Bien résumé

Comme toujours, Tyler Cowen résume la situation de façon admirablement concise (ma traduction) :

Le meilleur scénario : les banques en mauvais état continuent d’être rachetées, il n’y a pas de “run” contre les hedge funds mardi, seules quelques banques moyennes européennes tombent, les marchés monétaires continuent d’acheter du papier commercial, la fed et le trésor continuent de travailler au cas par cas. Comme le congrès n’a plus à voter pour un “sauvetage” il peut laisser à Bernanke et Paulson plus de liberté opérationnelle qu’ils n’auraient eu. L’économie américaine est en récession pendant deux ans et le chômage ne monte pas au dessus de 8-9%.

Le pire scénario : les marchés de crédit se paralysent au cours de la semaine à venir, beaucoup d’entreprises ne peuvent pas payer les salaires. Les appels de marge ne peuvent pas être payés, la bourse de New York est fermée pendant une semaine. Plus personne ne peut obtenir de prêt immobilier, les prix des logements se retrouvent indéfinis plutôt que faibles. Une nationalisation de facto des banques est mise en oeuvre en urgence pour permettre au système de paiements de fonctionner. Le plan Paulson est considéré comme un paradis perdu. Personne ne veut racheter les hedge funds ruinés, donc le gouvernement et le contribuable finissent par récupérer le problème. Le système bancaire quasi-nationalisé sert à satisfaire des buts politiciens, ce qui empêche de les recapitaliser auprès d’agents privés. Dans le pire des pires scénarios, la bulle chinoise explose à son tour.

Le premier scénario est grosso modo le plus plausible, mais rien n’est certain.

Alexandre Delaigue

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6 Commentaires

  1. et l’impact en france du pire scénario, ça donne quoi ?

    Réponse de Alexandre Delaigue
    Hmmm… plusieurs grandes banques européennes se cassent la figure dans la foulée des américaines. Cela devient joyeux, car comme l’a rappelé Daniel Gros, les banques européennes sont trop grosses pour tomber et trop grosses pour être sauvées. Les gouvernements européens partent dans tous les sens, chacun de son côté; en France, on nationalise les banques et on s’en sert pour financer les fantaisies présidentielles, le tout avec des acrobaties comptables pour dissimuler la hausse de dette publique qui accompagne mais qui ne trompent personne. L’Italie quitte l’euro et se retrouve en crise de balances des paiements, la France suit. Pour la suite du scénario, étudiez l’histoire financière de l’Argentine au 20ième siècle. Bon, soyez quand même optimiste, c’est vraiment le pire des pires scénarios… La version la plus probable, c’est une simple récession.

  2. " les prix des logements se retrouvent indéfinis plutôt que faibles. "

    ça a peu de chances d’arriver en France : l’offre est très inférieure à la demande et l’épargne de précaution des français est très liquide. Sans même parler des possibilités récentes offertes aux particuliers d’hypothèquer leurs biens, par exemple, pour en acquérir d’autres au bon moment.

    Plus amusant serait le manque de crédit pour les collectivités locales. Même cela est improbable : personne n’est en mesure d’empêcher la BCE de continuer à inonder le marché et, en sous-main, peser de tout son poids pour ne pas finir par être désignée comme responsable du désastre en europe.

  3. @ flèche
    Arrêtez de rêver sur les prix de l’immobilier.
    Il n’y a pas de pénurie de l’offre, comme les auteurs de ce blog l’ont cru, il y a surproduction de logements : deux millions de logements vacants, les logements neufs ne se vendent plus, les logements anciens non plus. Nous sommes en plein credit crunch et les primo-accédants ne peuvent activer la chaîne de Ponzi. La bulle immobilière a explosé et les prix vont baisser inéluctablement et la récession renforcera cette orientation du marché.

  4. @ AD écrit "Les gouvernements européens partent dans tous les sens, chacun de son côté"

    C’est déjà le cas avec l’Irlande, pays européen par circonstance : l’état s’y porte caution pour 400 milliards d’actifs bancaires, à rapporter à 190 milliards de PIB.

    calculatedrisk.blogspot.c…

  5. bulle immobilière?: La surproduction organisée par l’Etat d’une offre n’ayant aucune chance de trouver preneur pour d’autres raisons que des questions de prix est parfaitement compatible avec une pénurie d’offre acceptable.

    Que les De Robien & co aient servi à réaliser des logements ne correspondant pas aux attentes du marché dans des zones où personne ne veut résider ne change rien quand au fait qu’il n’y aura jamais d’acheteur pour les acheter, avec ou sans crise, aujourd’hui, demain, ou après-demain.

    Le marché immobilier n’est pas si liquide : un appartement moyen de gamme à Béton-Bazoches n’est pas comparable à un studio à Chatelet les Halles. C’est d’ailleurs ce qui a longtemps expliqué les prix extraordinairement faibles de l’immobilier en campagne, dont le cours est directement indexé sur le pourcentage d’inactifs dans la population, c’est à dire de ceux qui peuvent se permettre de choisir un logement dont un actif ne saurait s’accomoder.

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