouvait désigner les "coupables" de la crise?

  9. @Alexandre: hmmm. Le jour ou vous empruntez à taux variable, sans revenus fixes, sans actifs, 20 fois votre revenu annuel moyen pour acheter une baraque; le jour où vous trouvez quelqu’un, soi-disant très intelligent, pour vous prêter de l’argent pour cela; je veux bien qu’un taux du marché monétaire faible joue un peu; mais soyons sérieux, hein."

    La progression de l’épargne des pays émergents et développés à monté bien avant la bulle immo et se prolonge après.

    Tu as une très complète réponse ici.
    Did the Fed, or Asian Saving, Cause the Housing Bubble?

    http://www.mises.org/story/3203

    Does An Increase In Savings Explain the Housing Boom?
    […]
    Now before I showed you the above chart, weren’t you expecting savings to shoot way up during the housing boom, and then fall back down when the bust kicked in? Yet as the chart above shows, savings rates among the economies in question rose throughout the boom and bust in housing. If the increased savings rates from 2001–2006 are supposed to explain the rapid appreciation in home prices, then one would think that the much slower increases from 2006–2008 would at best correspond to a stabilization of house prices, not their collapse.
    […]

    Même Artus (BFM) incrimine nettement la politique monétaire alors que le rapport du CAE qu’il a co-rédigé l’innocentait presque.

  10. On a donné trop de crédit à Greenspan quand tout allait bien. On lui en met trop sur le dos depuis que ça va mal. Si la théorie économique keynésienne "standard" a commis une faute, c’est de faire croire au contrôle absolu du levier monétaire par les pouvoirs publics. Au moins un poids commun entre les keynésiens (standards) et les autrichiens…

  11. "Si la théorie économique keynésienne "standard" a commis une faute, c’est de faire croire au contrôle absolu du levier monétaire par les pouvoirs publics."

    Quelqu’un y croyait encore ? Je veux dire : je pensais que ces théories avaient été testées à l’occasion de la déflation japonaise et surtout, des grandes manoeuvres testées par les gouvernements japonais pour en sortir.

    Se contentait-on vraiment des deux-trois bonnes excuses du genre "ha oui mais si ça n’a pas marché, c’est parce que ça a commencé trop tard et si ça ne réagit absolument pas comme prévu ce n’est pas grave." ?

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