Je signe

Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a promis de l’argent vendredi à ceux qui remettraient leurs armes aux autorités, dans une tentative pour priver de leur arsenal des miliciens chiites engagés dans des combats à Bassorah (sud).”
Je vais me renseigner. Je suis prêt à réaliser le deal. Bon, d’abord, je fouille dans mon grenier pour retrouver mon arsenal.

Mais, euh, combien il me donne pour ça ? Bah, peu d’importance. C’est un homme sûrement très raisonnable et il sait qu’il doit proposer un prix correct. Mais quel prix ?

Le malheur de ce genre d’histoire, c’est que vu la masse d’armes en circulation, vu la valeur d’une arme pour celui qui la porte en Irak (bien supérieure à celle d’une arme détenue en France), il risque d’avoir peu de candidats. S’il en a, ce sera des armes hors d’état de nuire ou surnuméraires pour leurs détenteurs.

A moins de proposer des sommes incroyablement élevées. Ce qui, à coup sûr, ne réduirait pas la violence en Irak, mais attiserait le trafic en provenance de l’étranger. On peut toujours penser, cela dit, que la fenêtre de tir étant courte, ce genre de chose ne peut arriver. Vrai. Reste encore à savoir qui rendra des armes. S’agit-il des plus dangereux ou juste des plus démunis parmi les détenteurs d’armes ? En admettant qu’un nombre significatif d’irakiens rendent leurs armes, le jeu en vaut-il la chandelle si l’essentiel des armes restent durablement en circulation ?

En écrivant ceci, qui ne m’engage pas personnellement, je me réfère simplement à ce que Steven Levitt et Stephen Dubner racontent dans Freakonomics. Ils ne croient guère à la possibilité de retirer des armes du marché en proposant des sommes d’argent. Ils considèrent qu’une politique effective de contrôle des armes repose plutôt sur des peines plus lourdes à l’encontre de ceux qui ne respectent pas la législation en vigueur. La comparaison avec l’Irak a, évidemment, ses limites. Mais la question de base reste : pourquoi un irakien donnerait-il une kalache en état de fonctionner, en échange de quelques dollars ? Notez que je ne sais pas très bien ce qu’on entend par armes moyennes ou lourdes. En France, si je ne m’abuse, quand on parle d’armes lourdes, on pense à des armes de guerre, ce qui inclue des fusils d’assaut. Peut-être qu’en Irak, une roquette est une arme moyenne ?

Petite anecdote amusante lue dans The Logic of Life de Tim Harford : quand Levitt et Dubner ont commencé à monter leur collaboration sur Freakonomics, ils ont eu un différend. Chacun considérait qu’il n’était pas question de descendre sous un partage 60-40 des droits d’auteur. Ce qui a visiblement causé quelques discussions. Mais pas si graves : Levitt comme Dubner considéraient que l’autre méritait au moins 60%…

3 Commentaires

  1. "Opération exceptionnelle : les jours en or d’Irak."

    Incroyable ! Le gouvernement organise la reprise de votre ancienne arme AU PRIX DE L’ARGUS !!!

    Pour toute arme rapportée dans le réseau gouvernemental, l’Etat finance l’achat d’une arme dernier cri. Alors, n’hésitez plus : c’est l’occasion de renouveler votre stock vieillissant ou même de monter en gamme !

    Only in Iraq.

  2. Ca me rappelle un épisode de l’excellente série "The Shield", où les gamins du voisinage rapportent les armes trouvées chez eux et repartent avec des jouets et des peluches… Peut-être que c’est ça qu’il faut proposer aux miliciens ? Un lance-roquette contre un gros lapin rose en peluche ?
    "Maybe the Beatles were right after all – maybe all you need is love" – John Abruzzi, Prison Break, S01E03
    (Quoi je suis un sale jeune drogué aux séries US ?)

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