Dans le film Groundhog Day, l’acteur Bill Murray est condamné à revivre éternellement le jour de la marmotte, une fête locale qu’il doit couvrir pour la chaîne de télévision qui l’emploie, et qu’il déteste. L’actualité française a elle aussi son jour de la marmotte : la publication des chiffres du commerce extérieur. Avec toujours la même litanie.
Les éléments de la litanie sont toujours les mêmes : Le déficit commercial français est plus élevé que l’année dernière (oui, le PIB aussi d’ailleurs). C’est la faute aux arabes, qui vendent le pétrole trop cher, et aux chinois, qui vendent de la camelote pas assez chère, et à Jean-Claude Trichet, à cause duquel l’euro est trop fort (c’est sans doute pour cela que la zone euro est en excédent commercial). C’est beaucoup moins bien que les allemands, qui eux ont un HENAURME excédent commercial, qui savent vendre, qui ont des PME performantes, depuis l’aube des temps : la France a un problème de compétitivité. Cela réduit la croissance française, c’est très grave. Il n’y a pas assez d’entreprises exportatrices (les allemands en ont plus, c’est une preuve!). Il faut se spécialiser dans la "haute technologie" et faire une "courageuse politique de l’offre" (comme les allemands).
Face à ce mercantilisme crétin reposant sur une analyse économique défaillante, on se demande s’il faut encore épiloguer. Sans doute que oui. Alors répétons-le : le solde du commerce extérieur n’a aucune signification. Si un pays croît plus vite que les autres, il connaîtra toutes choses égales par ailleurs une détérioration de son solde extérieur; inversement, un pays qui croît moins vite que les autres connaît une amélioration de son solde commercial. La Grande-Bretagne, les USA, l’Espagne, pour ne citer que ceux-là, sont en déficit commercial depuis des années sans s’en porter mal en termes de croissance.
La nécessaire "spécialisation dans la haute technologie" est elle aussi contradictoire. Le pays le plus techniquement avancé du monde, les USA, est en déficit commercial. Les pays connaissant les plus forts excédents sont souvent spécialisés dans l’exportation de matières premières et importent des produits manufacturés. Et l’Allemagne, direz-vous peut-être? N’est-elle pas l’exemple d’un pays spécialisé dans l’exportation de produits manufacturés, et un exportateur majeur? Certes. Mais l’accroissement du solde extérieur allemand, au cours des dernières années, est majoritairement dû à une politique de dévaluation réelle, c’est à dire de pressions exercées sur le coût du travail qui ont réduit les coûts salariaux des entreprises, ce qui leur a conféré un avantage vis-à-vis de pays comme la France et l’Italie, dans lesquels les coûts salariaux n’ont pas connu la même évolution. Pour être schématique, les allemands se serrent la ceinture pour exporter plus de Mercédès achetées par les nouveaux riches chinois : est-ce vraiment le modèle dont il faut s’inspirer? Si on le faisait, les mêmes pleureuses du solde commercial ne manqueraient pas de déplorer la "chute du pouvoir d’achat" qui déprime la consommation, et donc la croissance. Heureusement à ce sujet qu’il y a des étrangers pour nous vendre de la camelote pas chère : sans eux, il n’y aurait pas beaucoup de biens de consommation dont le prix n’augmente pas.
Chose exceptionnelle : cette année, la litanie a un contradicteur, qui déplore le lancinant lamento du déficit commercial. Qui fournit tous les éléments montrant que ce soi-disant "problème" du commerce extérieur n’en est pas un. Hélas, se rendant compte sans doute que ce discours ne lui bénéficie pas, il ne manque pas d’indiquer l’ânerie selon laquelle passer d’un déficit à un excédent commercial "augmenterait la croissance" – la confusion classique. Il conclut donc qu’il faut bien entendu "aider les PME" et accessoirement améliorer "Ubifrance, la Coface, et les chambres de commerce". En tant que président de la Coface, c’est bien le moins : Aller au bout de sa logique, admettre que le solde extérieur n’a aucun sens, que les problèmes économiques français sont internes, qu’il n’y a strictement aucune raison de soutenir particulièrement les secteurs exportateurs par rapport aux autres, ne contribuerait pas franchement à son avancement. Nous aussi sommes donc condamnés, indéfiniment, à revivre le jour de la marmotte.
Tiens, c’est marrant, je feuillette attentivement la version de poche de « Comment nous avons ruiné nos enfants » de Artus et Virard et je songe qu’ils doivent avoir un point commun avec François David : avoir tout compris, mais ne pas le dire franchement. Je vais en faire une petite note de lecture. Les livres de ces deux acolytes sont une sacrée curiosité pour moi. J’aimerais vraiment les voir préparer leur stratégie quand ils écrivent un bouquin. Hélas, je ne saurai jamais le fin mot de l’histoire, même si je le leur demandais gentiment… A l’inverse de David, ils n’ont pas forcément d’intérêts spécifiques à faire valoir (à part fidéliser certains lecteurs ?).
Bonjour,
J’apprécie votre point de vue, que je ne connaissais pas mais qui me semble d’assez bon sens.
Il y a juste un point qui m’interpelle. Comme vous le dites, les allemands se sont serrés la ceinture (enfin, celle des salariés) chez Mercedes, BMW ou Porsche. Et ils en vendent par wagons entiers. Pourtant, à ce que je sache, ces "jouets" ne sont pas particulièrement donnés. Sans entrer dans les détails, on trouve des voitures de catégorie équivalente à, disons, une BM 330, à un prix bien inférieur (ça peut jouer sur plus de 10 000 euros sur des haut de gamme). Donc, il doit y avoir d’autres raisons qui expliquent l’achat d’une auto teutonne plutôt que d’une anglaise, italienne ou autre. La qualité, OK, le prestige, d’accord. Mais, économiquement, y a-t-il d’autres paramètres ?
Pour le reste, votre analyse est pertinente. Et les réactions de ces "pleureuses" est dans la droite ligne de ce discours ambiant qui veut qu’en France les salaires soient trop élevés, les charges aussi, et blablabla. J’attends d’ailleurs avec impatience le jour où l’un d’eux nous expliquera que le modèle chinois est le meilleur et qu’il faut que nous y passions pour "réformer le pays" (ah, les "réformes", y’aurait à dire sur le sujet. Peut-on réformer sans faire n’importe quoi ? par exemple…)…
Réponse de Alexandre Delaigue
Pour l’Allemagne, il y a un paramètre simple : le développement des pays émergents se caractérise, actuellement, par de très fortes inégalités et l’apparition de classes très riches. Un pays qui produit beaucoup de signes extérieurs de richesse a donc tendance à en bénéficier. Au passage, un LVMH en bénéficie largement aussi. Le jour ou la croissance chinoise bénéficiera à une plus grande part de la population (si ce jour arrive) l’effet sur le solde extérieur sera différent.
"Alors répétons-le : le solde du commerce extérieur n’a aucune signification. Si un pays croît plus vite que les autres, il connaîtra toutes choses égales par ailleurs une détérioration de son solde extérieur; inversement, un pays qui croît moins vite que les autres connaît une amélioration de son solde commercial"
donc la France croit plus vite que les autres?
Réponse de Alexandre Delaigue
Cela dépend de ce que vous appelez « les autres ». Mais le différentiel de croissance n’est pas le seul facteur explicatif du solde extérieur. Ce que je voulais rappeler avec ce point, c’est qu’en soi le solde extérieur ne signifie rien, puisqu’un déficit commercial peut être un bon signe, et un excédent commercial un mauvais signe.
Mais la France a quand même connu un décrochage en terme de parts de marché et de performances à l’exportation, notamment par rapport aux Allemands qui ont profité bien mieux de la croissance de la demande mondiale. Si le déficit en soit n’est pas mauvais, c’est quand même dommage que l’industrie française ne profite pas plus des échanges commerciaux. Plus d’exportations c’est aussi plus d’activité industrielle, donc plus d’investissement, d’emploi et de consommation.
Réponse de Alexandre Delaigue
Tout dépend de la façon dont ces exportations supplémentaires sont obtenues… Si c’est en comprimant la demande intérieure pour rétablir la « compétitivité » c’est exactement l’effet inverse. Et les « parts de marché à l’exportation » n’ont aucun sens pour un pays.
Le maljournalisme subventionné est l’un des plus importants obstacles à la libération de la Croissance qu’il faudrait rapidement éradiquer.
Merci pour ce message qui clarifie pas mal de choses. Que nos hommes politiques voient encore l’économie mondiale comme un jeu à somme nulle, voilà qui est amusant (et inquiétant.)
J’ai confectionné un petit exemple pour montrer que l’accroissement du déficit commercial ne tire pas la croissance par le bas (mais je ne sais pas s’il se tient…)
Réponse de Alexandre Delaigue
Oui, votre exemple est plausible. On pourrait y ajouter quelques éléments, comme la façon dont les syldaves paient leurs importations, mais sinon, cela se tient.
Hé oui, et ce mercantilisme de bazar a encore été longuement ressassé sur BFM, qu’on aimerait croire un peu mieux avisée…
Les pays étrangers sont investisseurs nets en Syldavie. Les ppaux investisseurs sont les Bordures et les habitants du Sao Rico (ceux qui sont en concurrence avec les Européens pour la découverte de l’île mystérieuse.)
Si on quitte les pays fictifs de Tintin et Milou et qu’on revient en France: si le déficit commercial continue de se creuser, mettons à un rythme plus rapide que la croissance du PIB, ça pose problème, non? Donc il y a bien un moment où l’accroissement du déficit commercial devient inquiétant? Mais quand?
Réponse de Alexandre Delaigue
Les exportations n’ont aucun autre intérêt que de servir à payer les importations. Un déficit commercial peut tenir indéfiniment, dès lors qu’un pays trouve les moyens de payer, en recevant des capitaux extérieurs. Et si un pays ne parvient plus à payer, ben, tout simplement, il importe moins…
Si je comprends bien, soit les pays étrangers sont investisseurs nets en Syldavie (les principaux investisseurs étant la Bordurie et le Sao Rico), soit les Syldaves financent leur déficit commercial par des dévaluations successives du khôr, mais dans ce cas, ça doit créer des tensions avec les Bordures, ce qui n’est jamais bon étant donné l’histoire des relations entre les deux pays…
Un autre contradicteur, qui va jusqu’au bout de la logique (merci à lui)… et se fait bien entendu violemment allumer dans les commentaires. Les réactions des lecteurs suffiraient à alimenter une bonne dizaine de pages du bêtisier d’Econoclaste…
http://www.liberation.fr/actuali...
Réponse de Alexandre Delaigue
Oula, c’est du lourd en effet…
Désolée, une nouvelle fois, pour ce commentaire rudimentaire (je suis toujours aussi "ignarde" en économie) : n’y a-t-il pas une bonne part de propagande bien utile au gouvernement dans tout cela ? Plus on nous assène que le déficit commercial de la France est catastrophique et plus l’opinion publique est prête à accepter n’importe quoi. Quoi de mieux que d’entrenir la peur (quelle qu’elle soit) pour obtenir la soumission.
Réponse de Alexandre Delaigue
Vous n’avez pas tort. Pousser des cris terrifiés sur le déficit commercial sert à légitimer des politiques consistant à soutenir divers secteurs qui n’en ont pas besoin… Et à donner le sentiment qu’il faut des dirigeants pour résoudre des problèmes inexistants. Accessoirement, cela fait une bonne histoire à raconter.
Jusqu’à preuve du contraire si X-M est négatif, cela signifie que le pays achète plus qu’il ne vend au reste du monde -autrement dit, qu’il achète à crédit. Cela ne pose aucun problème si le pays en question est en pleine croissance : le déficit peut être vu comme un financement externe de la croissance, qui apportera de quoi le rembourser. Mais il est difficile de soutenir que la France soit dans cette situation : la dette d’aujourd’hui se payera par moins d’importation demain, et donc moins de consommation de produits étrangers, c’est à dire moins de bien être. Sans que cela ait permis d’avoir plus de production de bien interne. On peut toujours rêver, bien sûr, que le reste du monde nous finance éternellement notre dette, comme il le fait pour les Etats-Unis, et avec l’Euro ce rêve est plus réaliste qu’avec le franc… Ceci dit, le déficit actuel ne me semble en rien particulièrement inquiétant : il est récent, pas très important, et pour plus de la moitié lié à la hausse des importations énergétiques -ce qui ne renvoie à aucun problème de compétitivité.
Réponse de Alexandre Delaigue
Si un jour le reste du monde n’a plus envie de prêter de l’argent aux français, ce sera effectivement bien triste; à mon avis, ils cesseront de prêter à d’autres avant. Ce jour là, nous pourrons nous réjouir des problèmes des autres, qui nous vaudra peut-être un excédent commercial…
Citation :
La Grande-Bretagne, les USA, l’Espagne, pour ne citer que ceux-là, sont en déficit commercial depuis des années sans s’en porter mal en termes de croissance.
Fin de citation.
Ouais enfin ils ont payé leur croissance à crédit, ils risquent maintenant de bouffer des pates pdt quelques temps (voir pire pour l’Espagne). J’aurais préféré qu’on évite de faire comme eux. Mais sinon je suis bien d’accord avec toi.
Réponse de Alexandre Delaigue
En même temps, moi aussi je paie ma consommation en partie à crédit. Ca m’arrange, mon salaire a tendance à augmenter, certes un peu moins vite que la croissance française.
Il y a quelque chose que je comprends pas.
Si tous les français n’achètent plus que des Mercedes et des Logans, que deviennent les constructeurs qui produisent en France ? Et s’ils ferment boutique ou délocalisent, quid des salariés futurs chômeurs (qui auront toujours le possibilité de consommer, si ce n’est via les crédits à la consommation, a moins via les transferts sociaux) ?
Quel indicateur économique peut traduire la part de substitution dans la consommation intérieure de produits étrangers aux dépends de la production intérieure ?
Le commerce extérieur n’est peut-être pas suffisants, mais alors quoi ?
Réponse de Alexandre Delaigue
Si les français achètent des choses aux étrangers, cela signifie soit que les étrangers leur donnent (peu probable) soit qu’ils les paient en vendant autre chose. Ces autres choses peuvent être soit des exportations, soit des actifs. Dire que la consommation de produits étrangers se fait « aux dépens » de la production nationale n’a pas de sens : si vous économisez 20 euros sur un achat de lecteur DVD en l’achetant à un étranger, vous allez consacrer cette économie à acheter quelque chose. Au total l’économie nationale se porte mieux, pas plus mal.
si on va au bout de votre raisonnement, est-ce que la notion keynésienne d’affaiblissement de l’effet multiplicateur à cause des importations n’a pas de sens ? C’est pourtant ce mécanisme qui est mis en avant pour expliquer communément l’échec de la politique de relance de 81.
Réponse de Alexandre Delaigue
l’affaiblissement de l’effet multiplicateur ne fait pas référence au solde extérieur, mais à la propension marginale à importer : le niveau de l’équilibre extérieur n’a pas de rapport. Lors de la relance de 1981, dans l’explication keynésienne le problème vient de ce que si la relance accroît les importations, toutes choses égales par ailleurs, cela exerce une pression à la baisse sur le taux de change : et dans ce cas, il est impossible à la fois d’avoir un mécanisme de changes fixes (genre SME) et une politique de relance, il faut choisir entre les deux. Le gouvernement de l’époque avait donc le choix entre rester dans le SME ou continuer à chercher à relancer la demande globale : il a fait le premier choix.
@Stagel
Stagel, vous écrivez la chose suivante : "Jusqu’à preuve du contraire si X-M est négatif, cela signifie que le pays achète plus qu’il ne vend au reste du monde -autrement dit, qu’il achète à crédit." Vous commettez ici une erreur fréquente de raisonnement : on peut parfaitement être en déficit commercial sans s’endetter. L’excès des importations sur les exportations se traduit alors simplement par une diminution nette de la masse monétaire dans le pays.
Une question de béotien:
Un pays ne vend (et n’achète)pas uniquement des biens physiques. Lorsque nous allons faire du ski dans les stations francaises, on rencontre beaucoup d’Italiens d’Anglais et d’autres non francais. Cela ne se traduit pas en exportation mais donne du travail à beaucoup de monde et permet aussi de payer quelques écrans plats…
Y a t il un indicateutr économique qui permette d’apprehender toutes les ventes (matérielles et immatérielles) que fait un pays ?
Claude : Evaluez la consommation des citoyens concernés, Retirez-en l’évolution nette de l’endettement privé, évaluez les revenus du capital à partir des rentrées fiscales quand c’est possible, et vous obtenez en théorie le revenu découlant de l’activité d’un pays, lequel appréhende normalement les rentrées que vous souhaitez identifier.
Notez cependant que rien n’interdit aux personnes percevant les revenus de l’activité d’envoyer leur argent "à l’étranger". D’où l’importance récente dans le débat public de la question d’évaluer ce flux (ne serait-ce que pour parfois le qualifier d’aide objective au developpement)
@Aristote : en effet, cela conduit à une diminution de la masse monétaire, ce qui signifie qu’il y a augmentation de la masse monétaire dans le reste du monde -autrement dit, que le reste du monde acquière des créances sur notre économie, la monnaie n’étant qu’un titre de créance parmi d’autres. Du fait de leurs excédents commerciaux avec les Etats-Unis, les Chinois ont par exemple des piles de dollars (de l’ordre de 2 000 milliards), qu’ils utilisent aujourd’hui pour acheter des entreprises américaines. En d’autres termes, les américains remboursent leurs dettes en vendant leurs entreprises… There is no free lunch…
@Claude : les dépenses des touristes sur le territoire national sont considérées comme des exportations de service. La balance des services touristiques est d’ailleurs très nettement excédentaire, de l’ordre de 10 milliards d’euros (ce qui signifie que les étrangers dépensent 10 milliard d’euros de plus chez nous que nous chez eux).
Une nouvelle fois, merci pour votre billet, ainsi que pour celui publié hier sur "Les éco-comparateurs". Une question : quel est pour vous le meilleur manuel introductif en économie internationale et commerce international ? Merci pour votre réponse.
Bonjour Stagel,
Merci de votre réponse. Effectivement on ne peut que vous suivre si vous considérez que la monnaie est, je vous cite, "n’est qu’un titre de créance comme une autre". Le problème est que, précisément, la monnaie n’est nullement un titre de créance. Elle est d’abord un instrument de l’échange.
Il me semble que ce qui peut motiver le mercantilisme est:
_La possibilité de changement des règles du jeu (Gazprom refusant de vendre du gaz à l’Ukraine, embargos, …). Cela peut engendrer une spirale de la méfiance et finalement des guerres. Mais faut-il pour autant toujours faire confiance?
_La question de l’endettement. S’il est certain qu’il y a de bonnes dettes (celles où le bénéfice qu’on en tire est supérieur aux intérêts), il y en a aussi de mauvaises. Bien sûr, si les agents sont rationnels, ils ne souscrivent que les bonnes en moyenne.
S’il ne faut pas refuser à priori de s’endetter, il n’est pas non plus idiot d’y réfléchir, surtout si cet endettement est suscité par l’État (par exemple via sa politique budgétaire) ou des comportements irresponsables.
Réponse à Claude: Oui il y à un indicateur dont on parle trop peu, c’est la balance des transactions courantes qui intègre la balance commerciale (biens) et la balance des invisibles (services)
Les mêmes efforts de pédagogie doivent être faits aux Etats-Unis. Les exemples choisis sont également savoureux :
cafehayek.typepad.com/hay…
@Aristote. Je ne vais pas te rappeler que la monnaie a trois fonctions : à côté de moyen d’échange, elle est aussi une réserve de valeur. De ce point de vue, ce qui la distingue d’une créance ordinaire, c’est sa plus grande liquidité (c’est la "liquidité par excellence"), et l’absence de rémunération pour sa détention, contrepartie de la liquidité. Quand la Banque de Chine accumule de très grande quantité de dollars, elle ne cherche pas à avoir des moyens d’échange : elle a en réserve des actifs monétaires, dont la valeur repose sur l’économie américaine, et que l’on doit analyser comme une créance sur cette économie. Elle peut, par exemple, les transformer en achats d’entreprise, à travers des fonds souverains, ou encore en achat de bons du trésor, qui eux ont l’avantage de rapporter un certain taux d’intérêt.
Réponse de Alexandre Delaigue
Heu, la banque de Chine accumule des T-bonds, plus que des dollars…
@Stagel : effort de pédagogie, suite. A un instant donné, la monnaie n’a que deux fonctions : unité de compte et intermédiaire des échanges. La fonction de réserve de valeur ne peut se comprendre que dans un cadre intertemporel : la monnaie n’est réserve de valeur aujourd’hui que parce qu’elle sera (ou du moins parce que j’anticipe qu’elle sera) intermédiaire des échanges demain. Je regrette que les manuels (et j’en ai encore reçu un ce matin) répètent ad nauseam cette trilogie qui n’a pas de sens sans cadre théorique bien défini. Sinon, comment comprendre qu’un actif dominé en rendement puisse être réserve de valeur ? (ne me répondez pas "le risque", car sinon, je vous sors des actifs sans risque, rémunérés, mais qui ne sont pas des moyens de paiement, i.e. qui n’ont pas la propriété d’éteindre une dette instantanément et sans coût).
Et puisque j’en suis aux agacements : cessons de colporter cette fable qui veut qu’au commencement était la monnaie métallique, puis vint la monnaie fiduciaire, et enfin la monnaie scripturale.
Je ne devrais pas faire de l’économie le week end, ça me rend chiffon…
Réponse de Alexandre Delaigue
C’est vrai, c’est oublier les coquillages :-). Oui, je connais le chemin de la sortie, merci…
@Gizmo : effort pédagogique, suite de la suite. Mais où as-tu vu que je ne me situais pas dans un cadre intertemporel ? Je me situe précisément dans un cadre intertemporel, et dans celui de deux économies ouvertes, qui s’échangent de la monnaie scripturale. J’observe seulement ceci : même si les Etats-Unis payent en dollars (qu’ils émettent) la Chine, cela ne signifie pas que cela ne leur coûte rien. Les Chinois peuvent, en effet, utiliser ces dollars pour s’approprier une partie de la valeur ajoutée générée par l’économie américaine. Dans une acception large, ils ont donc acquis une créance sur cette économie. Il est un peu facile de placer des fables dans les propos de ces interlocuteurs, pour pouvoir ensuite facilement les critiquer, si je peux me permettre.
@Stagel : je ne vous prête aucune fable. La monnaie a deux fonctions : unité de compte et intermédiaire des échanges (plus précisément, moyen de paiement). Point. Après, que les EU émettent des dollars et que les chinois utilisent ces dollars pour acheter General Motors (aujourd’hui ou demain) ne change rien à l’affaire. Si les chinois disent aux américains, "à partir de demain, nos produits sont facturés en yuans", vous dites quoi ? Que le dollar n’est plus réserve de valeur ?
Décidemment, vivement la fin du jour de la marmotte…
@Gizmo. Tu veux dire que quelque chose qui permet d’acheter General Motors, et que les Chinois gardent pour l’instant en réserve, n’est pas une réserve de valeur ? Voilà qui est étrange, même quand GM fait 30 milliards de perte.
Réponse de Alexandre Delaigue
Je crois bien que ce que vous dit Gizmo, c’est que la réserve de valeur n’est pas spécialement une fonction de la monnaie, et qu’elle ne peut l’avoir que dans un cadre précis, celui dans lequel la fonction de moyen d’échange se poursuit dans le temps.
La question inutile du jour : pourquoi si on tape "econoclastes" sur google on tombe sur ce post précisément?