Mise à jour – 20/03/2008

La marche en avant des notes de lecture reprend. Les prêcheurs de l’apocalypse est un essai sur les questions écologiques et sanitaires, écrit par l’économiste Jean de Kervasdoué. Prochain épisode de la saga "En route pour les 200 notes de lecture" d’ici peu, avec La république et ses territoires de Laurent Davezies et The Economic Naturalist de Robert Frank.

9 Commentaires

  1. Que faites vous des livres une fois que vous les avez lu? Je ne peux suivre votre rythme de lecture (je n’en suis que a Power and Plenty) et mon porte monnaie non plus. Avez vous songé a un système d’échange ou a un club de circulation?

    Ce que vous dites donne envie de lire ce livre, et d’un autre coté de ne pas lire ce livre, dans la mesure ou la rage de l’auteur ne pourrait que réveiller la mienne devant le ludisme, et l’hypocrisie de nos ONG divers et l’imbécilité des croyants.
    Son constat en matière écologique et sanitaire s’applique également en matière économique et la je pense a ATTAC.

    Chacun est libre de ses choix, mais les choix doivent être informés et ce terrorisme anti-scientifique, anti-intellectuel ne le permet pas. Quel Monde allons nous laisser a nos enfants?

    Réponse de Stéphane Ménia
    On a un avantage sur vous, on est deux à les lire… Je n’ai pas lu Power and Plenty, par exemple. Il y a d’ailleurs un effet pervers à travailler à deux. Des fois, je me dis que lire un bouquin déjà chroniqué par Alexandre ne permettra pas d’en faire une chronique. Donc, je me reporte, au moins momentanément sur d’autres. Ce qui fait que je lis certains très bons livres en retard.
    En ce qui concerne le Kervasdoué, lisez-le, n’hésitez pas.
    En ce qui concerne la circulation des livres, franchement, ça me semble un peu compliqué. Je précise au passage que les livres que nous n’achetons pas sont très très minoritaires. Donc, ce que deviennent les livres : prennent place à côté d’autres dans la bibliothèque (ou en tas par terre, quand c’est chez Alexandre, qui n’a pas le temps d’aller chez Ikea acheter des bibliothèques, vu qu’il a des livres à lire 🙂 )

  2. Sur la catastrophe de Sevezo, Haron Tazief disait déjà la même chose dans « la terre va-t-elle s’arrêter de tourner ». C’était en 1992 et on a l’impression que sur ce genre de sujet, le débat public n’a pas progressé d’un pouce.

  3. Le livre de Jean de Kervasdoué est en effet intéressant en première lecture. Malheureusement les faits risque de lui donner tort.
    En effet, il ne prend pas en compte la notion de temps. Ce qui est le plus souvent dangereux n’est une exposition donné à un produit, mais l’accumulation de ces produits dans l’organisme suite à de multiples expositions.
    Enfin, sa vision du coût sociétal des maladies est à mon sens dangereux d’un point de vue éthique. Un seul exemple : comment désengorger les services d’urgence le week end? En interdisant l’alcool. Je ne suis pas pour, mais la majeur partie des admissions des services d’urgence lui sont liées.
    Jean de Kervasdoué prend une position, qui si en apparence elle peut paraîte pragmatique, est malheureusement fausse dans la réalité.

    Réponse de Stéphane Ménia
    A force de parler d’éthique à tort et à travers, on en oublie certaines évidences. Ensuite, j’avoue ne pas me souvenir d’avoir lu qu’il préconisait l’interdiction de l’alcool. Si c’est le cas, peut-être était-ce un cas d’école. La perspective de Kervasdoué est tout sauf celle de quelqu’un prêt à satisfaire des libertés individuelles. Il dit le contraire, mais précise qu’il est sain de s’interroger sur le coût de cette liberté. Ce qui réintègre l’analyse économique.

  4. En tout cas, félicitations pour ce défrichage. En général, quelquesoient vos opinions on a envie d’aller lire et acheter …

    Juste un détail

    Réponse de Stéphane Ménia
    Merci.

  5. J’espère que la dernière phrase de votre réponse à mon commentaire vous a échappé, sinon merci de préciser votre pensé.
    Ensuite, je ne vois pas pourquoi parler d’ethique ferait oublier des évidences. Il n’ y a qu’à regarder le débat actuel sur l’euthanasie. A vouloir mettre en avant des sois disant évidences comme vous dites, on risque demain de légaliser demain le droit de tuer.
    Enfin, de Kervasdoué ne parle pas d’alcool, s’était juste un exemple, mais qui me semble parlant.

    Réponse de Stéphane Ménia
    Non, la dernière phrase ne m’a pas échappé. Quand vous buvez et conduisez, vous faites un choix économique. Vous comparez les gains et coûts d’un tel comportement. Un tel calcul coût-bénéfice est typique de l’analyse économique. Et une politique publique est supposer évaluer les incitations à mettre en place pour que le choix de millions de personnes aille dans un sens donné plutôt que dans un autre. Bon, maintenant, si cette façon d’appréhender les choses vous insupporte, je ne vais pas vous forcer à y voir un intérêt quelconque.

    Par contre, la phrase “La perspective de Kervasdoué est tout sauf celle de quelqu’un prêt à satisfaire des libertés individuelles” n’avait aucun sens ! Je ne sais pas comment elle a fini ainsi. C’était plutôt “La perspective de Kervasdoué est tout sauf celle de quelqu’un prêt à se satisfaire d’une restriction radicale des libertés individuelles”. Ce qui n’a rien à voir…

  6. Excellente note de lecture, qui m’a fait replonger dans ce livre que je n’avais que survolé par manque de temps. Il mérite vraiment qu’on s’y attarde.

    Réponse de Stéphane Ménia
    Merci. C’est un ouvrage intéressant dans le sens où derrière des airs de pamphlet, il y a de la pédagogie (et pas au rabais).

  7. Merci pour cette note de lecture; le livre a l’air vraiment intéressant. Néanmoins l’analyse coût-bénéfice en matière de santé et de risque environnementaux me fait un peu tiquer car on doit toujours se ramener un moment ou un autre à comparer des quantités difficilement mesurables: Un bénéfice économique (plus d’emploi) contre des problèmes de santé publique voire des décès. A mon avis, le seul moyen pour le faire rationnellement serait d’attribuer un prix monétaire à une vie humaine. Le refus d’aborder cette question doit expliquer les comportements dénoncés dans le livre.

    D’une certaine façon le sujet n’est pas nouveau, quand on débat du coût de l’assurance maladie liée à l’allongement de l’espérance de vie, on discute d’une certaine manière du coût marginal d’une vie humaine. Cependant je n’ai jamais vu la question abordée explicitement.

    Réponse de Stéphane Ménia
    Non, non, vous n’y êtes pas totalement. L’analyse économique en matière de santé, c’est deux questions : quelle ressources utiliser pour la santé, par rapport à d’autres usages et ces ressources sont-elles bien utilisées ? Il n’est pas question de savoir si “ça crée des emplois” ou pas ou si ça fait gagner des profits. Quant à la valeur monétaire d’une vie humaine, eh bien oui, ça existe. Ce sont même les gens qui donnent eux-mêmes cette valeur (en acceptant par exemple des boulots dangereux pour un salaire donné).

  8. Sans vouloir contester le fait qu’il y ait des marchés où des parcelles de vie se vendent, on peut toutefois observer que
    _Les différents marchés de la vie sont tout de même faiblement interconnectés (encore qu’on puisse imaginer échanger un rein contre un morceau de foie…).
    _Dans le cas de l’environnement, les victimes de la pollution, une fois mortes, sont bien en peine de recevoir une compensation, d’autant qu’elles sont souvent difficilement identifiables.
    _Il y a des effets richesse importants: le prix qu’accordera à sa vie une personne fortunée sera bien supérieure à celle par une personne pauvre… Ce qui semble générateur d’injustice.

    Déterminer la valeur monétaire me semble donc exiger un minimum de prudence, même s’il peut être tentant de dire 1h de vie = quelques heures de travail. Qu’en pensez-vous?

    Sinon, tout-à-fait d’accord pour dire qu’il est ridicule de parler d’emplois créés. À ce compte-là, autant faire du traitement statistique du chômage.

    Réponse de Stéphane Ménia
    Je vous conseille de lire ce qui se dit sur la question de la valeur de la vie humaine. Ceci ou cela par exemple, mais pas seulement. Il faut en finir avec l’idée que les économistes ne sont pas capables de prendre en compte des arguments que n’importe qui perçoit très bien a priori.

  9. Je ne prétends pas être original. Je pense juste avoir ressenti le genre de malaise que vous avez eu face à l’argumentation de Steven Landsburg ( econoclaste.org/dotclear/… ). Désolé de ne pas y avoir pensé plus tôt.

    Sinon merci pour les liens. (C’est bien ce que j’attends d’econoclaste, être un pont entre des analyses sérieuses et les non-économistes comme moi).

    Réponse de Stéphane Ménia
    Ben, dans le cas de Landsburg, j’ai un peu décortiqué le souci derrière son analyse. C’est-à-dire que j’ai accepté sa logique coût-bénéfice, mais je n’ai pas vu où son application était implacable. De rien pour les sources. Il doit y a voir mieux en anglais.

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