Paul Krugman, prix Nobel d’économie 2008

Il y a des années où expliquer ce qui justifie un prix Nobel d’économie est compliqué; les économistes les plus réputés dans leur profession ne sont que rarement connus du grand public, et leurs travaux sont parfois ésotériques, prennent la forme d’articles durs d’accès. Le prix décerné cette année à Paul Krugman pose le problème inverse : il est célèbre (pas forcément pour ses travaux académiques d’ailleurs) et il a tant écrit que ce n’est pas le vide qui guette le commentateur, mais le trop-plein. Voici donc quelques éléments sur Krugman, chercheur, vulgarisateur, intellectuel engagé – avec quelques remarques plus personnelles.

Qu’est-ce qui justifie le prix Nobel pour Krugman? Un bon point de départ est d’aller lire la note d’information qu’y consacre le site de l’académie Nobel. La récompense est décernée pour ses travaux “sur le commerce international et l’économie géographique”. Krugman a contribué à répondre à cette question simple : pourquoi les activités productives sont-elles localisées là ou elles se trouvent, et qu’est-ce qui détermine les échanges entre nations ou régions?

L’histoire de l’analyse économique sur ce sujet est celle d’une accumulation patiente de connaissances, de modèles visant à expliquer les flux commerciaux et la localisation régionale des activités de production. Le premier modèle est le modèle ricardien, expliquant les échanges internationaux et les spécialisations par les différences de productivités relatives entre nations – la théorie dite des avantages comparatifs, selon laquelle les nations se spécialisent dans les secteurs dans lesquels leur productivité est soit plus forte, soit pas trop faible, par rapport aux autres pays. Cela explique par exemple pourquoi la France exporte des voitures vers la Tunisie, et importe des produits textiles de ce même pays : la productivité du secteur textile tunisien est plus basse qu’en France, mais la productivité du secteur automobile tunisien est encore plus basse, ce qui justifie des échanges mutuellement avantageux. Le modèle ricardien, quoique très simple, est probablement l’une des idées les plus contre-intuitives de la science économique, au point que sa compréhension est presque un test permettant de savoir si une personne est économiste ou non. A cette explication des échanges par la technologie s’est ajoutée leur explication par les dotations en facteurs de production, dans le cadre du modèle d’Hecksher-Ohlin, retranscrit par Samuelson.

Si ces modèles constituent une façon d’expliquer les échanges et la localisation de la production, ils souffrent d’un problème méthodologique majeur : l’absence de prise en compte de la possibilité de rendements d’échelle croissants – le fait que l’augmentation de la production dans un secteur va en accroître la productivité, créant potentiellement des effets renforçants en cas de spécialisation dans celui-ci. Les rendements croissants posent un problème pratique : la grande difficulté à être traduits en modèles “traditionnels”, permettant d’utiliser le concept d’équilibre, et donc de savoir “ou l’on va finir par se trouver”. Les économistes connaissent depuis longtemps l’existence de rendements croissants – on peut penser à la manufacture d’épingles chez Smith, ou à leur description par Marshall – mais ceux-ci posent un problème : dès lors que l’on cherche à établir un modèle les prenant en compte, on se retrouve avec des divergences, ou des équilibres multiples, ne permettant pas de savoir ce qui va se produire.

Par ailleurs, les échanges internationaux, s’ils sont partiellement expliqués par le modèle ricardien, présentent des caractéristiques que celui-ci ne prend que difficilement en compte : les échanges ne sont pas seulement inter-industriels, mais intra-industriels. La France exporte des automobiles vers l’Allemagne, et importe des automobiles d’Allemagne; sauf à supposer que les voitures allemandes sont fabriquées avec une technologie différente des voitures françaises, le modèle ricardien ne permet pas d’expliquer ce genre de flux, qui représente pourtant une part très forte du commerce mondial, qui se fait pour l’essentiel entre pays similaires s’échangeant des produits similaires.

Des tentatives pour intégrer les rendements croissants dans les modèles de commerce international avaient été faites; Krugman s’est même demandé si finalement, tout n’était pas déjà dans le très peu lu (tout le monde se contentant de la version simplifiée de Samuelson) Bertil Ohlin. Mais cela se limitait à quelques intuitions – les rendements croissants doivent avoir de l’importance – sans qu’il soit possible de les traduire de façon intelligible. Le problème, c’est que sans modèle, il est impossible de comprendre comment intégrer les rendements croissants : à la limite, ceux-ci devraient impliquer que toute la production ne s’effectue qu’à un seul endroit; mais l’utilisation de modèles à rendements décroissants, s’ils parviennent à aboutir à un résultat moins absurde, impliquent des formes de commerce et de localisation insuffisants pour décrire la réalité.

C’est là qu’intervient Krugman. Après avoir rédigé une thèse sur les crises de balance des paiements – un sujet qu’il traitera, pour le grand public, inlassablement par la suite – il a, comme d’autres, cherché “la grande idée” qui lui permettrait de faire une carrière de chercheur. Il devait trouver sa grande idée en attendant un avion dans l’aéroport de Boston : construire un modèle simple permettant de décrire les flux commerciaux en intégrant les rendements croissants et leur impact sur la localisation de la production et de la consommation. Son modèle s’écrit rapidement : l’article le décrivant fait une dizaine de pages. Il se basait sur des travaux d’Avinash Dixit, et si l’on peut avoir un regret aujourd’hui, c’est que celui-ci n’ait pas été récompensé en commun avec Krugman tant leurs travaux sont liés. La solution, qu’avait entrevue Marshall, consiste en particulier à distinguer les rendements au niveau de la firme et au niveau de la branche; autre spécificité du modèle de Krugman, l’existence d’un “goût pour la différence” des consommateurs, qui les conduit à désirer une plus grande variété de biens, dans un cadre de concurrence monopolistique dans lequel les entreprises se différencient : c’est la raison pour laquelle la France exporte des Peugeot vers l’Allemagne et importe des BMW depuis ce pays. Krugman a simplement explicité un autre motif, différent des différences de technologies et de dotations en facteurs, expliquant les échanges internationaux et la localisation de la production. Si l’avantage comparatif est important, l’organisation industrielle, la concurrence imparfaite, le sont tout autant pour expliquer les échanges internationaux.

Cette nouvelle conception théorique est vite devenue la “nouvelle théorie du commerce international” et a eu des implications nombreuses. Elle a servi à Krugman, par la suite, à contribuer à développer une “nouvelle économie géographique” car les conclusions de ses modèles peuvent s’appliquer à la localisation des activités à l’intérieur d’un pays, en expliquant pourquoi les activités s’agglomèrent dans les villes. Ce genre de raisonnement, appliqué à la théorie de la croissance, a conduit à la “nouvelle théorie de la croissance” dont l’histoire a été racontée ici.

La nouvelle théorie du commerce posait aussi un problème apparemment nouveau : si en apportant un nouveau motif à l’échange international, elle démontrait que l’existence de la possibilité de commercer est préférable à son absence, elle offrait aussi la possibilité qu’en théorie, des interventions publiques sophistiquées, visant à favoriser tel ou tel secteur, puissent conduire à une situation meilleure pour le pays les mettant en place. Krugman s’est interrogé sur ce sujet dans un célèbre article, dans lequel il considérait que si l’idée de libre-échange conservait sa pertinence, elle avait selon lui “perdu son innocence” : elle admet désormais la possibilité d’une politique commerciale “stratégique” et ne la refuse que pour des raisons pratiques (l’incapacité concrète des gouvernements à identifier les “bons secteurs”, et les problèmes de public choice que cela entraînerait). On peut néanmoins douter de cette perspective : depuis Robert Torrens qui montrait, dans un cadre ricardien, qu’une manipulation des termes de l’échange par des barrières douanières permettrait à un “grand pays” de s’enrichir aux dépens des autres, le problème se posait. La critique du libre échange apportée par la nouvelle théorie du commerce n’est en réalité ni nouvelle, ni aussi forte que le croient ceux qui ont sauté sur cet argument pour recommander l’abandon du libre-échange.

Krugman a d’ailleurs ferraillé contre eux dans l’un de ses ouvrages grand public, pop internationalism, traduit en français par “la mondialisation n’est pas coupable“. C’est que Krugman a, très tôt, été en plus d’un chercheur un essayiste. Et s’il a contribué à révolutionner la théorie du commerce international et l’économie géographique, il a surtout, au travers de ses essais et de ses livres grand public, transformé radicalement la façon dont on parle d’économie. Avec un talent proche de celui qui lui a permis de construire toujours des modèles simples : Krugman est tout simplement un génie de la vulgarisation économique. L’écrasante majorité des économistes ne sait pas écrire en langage clair et intelligible; aucun n’a le talent de Krugman pour identifier la façon de rendre claire la chose la plus complexe, pour expliquer à l’aide d’une représentation simplifiée de la réalité les choses les plus simples. Aucun n’a son style, mélange de pédagogie, de précision, d’humour, d’indignation; aucun n’a sa capacité à flinguer en une dizaine de lignes les idées stupides – capacité qui ne lui a pas fait que des amis. Ses premiers livres grand public, bien que datés, restent des références pour comprendre la crise des années 70, la montée des inégalités, et l’effet réel des “révolutions” de Thatcher et Reagan. “the age of diminished expectations” et “peddling prosperity” ont été les matrices de sa production grand public ultérieures. Par la suite, ses essais dans divers magazines, ses chroniques dans Slate, ont été regroupés dans divers ouvrages tous plus indispensables les uns que les autres : Pop internationalism, The accidental theorist, et the return of depression economics, pour les années 90.

Outre son style agressif et limpide, Krugman a une autre caractéristique : l’obsession. Lorsqu’un sujet l’occupe, il y reviendra inlassablement, reprenant ses arguments, en répétant de nouveaux. Pour les victimes de son courroux, c’est la perspective de se prendre à jet continu des attaques toutes plus virulentes et argumentées les unes que les autres; ses sujets de prédilection ont été successivement les supply-siders, les “strategic traders” entourant l’administration Clinton, les crises financières de la fin des années 90, et tout particulièrement la trappe à liquidité japonaise; puis, à partir de 1999 et de son arrivée comme éditorialiste au New York Times, l’administration Bush, dont il a dénoncé les mensonges, les aberrations politiques, sur un ton inédit, n’hésitant pas à traiter Bush de menteur, et ceux qui cherchaient à avoir vis à vis de celle-ci un jugement moins négatif de naifs bernés. C’est cette position d’adversaire le plus virulent de l’administration Bush qui l’a rendu célèbre, selon la loi de Gresham du commentateur : ce qui est le plus vu n’est pas forcément ce qu’il y a de plus satisfaisant.

Cette agressivité lui a été beaucoup reprochée : il a été soupçonné d’arrières-pensées carriéristes, de contradictions (par exemple pour avoir dit dans les années 80 que le commerce international n’était pas un facteur majeur dans la montée des inégalités, puis pour dire qu’il ne pouvait plus l’exclure désormais) et de facilité. Cette dernière critique a été notamment le fait de ceux qui avaient tant apprécié ses essais des années 80-90, et n’ont pas compris son basculement plus politique après les années 2000. Mais il a fallu se rendre à l’évidence : Krugman a beaucoup plus souvent raison qu’il n’a tort, sur ce sujet tout particulièrement. L’actualité récente l’a encore montré : il a été parmi les premiers à identifier la nature de la crise financière, la bulle immobilière, et ses critiques et analyses ont largement contribué à la solution qui commence à émerger aujourd’hui. Krugman est surtout un homme d’une grande intégrité, qui n’hésite pas à contrer toutes les idées stupides, même celles qui viennent de son propre camp.

Il n’est pas exagéré de dire que Krugman a révolutionné la façon d’écrire sur l’économie pour le grand public. Comme le rappelle T. Cowen, tous les blogs économiques se sont inspirés de sa façon de faire (le fait que Krugman ait fini par ouvrir un blog à son tour n’est pas une surprise); aucun essai de vulgarisation économique correct depuis les 20 dernières années n’aurait été ce qu’il a été sans Krugman et sa façon d’écrire. Il est accessoirement l’auteur de manuels, dont le plus vendu des manuels de commerce international, et d’un manuel d’économie générale coécrit avec son épouse.

Accessoirement, une note plus personnelle. J’ai rencontré (intellectuellement, s’entend) Krugman pour la première fois en 1995, en étudiant son manuel d’économie internationale. Celui-ci m’avait plu, mais pas plus que les manuels américains de façon générale. Ce n’est que deux ans plus tard que la lecture de Pop-internationalism a eu sur moi l’effet d’une révélation. Je me souviens encore avoir dévoré le livre d’une traite, en m’extasiant littéralement devant chaque ligne, relisant encore et encore chaque chapitre, de peur d’y avoir négligé un quelconque élément. Ce jour-là, j’ai découvert l’économie comme je ne l’avais jamais vue, à une époque de fin d’études ou la matière, globalement, m’ennuyait. Je peux dire ne m’être jamais remis de cette lecture. Sans ce livre, et tous les autres sur lesquels je me suis rué via l’achat sur internet de livres étrangers (un effet positif de la mondialisation) jamais ce site n’aurait existé. J’aurai plus probablement abandonné l’économie; aucun livre, aucun auteur n’a eu sur moi plus d’impact que Paul Krugman (avec Ed Phelps – comme quoi mes maîtres à penser ont souvent des Nobel).

A partir des années 2000 et de son arrivée au New York Times, j’ai eu une réaction de groupie déçu par le dernier album de son artiste favori; j’ai ressenti l’entrée de Krugman dans l’arène du débat politique comme une trahison. Certes, Bush mentait, certes, sa politique était aberrante… Mais Krugman n’avait-il pas une mission plus importante, celle de profiter de sa tribune pour éclairer les gens sur l’économie? Où trouverai-je désormais ma dose d’essais brillants? Pourquoi s’intéressait-il à des sujets aussi peu intéressants au lieu de faire ce qu’il faisait si bien? Ce dépit, on pourra le retrouver dans cette note de lecture pleine d’acrimonie. Je me suis trompé, et lourdement. Ce que faisait Krugman à cette époque était vraiment important, et surtout, il avait vu juste. J’ai fini par avoir une réaction de vrai fan : j’ai réécouté l’album, et ai finalement compris ce que l’auteur voulait dire.

Si vous voulez lire des essais par Krugman, vous n’avez que l’embarras du choix. L’essentiel peut être trouvé sur le site pkarchive.org. Il serait bien difficile de conseiller des lectures : tout mérite d’être lu. Tous les chercheurs devraient lire la description de sa façon de travailler; il a aussi expliqué les raisons pour lesquelles il est devenu économiste, et sa carrière; voici pourquoi il est économiste (et pourquoi le servage n’a jamais été rétabli). Pour les éventuels biologistes qui viennent parfois faire un tour ici, voici le parallèle entre l’économie et la théorie de l’évolution.

Voici Ed Glaeser sur le Nobel de Krugman, voici deux posts (premier, second) sur marginal revolution. Dans la presse grand public, vous trouverez probablement beaucoup d’articles sur l’engagement politique de Krugman, très peu sur sa carrière de vulgarisateur, et peut-être un article ou deux sur ses apports scientifiques.

Si je devais distinguer dans toute sa production grand public quelques textes, le choix ne serait pas simple : tout mérite d’être lu. Mais la liste comprendrait probablement :

Competitiveness : a dangerous obsession, sur la nocivité de la “compétitivité” appliquée à une nation.

The accidental theorist : un pur chef d’oeuvre pour expliquer les conséquences de gains de productivité sur l’emploi. Chaque année, mes élèves y ont droit.

In praise of cheap labor : une défense de l’effet de la mondialisation sur les habitants des pays pauvres. Un texte précieux.

that hissing sound : l’article du New York Times qui a décrit la bulle immobilière.

Ricardo’s difficult idea : l’une des meilleures explications de l’avantage comparatif.

the gold bug variations (quel titre génial) je vous laisse découvrir

the hangover theory : sur la théorie du cycle économique. Indispensable ces temps-ci.

baby-sitting the economy : ou comment expliquer l’apparition d’une récession de la façon la plus simple possible. Brillant.

white collar turn blue : un essai d’anticipation sur le monde en 2099. J’adore.

S’il y a des choses que vous n’avez pas encore lues dans ces différents textes, vous avez de la chance : vous allez pouvoir les découvrir. alors, appréciez, et profitez.

Et que personne, ce soir, ne vienne me gonfler. Rien, aujourd’hui, ne saurait altérer ma félicité. Je vais sortir le champagne du frigo, et n’irait me coucher que lorsque la bouteille sera vide.

Alexandre Delaigue

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14 Commentaires

  1. Merci pour ce billet (d’amour).
    Au moment où vous postiez celui-ci, j’ouvrais un message sur le forum, rubrique "Salon de lecture", invitant chacun à donner son article non technique préféré de Paul Krugman (vous en proposez neuf ici !), et je placerais en numéro un son (inégalable ?) "In Praise of Cheap Labor".
    Oui, l’article "Baby-Sitting the Economy" de Krugman a un côté génial mais je crois me souvenir que l’idée n’est pas de Krugman mais de deux autres économistes ayant publié l’idée-modèle à la fin des années 1970. Bien sûr, Krugman y explique les choses de manière limpide et passionnante (et utile !).
    C’est au moins la seconde fois que vous parlez ainsi d’Edmund Phelps. J’imagine que vous parlez de son manuel de 1985 traduit plus tard en français et réédité en 2006 lorsqu’il a reçu le "Prix Nobel" d’économie. Ce manuel d’initiation à l’économie est une perle et un ouvrage absolument unique.

  2. Ce n’est pas au champagne, mais à la bière que je fête ce nobel. Mais le coeur y est aussi. J’ai ma petite interprétation sur l’attribution du prix seul : ce n’est pas seulement à ses travaux économiques (comme semble le suggérer la mention Nobel), mais aussi à son engagement politique que le prix est attribué. Un peu plus dans l’article coécrit sur nonfiction.fr
    http://www.nonfiction.fr/article...

    Je crois que c’est sur vos conseils que j’ai lu mon premier Krugman ("La Mondialisation…"). A mon tour de vous remercier, donc.

  3. Je viens de lire "l’économie et la théorie de l’évolution." Ouah! C’est sensée discuter biologie et économie, et pourtant quand tu le lis c’est du Feynman.

    Plein d’autres à lire? Cool! 🙂

  4. Je note que vous ne mentionnez pas The Conscience of a Liberal dans votre article. Est-ce un oubli ou est-ce volontaire? Je dois avouer pour ma part que ce n’est pas le Krugman que je préfère.
    Sinon, votre article fait un peu fan-mail, mais résume très bien le personnage et ses contributions.

  5. Bonjour, je suis personnellement trés content du résultat de cette année. Je le dis ici en faisant référence rapidement aux apports de Paul Krugman à la nouvelle théorie du commerce intenational.
    democratieetavenir.over-b…
    Je m’envais maintenant relire vos billets et celui-ci sur les présentations que vous faites des travaux de PK. A bientôt …

  6. J’ai lu le passage suivant dans Direct Matin juste après avoir lu les premiers liens de votre post et j’ai été pour le moins étonné.

    "La remise du prix Nobel d’économie hier, à l’américain Paul Krugman, est en phase avec la remise en cause du libéralisme. Alors que les lauréats précédents pouvaient être qualifiés de "libéraux", Paul Krugman est l’un des principaux critiques de la politique économique de George W. Bush […] Il a contribué dans les années 1980 à développer la "nouvelle théorie du commerce international". Celle-ci a actualisé les théories classiques, notamment en postulant que la concurrence entre Nations est rarement pure et parfaite, ce qui plaide en faveur de la mise en place de règlementations protectionnistes. […]"

    Et là, je m’interroge : est-ce que cet article est franchement inexact ou c’est moi qui n’ai rien compris au travail de Krugman ? Ok, j’ai bien compris qu’il était un farouche opposant à Bush mais en déduire qu’il est de fait opposés aux précédents lauréats "libéraux" ça me semble un peu fort non ? Et je l’imagine assez mal en chantre du protectionnisme après avoir lu votre note de lecture sur "la mondialisation n’est pas coupable".

  7. @Prosper : à vous lire, j’aurais tendance à penser que Direct Matin dit plutôt n’importe quoi mais mon jugement est très hâtif. Vous trouverez peut-être un premier élément de réponse à vos questions dans ce billet de l’économiste Bryan Caplan (http://www.marginalrevolution.co... qui rappelle ce que Krugman a pu dire ou écrire concernant notamment les réglementations du marché du travail en Europe et leur effet sur le chômage, le libre-échange de manière générale, les activistes anti-mondialisation et le "travail bon marché" des travailleurs des pays pauvres.

  8. Waouh, si ça c’est pas une belle déclaration d’amour..?

    Sinon :

    <i>Le modèle ricardien, quoique très simple, est probablement l’une des idées les plus contre-intuitives de la science économique, au point que sa compréhension est presque un test permettant de savoir si une personne est économiste ou non.</i>

    ça, c’est clair !!

  9. "the hangover theory" ne prouve qu’une seule chose: que Krugman n’a pas compris la théorie autrichienne des cycles économiques, en digne émule de son maître Keynes qui avait démoli (croyait-il) la "Theorie des Geldes und der Umlaufsmittel" de Mises dès sa sortie alors qu’il avouait ne pas comprendre l’allemand !

  10. Qui est l’autre mentor? Que l’on sache en avance…Et voir s’il sera "nobelisé" un jour…

  11. @ Prosper : Paul Krugman à ma connaissance n’est pas antilibéral.

    Je rejoins Econoclaste sur son contact "personnel" avec cet auteur.

    Bien que non économiste, j’ai été "embarquée" par deux de ses articles : "the return of depression economics" et "ricardo’s difficult idea".

    Lire Krugman c’est le meilleur antidote à l’antimanuel d’économie de Bernard Maris (que tous les apprentis rebelles vous ressortent en se croyant super malins).

    Krugman est un petit peu à l’économie ce que Pinker est à la psycho : l’humilité et l’honnêteté intellectuelle au service du bousculage des idées bien-pensantes. Là où ça gêne à gauche, c’est que ces types, justement, sont plutôt de gauche.

    Je rejoins econoclaste également sur les bienfaits "intellectuels" de la mondialisation. Sans elle et sans internet, nous n’aurions pas l’opportunité de découvrir qu’une "autre réflexion est possible" que celle, sclérosée, qui prévaut encore beaucoup trop dans les débats "intellectuels" français. C’est un plaisir permanent de découvrir ces profs, chercheurs, intellectuels venus d’ailleurs, qui renversent nos vieilles idées et nos préjugés sur telle ou telle discipline. par contraste il me devient insupportable de lire des tribunes "traditionnelles" ou d’entendre des points de vue "traditionnellement" "subversifs" ou "intellectuels" dans notre presse et nos radios nationales. Je n’y arrive plus…

  12. >"des travaux d’Avinash Dixit, et si l’on peut avoir un regret aujourd’hui, c’est que celui-ci n’ait pas été récompensé en commun avec Krugman tant leurs travaux sont liés."

    Cf. "Why Krugman got the Nobel Prize: Economics, not polemics" by Avinash Dixit (17 October 2008)

    http://www.voxeu.org/index.php?q...

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