Le marronier d’octobre, édition 2008

Avec toute cette pagaille, on l’avait presque oublié : c’est bientôt le jour du Nobel d’économie. Et donc l’occasion du concours de pronostics.

La blogosphère économique a déjà fait état des pronostics de Thomson Scientific :

– Hansen, Sargent et Sims en économétrie;

– Feldstein pour l’économie publique;

– Alchian et Demsetz pour la théorie de la firme.

Tout cela est éminemment plausible, et si dans cette liste il fallait désigner un favori, ce serait peut-être Feldstein, qui a quitté il n’y a pas longtemps son poste de président du NBER et dont David Warsh a décrit le parcours. A 68 ans, ce serait son bâton de maréchal pour avoir, entre autres, formé une génération brillante.

Pour mémoire, voici mes anciennes listes de pronostics, en 2005, 2006, et 2007. On constatera que seule la liste de 2005 a bien résisté, puisqu’elle contenait rien de moins que deux des futurs lauréats : Schelling et Phelbs. Ne manque pour la compléter que Baumol (mais cela m’étonnerait cette année, même si ce serait très bien) et la triplette du commerce international : Krugman, Baghwati, et Dixit.

En 2006, je sentais bien Paul Romer (éventuellement avec Barro) et souhaitais Jean Tirole; en 2007, j’avais maintenu mes séries initiales, en y ajoutant quelques possibilités, comme Dale Jorgenson. Tous ces candidats passés sont de bons candidats futurs.

Cette année, je sens bien la théorie du commerce international, sans vraiment pouvoir expliquer pourquoi; si je devais me risquer à un pronostic, ce serait donc plutôt Krugman-Baghwati-Dixit. Mais mon pronostic du coeur serait plutôt que le jury fasse preuve d’humour, en décernant le prix à Eugene Fama, Kenneth French, et Richard Thaler, dans le domaine de la finance. D’abord parce que ce serait un prix improbable, comprenant le saint patron de l’efficience des marchés et Thaler, le fondateur de la finance comportementale; Mais surtout, par ces temps troublés, cela aurait un certain charme. Je doute hélas que les austères suédois de l’Académie Royale aient à ce point le goût du paradoxe.

Alexandre Delaigue

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16 Commentaires

  1. Et pourquoi pas Shleifer ?
    Il a fait un peu de tout aussi. Finance, I.O, etc…

    Réponse de Alexandre Delaigue
    oui, c’est un candidat plausible, et une personnalité intéressante. Un peu tôt peut être.

  2. Bonjour et désolé de faire un commentaire totalement hors-sujet (j’autorise les maitres de ce site a effacer ce commentaire si cela ne leur plait pas). Mais je viens de tomber sur cet article du monde: http://www.lemonde.fr/economie/a...

    Il y est dit en conclusion: "Seule maigre consolation, les importations devant être freinées au second semestre par la faiblesse de la demande intérieure, le commerce extérieur ne pèsera pas sur la croissance en 2008 alors qu’il l’avait amputée de 0,8 point en 2007."

    Ayant souvent lu les auteurs de ce site pester contre la psychose de la balance commerciale (qui n’aurait en fin de compte que peu d’intérêt comme indicateur de vitalité économique), j’aimerais connaître leur avis:
    1- La journaliste est-elle totalement à côté de la plaque?
    2- Ou alors existe-t-il vraiment un mécanisme reconnu qui fait qu’un déficit du commerce extérieur entraîne une baisse de la croissance?
    3- Et ce mécanisme est-il compris au point que l’on puisse dire qu’il a fait perdre précisément 0.8 points de croissances?

    Merci aux auteurs de leur réponse si ils en ont le temps.

    Réponse de Alexandre Delaigue
    c’est un classique. On a un post dessus, cherchez “contributions a la croissance” dans les posts anciens (je ne peux pas vous linker, capacités techniques limitées).

  3. Ben moi, je soutiens Alchian et Demsetz. Pourquoi ? Parce que je me suis pas tapé une année de "approches économiques de l’entreprise" pour rien.

    Réponse de Alexandre Delaigue
    franchement, si c’est ce domaine qui a sa breloque, je verrai plutôt milgrom, et surtout, ce serait râlant que tirole ne soit pas dans le ticket.

  4. Si Fama et French, je vote plutôt Mandelbrot, ce serait plus rigolo. Même pas par cocoriquisme aigu : il est US citizen maintenant (comme Gerard Debreu en son temps).

  5. Pour Tirole, c’est encore un peu tôt, non ? (même si ça me ferait très plaisir).

    Je vois mal le domaine de la finance être récompensé, le jury aura peur d’une faute de goût(je suis d’accord avec vous pour écarter la récompense humoristique ou ironique).

  6. Cohen, Fiorentino, Maris

    ah non merde ça c’est pour le Nobel d’économie en l’honneur de la télévision française

  7. Je suis vista69. Jean-Marc Sylvestre c’est tout bon. Redevenons sérieux. Croyez-vous que le nobel permette de faire avancer la discussion? j’ai en mémoire les noms de "Black and Scholes"…

  8. Dans le genre second degré, un Nobel à Diamond et Dybvig sur la compréhension des institutions bancaires et du concept de liquidité serait aussi assez attirant…

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